La Normandie romanesque et merveilleuse/11

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J. Techener & A. Le Brument (p. 203-222).

CHAPITRE ONZIÈME.

Animaux fabuleux.


Le Dragon, son origine, ses habitudes ; le Codrille ; le Serpent de
Villedieu-les-Roches ; Combat de Turstin Citeau, chevalier normand
contre un serpent monstrueux ; Animaux fantastiques : les Létiches,
la Chicheface, la Bigorne, la Piterne ; le Taranne, Chien
merveilleux de Monthulé ; Animaux marins ; Traditions
merveilleuses sur les Abeilles, l’Hirondelle, le Pi-
vert, le Martinet ; le Roitelet, etc. ; Présages
tirés des animaux ; Animaux qui parlent.

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Des emblèmes hiéroglyphiques des anciennes mythologies dérivent, pour la plupart, ces animaux fabuleux que de fausses informations et les exagérations de la peur et de la crédulité ont fait confondre avec les êtres réels et animés. Ainsi, le Dragon ou Serpent ailé, à l’œil d’escarboucle, auquel, naguère encore, ajoutait foi, est, suivant les conjectures des savants, un symbole d’une haute antiquité, une allégorie primitive dont le sens a été oublié, après avoir subi diverses altérations.

Chez les Juifs et les Égyptiens, le Serpent fut l’emblème de la Divinité, considérée comme source éternelle de vie ; et, pour rendre cette allégorie plus frappante, les Égyptiens ajoutaient deux ailes à la figure du serpent, et, quelquefois, un œuf qui lui sortait de la bouche[1].

Plusieurs auteurs ont pensé que la Vouivre, serpent ailé, que les traditions populaires du Jura nous représentent portant tantôt une escarbouble, et tantôt un globe lumineux pour couronne, était une divinité d’origine celtique. Cette assertion est d’autant plus plausible, que l’on retrouve ailleurs, dans les traditions druidiques, une combinaison d’images analogue : les Druides portaient une espèce de boule de cristal, enchâssée dans l’or, qu’ils prétendaient avoir été produite par tous les serpents d’un pays[2].

M. Eusèbe Salverte conjecture que toutes les légendes, comme celle de la Vouivre, où il est question d’un serpent portant un diamant sur la tête, aussi bien que les fables de la mythologie grecque et de la mythologie indienne rappelant le combat d’un héros ou d’un Dieu contre un dragon, pour la délivrance d’une jeune fille, doivent être considérées comme une allégorie astronomique ; qu’elles furent, dans l’origine, l’expression figurée de la position relative qu’occupent, dans les cieux, les constellations de Persée, de la Baleine, de la Couronne et du Serpent, etc.[3]

Il était dans les idées du Christianisme d’adopter l’image allégorique d’un être céleste terrassant l’impur Dragon maudit par l’Écriture. Cette image figura d’abord le combat spirituel de saint Michel contre Lucifer, le triomphe de la Vierge contre l’esprit du mal et des ténèbres ; et, plus tard, en généralisant son application emblématique, la destruction de l’idolâtrie par les premiers évêques de l’Église.

La multiplicité et l’analogie des récits fabuleux, dont il a été l’objet, concourent à prouver que le Dragon fut un symbole familier à l’antiquité et au moyen-âge. Mais peut-être ne faut-il pas attribuer tout l’honneur de cette création étrange au génie hiéroglyphique des anciens. Les récentes découvertes de la science nous prouvent que plusieurs de ces monstres fantastiques si renommés ont eu un type réel parmi les animaux antédiluviens, dont quelques-uns, sans doute, échappés aux révolutions du globe, ont imprimé, dans la mémoire des premiers hommes, un frappant souvenir qui s’est perpétué jusqu’aux temps historiques. Ainsi, l’on a constaté une ressemblance exacte entre le Dragon et le Ptérodactyle, animal fossile découvert, à la fin du siècle dernier, et décrit par l’illustre Cuvier[4].

Indépendamment du souvenir chrétien de la Gargouille[5], la légende du Dragon s’était conservée en Normandie, avec tout le luxe de détails qui la caractérise. Avant la révolution, les paysans de notre province comptaient encore, au nombre de leurs richesses éventuelles, le diamant qui orne la tête du Dragon ; et la connaissance des mœurs et des habitudes du merveilleux animal était, en fait d’histoire naturelle, le principal fonds de leur théorie scientifique. Ces descriptions étranges, qui sont restées dans la mémoire de quelques personnes, nous ont été rapportées maintes fois, et nous pouvons les transmettre à nos lecteurs sans crainte d’altérer la fidélité de la tradition.

