La Satyre Ménippée/Harangue de Monsieur le recteur Roze

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HARANGUE[1] DE MONSIEUR LE RECTEUR ROZE JADIS EVESQUE DE SENLIS[2] TRES-iLLUSTRE, Très-auguste, et Tres-catholique Synagogue ! Tout ainsi que la vertu de Themistocles s’eschauffoit par la consideration des triomphes et trophées de Miltiades, ainsi me sens-je eschauffer le courage en la contemplation des braves discours de ce torrent d’eloquence, Monsieur le Chancelier de la Lieutenance, qui vient de triompher de dire. Et, à son exemple, je suis meu d’une indicible ardeur de mettre avant ma rethorique, et estaler ma mar chandise en ce lieu où maintesfois j’ai faict des predications[3] qui m’ont, par le moyen du feu Roy, faict de meusnier devenir Evesque, comme, par vostre moyen, je suis d’Evesque devenu meusnier. Mais je pense avoir assez monstré par mes actions passées que je ne suis point ingrat, et que je n’ai faict que ce que j’ay veu faire à plusieurs autres de ceste noble Assistance, qui ont receu encore plus de biens que moy du Roy defunct, et neantmoins l’ont bravement chassé de son Royaume et faict assassiner pour le bien de la foy catholique, soubs esperance d’avoir mieux, comme nous nous estions genereusement promis.

Or, je ne veux icy refriquer [4] les choses passées, ny capter votre benevolence par un long exorde ; mais sommairement vous diray, Messieurs, que la fille aisnée du Roy, je ne dy pas du Roy de Navarre, mais du Roy que nous eslirons icy, si Dieu plaist ; et en attendant je diray la fille aisnée de monsieur le Lieutenant de l’Estat et Couronne de France, l’Uniniversité de Paris, vous remonstre en toute observance que, depuis ses cunabules et primordes[5], elle n’a point esté si bien morigenée, si modeste et si paisible, qu’elle est maintenant par la grace et faveur de vous autres Messieurs. Car, au lieu que nous soulions[6] veoir tant de fripons, friponniers, juppins [7], galoches [8], marmitons, et autres sortes de gens malfaisants courir le pavé, hanter les bordeaux, tirer la laine, et quereler les rostisseurs de Petit Pont, vous ne voyez plus personne de telles gens par les colleges. Tous les supposts des Facilitez et Nations, qui tumultoient pour les brigues de licences, ne parois-sent plus. On ne joue plus de ces jeux scandaleux et satyres mordantes aux eschaffauts des colleges, et y voyez une belle reformation ; s’estants tous ces jeunes regents retirez, qui vouloient monstrer à l’envy qu’ils savoient plus de grec et de latin que les autres. Ces factions de maistres-és-arts, où l’on se batoit à coups de bourlet et de chaperon, sont cessées : tous ces escholiers de bonne maison, grands et petits, ont faict gille 4. Les libraires, imprimeurs, parler en latin francisé rappelle un amusant passage de Rabelais : Comment Pantagruel rencontra ung Limosin qui contrefaisoit le languaige françois. (Pant. , liv. II, c. VI. ) relieurs, doreurs, et autres gens de papier et parchemin, au nombre de plus de trente mille, ont charitablement fendu le vent en cent quartiers pour en vivre, et en ont encore laissé suffisamment pour ceux qui ont demouré après eux. Les professeurs publics qui estoient tous Royaux et Politiques, ne nous viennent plus rompre la teste de leurs harangues et de leurs congregations aux trois Evesques [9] : ils se sont mis à faire l’alquemie chacun cheuz soy. Bref, tout est coy et paisible, et vous diray bien plus : jadis, du temps des Politiques et Heretiques Ramus, Galandius et Turnebus[10], nul ne faisoit profession des lettres qu’il n’eust, de longue main et à grands fraiz, estudié et acquis des arts et sciences en nos colleges, et passé par tous les degrez de la discipline scholastique. Mais maintenant, par le moyen de vous autres Messieurs, et la vertu de la saincte Union, et principalement par vos coups du Ciel[11], Monsieur le Lieutenant, les beurriers et beurrieres de Vanves, les rufiens[12] de Montrouge et de Vaugirard, les vignerons de Sainct-Cloud, les carreleurs de Ville juifve et autres cantons catholiques, sont devenuz maistres-és-arts, bacheliers, principaux, presidents, et boursiers des colleges, regents des classes, et si arguts philosophes que mieux que Ciceron maintenant ils disputent de inventione, et apprennent tous les jours aftodidactôs [13], sans autre precepteur que vous, Monsieur le Lieutenant, apprennent, dis-je, mourir de faim per regulas.

