La Vampire/3

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La Vampire (1865 dans le recueil Les Drames de la mort)
E. Dentu (p. 24-32).

III

GERMAIN PATOU

Il faisait presque nuit. Un seul pas, lourd et lent, sonnait sur le pavé si vieux, mais presque vierge, de ces rues mélancoliques où nul ne passe et que le clair regard des boutiques ouvertes n’illumine jamais. Ce pas solitaire était celui d’un pauvre estropié qui allait, allumant l’une après l’autre les mèches fumeuses des réverbères avares de rayons.

L’estropié cahotait sous ses haillons comme une méchante barque secouée par la houle, il chantait une gaudriole plus triste qu’un libera.

Patou et l’homme que nous avons désigné sous tant de noms déjà, le patron des maçons du Marché-Neuf, M. le gardien, M. Jean-Pierre, descendaient de la petite porte de l’église Saint-Louis au quai de Béthune. Dans l’ombre, la différence qui existait entre leurs tailles atteignait au fantastique. Patou semblait un nain et Jean-Pierre un géant.

Quelque jour nous retrouverons ce nain, grandi, non pas au physique beaucoup, mais au moral ; nous verrons le docteur Germain Patou porter à son chapeau, selon sa propre volonté, le nom de Samuel Hahnemann comme une cocarde, et produire de ces miracles qui firent lapider une fois, à Leipzig, le fondateur de l’école homéopathique, mais qui fondirent plus tard le bronze dont est faite sa statue colossale, la statue de ce même Samuel Hahnemann, érigée au beau milieu de la maîtresse place, en cette même cité de Leipzig, sa patrie.

Si l’on pouvait appliquer un mot divin à ces petites persécutions qui arrêtent un instant, puis fécondent le progrès à travers les siècles, nous dirions que la plus curieuse de toutes les histoires à faire est celle des calvaires triomphants.

Dans cette comédie bizarre et terrible que nous mettrons bientôt en scène sous ce titre : Numéro treize, le docteur Germain Patou aura un rôle.

Le patron répondit ainsi à sa dernière question :

— Petit homme, tu ne parles pas toujours avec assez de respect des choses qui sont à ma garde. Je n’aime pas la plaisanterie à ce sujet ; mais tu vaux mieux que ton ironie, et l’on dit que pour le métier que tu as choisi il n’est pas mauvais de s’endurcir un peu le cœur. Je t’ai connu enfant ; je n’ai pas fait pour toi tout ce que j’aurais voulu.

Patou l’interrompit par une nouvelle pression de main.

— Halte-là, s’écria-t-il. Vous m’avez donné deux fois du pain, monsieur Sévérin, prononça-t-il avec une profonde émotion qui vous eût étonne bien plus encore que l’entrechat à quatre compartiments : le pain du corps et celui de l’âme ; c’est par vous que j’ai vécu, c’est par vous que j’ai étudié ; si je domine mes camarades à l’école, c’est que vous m’avez, ouvert ce sombre amphithéâtre près duquel vous dormez, miséricordieux et calme, comme la bonté incarnée de Dieu…

Sur la main du patron une larme tomba.

— Tu es un bon petit gars ! murmura-t-il, merci.

— Je serai ce que l’avenir voudra, repartit Patou, qui redressa sa courte taille. Je n’en sais rien, mais je puis répondre du présent et vous dire que, sur un signe de vous, je me jetterais dans l’eau ou dans le feu, à votre choix !

Le patron se pencha sur lui et le baisa, répétant à demi-voix :

— Merci, petit homme. Je serais bien embarrassé de dire au juste où le bât me blesse, mais je sens que j’aurai bientôt besoin de tous ceux qui m’aiment… Dis-moi ce que tu as vu.

Ils se reprirent à marcher côte à côte, et Patou commença ainsi :

— Quand je suis arrivé, après l’école, l’abbé Martel était seul avec le gros marchand de chevaux. Ils parlaient de ceci et de cela, de l’arrestation de Pichegru, je suppose, car l’abbé Martel a dit :

« — Le malheureux homme a terni en quelques jours de bien belles années de gloire.

