La Police et les chouans sous le Consulat et l’Empire/4

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LE MEURTRE D’AUDREIN

ÉVÊQUE CONSTITUTIONNEL DE QUIMPER

I

Quelques semaines après l’aventure du sénateur Clément de Ris, le 19 novembre 1800, vers huit heures du soir, dans une salle de la résidence épiscopale de Quimper, l’ancien conventionnel Audrein, évêque constitutionnel du diocèse, attendait le départ de la diligence de Brest, qui devait le déposer à Morlaix, où il était attendu le lendemain pour donner la confirmation. Au seuil de cette nuit brumeuse et froide, sa solitude lui pesait. Elle emplissait son esprit de réflexions douloureuses, et, malgré lui, le ramenait vers son passé de prêtre apostat et de régicide, ce passé qui, maintenant, se dressait sur sa tête et menaçait de l’écraser.

Le département du Finistère n’avait point participé aux campagnes royalistes de l’Ouest. Tandis que le Morbihan, les Côtes-du-Nord, la Vendée prenaient les armes, il demeurait sourd aux pressants appels des insurgés, défendait contre eux ses frontières, que ses gardes nationales ne franchissaient qu’à de rares intervalles, pour aller au delà aider à la répression des soulèvements. « Pressé entre les Anglais et les chouans, est-il dit dans un rapport au conseil des Cinq-Cents, le Finistère a réussi à repousser la descente des uns et à se garantir de l’invasion des autres. On ne s’y est armé que pour la défense de la liberté, qui, chassée des autres parties de l’Ouest, y a toujours trouvé un refuge assuré. »

Pour être sincère, ce rapport aurait dû dire qu’en fait de liberté le Finistère avait connu surtout la persécution religieuse. Elle s’y était déchaînée âpre et violente et exercée pendant dix ans avec des excès de rigueur, inspirés par l’esprit terroriste et jacobin. Les prêtres qui refusaient de prêter serment à la constitution civile du clergé, les fidèles qui approuvaient leur résistance avaient été l’objet de vexations odieuses, encouragées par le clergé constitutionnel et par les deux évêques assermentés, Expilly et Audrein, qui, de 1790 à 1800, administrèrent successivement le diocèse en dépit des protestations du Pape qui s’abstenait de conférer l’institution canonique à eux et à leurs pareils. L’énumération des supplices, la liste des victimes emprisonnées, déportées, guillotinées, constituent pour l’Église de Bretagne un glorieux martyrologe.

C’est du souvenir ravivé de ces jours de sang et de violence que, ce soir-là, s’alarmait Audrein. Les temps étaient bien changés. Bonaparte, devenu premier Consul, le coup d’État de Brumaire accompli, on commençait à parler d’une entente entre le gouvernement de la République et la cour de Rome pour la réorganisation du culte proscrit. Un vent de réaction soufflait déjà d’un bout à l’autre du département, menaçant ceux qui, depuis tant d’années, le tyrannisaient. Quelles vengeances n’avaient pas à redouter les hommes sans conscience qui, comme Audrein, s’étaient avilis, par peur ou par fanatisme, jusqu’à n’être que les instruments des iniquités révolutionnaires !

Sans doute, l’insurrection vendéenne venait de prendre fin. Réduits à l’impuissance et sur la foi des traités qui leur accordaient amnistie pleine et entière, les révoltés, pour la plupart, déposaient les armes, rentraient dans leurs foyers en promettant d’y vivre, désormais, paisibles et soumis aux lois. Mais d’autres avaient refusé de souscrire aux engagements qu’on voulait leur imposer. Ils tenaient la campagne, venaient jusqu’aux portes de Quimper, formés en bandes isolées, qui se grossissaient peu à peu de tous ceux que le regret d’avoir promis de ne plus combattre attirait hors de leur retraite.