Aussi n’oyez-vous plus, aux classes, ce clabaudement latin des regents qui obtendoient les aureilles[14] de tout le monde. Au lieu de ce jargon, vous y oyez à toute heure du jour l’harmonie argentine, et le vray idiome des vaches et veaux de laict, et le doux rossignolement des asnes et des truyes, qui nous servent de cloches, pro primo, secundo et tertio. Nous avons desiré autrefois sçavoir les langues hebraïque, grecque et latine ; mais nous aurions à present plus de besoin de langue de bœuf salée, qui seroit un bon commentaire aprés le pain d’avoine[15]. Mais le Mans et Laval, et ces infaillibles voitures d’Angers, avec leurs chapons de haute graisse et ge linotes, nous ont failly comme les langues, et n’avons plus qu’un amer souvenir de ces messagers academiques qui descendoyent à l’ Arbaleste et autres fameuses hostelleries de la rue de la Harpe [16] à jour et poinct nommé, au grand contentement des escholiers attendants, et de leurs regents friponniers. Vous estes cause de tout cela, Monsieur le Lieutenant, et tous ces miracles sont œuvres de vos mains. Il est vray que nos predications et decrets n’y ont pas nui. Mais tant y a que vous en estes le principal motif et instrument, et, pour vous dire en un mot, vous nous avez perduz et esperduz. Excusez-moy, si je parle ainsi. Je diray avec le Prophete David : Loquebar in conspectu Regum, et non confundebar.

Vous avez, inquam, si inquiné[17] et diffamé ceste belle fille aisnée, ceste pudique vierge, ceste fleurissante pucelle, perle unique du monde, diamant de de la France, escarboucle du Royaume, et une des fleurs de lys de Paris la plus blanche, que les Universitez estrangeres en fond des sornettes grecques et latines : et versa est in opprobrium gentium. Cependant Messieurs nos Docteurs n’y trouvent que rire n’y que frire, car ils n’ont pas les questions quolibetayres si frequentes. Plus ne se passent tant de bacheliers, licenciers, n’y docteurs, où ils souloient avoir leurs propinesl et festins, se saouloient usque ad guttur. Le vin d’Orléans ne vient plus, encore moins celuy de Gascongne. : tellement que les ergots sont cessez ; et, si quelqu’un des plus espagnolisez a quelques doublons et reçoit quelque pension du Legat à catimini[18], ce n’est pas à dire que les autres s’en sentent. Au reste, Monsieur le Lieutenant, vous avez faict pendre vostre argentier conzelateur, Louchard3, et avez declaré par consequent pendables tous ceux qui ont assisté à la ceremonie de l’Ordre de l’Union qu’on a baillée au president Brisson. Or est-il que tous les jeunes curez, prestres et moynes de nostre Université, et nous autres Docteurs, pour la pluspart avons esté promoteurs de ceste tragedie : ergo gluc. Et vous dy que, si ne vous fussiez hasté de venir, nous en eussions bien faict d’autres, et n’eussions pas demouré en si beau chemin ; et tel parle aujourd’huy bien haut à qui les dents ne feroient [19]2. A la dérobée, en se cachant. point de mal[20] si vous eussiez encore tardé trois jours à venir. Mais pour revenir à mon premier theme, j’argumente ainsi : Louchard et ses consorts ont esté justement penduz, parce qu’ils estoyent pendarts ; Atqui la plus-part de nous autres Docteurs estions consorts et adherants et conseillers dudict pendu, ergo pendarts et pendables ; et ne sert de rien d’alleguer l’abolition qui nous a esté faicte touchant ce catholique assacinat[21], car remissio non dicitur nisi ratione criminis : ne pouvant ladite abolition abolir la peine meritée, voire quand vous la destremperiez cent fois eh Catholicon d’Espagne, qui est un savon qui efface tout. Il fault donc necessairement argumenter ainsi, in barroquo : Quiconque faict pendre les Catholiques Zelez est tyran et fauteur d’Heretiques ; atqui Monsieur le Lieutenant a faict pendre Louchard et consorts catholicissimes et zelatissimes : ergo Monsieur Lieutenant est tyran et fauteur d’Heretiques, pire que Henry de Valois, qui avoit pardonné à Louchard, Haste et La Morliere, dignes du gibet plus de trois ans devant les Barricades[22]. Qu’ainsi ne soit, probo minorent, a majori ad minus. Le Biarnois a tenu entre ses mains prisonniers les principaux chefs de la Ligue, comme Bois-Dauphin, Pescher, Fontaine-Martel, Flavacourt, Tramblecourt, les Cluzeaux[23], et plusieurs autres, qui me doivent sçavoir gré si ne les nomme, lesquels il n’a pas faict pendre, le pouvant et devant : quia non vult mortem peccatoris, sed ut resipiscat, comme plusieurs ont faict ; et neantmoins, nous autres Catholiques, le tenons pour Heretique relaps : Ergo, Monsieur le Lieutenant est pire qu’Heretique, qui a faict pendre ses meilleurs amis, lesquels luy avoyent mis le pain en la main. De dire que cela soit faict ad majorem cautelam, pour ravaler l’orgueil et insolence des Seize, cela est bon, mais se pendant on s’estrangle ; et ne peut ce dicton empescher que nous ne soyons tousjours jugez et reputez grands badaux et caillettes, sots en latin et en françois, de l’avoir enduré, et qui pis est, que les Politiques ne concluent, in modo et figura, que la Sorbonne peult errer : chose qui me feroit de rechef devenir insensé et courir les rues[24]. Car, si cela avoit lieu, nous ne scaurions prouver par toutes les fleurs de nostre rhetorique, ni par toutes les loix fondamentales du Royaume, dont Monsieur de Lyon a faict si grand cas[25], que tant de milliers de pauvres Chrestiens que nous avons faict et faisons mourir de faim, de fer et de feu, pur nostre precipité decret, deussent estre jugez vrais martyrs, si tant est que nostredit decret ne les a peu absoudre du serinent de fidelité et obeissance naturelle que les subjects doivent à leur Prince. Parquoy, Messieurs, je vous supplie, au nom de nostre Academie, de pallier ce faict icy le plus catholiquement qu’on pourra, comme Monsieur le Legat faict les intentions du Pape Sixte, qui n’aymoit pas tant la Ligue qu’on disoit[26]. Au reste, je vous fourniray tant de passages de l’Escriture que vous voudrez, car j’en ay à revendre. Mais surtout, Messieurs, je vous recommande nos pensions, et de Messieurs nos Condocteurs de la saincte Faculté de Theologie, comme aussi de Messieurs les Curez et Predicateurs, pour lesquels je parle, car vous avez affaire de nous, et ne vous en sçauriez passer ; et Madame de Montpansier a bien sceu dire qu’elle gaignoit plus de villes et faisoit plus de besongne avec un peu de doublons qu’elle distribuoit aux Predicateurs et Docteurs, que le Roy de Navarre ne faisoit avec toutes ses tailles et armées. Je vous adverty de bonne heure que si ne fournissez à l’apointement[27], il y a danger que nous ne nous mettions tous à prouver qu’il n’est que d’avoir un Roy legitime, etiam discole, pourveu qu’il nous laisse le pain de Chapitre[28]et le Purgatoire3, sans rien innover jusques au futur Concile.

