Aller au contenu

La Revue du Mois/Chronique du 10 juillet 1906

La bibliothèque libre.
La Revue du MoisTome II (p. 114-128).

CHRONIQUE[1]



Bibliothèques. — Association des Bibliothécaires français. — Le 22 avril dernier a été constituée une Association des Bibliothécaires français. Son siège social est à Paris, 6, place du Panthéon.

Le bureau de l’association pour 1906 est le suivant :

Président : M. Deniker, bibliothécaire du Muséum.

Vice-présidents : Michel, conservateur de la Bibliothèque municipale d’Amiens ; Martin, administrateur de la Bibliothèque de l’Arsenal.

Secrétaire-général : Sustrac, sous-bibliothécaire à la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Secrétaire-adjoint : Gautier, sous-bibliothécaire à la Faculté de Droit de Paris.

Trésorier : Poirée, conservateur-adjoint à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.

L’association compte déjà plus de deux cents adhérents, elle est administrée par un Comité de vingt membres. Le Comité, dans sa dernière séance, a jugé qu’il y avait lieu de procéder, avant tout autre examen, à une étude sur la situation des bibliothèques, de tout ordre, de Paris et de province. Un questionnaire sera dressé à cet effet et envoyé à tous les membres de l’Association.

Ému de l’ignorance dans laquelle sont laissés les bibliothécaires en ce qui concerne les créations, vacances ou changements d’emploi et, en général, les renseignements divers d’ordre professionnel, le Comité a décidé aussi d’examiner la création d’un office de renseignements à l’usage de tous les bibliothécaires.

Plusieurs autres questions également très importantes, comme la formation de Comités régionaux et la création d’un bulletin ont été réservées et seront mises à l’étude ultérieurement.

Biologie. — Un cas nouveau de sexualité. — Des recherches récentes de Blakeslee[2] sur la reproduction des Mucorinées ont fait connaître un cas particulier de sexualité chez les plantes, qui est des plus intéressants à divers points de vue.

Les Mucorinées sont, comme on sait, des moisissures vivant sur les crottins et sur d’autres matières organiques en décomposition où elles forment un lacis de filaments fins comme des fils d’araignée (mycélium) sur lequel se dresse une forêt de filaments aériens terminés par des vésicules (sporanges) remplies de spores microscopiques. Au moment de la reproduction sexuelle deux filaments mycéliens s’accroissent l’un vers l’autre ; leurs pointes accolées, dont chacune s’isole par une cloison du filament qui la supporte, sont les gamètes qui produisent en se fusionnant une sorte d’œuf multinucléé qu’on nomme zygospore C’est un cas classique de reproduction sexuelle par l’union de deux gamètes identiques. Le fait nouveau dont la découverte était inattendue est que, chez la plupart des espèces de Mucorinées, ces gamètes identiques se forment sur des individus différents.

Pour les espèces où ce phénomène existe, les cultures pures obtenues par semis d’une seule spore, qui peuvent être considérées comme autant d’individus autonomes, ne montrent jamais aucun phénomène de reproduction sexuelle ; les gamètes et les zygospores n’apparaissent que dans les cultures mélangées, aux endroits où se rencontrent des filaments mycéliens d’origines différentes. Les résultats des expériences de mélange permettent de répartir en deux séries l’ensemble des cultures pures de mycélium d’une espèce, de telle manière que les cultures de chaque série aussi bien isolées que réunies deux à deux restent toujours sexuellement stériles, tandis qu’elles produisent des zygospores au contact d’un mycélium quelconque provenant des cultures de la série opposée.

On doit donc admettre chez ces Mucorinées l’existence de deux sexes ; mais, avec nos conventions actuelles de langage, il reste impossible de distinguer des mâles et des femelles. Le critérium habituel de cette distinction est en effet la différence des gamètes producteurs de l’œuf, le gamète mâle s’opposant par sa petitesse et sa mobilité au gamète femelle volumineux et immobile. Chez nos Mucorinées ce critérium est inapplicable puisque les gamètes sont semblables. Si tant est qu’il existe là des mâles et des femelles comparables à ceux du plus grand nombre des êtres vivants, il faudrait pour les distinguer avoir cet étalon impersonnel du sexe dont parlait F. Le Dantec dans un article récent de la Revue[3], cet instrument qui, mis en présence d’un élément histologique, donnerait une indication permettant de dire « cet élément est sexué, il est mâle », comme un électroscope à feuilles d’or une fois préparé permet de dire d’un corps qu’on en approche « ce corps est électrisé, il est positif ».