Ces bandes opéraient contre les anciens terroristes et les acquéreurs de biens nationaux. L’une d’elles, la plus redoutable, commandée par un jeune habitant de Quimper, Charles-François Le Cat, dit la Volonté, originaire d’Audierne, âgé de vingt-quatre ans et se qualifiant d’écrivain, était devenue en quelques semaines l’effroi du pays. À Stréraou, à Rosporden, à Saint-Thois, à Lamotte, ailleurs encore, chez les percepteurs, chez les notaires, chez de riches cultivateurs, elle avait signalé son passage par des vols avec effraction et des sévices contre les personnes.

Au moment de se mettre en route, Audrein évoquait-il par la pensée le sort qui l’attendait s’il tombait aux mains des hommes terribles dont se composait la bande de Le Cat ? Il est permis de le croire, à en juger par l’angoisse qui lui serrait le cœur et par la résolution qu’il avait prise de partir seul, la nuit, par la voiture publique, où, sans doute, ceux qu’il redoutait ne s’aviseraient pas de l’aller chercher. Il se savait détesté. Depuis plusieurs jours, sous des formes diverses, des menaces sinistres étaient arrivées jusqu’à lui. Des ordures avaient été déposées dans son église cathédrale avec le dessein avoué de lui faire injure. Il était ouvertement désigné aux vengeances et ne pouvait l’ignorer. Peut-être se répétait-il, à cette heure, les arguments à l’aide desquels il aurait pu justifier sa conduite dans le passé s’il eût été contraint d’en rendre compte. Aucun de ses actes ne permettait de le considérer comme un homme méchant ou cruel. Prêtre, il avait prêté serment à la constitution civile du clergé. Mais c’était à ses yeux l’unique moyen de sauver la religion. Membre de la Convention, il avait voté la mort du Roi, mais sous la réserve d’un sursis à l’aide duquel il croyait pouvoir épargner à l’infortuné Louis XVI les horreurs de l’échafaud. Avant et après, en plus d’une circonstance, il s’était montré humain et généreux. Pendant les massacres de Septembre, il s’était entremis pour les arrêter. Plus tard, il avait contribué à tirer du Temple Madame Royale et à l’envoyer en Autriche.

Mais de quel poids pouvaient peser ces actes accidentels, en regard de tous ceux que lui reprochaient les catholiques bretons, victimes de la plus effroyable persécution religieuse ? De ces persécutions encouragées par sa présence, le serment qu’il avait prêté en violation des droits du Saint-Siège, sa participation aux crimes révolutionnaires et deux années d’épiscopat le rendaient responsable au même degré que s’il en eût été l’instigateur. Il n’avait donc aucune grâce à espérer s’il tombait aux mains des chouans et les précautions dont il s’entourait pour leur échapper ne sauraient être considérées comme superflues.


II

L’heure fixée pour le départ de la diligence approchait. Il prit son chapeau, jeta son manteau sur ses épaules et sortit, après s’être assuré que les valises qui contenaient ses vêtements sacerdotaux avaient été portées au bureau des Messageries. La résidence épiscopale étant située sur le pont Sainte-Catherine, il devait, pour arriver à la diligence, traverser la place Saint-Corentin.

Comme il s’y engageait un homme surgit de l’ombre, et le salua de ces mots :

– Bonsoir, Audrein ; nous ne te reverrons plus.

Il passa sans répondre, peut-être sans comprendre. Quelques instants après, il prenait place dans la voiture où, déjà, se trouvaient quatre voyageurs : trois dans l’intérieur, un sur le siège à côté du conducteur. Elle se mit en route au moment où sonnaient neuf heures à l’horloge de la cathédrale. L’évêque se tenait dans son coin, serré dans son manteau, son chapeau sur les yeux, ne parlant pas, comme s’il eût tenu à ne pas se faire reconnaître. Bientôt, sans doute, il s’assoupit et ses compagnons comme lui.

Le voyage se poursuivit ainsi jusque vers minuit. Brusquement et comme on arrivait à la descente de Saint-Hervé, qui se trouve en avant de Châteaulin, un coup de fusil fut tiré, d’un des côtés de la route, sur le conducteur, accompagné de ces paroles prononcées par une voix d’homme :

– Halte-là ! Arrête, coquin !

