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La Pucelle d’Orléans/7

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<La Pucelle d’Orléans


La Pucelle d’Orléans
Œuvres complètes de VoltaireGarniertome 9 (p. 126-136).

CHANT VII





Argument.- Comment Dunois sauva Dorothée, condamnée à la mort par l’inquisition.




Lorsque autrefois, au printemps de mes jours,
Je fus quitté par ma belle maîtresse,
Mon tendre cœur fut navré de tristesse[1],
Et je pensai renoncer aux amours :
Mais d’offenser par le moindre discours
Cette beauté que j’avais encensée,
De son bonheur oser troubler le cours,
Un tel forfait n’entra dans ma pensée.
Gêner un cœur, ce n’est pas ma façon.
Que si je traite ainsi les infidèles,
Vous comprenez, à plus forte raison,
Que je respecte encor plus les cruelles.
Il est affreux d’aller persécuter

Un tendre cœur que l’on n’a pu dompter.
Si la maîtresse objet de votre hommage
Ne peut pour vous des mêmes feux brûler,
Cherchez ailleurs un plus doux esclavage,
On trouve assez de quoi se consoler ;
Ou bien buvez, c’est un parti si sage.
Et plût à Dieu qu’en un cas tout pareil
Le tonsuré qu’Amour rendit barbare,
Cet oppresseur d’une beauté si rare,
Se fût servi d’un aussi bon conseil !



Déjà Dunois à la belle affligée
Avait rendu le courage et l’espoir :
Mais avant tout il convenait savoir
Les attentats dont elle était chargée.
" O vous, dit-elle en baissant ses beaux yeux,
Ange divin qui descendez des cieux,
Vous qui venez prendre ici ma défense,
Vous savez bien quelle est mon innocence ! "
Dunois reprit : " Je ne suis qu’un mortel ;
Je suis venu par une étrange allure,
Pour vous sauver d’un trépas si cruel.
Nul dans les cœurs ne lit que l’Éternel.
Je crois votre âme et vertueuse et pure ;
Mais dites-moi, pour Dieu, votre aventure. "



Lors Dorothée, en essuyant les pleurs
Dont le torrent son beau visage mouille,
Dit : " L’amour seul a fait tous mes malheurs.
Connaissez-vous monsieur de La Trimouille ?
— Oui, dit Dunois, c’est mon meilleur ami ;
Peu de héros ont une âme aussi belle ;
Mon roi n’a point de guerrier plus fidèle,
L’Anglais n’a point de plus fier ennemi ;
Nul chevalier n’est plus digne qu’on l’aime.
— Il est trop vrai, dit-elle, c’est lui-même ;
Il ne s’est pas écoulé plus d’un an
Depuis le jour qu’il a quitté Milan.
C’est en ces lieux qu’il m’avait adorée ;
Il le jurait, et j’ose être assurée
Que son grand cœur est toujours enflammé,
Qu’il m’aime encor, car il est trop aimé.
— Ne doutez point, dit Dunois, de son âme ;
Votre beauté vous répond de sa flamme.

Je le connais ; il est, ainsi que moi,
A ses amours fidèle comme au roi. "



L’autre reprit : " Ah ! monsieur, je vous croi.
O jour heureux où je le vis paraître,
Où des mortels il était à mes yeux
Le plus aimable et le plus vertueux,
Où de mon cœur il se rendit le maître !
Je l’adorais avant que ma raison
Eût pu savoir si je l’aimais ou non.



" Ce fut, monsieur, ô moment délectable !
Chez l’archevêque, où nous étions à table,
Que ce héros, plein de sa passion,
Me fit, me fit sa déclaration.
Ah ! j’en perdis la parole et la vue
Mon sang brûla d’une ardeur inconnue :
Du tendre amour j’ignorais le danger,
Et de plaisir je ne pouvais manger.
Le lendemain il me rendit visite :
Elle fut courte, il prit congé trop vite.
Quand il partit, mon cœur le rappelait ;
Mon tendre cœur après lui s’envolait.
Le lendemain, il eut un tête-à-tête
Un peu plus long, mais non pas moins honnête.
Le lendemain il en reçut le prix,
Par deux baisers sur mes lèvres ravis.
Le lendemain il osa davantage ;
Il me promit la foi de mariage.
Le lendemain il fut entreprenant ;
Le lendemain il me fit un enfant[2].
Que dis-je ? hélas ! faut-il que je raconte
De point en point mes malheurs et ma honte.
Sans que je sache, ô digne chevalier,
A quel héros j’ose me confier ? "



Le chevalier, par pure obéissance,
Dit, sans vanter ses faits ni sa naissance :
" Je suis Dunois. " C’était en dire assez.