Fait curieux, alors que les gamètes sont semblables, les individus des deux séries qui les produisent sont en général nettement différents ; ceux de l’une sont plus vigoureux que ceux de l’autre. Alors que tout caractère sexuel primaire fait en apparence défaut, les porteurs de gamètes complémentaires se différencient par des caractères de l’ordre de ceux qu’on a coutume de nommer caractères sexuels secondaires. Les seules espèces de Mucorinées où l’on ait pu déceler entre les gamètes des différences minimes mais constantes sont justement du nombre de celles, qu’on pourrait dire hermaphrodites, chez lesquelles un individu cultivé isolément peut produire des zygospores. Des individus sexués différents peuvent donc exister dans le cas où les gamètes paraissent identiques, tandis qu’inversement la différenciation des gamètes peut ne pas entraîner celle des individus. On voit d’après cela quel secours incertain la morphologie nous apporte pour caractériser les différences sexuelles et établir leur hiérarchie. Faute de posséder « l’électroscope sexuel », qu’a rêvé Le Dantec, Blakeslee s’est contenté d’affecter du signe + la série des cultures vigoureuses de chaque espèce de Mucorinée à deux sexes, en attribuant le signe – à la série opposée.

Des tentatives de croisement ont été faites entre des individus d’espèces différentes, appartenant ou non à la même série. Ces essais n’ont jamais abouti à la production de zygospores, mais ils ont au moins montré que jamais les individus de même signe, quelle que soit leur espèce, ne présentent aucun symptôme de réaction sexuelle lorsqu’on les cultive en mélange, tandis que des individus de signe opposé et d’espèces différentes peuvent au moins former, là où ils se rencontrent, des pseudo-gamètes qui s’accouplent sans se fusionner. Il paraît donc y avoir quelque chose de commun à toutes les séries de même signe qui définit leur sexe en général, indépendamment de l’espèce, et le différencie du sexe des séries de signe opposé.

La zygospore des Mucorinées germe habituellement en donnant un sporange qui peut contenir des milliers de germes. Blakeslee a cherché, par culture de ces germes, le signe des descendants d’une même zygospore, des produits d’une même union. Les résultats sont divers suivant les espèces étudiées. Dans certains cas une zygospore donne toujours naissance à des individus d’un même signe, chaque union produit une famille unisexuée. Un cas plus intéressant est celui où le sporange issu d’une zygospore donne des germes pouvant produire des individus +, des individus – ou des hermaphrodites dont la multiplication par spores donne en peu de générations des individus purs du signe + ou du signe – ; il y a alors une disjonction progressive des sexes dans la descendance d’un couple qui rappelle la disjonction progressive des caractères de certains hybrides au cours des générations.

Ces curieuses particularités de la différenciation sexuelle chez les Mucorinées, jointes aux facilités qu’offre la culture de ces moisissures à évolution rapide, produisant des spores par milliers, méritent de faire de ce groupe de végétaux inférieurs l’un des objets favoris d’études pour les biologistes attachés à découvrir ces lois générales de la sexualité dont on ne pressent encore qu’obscurément l’existence et l’importance fondamentale.

Chimie. — La conservation de la matière. — L’idée que la matière se conserve n’est point nouvelle ; elle dut être envisagée avec plaisir par le premier que préoccupa la question : il lui eût été pénible d’admettre que cette matière, dont il avait conscience de faire partie, put un jour disparaître tout à fait ; peut-être, à force d’audace, arriva-t-il à penser que parfois elle pouvait s’évanouir en fumée ; mais il savait, pour avoir allumé du bois vert dans une caverne qui tirait mal, que la fumée n’est point sans existence réelle.

Plus tard on apprit qu’elle est douée de pesanteur, les choses se précisèrent et l’on se refusa à penser que la matière soit susceptible d’un avatar auquel la notion de masse ne serait plus applicable : la question se poserait immédiatement de savoir en quoi consiste une telle transformation, nous serions obligés de secouer notre paresse intellectuelle, sans que la nécessité en paraisse évidente et nous n’aimons point cela.

Si l’on en croit les manuels classiques, c’est un chimiste qui assit sur une base solide la notion de la conservation de la masse ; n’y trouve-t-on pas régulièrement les deux lignes suivantes : Loi de la conservation de la matière, ou loi de Lavoisier : « le poids d’un composé est égal à la somme des poids des composants ». Cependant, la lecture des œuvres de Lavoisier nous montre que la conservation de la masse est pour lui chose évidente[4], qu’il fait un très heureux usage de ce postulat, mais n’a point la prétention de le démontrer.

Pourquoi d’ailleurs un énoncé restreint aux combinaisons ? Peut-être parce qu’un changement de masse serait considéré comme une modification extraordinaire, et que des modifications très grandes ne s’observent guère quand la réunion de diverses substances ne fournit qu’un simple mélange. C’est donc lors des réactions chimiques que des variations de masse pourraient paraître le moins invraisemblables, c’est là qu’il a semblé indiqué de les chercher, mais on est resté longtemps sans le faire, tant on pensait que cette recherche serait vaine.