« — Savoir, savoir ! a répondu le gros maquignon ; ça dépend du point de vue ! »

Puis il ajouta :

« — Monsieur l’abbé, vous savez que je ne me mêle guère de politique. Mon commerce avant tout, et s’il arrivait quelque chose au premier consul, vous jugez quel gâchis !

« — Que Dieu nous en préserve ! » a dit l’abbé en faisant un grand signe de croix.

Après quoi il a donné au maquignon l’adresse d’une personne dont je n’ai pas entendu le nom et qui demeure « en son hôtel, chaussée des Minimes ».

Et il a ajouté :

« — Celle-là est un ange et une sainte.

« — Tout ce que vous voudrez, monsieur l’abbé, a répondu le gros marchand, qui a l’air d’un joyeux compère, pourvu qu’elle m’achète une paire ou deux de mes beaux chevaux normands… »

— Il n’a point parlé de son neveu ? demanda le patron.

— Pas que je sache, répondit Patou, mais je n’ai entendu que la fin de leur entretien… Et la leçon du professeur Loysel me trottait encore un peu par la tête ! Quel gaillard que ce Hahnemann !… Un véritable ange, je ne dis pas une sainte, je n’en sais rien, c’est cette blonde comtesse. Vous n’avez pas pu la bien voir comme moi. La nuit venait déjà, et il faut le grand jour à ces exquises perfections. Des yeux, figurez-vous deux saphirs ! une bouche qui est un sourire, une taille qui est un rêve de grâce et de jeunesse, des cheveux transparents où la lumière glisse et joue…

— Petit homme, interrompit le patron, je suis ici pour René et pour Angèle.

— Bon ! s’écria Patou. Il paraît que je m’enflammais comme une brassée de bois sec, patron ? Et pourtant je ne me fais pas l’effet d’être un amoureux. Mais il est certain que, si le diable pouvait me tenter, cette créature-là… Enfin, n’importe ; arrivons à M. René de Kervoz. Je crois que M. René de Kervoz est du même avis que moi et que votre pauvre Angèle avait deviné tout cela avant nous.

Je vais vous faire le procès-verbal pur et simple de ce que j’ai vu. Ce n’est pas grand’chose, mais vous êtes un finaud, vous, patron, et vous allez trouver du premier coup le mot de l’énigme.

Après le départ du gros marchand de chevaux, l’abbé Martel est rentré à la sacristie, et j’ai pris mon poste au coin du pilier. Un pas léger m’a fait tourner la tête ; un éblouissement a passé devant mes yeux : c’était l’ange blond. Parole d’honneur ! je n’ai jamais rien imaginé de plus charmant… L’ange a franchi le seuil de la sacristie, laissant derrière elle ce vent parfumé qui trahissait la présence de Vénus. Voir Virgile.

Quand elle est ressortie, l’abbé Martel la suivait : un beau prêtre, bien vénérable, quoiqu’il s’occupe un peu trop de politique.

Il parlait encore politique en gagnant son confessionnal, et il disait :

« — Ma fille, le premier consul a fait beaucoup pour la religion ; je crains que vous ne soyez mêlée à toutes ces intrigues des conspirateurs. »

La belle blonde a eu un étrange sourire en répondant :

« — Mon père, aujourd’hui même vous allez connaître le secret de ma vie. Une fatalité pèse sur moi. Ne me soupçonnez pas avant que je vous aie dit mon malheur et l’espoir qui me reste. Je suis de noble race, de race puissante même ; la mort a moissonné autour de moi, me laissant seule. La lettre de l’archevêque primat de Gran, vicaire général de Sa Sainteté en Hongrie, vous a dit que je cherche dans l’Église une protection, une famille. Les conspirations me font horreur, et si je perds la dernière chance que j’ai d’être heureuse par le cœur, mon dessein est de chercher la paix au fond d’un cloître. »

Le confessionnal de l’abbé Martel s’est ouvert, puis refermé. Je n’ai plus rien entendu…

Ici l’apprenti médecin s’interrompit brusquement pour fixer sur son compagnon ses yeux qui brillaient dans la nuit.