« Dieu, reprit-elle, ô Dieu qui m’exaucez,
Quoi ! vos bontés font voler à mon aide
Ce grand Dunois, ce bras à qui tout cède!
Ah! qu’on voit bien d’où vous tenez le jour,
Charmant bâtard, cœur noble, âme sublime !
Le tendre Amour me faisait sa victime ;
Mon salut vient d’un enfant de l’Amour.
Le ciel est juste, et l’espoir me ranime.

« Vous saurez donc, brave et gentil Dunois,
Que mon amant, au bout de quelques mois.
Fut obligé de partir pour la guerre,
Guerre funeste, et maudite Angleterre !
Il écouta la voix de son devoir.
Mon tendre amour était au désespoir.
Un tel état vous est connu sans doute.
Et vous savez, monsieur, ce qu’il en coûte.
Ce fier devoir fit seul tous nos malheurs ;
Je l’éprouvais en répandant des pleurs :
Mon cœur était forcé de se contraindre.
Et je mourais, mais sans pouvoir me plaindre.
Il me donna le présent amoureux
D’un bracelet fait de ses blonds cheveux,
Et son portrait qui, trompant son absence,
M’a fait cent fois retrouver sa présence.
Un cher écrit surtout il me laissa,
Que de sa main le ferme Amour traça.
C’était, monsieur, une juste promesse,
Un sûr garant de sa sainte tendresse :
On y lisait : « Je jure par l’Amour,
« Par les plaisirs de mon âme enchantée,
« De revenir bientôt en cette cour,
« Pour épouser ma chère Dorothée, »
Las! il partit, il porta sa valeur
Dans Orléans, Peut-être il est encore
Dans ces remparts où l’appela l’honneur.
Ah ! s’il savait quels maux et quelle horreur
Sont, loin de lui, le prix de mon ardeur!
Non, juste ciel ! il vaut mieux qu’il l’ignore,
« Il partit donc ; et moi, je m’en allai.
Loin des soupçons d’une ville indiscrète,
Chercher aux champs une sombre retraite,
Conforme aux soins de mon cœur désolé,

Mes parents morts, libre dans ma tristesse,
Cachée au monde, et fuyant tous les yeux,
Dans le secret le plus mystérieux
J’ensevelis mes pleurs et ma grossesse.
Mais par malheur, hélas ! je suis la nièce
De l’archevêque… " A ces funestes mots,
Elle sentit redoubler ses sanglots.
Puis vers le ciel tournant ses yeux en larmes :
" J’avais, dit-elle, en secret mis au jour
Le tendre fruit de mon furtif amour ;
Avec mon fils consolant mes alarmes,
De mon amant j’attendais le retour.
A l’archevêque il prit en fantaisie
De venir voir quelle espèce de vie
Menait sa nièce au fond de ses forêts
Pour ma campagne il quitta son palais.
Il fut touché de mes faibles attraits :
Cette beauté, présent cher et funeste,
Ce don fatal, qu’aujourd’hui je déteste,
Perça son cœur des plus dangereux traits.
Il s’expliqua : ciel ! que je fus surprise !
Je lui parlai des devoirs de son rang,
De son état, des nœuds sacrés du sang :
Je remontrai l’horreur de l’entreprise ;
Elle outrageait la nature et l’Église.
Hélas ! j’eus beau lui parler de devoir,
Il s’entêta d’un chimérique espoir.
Il se flattait que mon cœur indocile
D’aucun objet ne s’était prevenu,
Qu’enfin l’amour ne m’était point connu,
Que son triomphe en serait plus facile ;
Il m’accablait de ses soins fatigants,
De ses désirs rebutés et pressants.