On peut, il est vrai, citer de nombreux cas où l’on a pesé et les composants et les composés ; Stas, par exemple, ayant pesé des masses d’iode et d’argent capables de s’unir, a pesé également l’iodure d’argent résultant de leur union ; mais ce n’est pas qu’il mit en doute la loi dite de Lavoisier, au contraire, la tenant pour rigoureusement exacte, il en déduisait le moyen de contrôler l’exactitude de ses mesures. On sait que le poids de son iodure d’argent, au lieu d’égaler 179gr,135 fut inférieur à ce total de 0gr,028 ; c’est là une différence bien faible eu égard aux causes d’erreur inévitables et la détermination de Stas fut considérée comme près d’être parfaite.

Récemment, toutefois, plusieurs expérimentateurs se sont préoccupés de voir si, lors d’une réaction chimique, on ne pouvait observer des variations de poids. Ils enferment dans un vase de verre, que l’on scelle ensuite au chalumeau, les deux substances actives, en s’arrangeant de manière qu’elles ne soient pas en contact. On utilise par exemple un tube de verre ayant la forme d’un U, mais disposé de façon que sa courbure soit placée en haut ; dans l’une des branches se trouve la première substance, la deuxième étant dans l’autre ; on porte à la balance et on équilibre avec un appareil identique au premier ; on retourne alors un des deux appareils, la réaction s’y met en marche, quand elle est terminée on observe habituellement que l’équilibre n’a pas persisté et l’on voit ce qu’il faut faire pour le rétablir. Le renversement du deuxième tube en U permet de répéter immédiatement l’expérience.

Le point délicat est de savoir quelle précision on peut attendre de telles mesures ; ceux qui les ont entreprises ne sont point des débutants capables de laisser échapper de grosses erreurs, ils ont pris des précautions minutieuses et ont contrôlé leurs essais avec soin. Les conclusions ont été variées. Si Kreighauer (1891), Sanford et Ray (1897), Kahlbaum (1903), Lo Surdo (1904) n’ont observé que des variations imputables aux imperfections des appareils et des procédés mis en œuvre, il en a été tout autrement pour Heydweiller (1901), et pour Landolt (1893-1906).

Voici les conclusions auxquelles est arrivé ce dernier :

1° Si on fait une expérience à blanc, c’est-à-dire en opérant comme il a été dit, mais en n’ayant placé dans les deux branches du tube en U que des substances n’agissant pas chimiquement les unes sur les autres, on observe bien des variations de poids, seulement dans un sens comme dans l’autre (8 augmentations pour 11 diminutions) ; au contraire, lorsqu’il se passe une réaction chimique, on observe une perte de poids dans la grande majorité des cas (61 diminutions pour 14 augmentations).

2° Les augmentations de poids sont toujours de l’ordre des erreurs possibles.

3° Les diminutions de poids sont souvent trop grandes pour qu’on puisse les croire dues aux imperfections des mesures.

Ainsi, Landolt, ayant mis en présence une solution de sulfate d’argent et une de sulfate ferreux, obtint 60 grammes d’argent par la réaction :

SO4Ag2 + 2SO4Fe = 2Ag + (SO4)3Fe2

Or il observa corrélativement une perte de poids de 0mgr,130, tandis que l’erreur maxima qui put être commise dans cette mesure ne pouvait, d’après lui, surpasser 0mgr,017.

H. Landolt n’abandonne point pour cela l’idée que la masse se conserve : il accuse le verre de se laisser traverser par quelque chose et à l’appui de son dire, il invoque le fait que, s’il paraffine l’intérieur de ses tubes, les pertes de poids deviennent négligeables.

Landolt admettrait volontiers[5] que, lors d’une réaction chimique, il se détache, soit de quelques-uns des atomes présents, soit de tous, des parcelles extrêmement petites, capables de traverser le verre ; néanmoins il ne serait pas question d’électrons, car, d’après Martinelli ou Campbell, les réactions utilisées ne provoquent aucune ionisation de l’air environnant quant aux phénomènes de dissociation électrolytique ils paraissent ici ne jouer aucun rôle.

La perméabilité du verre pour des fractions d’atomes n’a rien d’invraisemblable, puisqu’elle existe déjà pour l’anhydride carbonique (Bunsen), l’hydrogène (Quincke) et l’hélium (Ramsay). Néanmoins nous serions heureux si l’on nous indiquait quelques-unes des propriétés de ces miettes d’atomes, si miettes il y a, car jusqu’ici on ne leur en attribue qu’une, celle dont on a besoin.

Écoles. — École normale supérieure. — Le Comité de l’Association des anciens élèves, dans sa séance du 27 juin, a nommé Président de l’Association M. Paul Appell, en remplacement de M. Gaston Boissier, qui a tenu à se retirer après vingt-trois ans de présidence. M. Émile Boutroux a été élu vice-président en remplacement de M. Appell. Les présidents de l’Association, depuis sa fondation, en 1846, ont été : Victor Cousin, Paul Dubois, Henri Patin, Ernest Havet.