Mais, en attendant, advisez si nous ferons un Roy ou non. Je sçay que Monsieur le Lieutenant voudroit bien l’estre ; aussi feroit son nepveu, et encore son

2 La bonté du pain que l’on distribuait journellement à chaque Chanoine était passée en proverbe. Mais ici, Rose prend ce mot dans un sens plus étendu et veut parler de la jouissance de tous les biens que possédaient les gens d’église, et auxquels Henri IV avait promis de ne pas toucher. frere le Duc de Nemours, et je ne doute pas que les Ducs de Savoye et de Lorraine n’en ayent autant d’envie ; car, à la vérité, ils y ont autant de droit l’un que l’autre. Quand au Duc de Mercur[29], ses agents y feront autant que luy. S’il eust pris de bonne foy le Roy de Portugal, dom Antoine[30], et l’eust livré à son bon amy le Roy Tres-Catholique, comme il luy avoit promis, je croy qu’il se fust contenté des droits qu’il a au duché de Bretagne[31], pareils à ceux qu’avoit son ayeul Jean par sa femme. Mais icy qui n’y est n’y prend. Premierement, je vous conseille de ne vous arrester pas au Duc de Savoye ni au Duc de Lorraine : ce ne sont, en parlant par reverence, que des couilles qui ont assez affaire à leur maison4. Je m’asseure qu’ils se contenteront de peu. Si vous voulez laisser au Savoyard le Dauphiné et la Provence, avec une partie du Lyonnois et du Languedoc, pourveu que vous luy faciez prendre Geneve, je vou


4 C’est-à-dire qu’ils étaient sans énergie et à peine capables d’être maîtres chez eux. droy gager ma vie qu’il ne vous demandera plus rien que la confiscation d’Ediguieres. Quant au Duc de Lorraine, ostez luy le Duché de Bouillon, et luy baillez Sedan, Metz, toute la Champagne et partie de Bourgongne qui est à sa bienseance, vous l’appaiserez par aprés pour un morceau de pain. Je viens maintenant à vous, Monsieur de Guyse, fils de bon pere et de bonne mere, que les Propheties ont de long temps destiné aux Royaumes et Empires, et vous ont surnommé Pepin le Brief. Vous voilà sur le point d’estre un grand Charlemagne, vostre grand bis-ayeul, si marché tient ; mais regardez à ne vous laisser pas tromper. Ces messieurs d’Espagne, encore qu’ils soyent nos bons amis et bons catholiques, ne sont pas marchands à un mot[32] ; et ce n’est pas d’à ceste heure, car il y a plus de deux mil ans qu’ils s’en meslent, et qu’on leur donne le nom d’estre fins à doubler. Ils vous promettent ceste divine Infante en mariage pour la faire Royne in solidum avec vous ; mais prenez garde que le Duc de Feria[33] n’ait remply ses blancs signez sans charge. Il en a une pleine boite, dont il se sert à toutes occurrences, comme d’une forme à tout soulier et d’une selle à lotis chevaux ; il les datte ou antidatte avecq son urinal1, quand il luy plaist. J’ay peur, quelque chose qu’il nous ait proposée, que ce ne soit qu’artifice pour nous amuser quand il a veu que ne voulions entendre à rompre la Loi Salique. Si vous avez tant soit peu de nez2, vous le sentirez, car nous sçavons de bonne part que le mariage est desja accordé d’elle et de son cousin l’Archiduc Ernest. ’’Adde’’ que ceux de la maison d’Autriche font comme les Juifs, qui ne se marient qu’en leur famille, et s’entretiennent par le cul l’un l’autre, comme Hannequins5 ou hannetons. Quittez donc ceste vaine esperance de gynaecocratie4, et croyez que les petits enfants s’en moquent et en vont desja à la moustarde5. J’en ouy 1. On prétendait que le duc de Féria remplissait lui-même les blancs seings qu’il avait, et que l’encre dont il se servait était composée d’urine, de sorte qu’elle disparaissait en emportant l’écriture. 2. Le jeune duc de Guise était camard. 3. La principale branche de la famille Hennequin était établie à Troyes, les autres à Paris. Annoblie par Charles V en 1364, elle était très puissante et en même temps très nombreuse, et tous ses membres se soutenaient les uns les autres et s’alliaient entre eux. Il y avait à ce sujet un proverbe populaire : ’’Ce sont Hannequins, ils se tiennent tous par le derrière’’. Les Hennequins, dévoués au duc de Guise, jouèrent un rôle important pendant la Ligue.