" Hélas ! un jour, que toute à ma tristesse
Je relisais cette douce promesse,
Que de mes pleurs je mouillais cet écrit,
Mon cruel oncle en lisant me surprit.
Il se saisit, d’une main ennemie,
De ce papier qui contenait ma vie :
Il lut ; il vit dans cet écrit fatal
Tous mes secrets, ma flamme, et son rival.
Son âme alors, jalouse et forcenée,

A ses désirs fut plus abandonnée.
Toujours alerte, et toujours m’épiant,
Il sut bientôt que j’avais un enfant.
Sans doute un autre en eût perdu courage.
Mais l’archevêque en devint plus ardent ;
Et se sentant sur moi cet avantage :
" Ah ! me dit-il, n’est-ce donc qu’avec moi
" Que vous avez la fureur d’être sage ?
" Et vos faveurs seront le seul partage
" De l’étourdi qui ravit votre foi !
" Osez-vous bien me faire résistance ?
" Y pensez-vous ? Vous ne méritez pas
" Le fol amour que j’ai pour vos appas :
" Cédez sur l’heure, ou craignez ma vengeance. "
Je me jetai tremblante à ses genoux ;
J’attestai Dieu, je répandis des larmes.
Lui, furieux d’amour et de courroux,
En cet état me trouva plus de charmes.
Il me renverse, et va me violer ;
A mon secours il fallut appeler :
Tout son amour soudain se tourne en rage.
D’un oncle, ô ciel, souffrir un tel outrage !
De coups affreux il meurtrit mon visage.
On vient au bruit ; mon oncle au même instant
Joint à son crime un crime encor plus grand :
" Chrétiens, dit-il, ma nièce est une impie ;
" Je l’abandonne, et je l’excommunie :
" Un hérétique, un damné suborneur,
" Publiquement a fait son déshonneur ;
" L’enfant qu’ils ont est un fruit d’adultère.
" Que Dieu confonde et le fils et la mère
" Et puisqu’ils ont ma malédiction,
" Qu’ils soient livrés à l’inquisition ! "



" Il ne fit point une menace vaine ;
Et dans Milan le traître arrive à peine,
Qu’il fait agir le grand inquisiteur.
On me saisit, prisonnière on m’entraîne
Dans des cachots, où le pain de douleur
Était ma seule et triste nourriture :
Lieux souterrains, lieux d’une nuit obscure,
Séjour des morts, et tombeau des vivants !
Après trois jours on me rend la lumière,

Mais pour la perdre au milieu des tourments.
Vous les voyez, ces brasiers dévorants
C’est là qu’il faut expirer à vingt ans.
Voilà mon lit à mon heure dernière !
C’est-là, c’est-là, sans votre bras vengeur,
Qu’on m’arrachait la vie avec l’honneur !
Plus d’un guerrier aurait, selon l’usage,
Pris ma défense, et pour moi combattu ;
Mais l’archevêque enchaîne leur vertu :
Contre l’Église ils n’ont point de courage.
Qu’attendre, hélas ! d’un cœur italien ?
Ils tremblent tous à l’aspect d’une étole[3] ;
Mais un Français n’est alarmé de rien,
Et braverait le pape au Capitole. "



A ces propos, Dunois piqué d’honneur,
Plein de pitié pour la belle accusée,
Plein de courroux pour son persécuteur,
Brûlait déjà d’exercer sa valeur,
Et se flattait d’une victoire aisée.
Bien surpris fut de se voir entouré
De cent archers, dont la cohorte fière
L’investissait noblement par derrière.
Un cuistre en robe, avec bonnet carré,
Criait d’un ton de vrai _miserere_ :



" On fait savoir, de par la sainte Église,
Par monseigneur, pour la gloire de Dieu,
A tous chrétiens que le ciel favorise,
Que nous venons de condamner au feu
Cet étranger, ce champion profane,
De Dorothée infâme chevalier,
Comme infidèle, hérétique, et sorcier ;
Qu’il soit brûlé sur l’heure avec son âne. "



Cruel prélat, Busiris en soutane[4],
C’était, perfide, un tour de ton métier ;
Tu redoutais le bras de ce guerrier ;

Tu t’entendais avec le saint-office
Pour opprimer, sous le nom de justice,
Quiconque eût pu lever le voile affreux
Dont tu cachais ton crime à tous les yeux.