Économie sociale. — Assurance et participation. — La fréquence récente des conflits entre le capital et le travail, leur caractère parfois aigu, surtout leur évidente coordination n’ont pas été sans frapper tous les esprits ; bien que cette situation presque nouvelle n’ait rien d’étrange et qu’on ait assurément tort d’en concevoir des alarmes que le bon sens a suffisamment ridiculisées, on conçoit cependant les inquiétudes des chefs d’industrie, et nul ne trouvera surprenant qu’ils recherchent dans une action collective les moyens de sauvegarde devenus nécessaires.

C’est pour trouver ces moyens et les mettre en application qu’un groupe important de patrons, ceux des industries mécaniques et de l’automobile, se sont décidés à former une sorte de syndicat de défense et d’assurance contre les grèves ; ils se proposent de constituer une caisse commune, alimentée par des versements proportionnels aux salaires respectifs payés par chacun d’eux ; le taux de proportionnalité serait de 2 pour 100, ce qui, pour les 300 millions de salaires payés annuellement par ce groupe d’industries, représente une cotisation de 6 millions chaque année. — Ces cotisations accumulées serviraient, en cas de grève, à venir au secours des patrons syndiqués, à les indemniser des dommages causés par la grève, en un mot à leur donner des armes pour résister aux prétentions excessives de leur personnel.

Loin de nous la pensée de critiquer un tel système ; nous avons plusieurs fois appelé de nos vœux l’organisation de l’assurance contre le chômage ; il s’agissait du chômage des ouvriers, et nous voulions voir entre leurs mains un moyen de défense contre la misère qui leur permît de soutenir leurs revendications sans avoir à compter avec la faim ; il n’y a pas deux justices, et nous applaudissons à l’idée des patrons de créer un instrument qui leur permette, à leur tour, de défendre leurs prétentions sans avoir à compter avec la faillite.

Mais voici qu’à la résolution sus-mentionnée des industriels on propose une addition particulièrement heureuse ; l’idée de cette addition vient d’un homme connu pour la générosité de ses sentiments en même temps qu’apprécié pour sa modération : M. Ch. Mildé, ancien président du syndicat professionnel des industries électriques

« Cette caisse patronale, dit M. Mildé, outre un prélèvement sur les salaires dont il est parlé plus haut, devrait recevoir une partie des bénéfices des patrons syndiqués.

« Tout patron syndiqué aurait droit pour ses ouvriers à des attributions de bénéfices, quel que soit le résultat économique de son entreprise industrielle. De cette façon, la part de bénéfice pour le travailleur ne dépendrait pas de la prospérité d’une entreprise isolée, mais de l’ensemble de la prospérité des industries syndiquées. On pourrait ne distribuer qu’une partie des capitaux recueillis annuellement.

« Les ouvriers bénéficiaires devraient avoir au moins trois ans de présence chez un patron ; puis, d’année en année, la part bénéficiaire s’augmenterait.

« Après vingt ans environ chez des patrons syndiqués, une retraite proportionnelle serait accordée ; elle s’ajouterait à celle éventuelle que le Parlement doit voter dans sa prochaine session.

« En cas de grève partielle ou générale nécessitant une défense patronale, les fonds seraient prélevés sur la caisse syndicale, et les bénéfices de l’année seraient supprimés dans la proportion des fonds employés à la défense commune.

« Il faut, dit en résumé l’honorable M. Mildé, que l’industriel se persuade bien qu’à notre époque le dévouement du personnel ne s’obtiendra que par une participation sur les bénéfices ; mais le patron isolé ne peut rien parce que souvent et longtemps il n’a pas de bénéfices… »

Tel est le plan de défense patronale par la participation des ouvriers aux bénéfices collectifs, qui constitue, à notre avis, une combinaison très neuve et très hardie en même temps qu’une mesure à la fois adroite, généreuse et pratique :

Adroite, parce qu’elle associe l’ouvrier au sort d’une industrie, qu’elle l’attache à sa spécialité, qu’elle réserve une prime croissante à son « ancienneté », c’est-à-dire à sa fidélité à son métier ; parce qu’elle constitue, en quelque sorte, au milieu de l’armée des travailleurs, des cadres sûrs, des guides disciplinés, ennemis des perturbateurs et des violents.

Généreuse, parce qu’elle devance les lois du jour, parce qu’elle s’inspire d’un sentiment de fraternité loyale entre le capital et le travail, qu’elle veut, conformément aux suggestions de l’équité, les associer tous deux à l’œuvre commune.

Pratique enfin parce qu’elle échappe à toutes les critiques que peut soulever l’établissement de la participation aux bénéfices chez chaque patron séparément ; puisque les industriels sont les premiers à tracer les conditions fort simples suivant lesquelles seraient faits leurs versements à la caisse de défense, l’objection très sérieuse formulée par les adversaires de la participation contre l’ingérence ouvrière dans la comptabilité patronale tombe d’elle-même ; la situation reste la même qu’il s’agisse de sociétés anonymes ou de sociétés en nom collectif.

