La Vie de Saint Thomas le martyr/Introduction

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INTRODUCTION

I


Peu d’événements historiques ont été racontés aussi souvent que la lutte soutenue contre le roi d’Angleterre, Henri II, en faveur de l’indépendance et des immunités de l’Église, par saint Thomas, archevêque de Canterbury.

Les jugements portés sur le caractère et la conduite du célèbre prélat ont varié avec les écrivains et les siècles, selon que les idées ont été favorables ou contraires à la cause dont il a été l’un des plus ardents soutiens, et aux principes qu’il a scellés de son sang.

Né à Londres en 1118, Thomas Becket, après une jeunesse assez agitée, avait été, vers l’année 1142, présenté à l’archevêque de Canterbury, Thibaut, qui fit de lui son archidiacre, et l’introduisit auprès du roi d’Angleterre, Henri II. Ce prince le prit tellement en affection, qu’il lui conféra la dignité de chancelier, et fit de Thomas, après lui, le personnage le plus considérable de son royaume. Dans ce poste éminent, Thomas Becket, partageant tous les plaisirs du souverain, brilla, dans une cour livrée à la licence et au désordre, par son luxe et sa magnificence, sur les champs de bataille par son courage, et dans les missions diplomatiques qui lui furent confiées par son habileté et son énergie.

Le siége archiépiscopal étant devenu vacant, Henri II, déjà disposé depuis longtemps à enlever au clergé les prérogatives qui tenaient en échec la royauté, pour laquelle il rêvait le pouvoir absolu, fit élever son favori à la dignité de primat d’Angleterre, croyant trouver en lui un serviteur complaisant et docile.

On sait combien il fut trompé dans ses calculs. Le chancelier avait prévu que son élévation au siége archiépiscopal amènerait forcément une rupture entre lui et le prince, dont il connaissait les intentions. Il refusa donc des fonctions qui semblaient s’accorder si peu avec la vie dissipée qu’il avait menée jusqu’alors. Il accepta enfin, après une résistance plus ou moins sincère ; mais il n’eut pas plus tôt pris en main sa croix d’archevêque, qu’il s’en servit comme d’une arme toute puissante pour défendre le clergé contre la volonté qui aspirait à le tenir dans la dépendance de l’autorité temporelle.

Le chancelier disparut, et le nouvel archevêque surpassa les prélats les plus réguliers et les plus austères par la gravité de sa conduite, la pureté de ses mœurs, son dévouement à tous ses devoirs religieux. D’une confiance sans bornes, Henri II passa bientôt à la haine la plus implacable. Dans une assemblée d’évêques et de seigneurs tenue à Clarendon, il fit rédiger une Constitution toute favorable à ses prétentions, et à laquelle Thomas Becket refusa hautement de se soumettre. Ne pouvant triompher de son opposition, le roi d’Angleterre l’appela à une autre réunion, convoquée à Northampton, où, pour mieux triompher de sa résistance, il exigea qu’il lui rendît compte des sommes considérables qu’il avait eues entre les mains lorsqu’il était chancelier. À la suite de violents débats, l’archevêque, abandonné et condamné par les évêques et les barons, voyant sa liberté et ses jours en péril, quitta furtivement l’Angleterre, se rendit en France, où, enfermé pendant deux ans au couvent de Pontigny, et pendant quatre autres années au monastère de Sainte-Colombe, il intéressa à sa querelle le pape, les cardinaux, les rois, le clergé et toute l’Europe chrétienne.

À la suite d’une réconciliation peu sincère de la part du roi, il rentra, après sept ans d’absence, dans sa ville de Canterbury, à la fin du mois de décembre 1170. Peu de jours après il succombait sous les coups des assassins, et son sang inondait l’autel principal de son église métropolitaine.

On ne peut, à quelque opinion que l’on s’arrête sur la nature des intérêts mis en jeu dans cette lutte terrible, s’empêcher d’éprouver un vif sentiment d’admiration et de sympathie pour l’homme qui a combattu avec une si généreuse persévérance pour ce qu’il a dû considérer comme la cause de la foi, de la vérité et de la justice. Si l’Église le compte au rang des saints dont elle vénère la mémoire, l’humanité doit le placer avec respect parmi ce petit nombre d’hommes dévoués et intrépides que l’exemple de la lâcheté universelle ne décourage pas, et qui marchent résolûment dans la voie à l’issue de laquelle ils savent bien que les attend le martyre.

