La Mort de notre chère France en Orient/08

La bibliothèque libre.


VIII

RECTIFICATION DE CHIFFRES[1]


« Monsieur le Directeur,

» Je lis seulement aujourd’hui l’article de M. Denys Cochin intitulé « Pour les Grecs » que vous avez publié il y a quelques jours. À ce sujet, permettez-moi de faire appel à votre loyauté pour vous conjurer de donner place à une courte rectification. L’auteur a cru devoir insulter avec la dernière violence les délégués turcs, le jour même de leur arrivée chez nous ; c’est son affaire, mais je crois cependant que personne ne le suivra lorsqu’il prétend confondre dans le même anathème les « Vieux-Turcs », nos amis séculaires, et la petite minorité des « Jeunes-Turcs » affiliés à l’Allemagne ; si peu documenté, hélas ! que l’on soit en France sur les choses de Turquie, on n’en sait pas moins quelles différences radicales séparent ces deux classes d’hommes. L’auteur prétend en outre que 300 000 Grecs ont été massacrés (?) par les Turcs depuis le commencement de la guerre ; il serait facile de contredire ce nombre fantastique et de lui opposer les milliers de Turcs massacrés et incendiés journellement par les Grecs, mais cela me mènerait trop loin dans cette lettre. Je me contenterai donc de rectifier d’autres chiffres dont l’inexactitude est par trop flagrante. L’auteur, qui réclame pour la petite Grèce cette grande ville de Constantinople, prétend, à l’appui de sa thèse, qu’elle ne contient que 450 000 Turcs contre 370 000 Grecs. Pardon, les statistiques les plus sérieuses, les plus concordantes, et que tout le monde connaît, — celles de lord Robert Cecil, celles de l’éminent Français M. V. Cuinet et de tant d’autres, — établissent indiscutablement que cette population est ainsi répartie : 700 000 Turcs et 180 000 Grecs.

» Agréez, je vous prie, etc. »

  1. Lettre adressée au Directeur du Figaro.