Ajoutons à tous ces avantages celui d’unir tous les ouvriers français d’une même industrie dans un sentiment de solidarité dont il est superflu de faire ressortir les précieux effets. — Marcel Plessix.

Génie civil. — Le tunnel sous la Manche. — Un parlementaire anglais, sir William Holland, a récemment pensé que l’occasion était bonne d’attirer à nouveau l’attention sur le projet, déjà ancien, d’un tunnel sous la Manche. La Chambre des Communes, malheureusement, n’a pu l’entendre ; elle avait trop à faire, et il est permis de supposer qu’elle a été enchantée de n’avoir pas à exprimer son opinion.

La question est, en effet, une de celles qui embarrassent le plus le gouvernement anglais et sir William Holland lui-même ne se fait pas l’illusion de croire que la fameuse entente aboutira, pour le moment, à autre chose que des discours. L’opposition des ministres anglais au tunnel a toujours été très forte, et la raison capitale en est que, s’il était possible d’aller en Angleterre autrement qu’en bateau, alors l’Angleterre ne serait plus une île, et il serait fort à craindre que quelque nation continentale n’en profite pour l’envahir un beau matin et s’en faire une colonie.

Il n’y aurait pas, s’il faut en croire M. Sartiaux et la Revue générale des chemins de fer (avril 1906) de difficultés de construction très redoutables. La longueur du tunnel (50 kilomètres) ne serait même pas un obstacle absolu à une rapide exécution. Il n’y aurait pas à craindre, comme dans la plupart des autres galeries souterraines, l’instabilité du sol ou sa haute température, le manque de cohésion de la roche dont la nature est rarement connue d’avance et qui peut à un moment donné s’ébouler, s’effriter ou même couler comme une pâte : les inondations qui, malgré les apparences, ne seraient pas plus à redouter au-dessous du niveau de la mer qu’au-dessus.

Le sol du Pas-de-Calais est, et a toujours été très stable. Il semble n’y avoir jamais eu, dans cette région, de mouvements géologiques brusques. Les couches se succèdent les unes aux autres régulièrement, d’épaisseur presque uniforme, sans fractures et sans plissements. L’une d’elles justement, appartenant au terrain dit Cénomanien, inspire aux ingénieurs toute confiance. La pierre calcaire compacte, presque imperméable, forme un banc épais d’environ 60 mètres, qui affleure des deux côtés du détroit et ne descend pas, au milieu, à plus de 100 mètres de profondeur : on estime que sept années suffiraient pour y creuser, soit une galerie unique pour deux voies parallèles, soit — ce qui serait plus prudent et mettrait les voûtes à une moins dure épreuve — deux galeries à quelques mètres de distance, sans courbes trop raides ni pentes trop fortes, de telle sorte qu’avec des machines électriques on ferait la traversée en quarante minutes, gagnant une heure et demie sur le trajet de Paris à Londres.

Sur le coût de l’entreprise on ne peut faire que des conjectures. Mais peu nous importe, puisque deux compagnies, déjà fondées depuis trente ans, et qui ont déjà dépensé deux millions et percé deux kilomètres de galeries, se déclarent prêtes à tenter l’aventure si on leur en accorde l’autorisation. Dès le jour de l’ouverture elles comptent sur une clientèle annuelle de deux ou trois millions de voyageurs, auxquels elles pensent évidemment, bien qu’elles ne le disent pas, pouvoir faire payer assez cher l’assurance donnée contre le mal de mer.

Que faut-il pour que l’autorisation leur soit donnée ? Simplement — car il n’y a aucune difficulté du côté français — que les Anglais s’habituent un peu à l’idée de ce tunnel si dangereux pour leur sécurité. Pour les tranquilliser, on leur propose de faire passer la voie, au sortir du tunnel, sur un grand viaduc, que leur flotte, maîtresse du détroit, pourrait bombarder et détruire en cas de surprise. Mais toutes les garanties, quelles qu’elles soient, ne leur suffiront pas si, comme il est possible, le fond de l’idée de certains d’entre eux est qu’il ne faut pas trop frayer avec ce qu’ils appellent les gens du continent.