Le Dragon fait de rares apparitions dans notre contrée ; il la traverse seulement en passant, et, toutefois, il peut y apporter la fortune ou la mort. Si, en planant dans les airs, il laissait tomber un de ses excréments, une épidémie mortelle se répandrait aussitôt dans le pays. Le Dragon est aveugle, mais il porte sur la tête un diamant, d’un prix inestimable, qui lui sert à s’éclairer, et qu’il ne dépose jamais que pour boire au courant d’une source, lorsqu’il est altéré par ses longs voyages. Défiez-vous de l’apparition du monstre : au détour de quelque frais vallon, au fond duquel une eau vive roule ses filets d’argent sur un lit de cailloux nets et polis, vous serez surpris par un bruit inaccoutumé !… C’est le frémissement redoutable des ailes immenses du Dragon, qui choquent l’air avec autant de violence que le ferait la tempête. Le monstre apparaît tout-à-coup ; sa forme gigantesque couvre le vallon de son ombre, son corps sinueux se précipite, tournoyant et enflammé comme la foudre ! Il lance autour de lui les reflets magiques de son œil de diamant, dont l’éclair glace et fascine ! Tachez d’échapper à ce regard ; faites-vous si humble et si petit, que le monstre ne puisse vous apercevoir ; son inquiétude n’est que d’un instant, car l’orgueil le rassure. C’est alors qu’il dépose le talisman auquel il doit sa puissance. Le diamant scintille sous le gazon où il est caché, et l’enrichit d’une gerbe d’étincelles lumineuses, tandis que le Dragon, déjà troublé et languissant, à cause de son aveuglement subit, suspend aux flots de la source sa langue altérée. Voici le moment favorable, il faut braver la présence du monstre, et se saisir du diamant ; le Dragon, dans sa cécité, mourra infailliblement de désespoir ; mais celui qui aura accompli cet acte de courage, possédera une fortune incalculable, surpassant encore tout ce qu’un fol espoir peut rêver.

À propos de la soif habituelle qui tourmente le Dragon, et dont, suivant la tradition normande, il y a possibilité de tirer si bon parti, nous rappellerons que, dans les légendes de diverses contrées, la demeure qu’on indique aux monstres de cette sorte est toujours située au bord de la mer, d’un fleuve ou d’une rivière. Témoins la Tarasque du Rhône et la Gargouille de la Seine. Quelques érudits se sont fondés sur cette circonstance pour démontrer que les dévastations attribuées aux Dragons et aux autres serpents monstrueux, figuraient les ravages occasionnés par le débordement des eaux. Comment supposer, cependant, qu’une image semblable, qui n’aurait point la valeur d’un symbole religieux, mais simplement celle d’une comparaison poétique, aurait été conçue ou renouvelée en tant de lieux différents ? D’ailleurs, l’opinion que l’on s’est formée de la prédilection du Dragon pour le voisinage des eaux, n’est due, peut-être, qu’à l’observation, faite antérieurement, que les endroits marécageux sont favorables à la croissance démesurée de certains reptiles. Au reste, la tradition, qui attribue au Dragon une soif inextinguible, a été commentée avec des détails d’une bizarrerie très ingénieuse dans les écrits que nous a légués le moyen-âge. On lit, dans le neuvième livre du Roman d’Alexandre : « Monseigneur sainct Jeroisme dit que le Dragon a tousiours soif et à paine se peult saouller d’eau quand il est dedans une rivière. Par ce il a tousiours la gueulle ouverte en vollant, pour tirer le vent à soy pour reffroidir sa challeur et son ardeur qui l’esmeult à si grant soif.

« Quand le Dragon voit une nef en la mer, et le vent est fort contre la voille, il se met sur le tref de la nef, pour cueillir le vent pour soy reffroidir. Et est aucuneffois le Dragon si pezant et si grant qu’il feit aucuneffois verser la nef par sa pezanteur. Mais quant ceulx de la nef le voyent approucher ilz ostent la voille pour eschapper du dangier[6]. »

La célèbre tradition druidique de l’Ovum serpentinum (l’Œuf de serpent), que nous avons citée plus haut, paraît avoir donné lieu à la superstition du Codrille[7]. Le Codrille est un petit œuf avorté, que le peuple croit avoir été pondu par un coq ; il n’a que du blanc et point de jaune. Cet œuf renferme le germe d’un serpent, qui deviendrait monstrueux, si on le laissait éclore, et qui, après s’être caché quelque temps sous les toits ou dans les fentes d’une muraille, causerait les plus grands ravages dans le pays. On dit aussi que, lorsque le Codrille a atteint l’âge de sept ans, sans être vu de personne, il lui pousse des ailes, et que, le jour même où elles sont de force à traverser les airs, le nouveau Dragon s’enfuit vers la tour de Babylone, lieu de l’abomination et de la désolation, à cause des monstres qui l’habitent. Cet antique monument de la folie orgueilleuse de l’homme est peuplé d’une si grande quantité de reptiles et d’autres animaux effroyables, qu’on ne peut en approcher de sept lieues sans courir le risque de mourir de peur, sinon d’être dévoré[8]. Les habitants de la Sologne connaissent aussi la superstition du Codrille. Mais, en regard de cette croyance, ils en possèdent une autre encore, qui a perpétué d’une manière bien plus fidèle la tradition druidique. Tous les ans, le 13 mai, les couleuvres, les serpents et les anvots de la Sologne se réunissent sur les bords d’un étang, situé entre Ardon et Jouy, pour travailler ensemble à former un gros diamant avec une espèce de liqueur très brillante qu’ils ont sous la langue[9].