Le récit des faits dont je viens de présenter une esquisse rapide occupe une place importante dans le travail de l’auteur de l’Histoire de la conquête d’Angleterre, qui a suivi dans toutes leurs phases avec une érudition si persévérante les efforts désespérés des Saxons subjugués contre l’oppression de plus en plus tyrannique des conquérants normands.

Personne n’ignore que c’est en signalant la lutte de saint Thomas comme un des épisodes les plus caractéristiques de cette antipathie des deux races, qu’il a consacré un volume presque entier à son histoire.

L’archevêque de Canterbury serait, selon l’éminent historien, un des derniers représentants de la race saxonne, s’armant avec bonheur de la puissance ecclésiastique pour faire restituer à sa nation une partie des droits que lui avait enlevés la conquête.

Tous les historiens anglais, depuis le xiie siècle jusqu’à nos jours, se sont passionnés pour ou contre le généreux martyr. On a admis sans réserve ou révoqué en doute la sincérité de sa conversion. Ce que les uns ont considéré comme reflet d’une foi vive et profonde, comme l’accomplissement d’un devoir imposé aux fonctions mêmes dont il était revêtu, les autres l’ont attribué à un fanatisme aveugle, à un orgueil opiniâtre, à une ambition démesurée.

En tirant un merveilleux parti des textes qu’il empruntait aux écrivains et aux chroniqueurs contemporains, réunis dans les recueils de Cambden, de Saville, de Sparke, de Twysden, de Hearne et de Gale[1], Aug. Thierry avait attaché une importance méritée à plusieurs relations dues à des amis ou à des compagnons d’infortune de Thomas Becket lui-même, et que lui avait fournies une compilation connue sous les titres de Quadrilogus et d’Historia quadripartita[2].

Un savant anglais, le docteur J.-A. Giles, a eu l’heureuse pensée de publier dans leur entier ces récits des chroniqueurs, incomplètement reproduits dans le Quardrilogus. Il y a joint d’autres relations dues pareillement à des écrivains du xiie siècle, et près de huit cents lettres, soit de saint Thomas Becket, soit des principaux personnages mêlés à sa cause[3].

La publication de ces documents a appelé de nouveau l’attention sur le débat survenu entre le roi d’Angleterre et le successeur de Lanfrane et de saint Anselme. Les détails précis dont ils abondent sur les principales circonstances de la vie de saint Thomas nous donnent une idée plus complète, et nous le croyons, plus exacte, des deux hommes que l’on peut considérer comme les représentants des deux principes qui se sont disputé l’empire pendant tout le moyen âge. Par eux il devient possible de séparer définitivement la partie historique et la partie légendaire, si souvent confondues dans la vie des hommes qui ont longtemps vécu dans le souvenir des peuples.


II



Indépendamment des historiens latins qu’il a remis en lumière, le docteur Giles a rencontré l’auteur d’une Vie, en vers, de saint Thomas le martyr, Garnier de Pont Sainte-Maxence, contemporain comme eux des événements qu’il raconte et des hommes qu’il met en scène. Mais si le docte éditeur a cru devoir le signaler aux philologues, à cause des qualités de style qui le distinguent, il n’a attaché qu’une importance médiocre aux renseignements que les érudits pourraient trouver dans les récits d’un poëte.

La notice fort insuffisante consacrée par l’abbé de la Rue, dans le troisième volume de ses Bardes et Trouvères, à Garnier de Pont Sainte-Maxence, auquel il donne le nom de Gervais (qui était le sien), n’était guère de nature à relever la valeur historique de son poëme ; mais, après la publication de quelques fragments de cet ouvrage, par M. Imm. Bekker, dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, en 1838 et en 1846, on a pu soupçonner que cette œuvre, très-importante sans doute quant à l’histoire de la formation de notre langue, l’était au moins autant pour la valeur et l’utilité des documents qu’elle contient. L’article dans lequel M. V. Leclerc a discuté avec sa justesse d’esprit et sa sagacité ordinaires les titres du poëte Picard[4], est venu prouver qu’à ce double point de vue il était digne d’un examen attentif ; et cette étude, faite sur l’obligeante invitation du savant doyen de la faculté des lettres de Paris, m’a engagé à donner une édition de ce poëme remarquable.