Littérature italienne. — Un roman religieux à sensation. — Peu d’ouvrages ont excité l’intérêt et fait naître la discussion comme le dernier roman d’Antonio Fogazzaro, Il Santo (Milan, Baldini, in-16), récemment publié sous ce même titre par la Revue des Deux Mondes[6]. L’auteur est depuis longtemps célèbre : on a traduit et lu chez nous avec intérêt Malombra, Daniel Cortis, et ces deux romans dont Il Santo forme aujourd’hui le couronnement de manière à constituer une sorte de trilogie, Un petit monde d’autrefois et Un petit monde d’aujourd’hui. M. Fogazzaro est l’un des chefs du mouvement catholique libéral en Italie. Ses idées, cette fois, s’expriment avec une assez grande netteté. Le rationaliste catholique Giovanni Selva qui veut la réforme de l’Église, et qui est en proie aux colères et aux vengeances de Rome, le moine idéaliste Don Clémente, réduit au silence par son abbé, enfin le personnage central, le Saint, Benedetto, ascète laïque en qui la religion est surtout perfection morale à teintes mystiques — ces trois figures, également sympathiques à l’auteur, représentent des attitudes diverses, mais non absolument contradictoires, de l’esprit et de l’âme du catholique quand il sent, comme c’est le cas ici, que l’Église catholique actuelle est dans une voie dangereuse, et quand il voudrait, sans hérésie et sans schisme, l’aider à retrouver un chemin qui ne la mène pas aux abîmes.

Rome a mis le livre à l’Index ; l’auteur s’est soumis, et sa soumission, jugée insuffisante par les uns, l’a fait taxer de lâcheté par la jeunesse des écoles et la presse libérale. Elle lui vaut les félicitations de M. Edouard Rod, qui l’admire comme un acte de courage (Les Débats, 18 mai). L’apparition et la condamnation de ce roman, dans le temps même où le pape a condamné la lettre pastorale de Mgr Bonomelli, le respectable évêque de Crémone, coupable d’avoir envisagé la possibilité d’une séparation de l’Église et de l’État en Italie ; où se déploie une nouvelle activité dans les affaires Loisy et Houtin ; où un nouveau syllabus est en préparation ; où les tendances historiques et les études bibliques sont de plus en plus suspectes ; où l’intervention des catholiques français notables a reçu l’accueil que l’on sait, n’ont pu manquer d’occuper beaucoup les milieux religieux italiens et étrangers. La Rivista d’Italia (no de mars) montre, d’un point de vue indépendant, que c’est le sentiment religieux à l’état pur, dégagé de la hiérarchie et de l’Église, qui fait, que l’auteur le veuille ou non, le grand intérêt de son livre. La Rassegna nazionale, importante revue bi-mensuelle, catholique libérale, peu favorable aux jésuites et aux mesures d’étouffement intellectuel, voudrait concilier son admiration pour le livre et son respect pour l’arrêt qui le condamne. Dans son numéro du 1er juin, deux articles intéressants sont consacrés au Santo et à l’œuvre de M. Fogazzaro, d’où il résulte que le dernier roman de cet auteur est le plus édifiant sans doute, mais aussi le moins bon : la thèse y fait tort à l’art. — Die Warte (Münich) consacre son numéro de mars à l’auteur et à l’œuvre. Das Hochland avait commencé la publication du roman, mais n’en donne la suite qu’en tirage à part adressé aux personnes qui ont l’autorisation de lire les livres prohibés. — Dans The Fortnightly Review, Mrs Crawford, catholique, étudie le roman au point de vue littéraire et moral d’une manière très complète. Sans trancher la question de savoir si Benedetto est un vrai saint (la Rassegna nazionale dit oui, mais la Civiltà cattolica, organe des jésuites, dit non) elle fait ressortir ce que sa figure a d’admirable et d’humain. Elle approuve l’auteur d’avoir indiqué, et avec quelle réserve ! les principaux vices de l’Église romaine actuelle.

Si cette Église catholique romaine consent à se réformer, ce ne sont pas les conseils éclairés, dévoués, de ses meilleurs fidèles qui lui manqueront. — P. Van Tieghem.

Marine. — Les grandes manœuvres navales. — Les enseignements de la guerre russo-japonaise commencent à porter leurs fruits un peu partout dans la marine, non seulement dans la construction des navires, mais aussi dans les armes dont ils sont munis. On sait que, pendant cette guerre, le rôle des torpilles a été très faible et que les torpilleurs seuls ont pu, grâce à leur invisibilité, s’en servir utilement : il a été prouvé que l’artillerie avait des effets destructeurs assez grands pour empêcher un gros navire de s’approcher à une distance de 400 mètres qui est celle de l’utilisation des torpilles. C’est pour cette raison que le ministre de la marine vient d’ordonner le débarquement des torpilles sur tous les cuirassés et croiseurs, à l’exception des tubes sous-marins. Toutefois, il est possible que cette mesure ne soit que temporaire, car on étudie actuellement une torpille qui serait efficace à une distance de 2.000 mètres, et, si elle donne des résultats satisfaisants, il est très probable qu’on en dotera les navires, au grand bénéfice de leur puissance offensive. Tout cela n’est pas sans entraîner de grandes dépenses, d’abord parce que ces torpilles coûteront une douzaine de mille francs chacune, et ensuite parce qu’il faudra avoir tout un matériel nouveau pour les charger d’air à 150 atmosphères : ceci prouve une fois de plus que, pour avoir une marine, il faut faire des sacrifices pécuniaires énormes.