Il se raconte, à Villedieu-les-Roches, une tradition sur un serpent monstrueux qui désolait la contrée, vers le milieu du quinzième siècle. On ne dit point, cependant, qu’il fût issu d’un Codrille. Peut-être un véritable serpent s’est-il montré en cet endroit, et, comme cela est arrivé tant de fois, la peur aura exagéré, jusqu’au fantastique, les proportions du terrible animal. On peut supposer aussi, en donnant à la légende une origine plus ancienne que celle qui lui est assignée, que les ravages attribués au serpent de Villedieu-les-Roches ne sont qu’une allégorie populaire caractérisant les désastres occasionnés par une éruption volcanique, dont le sol semble porter des traces en cet endroit.

L’église de Villedieu-les-Roches est bâtie sur une élévation de rocs noirs et grisâtres ; un défoncement peu profond, large d’environ trente toises sur cent cinquante de longueur, part de l’église et s’allonge dans la direction de Coulonces et de Bailleul, bordé d’énormes masses granitiques qui élèvent en surplomb leurs têtes inégales. Tout près de ces rochers est une espèce de caverne dont l’entrée a été rétrécie par le travail du temps ou par la main des hommes. Suivant la légende, un serpent habitait cette caverne aux murailles de diamant et d’or. Il sortait de temps à autre pour aller se baigner dans un petit lac voisin, après quoi il parcourait la campagne à la recherche de sa proie. Lorsque la faim le pressait, il allait vite en besogne, car ce monstre n’était rien moins qu’une hydre à plusieurs têtes. Les habitants de Villedieu et des pays environnants s’épuisaient en vaines lamentations ; cependant le désespoir leur inspira la découverte d’un moyen de salut. Ils imaginèrent de porter, à l’entrée de la caverne, une grande cuve pleine de lait, qu’ils avaient remplie à frais communs. Le monstre parut satisfait du régime anodin auquel on voulait le soumettre. La paix et la sécurité se rétablirent tout d’abord. Mais, un jour, soit par oubli, soit par impuissance, les habitants de Villedieu manquèrent de procurer à leur hôte sa ration habituelle. Notre serpent, qui, depuis quelque temps, ne faisait point assez forte chère pour soutenir un long jeûne, se mit en route, aiguillonné à la fois par la vengeance et par la faim. Un jeune homme s’étant rencontré sur son passage, il le dévora !

Ce jeune homme, neveu du seigneur de Bailleul, était aussi chéri des vassaux que son oncle en était détesté. Cependant, le seigneur de Bailleul, malgré sa dureté bien connue, fut vivement affligé de la mort de son neveu ; il jura que le jour des représailles ne se ferait pas attendre.

De monstre à tyran la guerre s’allume vite, mais celle que projetait le baron de Bailleul demandait quelques préparatifs indispensables. L’adroit seigneur commença l’attaque par une ruse bien calculée, c’est-à-dire qu’il fit déposer deux moutons à l’entrée de la caverne, et, de plus, remplir la cuve, où s’abreuvait le dragon, d’eau-de-vie au lieu de lait. Celui-ci dévora les deux moutons, en se félicitant de ce que la leçon donnée aux habitants de Villedieu produisait de tels fruits ; puis il s’endormit dans l’enivrement de son succès et de la cuve d’eau-de-vie qu’il avait vidée. Le moment était venu pour le seigneur de Bailleul d’assurer sa vengeance ; nouvel Hercule, il endosse son armure, plus solide qu’une peau de lion ; sa longue épée, dans sa main, vaut une massue. Il marche droit à la caverne, surprend le monstre endormi, et le frappe d’un coup si terrible qu’il lui enlève sa principale tête. Mais celui-ci se réveille assez formidable encore pour engager un combat à outrance : il aveugle son ennemi par les vomissements de flamme qu’il lui lance au visage, et le baron de Bailleul, tout intrépide qu’il est, recule épouvanté ! À peine est-il dehors, qu’un craquement effrayant se fait entendre, comme si la terre allait s’effondrer sous la fureur du reptile ; les roches de Villedieu éclatent de toutes parts et jonchent la plaine de projectiles énormes ; une lave ruisselante envahit le lac, puis la commotion s’apaise, et le silence se rétablit sur cette scène de désastre. Le lendemain, les vassaux du seigneur de Bailleul s’approchèrent, en tremblant, de ce lieu désolé : ils trouvèrent le corps du baron calciné dans son armure, et, plus heureux qu’ils n’auraient osé l’espérer, ils se virent délivrés, à la fois, des deux monstres qui les tyrannisaient : le serpent et le baron[10].

M. Galeron, qui raconte aussi cette légende, en a diversifié certains détails d’après le récit des gens du pays. Voici une circonstance curieuse de cette nouvelle narration : Lorsque le sire de Bailleul se disposait à aller combattre le serpent, il se couvrit d’une armure de fer-blanc, ainsi que son cheval, et, bardé jusqu’aux dents, il s’avança vers la caverne si redoutée. Dans sa rencontre avec le dragon, le chevalier porta à son ennemi des coups assez sûrs pour que la perte de celui-ci devint certaine ; mais le monstre, dans l’excès de sa rage, vomit tant de flammes que le chevalier en fut suffoqué. Pour comble de malheur, son cheval, dans son effroi, étant venu à se retourner, les crins de sa queue, que l’on n’avait point mis à l’abri sous l’armure, comme tout le reste du corps, s’enflammèrent en un instant, et l’animal, ainsi que celui qu’il portait, furent consumés entièrement.