4. Pouvoir, souveraineté qui vient du chef de la femme. 5. On disait vulgairement d’une chose très populaire : ’’on en’’ l’autre jour un qui, revenant tout bellement de la taverne, chantoit ce quatrain :

La Ligue se trouvant camuse, Et les Ligueurs fort estonnez, Se sont advisez d’une ruse : C’est de se faire un Roy sans nez[34]. Mais, si j’eusse peu le faire attraper par le commissaire Bazin[35], qui courut après, il n’eust pas moins eu que le meusnier qui s’est mocqué de nos Estats[36]. Que diriez-vous de ces impudents Politiques qui vous ont mis en figure en une belle feuille de papier, desja couronné comme un Roi de carreaux, par anticipation ; et en la mesme feuille ont aussi mis la figure de la divine Infante, couronnée en Royne de France, comme vous, vous regardants huze à huze[37] l’un l’autre ? Et au bas de ladite peinture ont mis ces vers, que j’ai retenuz par cœur, parce qu’il y va du vostre : Les François Espagnols ont faict un Roy de France ; A l’Infante d’Espagne ils ont ce Roy promis :

va à la moutarde ; c’est-à-dire que l’on en causait dans les rues en allant faire les petites courses, les petites emplettes du ménage. Royaulté bien petite, et de peu d’importance, Car leur France est comprise en l’enclos de Paris. 

N’apporte, à ceste fois, pour ce froid mariage,

0 Hymen, dieu nopcier, ton paysible flambeau :

De ces corps eslongnez on assemble l’image,

Qui font l’amour des yeux, tous deux en ung tableau.

C’est une royaulté seulement en figure ;

La feinte, et non l’amour, ce mariage a faict :

C’est bien raison qu’estant Roy de France en painture,

D’une Royne on luy fasse espouser le pourtraict.

Si Monsieur d’Orléans[38], en qualité d’avocat general, veut faire recherche de ces meschants imprimeurs Politiques, c’est sa charge, et se connoist aux caracteres[39], et ses bons comperes Bichon, N. Nivelle, Chaudiere, Morel et Thierry[40] descouvriront la matrice[41]. Quant à moy, je m’en deporte ; car ces Heretiques sont mesdisants comme Diables, et craindroy qu’ils feissent quelque livre contre moy, comme ils ont faict contre le Docteur catholique et jurisconsulte Chopin, soubs le nom de Turlupin[42]. Messieurs du Parquet y feront leur devoir, more et loco solitis. Je me contente de prescher la parole de Dieu, entretenir mes bedeaux, et solliciter mes pensions. Tout[43] cecy soit dit par parenthese.

Mais, Monsieur de Guyse, mon enfant, croyez moy, et vous croirez un fol. Ne vous arrestez plus à cela : ce n’est pas viande pour vos oyseaux ; n’en haussez pas vostre train, ni n’en allongez pas vostre table pour cela. Il y a du foin[44], il n’y a que les bestes qui s’y amusent ; mais faictes mieux : obtenez du Sainct Pere une belle croisade contre les Turcs, et allez reconquerir ce beau Royaume de Jerusalem, qui vous appartient à cause de Godefroy, vostre grand oncle, aussi bien que la Sicile et le Royaume de Naples. Combien de palmes et de trophées vous attendent ! Combien de sceptres et de couronnes se preparent pour vous, si votre horoscope ne ment, comme vous dites que n’avez point de fortune bornée ! Laissez ce malotru Royaume de France à qui daignera s’en charger : il ne vaut pas que vostre de Henri IV en Suisse, a pour titre : Antichoppinus, imo potius Epistola congralulatoria M. Nicodemi de Turlupinis, ad M. Renatum Choppinum de Choppinis, S. Unionis Hispanitalogllicœ advocatum incomparabilissimum in suprema Curia Parlamenti Parisius. esprit, né pour les Empires et la Monarchie universelle du monde habitable, s’humilie à si petits desseins et indignes de vous et de vostre feu pere, que Dieu absolve, s’il est permis d’ainsi parler des Saincts [45].