En même temps, le courrier allant vers Brest, parti de Quimper derrière la diligence, la rejoignit. Les deux voitures durent s’arrêter, entourées d’individus armés, au nombre d’une douzaine, vêtus les uns d’habits bourgeois, les autres comme des paysans. Il n’y avait pas à s’y tromper. C’était la bande de Le Cat.

Le conducteur de la diligence et le courrier furent sommés de descendre de leur siège et de livrer l’argent qu’ils portaient. Ils déclarèrent l’un et l’autre qu’ils n’en avaient point appartenant à l’État. À l’appui de leurs dires, et comme on menaçait de les fusiller s’ils avaient menti, ils montrèrent la feuille de chargement dont ils étaient munis.

– C’est bon, dirent les inconnus ; nous allons visiter la diligence. Malheur à vous si vous nous trompez.

Ils ouvrirent la portière, ordonnèrent aux voyageurs de sortir de la voiture et d’exhiber leurs passeports. Tous obéirent, à l’exception d’Audrein. Le vieux prêtre mesurait l’étendue du péril qui venait de se dresser devant lui, et peut-être espérait-il s’y dérober en évitant de se montrer.

– Je n’ai pas de passeport, dit-il.

– Descendez tout de même, lui fut-il répondu.

Mais il ne bougeait pas. Alors, le chef de la bande, Charles-François Le Cat, reconnaissable à sa carmagnole bleue, à son gilet rouge, à son pantalon garni de cuir et à son chapeau enveloppé de toile cirée, s’élança dans la voiture et saisit Audrein au collet, en dirigeant sur son visage la lumière d’une lanterne dont il s’était emparé.

– Je te reconnais, Audrein le louche ! s’écria-t-il. C’est toi que je cherchais. Tu as voté trois fois la mort du Roi sous trois noms différents. Tu vas mourir.

Quoique déjà d’un grand âge, Audrein possédait encore assez de vigueur pour résister. Il se débattait. Dans cette courte lutte, il mordit son agresseur à la main gauche et si profondément que, plus tard, ce fut cette morsure qui dénonça Le Cat. Mais ce dernier l’entraînait, le jetait hors de la voiture en appelant à l’aide. Audrein tomba dans les bras d’un nommé Lemoine qui, en voulant l’arrêter, fut mordu à la main droite. Furieux, Lemoine arma son fusil, fit feu. L’amorce ne prit pas. Audrein s’enfuyait en demandant grâce. Un coup de feu le renversa sur l’avant-train de la voiture.

– Achevez-le, ordonna Le Cat.

Une nouvelle détonation se fit entendre et le malheureux, atteint d’une balle dans le dos, tomba pour ne plus se relever.

Ceci est la version qui servit de base à la procédure. Il en est une autre d’après laquelle les meurtriers, s’étant érigés en tribunal, auraient enjoint à Audrein de revêtir ses habits sacerdotaux, de coiffer sa mitre, de prendre sa crosse, l’auraient jugé, condamné à mort et fusillé. Sous cette forme, le meurtre est plus tragique, la scène plus théâtrale. Mais les pièces officielles et les dépositions des témoins ne permettent pas de la considérer comme authentique, et, sans doute, elle fut inventée après coup.

Quoi qu’il en soit, Audrein avait péri. Alors, les meurtriers rassurèrent les voyageurs, glacés par l’épouvante, les firent remonter en voiture et ordonnèrent au conducteur et au courrier de se remettre en route.

– Nous ne sommes pas des voleurs, dirent-ils ; nous sommes des royalistes. Nous sommes plus contents d’avoir tué cet homme que si nous avions trouvé cent louis.

Le lendemain, le cadavre d’Audrein fut relevé sur la route, et procès-verbal dressé par le juge de paix de Châteaulin. On l’avait dépouillé de sa redingote et de quelques papiers. Mais ses valises ouvertes gisaient à côté de lui avec les objets qu’elles contenaient. Sa bourse était dans sa poche, on n’y avait pas touché. Dans la relation romanesque que je viens de citer, il est dit encore que les chouans enlevèrent sa mitre, sa crosse, et, avant de s’éloigner, mirent dans une de ses mains une boîte renfermant du saint chrême, dans l’autre, un mandement qu’il venait de publier.