Le trou du Serpent n’a plus une grande profondeur, mais on assure qu’autrefois il s’étendait à plusieurs lieues à l’entour. Le terrain même, à ce qu’on prétend, résonne encore sous les pas, en différents points de la campagne. On ne doute pas que la caverne ne s’avance de tous ces côtés, et l’on assure qu’elle recèle de grands trésors.

M. Galeron a donné aussi une interprétation particulière de cette légende : « Elle peut, dit-il, rappeler une lutte entre deux religions sur ce point. Parmi les blocs de rochers, il en est un très éminent qui s’élève au-dessus de la demeure du serpent. D’autres fragments épars semblent les restes d’anciens dolmens brisés. Là, peut-être, étaient les monuments du culte de Teutatès. À deux cents pas, sur le roc opposé, s’élève l’église de Villedieu, dont le nom décèle une consécration chrétienne. Le serpent serait peut-être une image du culte profane ; la jeune fille que, suivant cette nouvelle tradition, on livrait à dévorer au dragon, serait un souvenir d’affreux sacrifices ; le chevalier, un symbole du culte triomphant.[11] »

Un autre chevalier normand, Turstin Citeau, dont l’histoire rapporte plusieurs traits magnanimes de courage, fut exposé à combattre un monstrueux serpent, et paya de sa vie la victoire qu’il remporta.

Ce brave chevalier avait été choisi pour capitaine par les premiers Normands qui entreprirent des excursions militaires en Italie, au commencement du onzième siècle. L’héroïsme et la sagesse qu’il déploya, dans ce poste, lui acquirent une brillante renommée ; mais ses alliés, les chefs des Salernitains, au lieu de lui accorder généreusement leur admiration et leur estime, s’emportèrent à une haine jalouse contre lui. Un acte de bravoure singulier excita surtout leur envie. Turstin Citeau sauva, un jour, la vie à une pauvre chèvre retenue prisonnière dans la gueule d’un lion qui allait en faire sa proie. Puis, notre chevalier se saisit du terrible animal, et le jeta par dessus les murailles de Salerne, avec la même aisance que si c’eût été un petit chien. Les chevaliers Salernitains, témoins de cette preuve extraordinaire de courage et d’adresse, en murmurèrent secrètement de dépit, et se promirent d’exposer le chef normand à un péril dont sa valeur ne saurait triompher. Ils le conduisirent en un lieu écarté, où un horrible serpent avait choisi son repaire. Arrivés à cet endroit, ils s’enfuirent précipitamment, ne laissant à Turstin d’autre compagnie que celle de son écuyer. « Puisqu’il est si fort contre les lions, se disaient-ils, avec une raillerie méchante et lâche, les serpents ne doivent pas lui être à craindre. » Le brave Turstin, étonné de la retraite de ses compagnons, cherchait à en pénétrer le motif, lorsqu’un bruit sinistre se fit entendre. Le dragon s’approchait, exhalant flamme et venin par la gueule et les narines. Le monstre saisit le pied du cheval de notre courageux chevalier ; mais, sans que l’étonnement paralysât son courage, celui-ci mit l’épée à la main, et, se couvrant de son bouclier, frappa le serpent d’un coup dont l’atteinte fut mortelle. Cependant, chose incroyable si des auteurs dignes de foi ne l’eussent affirmée, la flamme que jetait le serpent était si dévorante, qu’en un instant le bouclier fut consumé. Le malheureux Turstin, pour avoir alors respiré le souffle empesté du monstre, trouva la mort sur le lieu même où s’était accomplie sa plus mémorable victoire[12].

Outre les dragons, les hydres et autres reptiles monstrueux, la Normandie possédait encore plusieurs races d’animaux merveilleux ou fantastiques, dont quelques-uns n’étaient, peut-être, que de railleuses inventions des poètes, la Chicheface, par exemple, qui nous est connue par un petit poème satirique, publié par M. Achille Jubinal[13]. Au dire du poète, la Chicheface était une bête aussi disgracieuse de sa personne que dépravée dans ses goûts. Elle était douée d’instincts féroces très prononcés ; mais, par une perversité fort étrange, sa cruauté ne s’attaquait jamais qu’aux bonnes femmes ; elle semblait avoir juré d’en détruire la race, tandis qu’elle épargnait les méchantes femmes avec une prédilection toute sympathique. Voici comme le poète s’exprime au sujet de la Chicheface :

Laide estoit de cors et de fâche,
L’en l’appeloit la Chincheface ;
............
La beste parest si sauvage
C’onques nus hom tèle ne vit.

Il trace ensuite le tableau des déportements du monstre :

Or vous dirai dont ele vit :
Des preudes fames dévorer
Qui sagement savent parler.
............
Quant la fame a tant de bonté
Que de tout fé la volenté
De son seignor sanz contredit
Cèle ne puet avoir respict
Que tantost ne soit devorée.
N’en i a nule demorée
En Toscane n’en Lombardie
Meismement en Normandie
Ne cuit-je pas qu’il en ait douze.