Et vous, Monsieur le Lieutenant (à qui il faut maintenant que je parle), que pensez-vous faire ? Vous estes gros et replet ; vous estes pesant et maleficié[46] ; vous avez la teste assez grosse pour porter une Couronne. Mais quoy ! vous dites que n’en voulez point, et qu’elle vous chargeroit trop. Les meschants Politiques disent qu’ainsi disoit le regnard des meures. Vous empeschez soubs mains que vostre nepveu ne soit esleu ; vous deffendez aux deputez qu’on ne touche point sur cette grosse corde de la Royauté. Que ferons-nous donc ? Il nous faut un Roy, lequel, comme disent les docteurs Politiques, m elius sumitur quam quœritur. Vous faictes croire au Roy d’Espagne que vous gardez le Royaume de France pour luy et pour sa fille ; et soubs ceste esperance, vous tirez du bon homme tout ce que les Indes et le Perou luy peuvent envoyer. Il vous entretient vostre plat, il vous envoye des armées ; mais non pas à vostre devotion, car il se garde de vous, et vous deffiez l’un de l’autre comme aveugles, et vous entendez comme larrons. Cependant vous avez irrité les Seize, qui vous accusent qu’estes un marchand de Couronnes, et avez mis celle de France au plus offrant[47]. Ils en font des livres à votre prejudice, où ils dechiffrent toutes vos actions. Ils disent que vous avez des pratiques sourdes avec le Biarnois, et luy faictes porter des paroles par Villeroy et Zamet pour l’endormir, et luy faire entendre qu’estes bon François et ne serez jamais Espagnol ; et que pouvez luy remettre Paris et luy rendre tout son Royaume paisible, quand il aura esté à la messe et reconneu nostre Sainct Pere. Et soubs ceste ruse avez tiré quarante mil escus politiques pour trois mois, qui devoient valoir pour quatre, à dix mil escus piece, faisant entendre que le Roy d’Espague rongneroit vos distributions s’il sçavoit que traitassiez d’accord avec les Heretiques. Mais on a descouvert que secretement vous envoyez vos agents à Rome et en Espa gne pour empescher que le Pape ne luy donne absolution, s’il la demande ; et pour susciter le Roy d’Espagne d’envoyer nouvelles forces sur la frontiere. Vous pensez estre bien fin, mais vos finesses sont cousues de fil blanc ; enfin tout le monde les veoit : car ces Politiques ont des dragons[48] sur les champs, qui prennent tous vos pacquets et devinent par art diabolique tous vos chiffres, aussi bien que ceux du Roy d’Espagne et du Pape, tant subtils puissent-ils estre ; si bien qu’ils sçavent toutes vos faciendes[49] et à Rome, et à Madrid, et en Savoye, et en Allemagne. Vous befflez[50] tout le monde, et tout le monde vous beffle aussi. Danger y a que ne deveniez ce que fut le comte de Sainct-Paul, Connestable de France, du temps du Roy Loys XI, lequel, après avoir abusé son maistre, et le duc de Bourgogne, et le Roy d’Angleterre tout ung temps, enfin fut faict Cardinal en Greve[51]. Quand à estre Roy de vostre chef, ne vous y attendez pas : vostre part en est gelée. Tous vos aisnez s’y opposent ; vos cousins competiteurs feroient plustost secession ad partes[52] que de l’endurer. Les Seize ne veulent plus de vous : car ils disent qu’ils vous ont faict ce que vous estes, et vous les pendez et diminuez leur nombre tant que pouvez. Le peuple avoit esperé, sur vostre parole, que vous déboucleriez la riviere et renderiez les chemins et le commerce libre ; mais ils voient au contraire qu’ils sont plus serrez que devant, et que le pain et le peu de bien qu’ils ont pour vivre ne vient pas de vostre bienfaict ni de vostre vaillance, mais de la liberalité du Biarnois et de son bon naturel, ou de l’avarice des aquiteurs, qui en tirent tout le profit. Bref, la plus-part croit que voulez prolonger tant que pourrez la Lieutenance en laquelle on vous a mis, et vivre tousjours en guerre et en trouble, bien à vostre aise, bien servy, bien traité, bien gardé de Suysses et d’Archers, qu’il n’y manque que les hoquetons et Sibilot[53] pour estre Boy, pendant que tout le reste du peuple meurt de male rage de faim. Vous voulez garder les gaiges et estre curateur perpetuel aux biens vaquants, qui empesche et prolonge tant qu’il peut la delivrance des criées, de peur de rendre compte. Au reste, vous ne pouvez estre Roy par le mariage de l’Infante[54] ; vous estes marié, et mettez le doigt au trou, car vous avez chevauché la vieille[55], qui se garde bien du bouquon[56]. Et puis il faudroit un autre ramonneur que vous à ceste garse [57] de trente ans, noire comme poivre, et d’apetit ouvert ! D’avantage, quand nous vous aurions esleu Roy, vous auriez affaire au Biarnois, qui sçait mille tours de Basque, et qui ne dort que tant qu’il veut, et à l’heure qu’il veut. Lequel, se rendant Catholique comme il vous en menace, tirera de son costé tous les potentats d’Italie et d’Allemagne, et quant et quant le cœur de tous les gentils-hommes François, dont vous voyez desja la plus-part bransler au manche et minuter leur retraite avec tant de pauvres villes affligées, lasses de la guerre et de la pauvreté, qui ne demandent autre chose que ceste couleur et bonne occasion pour se retirer du pair, et en couvrir pu colorer leur repentance.