III

Une instruction judiciaire s’ouvrit aussitôt à Quimper. Mais d’abord elle demeura infructueuse. En dépit d’innombrables arrestations, on ne parvint pas à se saisir des assassins : ce ne fut qu’au bout de quelques mois, que, l’un d’eux ayant été pris, on put reconstituer les circonstances du crime et en connaître les auteurs. Ils étaient au nombre de douze.

L’acte d’accusation les désigne comme suit : « La Grandeur, tué dans une action depuis l’événement, Baudau, sabotier, dit Sans-Quartier, Lemoine, domestique, dit Pot-Quimper, Jaouen, tisserand, demeurant chez Yves Petillon, François Legrand, surnommé Sans-Chagrin, Jean Ropars, valet, cultivateur à Tremarec en Briec, Jean Laguilly, mort depuis dans les prisons de Brest, Daniel Poulien, valet, cultivateur chez François Raunoir, à Pennanech en Briec, un nommé Louis Allemand, déserteur, portant sur le bras l’empreinte du bonnet de la liberté, haut de cinq pieds quatre pouces, âgé d’environ trente ans et de figure maigre, Baptiste ou Legirarou, haut de cinq pieds quatre pouces, âgé de trente à trente-trois ans, marqué de petite vérole avec assez d’embonpoint, Michel, de petite taille, noir de figure, parlant bien français. »

François Le Cat, dit la Volonté, commandait cette bande en vertu d’ordres supérieurs dont les originaux furent trouvés sur lui lors de son arrestation. En dépit de leur teneur mystérieuse, ces documents méritent d’être reproduits. Ils témoignent d’une organisation qui fut assurément l’œuvre des Comités royalistes demeurés debout et actifs après la pacification de l’Ouest.

L’un de ces ordres est ainsi conçu : « Monsieur La Volonté ira prendre les instructions et fera l’exécution convenue ou sur la route ou au lieu même ; il en rendra sur-le-champ compte. Il s’informera lorsque les étoffes seront prêtes et s’il croit pouvoir enlever une diligence, il en enlèvera tous les fonds et conservera les étiquettes des sacs qu’il fera déposer en maisons sûres. Il ramassera sur les cantons des contributions et des hommes sur le canton d’Elliant. Si d’anciens officiers le rejoignent, il les fera m’écrire. Enfin, il fera jusqu’à la fête des Rois tout ce qui lui paraîtra utile pour le parti du Roi et correspondra directement avec moi. » Cette pièce est signée : Renaud.

Sous la même signature, en voici une autre non moins claire : « Monsieur, les nouvelles sont excellentes. Annoncez à tous les gas qu’ils prennent courage, qu’ils se rapproprient et s’instruisent. Levez des contributions partout. Activez le canton d’Elliant. Propagez la désertion des soldats. Faites rejoindre tous les jeunes gens à caractère. Notez tous les coquins dans toutes les paroisses. Travaillons jour et nuit. Les moments vont être précieux. Ramassez partout tout l’argent possible pour la correspondance, les habillements, etc., etc. Soyez en garde contre les fouilles, les espions et notez les dénonciateurs. Tout va bien. » Ce billet n’a d’autre adresse que celle-ci : « À La Volonté. » C’était le sobriquet donné à François Le Cat.

Georges Cadoudal était en ce moment en Bretagne, cherchant à gagner l’Angleterre et, en attendant de pouvoir partir, à se défendre contre les ténébreuses entreprises de la police. Il avait avec lui ses principaux lieutenants : De Bar, Guillemot dit le roi de Bignan, La Haye Saint-Hilaire. Quand on a pu constater quels sentiments d’ardente haine ces hommes violents nourrissaient contre les pouvoirs publics, il est bien difficile d’admettre qu’ils demeurèrent étrangers à la rédaction de ces ordres et par conséquent aux criminels excès qui les suivirent. Ces excès furent innombrables. On ne saurait les énumérer. Mais il suffira d’en citer deux pour donner une idée des autres.