C’est encore pour mettre à profit les enseignements de la bataille de Tsoushima que vont avoir lieu les grandes manœuvres navales. On sait que l’amiral Fournier veut expérimenter des ordres tactiques dans lesquels les navires seraient répartis par groupes de trois, formant un triangle, appelé peloton. L’amiral, au lieu de diriger effectivement tous les navires de son escadre, n’adresserait ses ordres qu’aux chefs de peloton qui apporteraient à leur triangle telles modifications convenables pour donner le maximum d’effet à l’exécution de ces ordres. Ce principe a, comme tous les principes, des avantages et des inconvénients, mais il a un regain d’actualité parce que c’est à son application que l’amiral Togo a dû en partie la victoire de Tsoushima. En tous cas, il ne peut être adopté sans une étude préalable à laquelle les escadres vont se livrer pendant les manœuvres : peut-être en sortira-t-il pour la marine une doctrine tactique qui n’existe pas encore, et il est très regrettable, à notre avis, que le gouvernement n’invite pas un grand nombre de reporters à prendre part à ces manœuvres. Ce serait une occasion de vulgariser les choses de la mer, ce qui est plus urgent que jamais, et il n’y aurait que des avantages à mettre le public au courant des problèmes posés sinon résolus. L’Angleterre agit ainsi depuis longtemps, et, cette année même, elle embarque une douzaine de journalistes sur différents navires pendant la période des manœuvres navales qui ont lieu actuellement. Pourquoi la marine française s’isole-t-elle autant du grand public ? — Perellos.

Marine marchande. — La nouvelle loi sur la marine marchande. — La nouvelle loi sur la marine marchande, adoptée en hâte et presque sans discussion par le Sénat au mois d’avril à la veille de la séparation des Chambres, est la quatrième loi de primes votée en faveur de nos industries maritimes ; les trois premières ont échoué, qu’adviendra-t-il de la quatrième ?

À vrai dire, elle ne réalise sur ses devancières que des progrès insuffisants : le seul qui soit indéniable, c’est la division — réalisée au moins en principe — entre la protection de l’armement et la protection des chantiers : ainsi sont évitées bien des confusions et des complications auxquelles est en partie imputable l’échec des lois précédentes.

Mais, cette réserve faite, tous les vices rédhibitoires des lois de 1881, 1893 et 1902 se retrouvent, à peine atténués, dans la loi de 1906 ; le principe de la prime est toujours le même : les subventions sont accordées au navire, non pas en raison des services qu’il a pu rendre, du fret qu’il a transporté, mais simplement en tenant compte de sa jauge. — Comme l’a montré dans un intéressant ouvrage M. Marcel Plessix[7], il eût été surprenant qu’une aussi maladroite protection pût porter ses fruits : aussi les primes des lois précédentes n’ont pu relever notre marine marchande.

Comment espérer dès lors que le régime de 1906 puisse être plus fécond en résultats que les régimes antérieurs ? Il est vrai que pour faire accepter la loi nouvelle, on l’a présentée comme une mesure urgente et provisoire… Nous verrons bien.

Questions extérieures. — Le tsarisme et les partis révolutionnaires. — Cette brève, mais précise étude historique de M. J. Bourdeau doit être signalée. L’auteur y montre nettement comment la compression engage la violence ; nous connaîtrons peut-être dans quelques mois les résolutions du tsarisme hésitant dans la période difficile qu’il traverse. Mais, s’il choisit la voie de la compression et s’il y sombre, les avertissements des esprits les plus modérés ne lui auront pas manqué. M. Bourdeau rappelle le mot de de Maistre : « Mettez un désir russe sous une citadelle, il la fera sauter », et de l’ensemble de son étude se dégage la notion de la fatalité avec laquelle les méthodes de répression politique et d’oppression intellectuelle ont pour aboutissement nécessaire les révoltes sanglantes. Un tableau de la situation de la Russie vers 1900 mérite d’être cité[8].

« Les circonstances générales favorisaient au plus haut point cette renaissance révolutionnaire. Le mécontentement gagnait toutes les classes. Dans la fièvre des entreprises, les crises industrielles et agricoles se succédaient à courts intervalles. Le gouvernement entretenait un autre genre de fléau, la famine intellectuelle.

L’enseignement des Universités était abaissé, les cabinets de lecture étaient expurgés. Le gouvernement faisait pour ainsi dire défense à chacun de penser et de croire à autre chose qu’au dogme officiel du tsarisme. Le procureur du Saint-Synode Pobedonotsef travaillait de la sorte à réaliser, dans cet empire immense, le rêve d’unité d’un Bonald et d’un de Maistre, rêve grandiose et irréalisable, car la loi qui domine les sociétés modernes conduit au contraire à une complexité, à une différenciation toujours croissantes. Cette discipline de fer, analogue à celle d’une armée en marche, visait sans doute à la grandeur nationale et, de fait, jamais la diplomatie russe n’avait célébré de plus grand triomphe. Elle était l’arbitre de l’Europe, elle marchait à pas de géants vers la conquête de l’Asie.

