La Légende des sexes, poëmes hystériques/Sonnet à ma mie

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SONNET À MA MIE


Je regrète le tems où, tout bardé de fer,
Hampe au poing, dague au flanc, on errait par le monde ;
Le temps où l’on vêtait le heaume à grille ronde,
Le gorgerin de cuir, la gambe et le hauber.

Coups de masse et d’estoc ! On était fort et fier :
On se navrait gaiement pour le los de sa blonde ;
Le cœur était loyal et la valeur féconde :
Les gentils preux n’avaient souci que de l’Enfer.


On ne se cachait point pour rêver à sa mie :
On s’aimait sans remors, et nul n’en gaussait mie :
Seul, le parjure aux vœux d’amour était félon.

Beau tems ! J’eusse porté tes couleurs, ta devise,
Et ton nom brodé d’or sur mon blanc gonfalon.
— Une nuit m’eût faict roi, qui t’eût faicte marquise.