La Pointe-du-Lac/05/b

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Les éditions du Bien public ; Les Trois-Rivières (p. 54-58).

b — Les vocations

monseigneur thomas cooke

Comme premier tribut, notre paroisse offrit à Dieu l’enfant remarquable qui deviendra le premier évêque des Trois-Rivières, et qui fera dans notre église la première et peut-être la seule ordination : celle de notre deuxième prêtre, l’abbé Charles-Zéphirin Garceau en 1854.

La Providence conduit bien mystérieusement les choses et les hommes. Un petit Irlandais de Cork, trop tapageur à l’école, trop puni chez lui, déserte et passe la mer à titre de rat-de-cale, se place dans une meunerie à l’île Sainte-Hélène, puis au moulin de la Pointe-du-Lac, se fait aimer de la fille du capitaine de milice André Guay, mais pas du père, réussit à obtenir la main de la demoiselle et une terre du papa radouci, élève une famille de huit enfants et donne son plus vieux à l’Église : résultat magnifique de cette union de deux sangs riches, de la finesse celtique et de la vaillance rigide du colon-soldat.

Né en 1792, élève de la première heure, avec Mgr Provencher, premier évêque de l’Ouest, au Séminaire de Nicolet, protégé par M. Orfroy qui lui avait montré à lire, l’enfant recevait là de sa mère des visites qu’il rappellera encore la veille de sa mort : Quand le pont de glace reliait les deux rives, mes compagnons m’appelaient : « Viens voir ta mère qui traverse à pieds ». Je courais m’en assurer : c’était bien elle, sa taille élancée, son pas ferme… Quelle bonne mère le ciel m’avait donnée !

Elle meurt en 1806, à trente-trois ans ; son père se noie deux ans plus tard ; les enfants sont distribués dans la parenté Guay ; le collégien se donne au bon Dieu : il a pratiqué jeune le détachement salutaire. Ordonné en 1814 par Mgr Plessis, trois ans secrétaire de Mgr Panet, curé à la Rivière-Ouelle, sept ans missionnaire en Acadie, onze ans curé à la Jeune-Lorette, et dix-sept ans curé des Trois-Rivières. En 1841, il obtint une retraite prêchée par Mgr de Forbin-Janson, évêque de Nancy, retraite inoubliable qui attira des foules extraordinaires qui se logeaient où elles pouvaient jusqu’à la Pointe-du-Lac, jusque chez les protestants. On venait de partout : les hommes des chantiers marchaient quinze et vingt lieues pour venir à la retraite, les sauvages de même, et les gens du Sud, jusque de St-François-du-Lac. Les retraites paroissiales étaient alors inconnues, et il parlait bien ce Monseigneur qui appela les Canadiens « peuple au cœur d’or et aux clochers d’argent »… Sacré évêque par Monseigneur Turgeon, de Québec, le 18 octobre 1852.

Monseigneur Cooke ouvre, en 1860, le Séminaire du Platon, bâtit la cathédrale, organise bien son diocèse, qui se double en 15 ans, visite les défricheurs des Bois-Francs, malgré des froids terribles, qui lui font donner comme patron de Weedon saint Janvier. En 1869, il confie l’administration à Mgr Laflèche, et meurt un an après, l’honneur et la bénédiction de sa paroisse natale qu’il portait dans son cœur. À preuve : il se plaît beaucoup à Lorette, mais il ne peut s’empêcher de comparer : « Ne vous imaginez pas que le faubourg de la Pointe-du-Lac ressemble à celui-ci : autant ce dernier est laid, autant celui-là est beau et rempli de beau monde !… » Ces lignes datent de 1824.

Plusieurs arrière-neveux de Mgr Cooke vivent encore à la Pointe-du-Lac et aux Trois-Rivières.

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Quarante ans après son ordination, en 1854, notre premier prêtre vient ordonner le deuxième, M. Garceau, né au rang de l’Acadie, en 1830, d’Antoine Garceau et de Catherine Bisson, et futur curé de St-Narcisse, du Cap, de Ste-Ursule et de St-Pierre-les-Becquets, d’où il se retirera pour mourir à Yamachiche en 1900.

M. Dosithée Comeau, déjà mentionné parmi les vicaires, ordonné en 1859.

Monseigneur Jean-Baptiste Comeau, V.G., né en 1840 d’Antoine Comeau et d’Adélaïde Lesieur-Désaulniers ; ordonné en 1865 ; premier curé de St-Léonard, où il organise tout (1866-74) ; directeur des ecclésiastiques (1874-77 et 1886-89), et des élèves (1877-86) aux Trois-Rivières ; curé d’Yamachiche (1889-1902), puis de la cathédrale, de 1902 à 1912, époque de sa mort. Qualité dominante : la bonhomie souriante.