Enfin le poète s’adresse aux dames, pour leur offrir un moyen de déjouer la malice cruelle de la bête :

« Pour Dieu, Dames, dit-il, si la beste vient en ce pays, entourez-vous d’orgueil et de dédains ; si votre mari vous parle, répondez-lui tout à rebours ; s’il veut pois, qu’il ait gruau ; gardez-vous bien de rien faire qui lui soit agréable ; alors il faudra bien que la Chicheface meure de faim. »

Quel parti les dames ont-elles tiré de ce conseil persiffleur ? c’est un examen que notre discrétion ne nous permet pas de risquer. Mais, comme la Chicheface ne s’est plus montrée, on doit en induire charitablement que la race des femmes bonnes et soumises est maintenant en pleine prospérité.

La Bigorne, dont le nom, à proprement parler, signifie qui a deux cornes, était le digne pendant de la chicheface. Ces deux créatures damnées avaient juré de mettre l’enfer dans le mariage ; tandis que la Chicheface dévorait les bonnes femmes, la Bigorne, de son côté, mangeait les trop bons maris. C’est du moins ce qui paraît résulter d’une pièce satirique, réimprimée en 1839, d’après un original gothique, et intitulée : Bigorne, qui mange tous les hommes qui font le commandement de leurs femmes.

La Bigorne servait aussi d’épouvantail aux petits enfants ; quoiqu’il nous reste peu de renseignements sur ses faits et gestes, on peut conjecturer que c’était là son principal rôle.

Les Létiches ne sont pas de la nature fabuleuse de la Bigorne et de la Chicheface, et cependant le peuple entretient aussi, à leur sujet, de merveilleuses croyances.

On donne ce nom de Létiches, Létices ou Laitisses, à de petits animaux d’une blancheur éclatante, d’une agilité extraordinaire, qui n’apparaissent jamais que de nuit, s’ébattant aux pâles clartés de la lune. Aussi les prend-on pour des esprits doux et folâtres : les âmes des petits enfants morts sans avoir reçu le baptême[14]. En réalité, on a reconnu, dans les Létiches, l’hermine de nos climats, qui portait anciennement le nom de Létice. Il paraît même que les Romains ayant donné, aux peuples de la Péninsule bretonne, le nom de Leti, à cause de l’analogie du mot, les Bretons adoptèrent, depuis les temps les plus anciens, l’hermine pour symbole[15].

La Piterne est aussi un animal fabuleux. Un des tours favoris des plus malins de nos paysans, c’est d’engager quelque crédule camarade à se mettre de planton pour la prendre.

Le Taranne est un animal qui a la forme d’un grand chien. Cette ressemblance n’indique pourtant aucune sympathie entre lui et l’espèce canine, dont il est, au contraire, le plus terrible ennemi. Pendant les nuits d’hiver, où il fait ses apparitions, le Taranne se plaît à tourmenter les chiens, à les faire crier, lorsqu’il ne va pas, ce qui arrive encore trop souvent, jusqu’à les dévorer[16].

M. Dubois affirme que le Taranne emprunte souvent des figures plus séduisantes que celle du chien, revêtant, par exemple, l’apparence d’une belle dame. D’après le même auteur, il faudrait reconnaître, dans le Taranne moderne, soumis à ces puériles déguisements, le Taranis celte, divinité formidable dont les attributs étaient identiques avec ceux du Jupiter Tonnant des Grecs et des Latins[17].

Le Chien de Monthulé, dont nous allons raconter l’histoire à nos lecteurs, nous paraît avoir été une espèce de Taranne.

On voyait autrefois à Monthulé, sur la commune de Sainte-Croix-sur-Aizier, un très beau chien, qui apparaissait à différentes heures du jour, mais surtout la nuit, et parcourait tout le voisinage sans se laisser jamais approcher. Par une contradiction qui n’est pas sans exemple, les habitants de Monthulé, ressentant une prédilection très vive pour ce bel animal, cherchaient obstinément à vaincre ses goûts d’isolement. Mais, dès qu’une main caressante s’approchait du chien, celui-ci s’échappait par de lestes gambades, qui, souvent, n’atteignaient pas à moins de vingt pieds de haut. Ce qu’il y avait de plus étrange encore, c’est que cet animal, si indifférent pour l’espèce humaine, à laquelle il ne faisait, d’ailleurs, aucun mal, était le mortel ennemi de l’espèce canine. Du moment où il était venu habiter la ferme de Monthulé, et depuis longtemps on en avait oublié l’époque, pas un chien n’y avait pu demeurer. L’animal mystérieux tourmentait si fort ceux qu’on tentait d’élever, qu’ils mouraient l’un après l’autre. Quant à la cause de ce prodige, voici comment, de génération en génération, les pères s’en étaient expliqués à leurs enfants : Un jour, disait-on, le chien d’un voyageur s’étant arrêté à Monthulé, avait été tué par le propriétaire de la ferme. Peu de temps après, le voyageur vint à la recherche de son chien ; on lui dit qu’il était mort naturellement. « Si vous ne dites pas vrai, répliqua le voyageur, on le saura bien. » Et, sur ces mots, il s’en alla. À dater de ce moment, le chien merveilleux commença ses apparitions. C’était dans la cave de la ferme qu’il avait choisi sa retraite ; cette cave ayant été détruite, il ne se montra plus[18].

