La Vénus des aveugles/Pour Une

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La Vénus des AveuglesAlphonse Lemerre, éditeur (p. 147-148).

POUR UNE


Μνάσεσθαί τινά φαμι καί ύστερον άμμεν
Quelqu’un, je crois, se souviendra dans l’avenir de nous.
Τό μέλημα τούμον.
Mon souci.
Psappha


Dans l’avenir gris comme une aube incertaine,
Quelqu’un, je le crois, se souviendra de nous,
En voyant brûler sur l’ambre de la plaine
L’automne aux yeux roux.


Un être, parmi les êtres de la terre,
Ô ma Volupté ! se souviendra de nous,
Une femme, ayant à son front le mystère
Violent et doux.

Elle chérira l’embrun léger qui fume
Et les oliviers aussi beaux que la mer,
La fleur de la neige et la fleur de l’écume,
Le soir et l’hiver.

Attristant d’adieux les rives et les berges,
Sous les gravités d’un soleil obscurci,
Elle connaîtra l’amour sacré des vierges,
Atthis, mon Souci.