— Patron, demanda-t-il, comprenez-vous quelque chose à cela ?

— Va toujours, répliqua le gardien, dont la tête pensive s’inclinait sur sa poitrine.

— Si vous comprenez, grand bien vous fasse ! reprit Patou. Je continue. Un quart d’heure environ se passa. Cette brave église de Saint Louis-en-l’Île ne reçoit pas beaucoup de visites. La première personne qui entra fut ce grand garçon d’Allemand à qui vous donniez des leçons d’escrime dans le temps.

— Ramberg, murmura le gardien. Je l’ai vu.

— C’est une rencontre qui a dû vous étonner, car vous m’aviez dit qu’il était reparti pour l’Allemagne. En entrant, il alla droit à la sacristie, où l’abbé Martel et la divine blonde le rejoignirent bientôt. Dans la sacristie, il y eut une conférence d’un peu plus de vingt minutes, à la suite de laquelle la blonde délicieuse alla s’agenouiller devant l’autel de la Vierge, tandis que l’Allemand et l’abbé Martel prenaient place au confessionnal… Est-ce qu’on ne se confesse pas avant de se marier, patron ?

Le gardien ne répondit point. Patou poursuivit :

M. René de Kervoz entra pendant que l’Allemand se confessait. Angèle le suivait de près. Vous jugez si j’avais mes yeux et mes oreilles dans ma poche !

René de Kervoz traversa l’église d’un pas rapide. Ce ne devait pas être la première fois qu’il avait un rendez-vous dans ce lieu, ou tout au moins dans un lieu pareil.

Ma déesse blonde entendit le bruit de ses pas et se retourna. Elle mit un doigt sur sa bouche. Kervoz s’arrêta comme par enchantement. Ils se croyaient seuls tous deux, car Angèle, pâle, essoufflée et prête à tomber d’épuisement, mais les yeux en feu et la poitrine haletante, se tenait immobile à quelques pas de moi, derrière le même pilier.

La nuit venait déjà. Angèle ne me voyait pas. Quand elle s’agenouilla, ne pouvant plus se tenir sur ses jambes, j’aurais pu la toucher, rien qu’en étendant la main.

Je restais immobile, mais j’avais le cœur serré par le bruit sourd des sanglots qui déchiraient sa poitrine.

Ils devaient se croire seuls. Ni l’un ni l’autre ne soupçonnait ma présence, et, du confessionnal où l’abbé Martel écoutait l’Allemand, on ne peut voir l’autel de la Vierge.

La charmante inconnue avait une figure à peindre, éclairée qu’elle était par les dernières lueurs du jour passant à travers les vitraux. Derrière moi, la pauvre Angèle murmurait d’une voix noyée par les larmes :

« — Mon Dieu, mon Dieu ! qu’elle est belle ! »

Kervoz a voulu parler ; un geste impérieux a fermé sa bouche.

La reine des blondes souriait comme une madone.

Elle a prononcé quelques mots qui ne sont pas venus jusqu’à moi, et il m’a semblé que son doigt désignait le confessionnal de l’abbé Martel.

L’entrevue, du reste, n’a pas duré une minute.

La main de ma belle inconnue s’est étendue vers le dehors, et René de Kervoz, avec une obéissance d’esclave, a quitté l’église par la porte latérale.

Angèle, la pauvre enfant, s’est relevée en gémissant, pour s’élancer encore sur ses traces.

Juste à ce moment la confession de l’Allemand prenait fin. Mon inconnue, car elle est à moi aussi, patron, et quoique je sois un assez laid papillon, je me brûlerais volontiers les deux ailes à ce flambeau diabolique ou céleste, mon inconnue a rejoint M. de Ramberg, et ils se sont agenouillés l’un près de l’autre.

Avant de partir, ils se sont inclinés tous deux devant le confessionnal, d’où est sorti une parole de bénédiction.