Songez-y, Monsieur le Lieutenant, pour la pareille. Vous avez beau faire le Roy et contrepeter[58] le Biarnois en edicts et declarations, en seaux, en gardes, en grands prevost et maistres des requestes de vostre hostel ; quand vous devriez crever et vous enfler gros comme un bœuf, comme feit la mere grenouille, vous ne serez jamais si gros seigneur que luy, encore qu’on die qu’il n’a pas de gresse sur tout son corps pour paistre une allouette. Mais sça-vez-vous que vous ferez ? Je vous conseilleroy, si n’estiez bigame[59], de vous faire abbé : quiconqne sera Roy ne vous refusera pas l’abbaye de Clugny, qui est de vostre maison[60]. Vous aymez la soupe grasse et vous ruez volontiers en cuisine ; vous avez le ventre ample et spacieux ; et si serez couronné : je dy couronné de la mesme couronne, et vostre couronne faicte des mesmes ciseaux que Madame vostre sœur disoit avoir penduz à sa ceinture pour faire la couronne monachale de feu Henry de Valois[61] ; vous ne m’en demandez ne foy ne serment, mais je suis de cet advis. Je ne parleray point icy de Monsieur de Nemours, vostre fr ere uterin (les Politiques disent adulterin) : cestuy-là a faict caca en nos paniers ; il a ses desseings à part, et ressemble Picrocole, qui, par discours bien raisonnez, se faict monarque du monde pied à pied[62]. S’il peut gouverner le roy des bestes[63] comme il a faict la nef de Paris[64], je diray qu’il sçaura plus faire que maistre Mousche : ces animaux mescognoissent quelquefois leurs gouverneurs, mesmement s’ils changent d’habit. Il ne sera pas mal partagé s’il parvient à ses pretentions ; à quoi vous, Monsieur le Lieutenant, et Monsieur de Lyon, luy ferez, je croy, de bons offices.

Somme toute, Messieurs, vous estes trop de chiens à ronger un os. Vous estes jaloux et envieux les uns des autres, et ne sçauriez jamais vous accorder ny vivre sans guerre, qui nous mettroit en pire estat que devant. Mais je vous diray faisons comme on faict au Consistoire, à l’election du Sainct Pere. Quand deux Cardinaux briguent la Papauté, les autres Cardinaux, de peur d’encourir la haine de l’un ou de l’autre, choisissent ung d’entre eux, le plus foible de reins, et le l’ont Pape. Faisons-en ainsi. Vous estes quatre ou cinq brigands[65] au Royaume, tous grands princes, et qui n’avez pas faute d’appetit. Je suis d’advis que pas un de vous ne soit Roy : je donne donc ma voix à Guillot Fagotin, marguillier de Gentilly, bon vigneron et prud’homme, qui chante bien au leterin et sçait tout son office par cœur. Cela ne sera pas sans exemple, en tel temps celuy-cy : tesmoin la Harelle de Rouen, où l’on feit Roy un nommé Le Gras, plus mal advisé que Guillot. Et voicy où je fonde mon advis : j’ai leu quelquefois ce grand et divin philosophe Platon qui dict que les Royaulmes sont heureux où les Philosophes sont Roys, et où les Roys sont Philosophes. Or sçay-je qu’il y a tantost trois ans que ce bon marguillier et sa famille, avec ses vaches, medite jour et nuict la Philosophie en une sale de nostre college[66] en laquelle y a plus de deux cents bonnes années qu’on y a leu et traité et disputé publiquement la Philosophie et tout l’Aristote, et toutes sortes de bons livres moraux. Il n’est pas possible qu’ayant ce bon homme resvé, sommeillé, et dormy tant de jours et de nuicts entre ces murailles philosophiques, où tant de sçavantes leçons et disputes ont esté faictes et tant de belles paroles proferées, il n’en ait demeuré quelque chose qui ait entré et penetré dedans son cerveau, comme au poete Hesiode quand il eut dormy sur le mont Parnasse. C’est pourquoy je persiste, et entends qu’il soit Roy comme un autre.

Comme Monsieur Roze achevoit ces paroles, il sourdit un grand murmure entre les deputez, les uns approuvants, les autres reprouvants son opinion, et furent veus les Princes et Princesses chucheter eu l’aureille l’un de l’autre ; mesme fut ouy que Monsieur le Lieutenant dit tout bas au Legat : Ce fol icy gastera tout nostre mistere ! Neantmoins ledit Roze voulut continuer son propos ; mais, quand il veit le bruit recommencer avec un claquement general de mains, il se leva en colère, et cria en voix stentorée : réfugiés dans la ville avec leurs bestiaux, occupaient les collèges, et logeaient leurs bêtes dans les classes transformées en étables. Comment, Messieurs, est-il pas permis icy de dire ce qu’on pense ? N’auray-je point liberté de parler et conclure mes arguments, comme a faict Monsieur de Lyon ? Je sçai bien que, si j’eusse esté courtisan comme luy, je n’eusse nommé personne : car il avoit charge du clergé de nommer le Comte du Bouchage frere Ange[67], pour esperance que ce Prince, aymant le changement, changeroit aussi nos miseres en coups du Ciel ; mais, je vous prie, gardez-le pour porter l’Oriflambe[68] aux batailles : car il luy doit suffire d’avoir quitté la besace.