Mais fallait-il donc asservir le peuple russe pour le mieux préparer à dominer les nations ? Et quel contraste entre la politique extérieure et intérieure ! Dans les petits états des Balkans, la Russie se montrait la gardienne jalouse des libertés constitutionnelles. La Marseillaise retentissait à Pétersbourg en l’honneur du président de la République française. Nicolas II décorait M. Millerand, que la troisième section, s’il eût été sujet moscovite, eut expédié dans les mines sibériennes, sinon fait suspendre au gibet. »

Le contraste entre la faiblesse extérieure du gouvernement et son apparente force extérieure ne devait d’ailleurs pas durer longtemps, et la Russie n’allait pas tarder à cruellement vérifier une fois de plus cette loi historique, que l’absence de liberté à l’intérieur n’est même pas une garantie de succès diplomatiques ou guerriers.

Sociologie. — La condition des ouvriers des mines. — M. François Simiand vient de publier sur ce sujet, devenu récemment d’une tragique actualité, une importante étude[9].

Le point qui se dégage le plus nettement des nombreux chiffres cités, c’est la difficulté extrême qu’il y a à exprimer par une formule simple le salaire des ouvriers des mines et ses variations ; la connaissance précise du salaire, ce que l’on doit entendre exactement par salaire moyen, sont des sujets de controverses inépuisables. En passant, l’auteur signale l’une des causes de l’âpreté et de la violence des conflits entre les groupements ouvriers divers, violence dont certains excès demeurent incompréhensibles pour les non-initiés : dans les travaux donnés à la tâche, il est possible aux agents du patronat de favoriser d’une manière exceptionnelle certains ouvriers au détriment de certains autres ; si les premiers paient ces avantages en dénonçant leurs camarades, on conçoit que ces derniers ne soient pas disposés à la bienveillance.

Néanmoins, lorsque, laissant de côté les variations accidentelles, passagères ou locales, on envisage les moyennes, il est incontestable que le taux des salaires progresse ; le revenu global des actions des mines augmente aussi de sorte que patrons et ouvriers devraient se trouver également satisfaits de l’évolution économique. M. Simiand explique fort bien pour quelles raisons psychologiques ils sont, au contraire, également mécontents :

On ne se souvient pas des joies autant que des peines. L’ouvrier des mines dont le salaire moyen est aujourd’hui de 4 fr. 50, ne se rappelle pas que celui de son père était de 2 francs à peine et qu’il y a dix ou quinze ans le sien propre était au-dessous de 4 francs ; tout de même que l’actionnaire d’Anzin dont le dividende (par centième de denier) a été de 320 francs en 1900 ne se rappelle pas que son père se félicitait d’en toucher un de 80 francs en 1852, et que lui-même, depuis longtemps, ne l’avait pas connu dépassant 240 francs et l’avait vu souvent beaucoup plus bas. Mais l’ouvrier a présente à l’esprit la réduction de 10 p. 100 contre laquelle il a lutté violemment en 1902, et qu’il a dû néanmoins subir ; il se rappelle sans cesse toute la résistance qu’il doit opposer à la compression, à l’inégalité déprimante du salaire ; tout de même que l’actionnaire songe que depuis 1900, malgré de grands efforts, son dividende a baissé.

Ces réflexions s’appliquent à bien des conflits sociaux ; qu’il s’agisse du superflu ou du nécessaire, l’homme accepte difficilement une diminution de ses ressources et regarde volontiers comme une injure insupportable tout ce qui peut entraîner une telle diminution. Aussi doit-on savoir gré à ceux qui, comme M. Simiand, s’efforcent par une étude statistique et historique impartiale de dégager la réalité du progrès des apparences qui paraissent momentanément la contredire.



Le directeur-gérant : Émile BOREL.
  1. Les rubriques de la Chronique sont variables suivant les mois ; elles sont classées par lettre alphabétique.
  2. Sexual reproduction in the Mucorineæ, Proc. Am. Acad. XL. 1904 et Zygospore germinations in the Mucorineæ, Annales mycologici, IV. 1906.
  3. Livraison du 10 mars 1906. Tome I. p. 292.
  4. Voir, par exemple, Œuvres de Lavoisier, t. I, p. 52 et 53.
  5. Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften zu Berlin, 15 février 1906.
  6. La traduction française a paru en volume sous ce titre : Le Saint (Hachette).
  7. Marcel Plessix : Navires et ports marchands (Berger-Levrault).
  8. Revue des Deux Mondes du 15 juin 1906.
  9. Revue de Paris des 1er et 15 juin 1906.