C’est tout, sauf ce détail que j’ai entendu tomber dans le tronc des pauvres une double offrande, lourde et sonore.

Vous savez le reste mieux que moi, puisque vous êtes entré au moment où ils sortaient ensemble…

— Maintenant, patron, s’interrompit le petit médecin, qui fixa sur son compagnon ses yeux brillants de curiosité, ayez pitié de moi. Si vous voyez clair, dites-moi bien vite le mot de cette charade, car je grille de savoir ! N’est-ce qu’une intrigue galante ? La vieille histoire d’une jolie femme jouant sous jambe deux amoureux ? Sommes-nous sur la trace d’un complot ? Ce prêtre est-il trompé ? est-il complice ? Tout est bizarre là-dedans, jusqu’au gros marchand de chevaux, dont la figure m’apparaît menaçante et terrible, quand je regarde en arrière… Vous ne répondez pas patron ?

Le gardien était en effet pensif et silencieux.

Ils s’étaient arrêtés au bout de la rue Poultier, devant le parapet du quai qui regarde le port aux vins. La lune, qui se levait derrière les arbres de l’île Louviers, prolongés par les peupliers énormes du Mail Henri IV, frappait obliquement le courant de la Seine et y formait un long spectre tout fait de paillettes mobiles. Il n’y a plus d’île Louviers, et les peupliers géants de l’Arsenal sont tombés.

Vers l’ouest, tout le long de l’eau. Paris allumait gaiement de la Seine, le regard devait aller jusqu’à Ivry, par delà le jardin des Plantes, pour rencontrer quelques lumières.

Une seule lueur, vive et rouge, attirait l’œil au coin de la rue de Bretonvilliers, C’était la provocante lanterne du cabaret d’Ezéchiel, le maître de la Pêche miraculeuse.

Il n’y avait pas une âme sur le quai, mais le silence y était troublé parfois tout à coup par de soudaines rumeurs mêlées d’éclats de rire. Ce bruit venait de la rivière, et pour en connaître l’origine il eût suffi de se pencher au-dessus du parapet.

Les pêcheurs de miracles étaient à leur poste malgré l’heure avancée. Il y avait sur la berge une ligne pressée de bonnes gens qui jetaient l’hameçon avec un zèle patient. Les clameurs et les rires étaient produits par ces petits incidents qui égayent constamment la pêche en rivière de Seine, où l’hameçon accroche plus de vieux chapeaux, plus de bottes noyées et plus de carcasses de chats décédés que d’esturgeons.

Chaque déconvenue de ce genre amenait des transports de joie.

L’apprenti médecin, qui était évidemment un gaillard à s’amuser de tout, écouta un instant le remue-ménage qui se faisait au bas du mur. Il avait l’air de connaître très bien l’endroit ainsi que le genre de besogne oui réunissait tout ce monde. Au bout d’une minute ou deux, il releva la tête vers son compagnon et répéta ;

— Patron, vous ne répondez pas ?

Le gardien avait mis ses deux coudes sur le parapet, au delà auquel son regard plongeait.

— Crois-tu à cela, toi, Patou ? demanda-t-il en pointant du doigt la rangée de pêcheurs qui en ce moment se taisait.

— Je crois à tout, répliqua le petit homme : c’est moins fatigant que de douter. D’ailleurs j’ai acheté, ici, la semaine passée, un fémur de toute beauté qui semblait désarticulé par un préparateur de l’amphithéâtre.

— Ah !… fit le gardien.

Il ajouta :

— On l’avait retiré de l’eau, ton fémur !

— Il n’y avait pas séjourné longtemps, repartit Patou, et rien ne m’ôtera de l’idée qu’il y a là-dessous quelque diablerie… Mais tout cela n’est pas une réponse à ma question. En savez-vous plus long que moi, oui ou non ?

Le gardien s’assit sur le parapet et souleva son chapeau pour essuyer la sueur qui baignait son front dépouillé.