Observez que, dans ce petit conte, une croyance nouvelle se manifeste : une ame est attribuée à l’animal, puisqu’il partage avec l’homme la faculté d’apparaître après sa mort. Ainsi, le peuple, emporté par l’élan naïf de sa sensibilité, a dépassé, en fait de doctrines spiritualistes, les principes les plus avancés que la philosophie ait osé préposer.

À Yport, et dans quelques autres villages de cette partie du littoral de la mer, il existe une espèce d’animaux marins, soit chevaux, soit moutons, qui se présentent souvent sur les bords du rivage. Leurs yeux, d’une douceur enchanteresse, fascinent l’imprudent qui communique avec eux du regard. Bientôt, entraîné sans résistance, il plonge dans la mer à la suite de ces monstres, et ne reparaît plus.

La superstition ne s’est pas bornée à inventer certains types d’animaux fabuleux ; elle a doué aussi d’instincts, de facultés, de propriétés imaginaires, les êtres réels. Ainsi, les Abeilles ont, assure-t-on, des susceptibilités très délicates, qu’il est nécessaire de ménager. Ces insectes précieux ne souffrent pas qu’on les vende ni qu’on les achète ; on ne peut faire l’acquisition d’une ruche que par don ou par échange. Les abeilles volées dépérissent chez leur ravisseur.

Quand quelqu’un meurt dans la maison, il ne faut pas négliger de suspendre un lambeau d’étoffe noire aux ruches, en signe de deuil, sans quoi toutes les abeilles déserteraient en peu de jours. Ne vous oubliez pas au point de proférer un jurement en présence des abeilles ; leur aiguillon vengeur punirait cruellement cette infraction à la règle du second commandement, et aux lois de la modération et des convenances. Tuer les abeilles sans nécessité, c’est risquer sa chance et compromettre son bonheur[19].

L’Hirondelle, cet oiseau fortuné dont la destinée réalise le printemps perpétuel chanté par les poètes, n’a point à craindre qu’une cécité douloureuse lui ferme ces lointains horizons où son instinct l’appelle. Elle sait découvrir, sur les bords de la mer, une pierre dont l’effet miraculeux est de ranimer la vue éteinte. Nos villageois indiquent un moyen sûr pour se mettre en possession de cette pierre : il faut d’abord crever les yeux à un des petits de l’hirondelle ; celle-ci part aussitôt à la recherche de la pierre. Lorsqu’elle est de retour, et qu’elle a pratiqué l’opération, l’hirondelle s’inquiète ensuite de cacher son talisman en un endroit où il ne puisse jamais être découvert. Mais, si l’on a eu le soin d’étendre sous son nid un morceau d’étoffe de couleur écarlate, l’hirondelle jettera sa pierre dessus, car, abusée par la couleur, elle croira la laisser tomber dans les flammes.

C’est au moyen du même procédé que l’on s’empare d’une herbe dont la propriété est de couper ou de fendre le bois et le fer, et qui n’est connue que du Pivert, au bec acéré, que le peuple surnomme Pleu-Pleu, à cause de l’harmonie imitative de son cri, qui, dit-on, annonce la pluie.

On bouche l’entrée du nid du pivert, soit avec une cheville de bois, soit avec un coin en fer ; l’un ou l’autre, de grosseur assez considérable pour que l’oiseau ne puisse tenter de les arracher avec son bec. Alors, le pivert sera forcé d’avoir recours à son herbe merveilleuse, et ne manquera pas de la jeter ensuite sur l’étoffe écarlate qu’on aura disposée à cet effet. Il faut avouer que cette herbe serait d’un usage très avantageux pour les auteurs d’effractions nocturnes, aussi bien que celle qui croît à Ver, dans les environs de la chapelle de Saint-Gerbold, et dont la vertu, non moins singulière, est de rendre invisibles les personnes qui la portent.

Quoique le Crapaud soit réputé pour être venimeux, et qu’il soit considéré comme un ingrédient d’une grande importance dans la confection des sorts, on lui a cependant conféré le titre estimable d’ami de l’homme. C’est à cause de la haine qu’il témoigne en général aux reptiles, et surtout au Mouron, espèce de salamandre fort redoutée de nos paysans, et à laquelle il livre, dit-on, des combats acharnés et mortels. Ce service seul méritait bien au crapaud le titre honorifique qui lui a été décerné, puisqu’il suffit à une personne d’avoir tué un mouron, pour obtenir en récompense cent ans d’indulgence[20].

Lorsqu’une Louve met bas, elle donne aussi le jour à un chien. Plus tard, quand ses petits ont grandi, la louve les conduit au bord de l’eau. Elle reconnaît alors le chien à sa manière de boire, et, prise d’une haine furieuse pour ce fruit dégénéré de ses entrailles, elle le dévore sur-le-champ[21].