Monseigneur Emmanuel Guilbert, chanoine de Lorette, maître ès-arts de l’Université Laval, né en 1844, de Charles Guilbert et de Marie Héroux ; ordonné en 1869 ; professeur de Rhétorique aux Trois-Rivières de 1869 à 1871, puis de 1877 à 1879 ; professeur de Philosophie et de Théologie à un essai de collège classique à Sorel ; curé de St-Théodore d’Acton, de 1881-97 ; de Ste-Anne-de-Sorel (1897-1903) ; de St-Ours (1903-07) ; retiré d’abord à Belœil, puis au Séminaire des Trois-Rivières, où il meurt en 1929, bienfaiteur de la maison.

Tous ceux qui précèdent ont étudié à Nicolet ; ceux qui suivent sont allés aux Trois-Rivières.

R.P. Louis Héroux, S.J., né en 1855 de Benjamin Héroux et de Marie Gauthier ; ordonné chez les Jésuites en 1887 ; a étudié en France et fait du ministère au Gesù, Montréal, à Québec, au Sault-au-Récollet, dans l’Ontario et aux retraites de la Villa Saint-Martin, où il se trouve actuellement.

M. Louis Montour, né en 1858 de Delphis Montour et d’Éléonore Comeau ; ordonné en 1886. Il passe au diocèse d’Ottawa qui demande de l’aide ; curé à St-Rémi d’Amherst (1887-1894), puis à St-Philippe d’Argenteuil jusqu’à sa mort en 1927. Deux de ses frères et un neveu sont entrés à la Trappe d’Oka.

Le R.P. Adrien, o. c. r., (Émile Montour) né en 1867, entré en 1894, ordonné à la Trappe en 1901, envoyé au nouveau monastère de Mistassini pour y être cellerier.

Le R.P. Athanase, o. c. r., (Darius Montour) né en 1877, entré en 1897, ordonné en 1904, longtemps cellerier, professeur d’agronomie et conférencier agricole, décédé en 1927.

Le R.P. Raoul, o. c. r. (Raoul Montour) né en 1891 d’Adolphe Montour et d’Edwidge Dugré ; entre d’abord à l’Institut agricole, puis au noviciat de la Trappe en 1914 ; ordonné en 1921 ; assigné d’abord à l’Institut, et actuellement à l’hôtellerie.

Le roman de mœurs patriarcales « La Campagne Canadienne », du Père Adélard Dugré, s.j., a pour cadre et acteurs principaux la ferme et les membres de la famille Montour.

Le R.P. Adélard Dugré, s.j., né en 1881 de Joseph Dugré et de Léa Duplessis ; entré chez les Jésuites en 1899 ; ordonné en 1915 ; professeur, puis recteur du scolasticat, de 1918 à 1932, alors qu’il devient supérieur-provincial.

Le R.P. Alexandre Dugré, s.j., son frère, né en 1887, entré en 1907, ordonné en 1922, professeur aux collèges Ste-Marie et d’Edmonton dix ans ; actuellement au Messager du Sacré-Cœur.

M. Henri Garceau, né en 1889 de Philippe Garceau et de Albertine Pothier, sur la belle ferme qui commence le fief Sauvaget-de-Tonnancour ; ordonné en 1914 ; professeur, puis procureur au Séminaire auquel il s’est donné corps et âme, surtout aux époques tourmentées de l’incendie et de la reconstruction.

M. Charles-Edouard Garceau, son frère, né en 1905, ordonné en 1930.

M. David Bellemare, né en 1893, ordonné en 1926, professeur de français dans des universités américaines.

M. Georges Biron, né en 1894 d’Edmond Biron et de Wilhelmine Comeau ; ordonné en 1919 ; plusieurs années à l’évêché ; curé de St-Georges-de-Champlain.

Le R.P. Antonie Biron, d.p.b., frère du précédent, né en 1900, ordonné à Carthage en 1928. Professeur au Séminaire indigène de Tabora.

Le R.P. Lucien Biron, o.p., né en 1901 d’Arthémis Biron et de Thaïs Comeau ; ordonné en 1928. Demeure au presbytère de St-Dominique, de Québec.

Quelques jeunes gens sont aussi entrés en qualité de Frères dans diverses communautés. D’autres se préparent actuellement au sacerdoce.