Tout aussitôt l’assassine cohorte,
Du saint-office abominable escorte,
Pour se saisir du superbe Dunois,
Deux pas avance, et recule de trois ;
Puis marche encor ; puis se signe, et s’arrête.
Sacrogorgon, qui tremblait à leur tête,
Leur crie : " Allons, il faut vaincre ou périr ;
De ce sorcier tâchons de nous saisir. "
Au milieu d’eux les diacres de la ville,
Les sacristains arrivent à la file :
L’un tient un pot, et l’autre un goupillon[5] ;
Ils font leur ronde, et de leur eau salée
Benoîtement aspergent l’assemblée.
On exorcise, on maudit le démon ;
Et le prélat, toujours l’âme troublée,
Donne partout sa bénédiction.



Le grand Dunois, non sans émotion,
Voit qu’on le prend pour envoyé du diable :
Lors saisissant de son bras redoutable
Sa grande épée, et de l’autre montrant
Un chapelet, catholique instrument,
De son salut cher et sacré garant :
" Allons, dit-il, venez à moi, mon âne. "
L’âne descend, Dunois monte, et soudain
Il va frappant, en moins d’un tour de main,
De ces croyants la cohorte profane.
Il perce à l’un le sternum[6] et le bras ;
Il atteint l’autre à l’os qu’on nomme atlas[7] ;

Qui voit tomber son nez et sa mâchoire,
Qui son oreille, et qui son _humérus_ ;
Qui pour jamais s’en va dans la nuit noire,
Et qui s’enfuit disant ses _oremus._
L’âne, au milieu du sang et du carnage,
Du paladin seconde le courage ;
Il vole, il rue, il mord, il foule aux pieds
Ce tourbillon de faquins effrayés.
Sacrogorgon, abaissant sa visière,
Toujours jurant, s’en allait en arrière ;
Dunois le joint, l’atteint à l’os pubis[8] ;
Le fer sanglant lui sort par le coccix[9] :
Le vilain tombe, et le peuple s’écrie :
" Béni soit Dieu ! le barbare est sans vie. "



Le scélérat encor se débattait
Sur la poussière, et son cœur palpitait,
Quand le héros lui dit : " Ame traîtresse,
L’enfer t’attend ; crains le diable, et confesse
Que l’archevêque est un coquin mitré,
Un ravisseur, un parjure avéré ;
Que Dorothée est l’innocence même,
Qu’elle est fidèle au tendre amant qu’elle aime,
Et que tu n’es qu’un sot et qu’un fripon.
— Oui, monseigneur, oui, vous avez raison :
Je suis un sot, la chose est par trop claire,
Et votre épée a prouvé cette affaire. "
Il dit : son âme alla chez le démon.
Ainsi mourut le fier Sacrogorgon.



Dans l’instant même, où ce bravache infâme
A Belzébuth rendait sa vilaine âme,
Devers la place arrive un écuyer,
Portant salade[10] avec lance dorée :
Deux postillons à la jaune livrée
Allaient devant. C’était chose assurée
Qu’il arrivait quelque grand chevalier.

A cet objet, la belle Dorothée,
D’étonnement et d’amour transportée :
" Ah, Dieu puissant ! se mit-elle à crier,
Serait-ce lui ! serait-il bien possible !
A mes malheurs le ciel est trop sensible. "



Les Milanais, peuple très-curieux,
Vers l’écuyer avaient tourné les yeux.



Eh ! cher lecteur, n’êtes vous pas honteux
De ressembler à ce peuple volage,
Et d’occuper vos yeux et votre esprit
Du changement qui dans Milan se fit ?
Est-ce donc là le but de mon ouvrage ?
Songez, lecteurs, aux remparts d’Orléans,
Au roi de France, aux cruels assiégeants,
A la Pucelle, à l’illustre amazone,
La vengeresse et du peuple et du trône,
Qui, sans jupon, sans pourpoint ni bonnet,
Parmi les champs comme un centaure allait,
Ayant en Dieu sa plus ferme espérance,
Comptant sur lui plus que sur sa vaillance,
Et s’adressant à monsieur saint Denys,
Qui cabalait alors en paradis
Contre saint George en faveur de la France.



Surtout, lecteur, n’oubliez point Agnès,
Ayez l’esprit tout plein de ses attraits :
Tout honnête homme, à mon gré, doit s’y plaire.
Est-il quelqu’un si morne et si sévère,
Que pour Agnès il soit sans intérêt ?