A ces mots, chacun se mit de rechef à crier et siffler ; et combien que les heraults et massiers hurlassent : Qu’on se taise ! n’osants dire : Paix là[69] ! et que Monsieur le Lieutenant commandast plusieurs fois de faire silence, il ne fut possible d’appaiser le bruit ; tellement que ledit sieur Recteur suoit, tempestoit, escumoit et frappoit du pied. Et voyant qu’il n’y avoit plus moyen de reprendre son theme, cria le plus haut qu’il peut : Messieurs, Messieurs, je vois bien que nous sommes à la Cour du Roy Petault, où chacun est maistre ; je le vous quitte ; qu’un autre parle. J’ay dit.

Et là. dessus se rassied en grommelant et s’essuyant le front, et luy eschapperent, à ce qu’on dict, quelques rots odoriferants de l’estommac, qui sentoyent le parfum de sa colere, avec des paroles en basse notte, se plaignant qu’on avoit fraudé l’assignation envoyée d’Espagne pour les Docteurs, et que d’autres en avoient faict leur profîct ; mais que ce seroit l’or de Tholoze, qui leur cousteroit bien cher[70].

Enfin la rumeur commençant un peu à se racoiser, Monsieur de Rieux le jeune[71], comte et gardien de Pierre-Font, deputé pour la noblesse de France, habillé d’un petit capot à l’Espagnole et une haute fraize, se leva pour parler ; et, ayant mis deux ou trois fois la main à la gorge, qui luy demangeoit[72], commença ainsi :