Les chouans de Le Cat conduits par leur jeune chef se présentent un soir, vers minuit, chez le notaire de Saint-Thois, un sieur Jacques Robin, connu par ses opinions révolutionnaires. Par la ruse, en prenant de fausses qualités, ils se font ouvrir. À l’aspect de gens armés, Robin recule. L’un d’eux court sur lui et, le menaçant de son pistolet :

– Monsieur, vous êtes un gueux, lui dit-il, un coquin ; il nous faut mille écus et nous les compter sur-le-champ ou la mort.

La maison est envahie. Les armoires et buffets sont fouillés. Le capitaine de la bande, petit de taille et qu’on appelait Monsieur, trouve dans une armoire vingt-sept francs dont il se saisit. On fait subir à Robin toutes les angoisses de la mort. On l’oblige à se mettre à genoux, puis à se retourner comme pour le fusiller par derrière.

– Va faire sa fosse, dit un des brigands à un autre. Son enterrement ne coûtera pas beaucoup.

Épouvanté, Robin, qui n’a pas d’argent dans sa maison ou qui ne veut pas le livrer, rachète sa vie en souscrivant une obligation de trois mille francs. Le Cat s’en empare. Il la portait sur lui quand on l’arrêta.

Quelques jours plus tard, tandis que la police cherchait les meurtriers d’Audrein, l’un d’eux, Lignarou, le second de Le Cat, fut averti qu’une paysanne de Coatguen, nommée Marie Littré, les avait dénoncés comme les auteurs probables du crime. Par ordre de Le Cat, il se rendit dans la commune un matin du mois de mars vers six heures. Il s’était fait accompagner de six de ses camarades, « tous armés, dit l’acte d’accusation, et vêtus de carmagnoles ». D’un ton amical et sous un prétexte, ils invitèrent Marie Littré à sortir de sa maison. Elle les suivit sans défiance jusque dans un champ voisin. Là, ils l’étranglèrent. « Deux tirèrent pendant dix minutes au moins, en sens contraire, sur la corde qu’on lui avait mise au cou ; un troisième l’assommait à coups de crosse de fusil. » Après l’avoir tuée, ils lui attachèrent au dos un écriteau portant ces mots en gros caractères : « Avis aux dénonciateurs. » Ils disparurent ensuite, non sans que l’un d’eux eût dit à un témoin de cette scène atroce :

– Vois-tu cette malheureuse ? Nous venons de la punir pour nous avoir dénoncés. Le même sort attend ceux qui l’imiteront.

De tels faits étaient devenus fréquents en Bretagne depuis que la sinistre bande fonctionnait. Elle terrorisait la contrée. Les expéditions dirigées contre les scélérats qui la composaient avortaient toutes. En assassinant Marie Littré, elle mit le comble à ses forfaits. Du même coup, elle attira sur elle les fureurs exaspérées de la police qui, depuis si longtemps la poursuivait en vain. Le Cat enfin se laissa surprendre. Il avait dans ses poches des papiers compromettants et de l’or anglais. Avec lui furent arrêtés trois de ses complices : Lemoine, Ropars et Legrand. Ce n’étaient pas les plus coupables. Ceux-ci, à l’exception de Le Cat, avaient pris la fuite. Ils ne furent pas retrouvés. En revanche, on arrêta, sur de fausses dénonciations, deux jeunes gens, les frères Dubouays, et leur ami, un sieur Atry, qui avait pris part, comme eux, aux guerres de la chouannerie. Tous trois étaient innocents. Le tribunal spécial du Finistère devant lequel ils comparurent le proclama en les acquittant.

N’ayant pu s’emparer que de quatre coupables, il vengea sur eux seul le crime auquel d’autres restés introuvables avaient participé. Le Cat et ses complices furent condamnés à mort. La sentence relative au premier porte qu’il sera conduit au lieu du supplice revêtu d’une chemise rouge. Mais il ne semble pas qu’elle ait été jamais exécutée. Histoire ou légende, il est de tradition à Quimper que Le Cat parvint à s’échapper de prison et à s’enfuir, grâce au dévouement de sa sœur.