— Ce qui se passe là, dit-il, est une énigme pour moi comme pour toi. C’est parce que je ne comprends pas que j’ai peur.

Il était ému profondément ; il dit encore :

— Je ne voudrais pas qu’on fît du mal au premier consul, je l’aime, quoique je le soupçonne de vouloir confisquer la république… Mais le premier consul est bon pour se défendre si on l’attaque ; je ne pense pas au premier consul… Angèle, René, ces deux enfants-là sont le sang de mon cœur… je donnerais ma main droite pour savoir !

— Une vaillante main ! s’écria Patou ; ce serait trop cher !

— Que ce soit une intrigue d’amour, poursuivit le gardien, une conspiration ou les deux ensemble… ou encore quelqu’une de ces ténébreuses scélératesses qui profitent des temps troublés pour aboutir, il y a quelque chose… je sens qu’il y a quelque chose de menaçant et de sanglant… Je saurai le fond de tout ceci, dussé-je aller jusqu’au préfet de police !…

Patou eut un ricanement qui ne témoignait pas d’une haute confiance en cet important magistrat.

— J’irai plus loin s’il le faut, poursuivit le gardien. Il y a déjà un de mes trois amis d’Allemagne qui a disparu. Si Ramberg disparaît, ce sera dans le même trou. J’avais prévenu le premier, j’avertirai le second ; mais cet femme est belle, et son regard donne le vertige…

— Vous croiriez !… commença Patou, qui resta bouche béante.

— J’ai peur ! dit pour la troisième fois le gardien.

Le petit homme murmura :

— C’est vrai ! son regard donne le vertige… Je commence à comprendre.

Il y eut une explosion de cris au bord de l’eau.

— Tiens bon, Colinet, disait-on.

— Ferme, Colinet ! ne laisse pas aller !

— Colinet, tu tiens ta fortune ! Amène !

Nos deux compagnons se mirent au balcon sur le parapet et regardèrent.

Aux lueurs de la lune ils purent voir les rangs des pêcheurs qui se rompaient pour entourer un homme en costume misérable, attelé à une ligne de fond et tirant de toute sa force.

— Pour le coup, ça doit être une baleine ! grommela Patou.

— Ou un cadavre tout entier, dit le gardien.

On vint en aide à Colinet, dont la ligne était solide, et après quelques efforts prudemment dirigés, l’objet pêché parut à fleur d’eau, éclairé par des torches de paille que les assistants curieux avaient allumées.

Un formidable éclat de rire éveilla les échos déserts du rivage, depuis le chevet de Notre Dame jusqu’au quai de la Râpée.

— Bravo, Colinet !

— Colinet a de la chance !

— Colinet a pêché un pierrot à la ligne de fond, avec une boule de terre glaise ! Vive Colinet !

L’objet était en effet un pierrot, habillé de pied en cap avec la défroque traditionnelle du bouffon de la comédie italienne, mais ce n’était pas un noyé en chair et en os. Pour un motif ou pour un autre, on avait joué ce tour lugubre aux pêcheurs de miracles, de couler à leur place favorite un mannequin bourré de paille et de sable.

Le bruit de la berge fut longtemps à se calmer. Colinet, dépourvu de mauvaise honte, fit un paquet des loques qui habillaient le mannequin et les mit aux enchères sur le prix de quarante sous.

Patou avait ri d’abord comme les autres, mais la réflexion vint, et a dit :

— Ceux qui ont fait cela devaient avoir un intérêt.

— Petit homme, répliqua brusquement le gardien, je n’ai plus besoin de toi. Monte à présent à la maison, où ma bonne femme est seule et peut-être inquiète. Angèle doit être rentrée à l’heure qu’il est. Si tu connais un remède contre le chagrin, fais-lui une ordonnance… Annonce que je rentrerai tard, et bonne nuit.

Patou, ainsi congédié, s’éloigna docilement dans la direction du Pont-Marie. Le gardien, resté seul, se mit à marcher lentement vers le cabaret d’Ézéchiel, à l’enseigne de la Pêche miraculeuse.