Il existe une affiliation très étroite entre le Chat et les puissances de l’enfer. Le diable emprunte souvent la forme du chat. Certain os de la tête d’un chat noir rend invisible. Aux environs de l’Aigle, on croit que les chats mâles ont le privilège d’assister au sabbat ; mais, lorsqu’on leur coupe un bout de la queue ou des oreilles, on les empêche d’y être admis[22].

La tête d’un Cerf-Volant, ou Lucane, lorsqu’on la porte sur soi, est un talisman de bonheur. Le Criquet ou Grillon, apporte l’abondance et la joie dans les maisons où il se réfugie.

On tire des présages heureux ou funestes de quelques animaux. Si une Araignée qui file, descend sur une personne, elle lui annonce une recette prochaine d’argent. Lorsqu’on entend chanter le Coucou, pour la première fois, au commencement du printemps, si l’on est à jeun, et qu’on ait, à ce moment, de l’argent dans sa poche, on est assuré d’en avoir tout le reste de l’année. Lorsqu’on rencontre des Pies en nombre impair, c’est un signe de malheur ; en nombre pair, elles vous présagent heureuse chance. Le cri de la Chouette, le hurlement du Chien, sont des présages infaillibles de mort. La Poule qui chante en coq annonce la ruine de son maître, ou la mort de quelque personne de la maison. Si on tue la poule sur-le-champ, on peut espérer de détourner la mauvaise chance. Une espièglerie à l’usage des enfants et des domestiques, c’est de persuader qu’ils ont entendu la poule chanter en coq, lorsqu’ils sont affriandés d’une fine volaille.

On raconte, sur le Martinet et sur le Roitelet troglodythe, des traditions très gracieuses :

Le premier laboureur qui cultiva le chanvre se trouva dans un grand embarras lorsque la graine commença à atteindre sa maturité. Une multitude d’oiseaux faisait bande autour du champ, et le pauvre homme était obligé de se tenir au milieu d’eux, tournant de droite et de gauche pour les empêcher d’avancer, courant après celui-ci, puis après celui-là, comme s’il eût joué à Colin-Maillard, ou à Cligne-Mussette ; même les dimanches et les fêtes, il fallait rester en faction, et les plus belles volées des cloches se perdaient dans les airs, sans que le triste laboureur pût répondre à leur appel. Enfin, dans sa détresse, il invoqua avec ardeur le secours de saint Martin. Grande fut sa surprise, lorsqu’un dimanche, avant la messe, il vit tous les oiseaux du voisinage se rassembler dans une grange ouverte, et y demeurer paisiblement tant que dura l’office. Le brave homme put désormais assister à toutes les fêtes paroissiales, car ce miracle se renouvela en faveur de sa dévotion jusqu’au jour où il eut terminé la récolte du chanvre. Pour contenir la troupe espiègle et turbulente, il suffisait d’une simple herse de labourage, placée à l’entrée de la grange. Un seul oiseau, le martinet, s’échappait quelquefois, et sautait entre les dents de la herse ; mais, s’il faisait usage de son privilège, c’était par une petite gloriole très innocente ; il ne causa, en effet, aucun dommage au champ de chanvre, et n’essaya même pas d’en approcher.

On s’est toujours souvenu, depuis cette époque, de l’oiseau favori de saint Martin, et l’on a coutume, à chaque nouvelle récolte, de laisser sur pied, à son intention, le plus bel épi de chénevis[23].

On professe, dans nos campagnes, une sorte d’idolâtrie affectueuse pour le roitelet[24], que l’on appelle aussi Reblet, Racatin, et auquel on a donné de plus le surnom caressant et protecteur de petite Poulette au Bon-Dieu. C’est que le roitelet a rendu un bien important service à l’humanité. Il fallait un messager pour apporter le feu du ciel sur la terre ; le roitelet, tout faible et délicat qu’il est, consentit à accomplir cette mission périlleuse. Peu s’en fallut qu’elle ne devînt fatale au courageux oiseau, car, durant le trajet, le feu consuma tout son plumage, et atteignit jusqu’au léger duvet qui protégeait son corps fragile. Émerveillés d’un dévoûment si généreux, tous les oiseaux, d’un commun accord, vinrent chacun offrir au roitelet une de leurs plumes, afin de revêtir sa chair nue et frissonnante. Le hibou seul, en philosophe chagrin, se tint à l’écart, et refusa d’honorer, par ce faible don, un acte d’héroïsme qu’il n’eût point exécuté. Mais l’insouciance cruelle du hibou excita contre lui l’indignation des autres oiseaux, à tel point qu’ils ne voulurent plus désormais le souffrir en leur compagnie. Aussi est-il obligé de se soustraire à leur rencontre pendant tout le jour, et c’est seulement quand la nuit est venue, qu’il se hasarde à sortir de sa triste cachette[25].

Maintenant, le méchant enfant qui tuerait un roitelet, ou qui lui déroberait son nid, appellerait, sur sa propre maison, le feu du ciel. Peut-être à son tour, en punition de son méfait, resterait-il orphelin et sans abri.