Et franchement dites-moi, s’il vous plaît,
Si Dorothée au feu fut condamnée ;
Si le Seigneur, du haut du firmament,
Sauva le jour à cette infortunée :
Semblable cas advient très-rarement.
Mais que l’objet où votre cœur s’engage,
Pour qui vos pleurs ne peuvent s’essuyer,
Soit dans les bras d’un robuste aumônier,
Ou semble épris pour quelque jeune page,
Cet accident peut être est plus commun ;
Pour l’amener ne faut miracle aucun.
Je l’avouerai, j’aime toute aventure
Qui tient de près à l’humaine nature ;
Car je suis homme, et je me fais honneur

D’avoir ma part aux humaines faiblesses[11] ;
J’ai dans mon temps possédé des maîtresses.
Et j’aime encor à retrouver mon cœur.

  1. Je crois qu'il ne faut pas trop prendre à la lettre ce que Voltaire dit ici de sa tristesse. « Je sais, écrivait-il au duc de Sully, en lui parlant de Génonville, son ami et son rival :
    « Je sais que, par déloyauté.
    Le fripon naguère a tâté
    De la maîtresse tant jolie
    Dont j'étais si fort entêté.
    Il rit de cette perfidie,
    Et j'aurais pu m'en courroucer;
    Mais je sais qu'il faut se passer
    Des bagatelles dans la vie. »

    Des regrets d'amour pouvaient être exprimés en des termes plus persuasifs. Cette maîtresse tant jolie se nommait Suzanne-Catherine Gravet de Livry. Née en 1694, la même année que Voltaire, elle mourut comme lui en 1778, le 28 octobre. Elle était alors veuve de Charles-Frédéric de La Tour du Pin de Hourlon, marquis de Gouvernet, qu'elle avait épousé en 1720. Son mariage et les événements qui le préparèrent ont fourni à Voltaire quelques-unes des plus jolies scènes de l’Écossaise. C'est à Mlle de Livry, alors marquise de Gouvernet, qu'il adressa la charmante épître des Tu et des Vous. (R.)
  2. Dans le conte en vers intitulé la Bégueule, Voltaire, faisant allusion à cet endroit de son poëme, dit :

    Je me souviens du temps trop peu durable
    Où je chantais dans mon heureux printemps
    Des lendemains plus doux et plus plaisants. (R.)
  3. Étole, ornement sacerdotal qu'on passe par-dessus le surplis. Ce mot vient du grec στολὴ (stolê), qui signifie une robe longue. L'étole est aujourd'hui une bande large de quatre doigts. L'étole des anciens était fort différente; c'était quelquefois un habit de cérémonie que les rois donnaient à ceux qu'ils voulaient honorer; de là ces expressions de l'Écriture [Ecclesiaslic. xlv, 9] : « Stolam gloriæ induit
    eum, etc. » (Note de Voltaire, 1762.)
  4. Busiris était un roi d'Egypte qui passait pour un tyran. (Id., 1762.)
  5. Le goupillon est un instrument garni en tous sens de soies de porc prises dans des fils d'archal passés à l'extrémité d'un manche de bois ou de métal. Il sert à distribuer l'eau bénite, etc. Cet instrument était usité dans l'antiquité; on s'en servait pour arroser les initiés de l'eau lustrale. (Note de Voltaire, 1762.)
  6. Sternum, terme grec, comme sont presque tous ceux de l'anatomie; c'est cette partie antérieure de la poitrine à laquelle sont jointes les côtes : elle est composée de sept os si bien assemblés, qu'ils semblent n'en faire qu'un. C'est la cuirasse que la nature a donnée au cœur et aux poumons. (Id., I762.)
  7. Atlas, la première vertèbre du cou : elle soutient tous les fardeaux qu'on pose sur la tète, laquelle tourne sur cet atlas comme sur un pivot. (Id., 1762.)
  8. Pubis, de puberté, os barré qui se joint aux deux hanches, os pubis, os pectinis. (Note de Voltaire, 1762.)
  9. Coccis, ϰόϰϰυξ (kokkux), croupion, placé immédiatement au-dessous de l’os sacrum. Il n’est pas honnête d’être blessé là. (Id., 1762.)
  10. Salade, on devrait dire célade, de celade; mais le mauvais usage prévaut partout. (Id., 1762.)
  11. M. Louis du Bois rappelle, à l'occasion de ces deux vers, que Térence a dit
    dans l’Héautontimoruménos, acte Ier, sc. 1re :
    Homo sum ; humani nihil a me alienum puto.

    Mais est-ce réellement la même pensée qu'a voulu exprimer Voltaire? (R.)