  1. Cette harangue est de Nicolas Rapin.
  2. Guillaume Rose, né à Chaumont en Bassigny, fut grand-maître du Collège de Navarre, prédicateur du roi Henri III, et évêque de Senlis en 1582. Les bienfaits du roi ne l’empêchèrent pas de se montrer ardent apologiste de Jacques Clément et de son crime. Henri IV se contenta d’exiler dans son diocèse, ce ligueur exalté, où il continua son opposition au nouveau roi jusqu’à sa mort, arrivée en 1602.
  3. Allusion à ses anciennes fonctions de prédicateur de Henri III.
  4. prendre, rappeler, reproduire une argumentation.
  5. rceau et commencement. Cette manière pédantesque de
  6. ions coutume.
  7. t de l’argot des écoliers parisiens qui paraît signifier : habitué des mauvais lieux, débauché.
  8. Surnom des écoliers qui habitaient en ville et non dans les collèges. 4. Expression populaire : disparaître, s’éclipser.
  9. ns doute l’enseigne d’un cabaret où ils se réunissaient.
  10. ofesseurs en grande réputation au XVIe siècle.
  11. On a vu précédemment que les prédicateurs de la Ligue avaient qualifié l’assassinat de Henri III de coup du Ciel.
  12. Débauchés.
  13. AùToJiSàxTw ;, naturellement, de soi-même. Ce mot. grec est écrit dans la satire suivant la prononciation moderne.
  14. Qui obstruaient, du latin obtendere, couvrir, voiler.
  15. Allusion à la disette qui régnait à Paris : on n’y eut pas toujours même le pain d’avoine.
  16. Ce passage fournit de curieux renseignements sur une partie de l’approvisionnement de Paris en temps ordinaire, pendant le XVIe siècle.
  17. Souillé.
  18. Un des Seize, pendu par ordre du duc de Mayenne pour sa participation au meurtre du président Brisson.
  19. Où ils avaient l’habitude de tenir leurs réunions bachiques. Comme le Limousin de Rabelais, le Recteur Rose parle latin en français.
  20. C’est-à-dire que, sans l’arrivée du duc de Mayenne, les Seize auraient fait périr d’autres personnes suspectées de royalisme.
  21. Après l’exécution de quatre des Seize, ordonnée par le duc de Mayenne, le 4 décembre 1591, ce prince publia une abolition ou amnistie en faveur des autres coupables du meurtre de Brisson, dont deux seulement furent exceptés.
  22. Ils étaient entrés dans la Ligue avant 1587 et s’oppo sèrent par la force à l’exécution des ordres du roi, qui ne les en punit pas.
  23. Faits prisonniers à la bataille d’Ivry, Henri. IV les fit trai ter avec humanité.
  24. après les contemporains, Rose ne jouissait pas de la plénitude de ses (acuités intellectuelles et aurait eu des accès de folie.
  25. rcasme contre l’archevèque de Lyon, notoirement hostile aux intérèts de la France et aux libertés de l’Église Gallicane.
  26. lgré la bulle d’excommunication que Sixte V avait lancée contre Henri IV, ce prince lui était sympathique, et l’on prétend que, si la mort n’avait arrêté ses projets, il voulait la révoquer et en fulminer une contre les chefs de la Ligue ;
  27. Rose n’était pas le seul prédicateur dont l’éloquence en faveur de la Ligue fut entretenue à prix d’argent.
  28. La croyance au purgatoire attirait à l’Église force donations.
  29. tte forme du nom de Mercœur était très répandue au XVIe siècle.
  30. roi d’Espagne cherchait à se défaire de don Antonio de Portugal. En 1585, réfugié dans un château de Bretagne, il fut sur le point d’être enlevé et livré par le duc de Mercœur.
  31. Il avait épousé Marie de Luxembourg, fille de Sébastien de Luxembourg, premier duc de Penthièvre, laquelle descendait en ligne directe de Jeanne-la-Boiteuse, comtesse de Blois.
  32. est-à-dire n’ayant qu’une parole.
  33. bassadeur extraordinaire de Philippe II en France, spécialement chargé dés négociations relatives au mariage de l’Infante avec le jeune duc de Guise.
  34. ujours l’allusion au nez écrasé du jeune duc de Cuise.
  35. zin, commissaire au Châtelet.
  36. Ce meunier fut condamné à être fouetté dans les carrefours de Paris, attaché à la queue de son âne.
  37. Hure à hure.
  38. Orléans, avocat général, était ligueur, et favorisait sous main les imprimeurs qui publiaient des pamphlets contre le roi, au lieu de les poursuivre.
  39. publia lui-même un libelle intitulé Le Banquet et après disnée du Comte d’Arelle, où il attaquait la sincérité de la conversion de Henri IV.
  40. primeurs et libraires parisiens, dévoués à la Ligue.
  41. ule dans lequel on fond les caractères d’imprimerie.
  42. Ce livre publié en 1592 par Jean Hotman de Villiers, agent
  43. Var. Donc.
  44. C’est-à-dire : Vous serez dupé.
  45. usieurs prédicateurs, entre autres le jacobin Le Hongre à Notre-Dame de Paris, traitèrent le duc de Guise de saint martyr.
  46. santé était compromise par suite d’excès, comme on l’a vu plus haut.
  47. En effet, le duc de Mayenne avait offert la couronne de France au roi d’Espagne, à l’archiduc Ernest, puis aux ducs de Lorraine et de Savoie, stipulant toujours des conditions fort avantageuses pour lui.
  48. Arquebusiers à cheval qui remplacèrent les argoulets, et prirent le nom do dragons vers 1585.
  49. Tout ce que vous devez faire, tous vos projets.
  50. B effler. Se jouer de quelqu’un, le tromper.
  51. Cardinal en Grève, expression populaire qui signifiait décapiter en place de Grève, par comparaison du tronc sanglant du supplicié à un chapeau rouge. — A la suite de ces mots, certaines éditions ajoutent : " Vous vous pouvez et devez souvenir de ce que le duc de Féria en dist une fois à Marteau, vostre conseiller et secrétaire d’Estat. »
  52. nde à part.
  53. s hoquetons étaient les archers de la garde du grand Prévôt du roi, ainsi nommés de leur vêtement. — Sibilot était le fou en titre du roi Henri III. L’auteur veut dire qu’il ne manque plus au duc de Mayenne que ces deux attributs de la royauté, dont il exerce tout le pouvoir.
  54. dit. " Si vous ne faites ce que vous conseille le Légat. C’est-à-dire faire rompre son premier mariage.
  55. duc de Mayenne avait épousé Henriette de Savoie, veuve de Melchior des Prez, seigneur de Montpesat.
  56. u poison.
  57. . Les paysans de certaines provinces conservent encore aujourd’hui au mot g arce son ancienne acception : c’est le féminin de garçon et par conséquent veut dire fille.
  58. ’Contrepeter ; imiter, contrefaire.
  59. droit canonique le mari d’une veuve était assimilé à un bigame et ne pouvait posséder aucun bénéfice ecclésiastique sans une dispense.
  60. puis Jean, cardinal de Lorraine, qui obtint l’abbaye de Cluny en 1529, trois autres membres de la maison de Lorraine en furent successivement abbés.
  61. duchesse de Montpensier, sœur du duc de Mayenne, portait à sa ceinture une paire de ciseaux destinés, disait-elle, à couper les cheveux du roi Henri III pour le faire moine.
  62. Rabelais, l. I, c. XXXIII.
  63. La ville de Lyon, qu’il ne put gouverner puisque les habitants le firent prisonnier.
  64. Les armes de Paris portent une nef ou navire d’argent. Le duc de Nemours avait été gouverneur de Paris en 1590.
  65. u de mot sur brigand et briguer.
  66. ndant le second siège de Paris, les paysans des environs
  67. Le comte du Bouchage, père de madame de Guise, fut maréchal de France, puis se fit capucin. Il sortit du couvent pour prendre les armes en faveur de la Ligue, et se fit chevalier de Malte. Il rentra au couvent des capucins en 1599, et mourut en 1608.
  68. L’oriflamme.
  69. Plaisanterie fondée sur ce que les Ligueurs parisiens considéraient comme suspects tous ceux qui parlaient de la paix, et avaient même édicté des peines contre ceux qui la proposeraient.
  70. Les Romains ayant pillé Toulouse par ordre de Quintus Servilius Cœpio, tous ceux qui s’approprièrent l’or des temples firent une fin malheureuse.
  71. On le nomme de Rieux le jeune, pour le distinguer de l’ancienne maison de Rieux, à laquelle il n’appartenait pas.
  72. Allusion à sa fin. Il fut pendu en 1593 ou 1594.