Mais la chaumière qui offre sous son toit, ou entre les pans lézardés de ses murailles, une retraite discrète et hospitalière à la petite poulette au Bon-Dieu, voit se renouveler, chaque année, un miracle de bénédiction. Le jour des Rois, tandis que des danses animées se forment autour de ces gerbes flamboyantes que les villageois nomment des feux de joie, ou qu’un festin plantureux rassemble la famille auprès du foyer paternel, le roitelet, sa femelle et leurs petits de l’année, pour s’associer à cette fête domestique, se réunissent dans le nid qu’ils ont habité durant la saison de la couvée. Leur visite, en ce jour, assure, dit-on, aux personnes de la maison, un avenir de prospérité et de concorde.

Il est encore une autre superstition, relative aux animaux, qui glorifie naïvement une commémoration religieuse. On prétend que, la nuit de Noël, les bœufs, les vaches, les chevaux, les ânes, tous les commensaux des étables et des écuries, sont gratifiés du don de la parole ; ils s’entretiennent gravement des devoirs de leur condition, et se plaignent ou s’applaudissent du traitement de leurs maîtres. Un miracle aussi étrange ne se produit point devant les personnes dont la conscience est surchargée de quelque péché mortel ; c’est pourquoi il est regardé comme un moyen d’épreuve, à l’usage des maîtres, pour s’assurer de la fidélité de leurs serviteurs[26]. En d’autres cantons, on dit que les animaux se mettent à genoux pendant la consécration de la messe de minuit. À ce moment, et pour cause, l’entrée des étables est défendue, sous prétexte que celui qui voudrait s’assurer de la vérité du fait, courrait le risque d’être battu[27].

Lorsqu’on fait un retour sur les croyances qui se sont établies relativement aux facultés, aux mœurs, aux habitudes imaginaires des animaux, on est forcé de convenir que les inventions de cette espèce, toutes merveilleuses et singulières qu’elles soient, n’ont pas autant de valeur intellectuelle que le plus simple fait acquis à la science. Mais aussi la science n’est pas l’œuvre d’un jour ; elle réclame, pour arriver à ses fins, le concours d’un grand nombre de moyens dont le temps seul dispose. Les inventions merveilleuses qui ne pouvaient y suppléer, occupèrent du moins les loisirs de l’incertitude plutôt qu’elles n’entravèrent la marche du progrès ; car l’intelligence développe ses facultés, excite son propre essor, et se prépare à la conquête de la vérité, en expérimentant l’erreur, en s’exerçant sur des chimères.



  1. Monnier, Du Culte des Esprits dans la Séquanie, p. 12.
  2. Légier, Traditions de la Sologne, (Mém. de l’Académie celtiq., t. II, p. 215.)
  3. Eusèbe Salverte, Des Sciences occultes, t. II, p. 290 et suiv.
  4. Le Roux de Lincy, Livre des légendes, Introduction, p. 148.
  5. Pour la légende de la Gargouille, voyez notre section des Légendes religieuses.
  6. Extrait du neuvième livre du Roman d’Alexandre, d’après l’ancien manuscrit de Saint-Germain-des-Prés, cité par M. Berger de Xivrey, Traditions tératologiques.
  7. Mém. de l’Acad. celtiq., t. III, p. 310.
  8. Légier, Mém. de l’Acad. celtiq., t. II, p. 204.
  9. Idem, ibid. t. II, p. 215.
  10. Lottin de Laval, Journal de France, 26 nov. 1833.
  11. F. Galeron, Monum. druid. du départ, de l’Orne ; (Mém. de la Société des Antiq. de Normandie, années 1829 et 1830.)
  12. Gabriel Dumoulin, Hist. de Normandie, liv. vi, p. 117.
  13. Achille Jubinal, Mystères inédits du xve siècle, t. I, p.390. (Notes.)
  14. Pluquet, Contes popul. de l’arrond. de Bayeux, p. 13. — L.-J. Chrétien, Usages, préjugés et superst. de l’arrondiss. d’Argentan, p. 20. — G. Vaugeois, Histoire des antiquités de la ville de l’Aigle, p. 586.
  15. Roujoux, Histoire de Bretagne, t. I, p. 401.
  16. L.-J. Chrétien, Usages, préj. et superst. de l’arrondiss. d’Argentan.
  17. L. Dubois, Recherches archéologiques, hist., etc., sur la Normandie, p. 311.
  18. Notes communiquées par M. A. Canel.
  19. L. Dubois, Annuaire de l’Orne, 1809.
  20. Pluquet, Contes populaires de l’arrond. de Bayeux.
  21. L.-S. Chrétien, Usages, préj. et superst. de l’arrond. d’Argentan.
  22. G. Vaugeois, Hist. des antiq. de la ville de l’Aigle, p. 586.
  23. L’Artiste, 3e série, t. II, p. 300.
  24. L’oiseau, dont il est question ici, est celui que les naturalistes désignent par le surnom de Troglodythe.
  25. L’Artiste, 3e série, t. II, p. 300.
  26. Pluquet, Contes popul. de l’arrond. de Bayeux, p. 38. — Mémoires de l’Acad, celt., t. IV, p. 94.
  27. L.-S. Chrétien, Usages, préjugés et superst. de l’arrond. d’Argentan, p. 22.