Affirmations simultanées ou alternes
63. Si
et
sont des
, leur intersection
«
» est aussi une
[39] ; par suite,
«
» est une condition explicite par rapport à
[60], qui est égale à l’affirmation simultanée des conditions «
» et «
» ; en effet [60], l’ensemble des
qui vérifient à la fois ces deux conditions est égal à l’ensemble des
qui vérifient la condition «
», c’est-à-dire [58
] à la
«
».
C’est pourquoi on donne au signe «
» le rôle de symbole d’affirmation simultanée (entre deux conditions, tandis qu’entre deux
il reste le symbole d’intersection), en lui conservant la lecture « et ». Donc, en symboles :

ou bien



64. Lorsque le signe «
» se trouverait placé entre des écritures qui, par leur forme, sont nécessairement des conditions, on a l’habitude de le sous-entendre ; mais sa place reste marquée par un des points ou des groupes de points qui se trouvaient à ses côtés. Donc,
2.
Par suite, les deux dernières formules s’écrivent ainsi :
3.


(3)
65. La
3 nous apprend a condenser en une seule deux appartenances ayant le même sujet, et cela d’une manière conforme au langage courant ; en effet, par ex., au lieu de l’affirmation simultanée
« Homère était un poète et Homère était un Grec »,
on dit
« Homère était un poète grec », (4)
où poète grec est bien l’intersection des deux
conjointes
« poète » et « grec » [41].
De même, le langage courant condense en une seule deux appartenances ayant le même prédicat ; par ex., au lieu de l’affirmation simultanée :
« Homère était un poète » et « Virgile était un poète »,
on dit
« Homère et Virgile étaient des poètes ».(5)
Mais cet « et », qui vient lier deux sujets (c’est-à-dire deux individus), est bien différent de l’ « et » qui lierait deux prédicats (c’est-à-dire deux
), car ce nouveau « et » n’est pas assurément un signe d’intersection [39] ; et par suite nous ne pouvons pas le représenter par le signe «
».
Puisque nous n’employons pas la virgule «
» comme signe de ponctuation [57], nous allons l’employer comme symbole, en lui confiant seulement le rôle déclaré.
Par suite, sans nous soucier des flexions, nous écrivons ainsi les (4), (5)
Homère

(poète

grec)
Homère

Virgile

poète
Donc [
2], la signification du symbole «
» est établi par la
4.
d’où, en particulier,
5.
66. Dans le Formulaire la
4 est précédée par l’
«
» qui me parait superflue, car pour moi l’affirmation «
» implique que «
», c’est-à-dire
6.
D’ailleurs, la
4 dit seulement qu’on peut toujours remplacer l’une par l’autre deux écritures de la forme «
» et «
», ce qui est permis sans exception.
Et de même pour la
2 [64] ; en ajoutant que, comme on admet que
7.
(c’est-à-dire, en éliminant les variables apparentes, que « l’intersection de deux
est aussi une
»), ainsi j’admets la
(qu’on ne trouve pas dans le Formulaire) :
8.
Pour justifier cette P, j’analyse le symbole «
» dans ses deux rôles [39, 63], en déclarant qu’il n’en aura pas d’autres ; or, selon qu’on le place entre deux
ou entre deux conditions, on obtient une
ou une condition ; donc, selon que «
» est une
ou une condition, on a le droit de conclure que
et
sont aussi, respectivement, des
ou des conditions ; d’où la
8.
Mais par rapport a la formule (l) [62] la chose est différente ; en effet, tandis que
9.
pour que «
» implique «
» il faut que
et
soient des
; donc
10.
On peut faire des distinctions analogues au sujet des formules (2) [62] et (3) [64], qui donnent les
11.
12.
13.
67. Nous savons que, si
et
sont des
, leur réunion simple
«
» est aussi une
[39], c’est-à-dire que l’on a :
14.
(
7)[1]
Par suite, si «
», l’écriture «
» est une condition explicite par rapport à
[60] qui est égale a l’affirmation alterne des conditions «
» et «
» ; en effet [60], l’ensemble des
qui vérifient une au moins de ces conditions est égal à l’ensemble des
qui vérifient la condition «
», c’est-à-dire [58
1]
à la
«
».
C’est pourquoi on donne au signe «
» le rôle de symbole d’affirmation alterne (entre deux conditions, tandis qu’entre deux
il reste le symbole de réunion simple) en lui conservant la lecture « ou » (au sens du latin « vel » [42]).
Donc en symboles :
15.
(
3[
2])
16.
(
13)
Comme au symbole «
» on ne donnera pas d’autres rôles, par des considérations analogues à celle que je viens de faire pour le symbole «
» [66]
je suis amené à admettre que
17.
(
8)[2]
68. Voici des applications des symboles que nous connaissons, tirées de la Logique et de l’Arithmétique et qui sont propres à relever encore une fois l’analogie partielle entre ces deux sciences [49] :
18. 
savoir [37, 39, 64] « la réunion de deux
est rien, toutes les fois que chacune d’elles est rien, de même que

savoir [35] « la somme de deux
(absolus) est zéro toutes les fois que chacun d’eux est zéro » ;
19. 
savoir « l’intersection de deux
est tout, toutes les fois que
chacune d’elles est tout », de même que

savoir [35] « le produit de deux
(entiers) est un, toutes les fois que chacun d’eux est un ».
Comme [37 et
5]
20. 
il est inutile de placer devant les
18, 19 l’
«
» [
17 et
8].
Boole avait decouvert les
18, 19 et les avait exprimées par les signes arithmetiques analogues et par le langage ordinaire. Mais l’analogie n’est pas complète ; en effet, tandis que :


savoir « le produit de deux
est zéro, toutes les fois qu’au moins un d’eux est zéro » et « la somme de deux
est un, toutes les fois qu’un d’eux est un et que l’autre est zéro », les propriétés logiques analogues ne subsistent pas[3].