En comparant avec soin le récit de l’écrivain français avec ceux de tous les historiens contemporains récemment publiés, je n’ai pas tardé à m’apercevoir que ce n’est pas lui qui mérite le moins de confiance, et qu’il est aussi instructif pour les faits qu’il a passés sous silence que pour ceux qu’il a fait entrer dans son récit. La lecture de tous les textes publiés par le docteur Giles m’a de plus convaincu que le système d’Augustin Thierry n’a rien à voir dans l’histoire de saint Thomas de Canterbury.

Quant au jugement à porter sur le fond même de la question qui a causé la lutte terminée par une catastrophe si horriblement dramatique, il est difficile d’adopter, sans de grandes modifications, celui du même écrivain. Il n’est plus permis, d’abord, de lui donner pour base une prétendue opposition due à la lutte des deux races ; et, sans manquer en rien au respect que mérite l’historien de la Conquête, nous croyons être en droit d’affirmer que nous sommes placés aujourd’hui à un point de vue qui nous permet d’apprécier d’une manière plus philosophique et plus impartiale qu’on ne pouvait le faire il y a trente ans ce qui appartient à l’histoire du moyen âge[5].

Garnier de Pont Sainte-Maxence, comme tous les contemporains d’une lutte qui avait ému le monde chrétien, avait été fortement saisi par le spectacle de l’existence agitée et de la mort héroïque du martyr de Canterbury. Il composa, sous l’empire de ces premières impressions, un récit qui, écrit loin du théâtre des événements, lui parut à lui-même, quand il fut mieux informé, fort incomplet et en plusieurs points inexact.

Primes treitai de joie et sovent i menti ;
A Chanturbire alai ; la verité oï ;
Des amis saint Thomas la verité cuilli
Et de cels ki l’aveient dès s’enfance servi.
D’oster et de remettre le travail en suffri.

Il se rendit alors en Angleterre et à Canterbury, où il se trouvait en 1172, deux ans après le meurtre de l’archevêque. Là déjà accouraient en foule des pèlerins empressés de venir prier sur une tombe où s’accomplissaient, chaque jour des miracles dont les récits passaient de bouche en bouche. Il en rend compte en ces termes ;

Tuz li munz curt à lui et évesque abbé,
El gentil et vilain, li prince et li casé ;
Et nuls n’es en sumunt, sinz i vunt de lur gré.
Mult se haste d’aler cil ki n’i ad esté ;
Nis li petit enfant i sunt en berz porté.

Li muet i paraient, fi surt i unt l'oïe ;
Et de lèpre i guarrissent maint, et d’idropesie.
Li contret i redresccent, li mort i ant la vie,
Li avopte i alument : saint Thomas tost aïe
Celui qui par buen quer le requert et depris.

Garnier s’attacha scrupuleusement à ne dire que ce qui lui serait attesté par les personnes qui avaient vu Thomas Becket ? ou qui avaient vécu dans son intimité. Il lut avec soin les nombreuses relations en vers ou en prose auxquelles donnaient lieu des événement qui avaient eu un retentissement immense, et qu’il ne trouva pas toujours, comme il le dit lui-même, conformes avec la vérité :

Tut cil autre romanz c’un ad fet del martyr
Clerc, n lai, nmine, u dame, mult les i oi mentir :
Ne le veir, ne le plein, ne les i oi furnir ;
Mès et porreiz le veir et tut le plein oïr.
N’istrai de verité pur perdre, m pur mûrir !

Il corrigea, diminua ou augmenta le poème défectueux que 011 d’un scribe avait, déjà mis entre les mains du public ; et ce ne lut qu’après y avoir travaillé pendant quatre ans, qu’il crut avoir achevé son œuvre. Il tit souvent la lecture de son poeme, auquel il donne plusieurs lois le titre de Sermon, la foule réunie autour du tombeau de saint Thomas, dans la crypte de l’église cathédrale :

Guarnkrs !i clcrüs del Pnnt Dne-el sim Sejxhu.n Del martir saint Thomas H dii su i><iësiuu ; Kt intime le)z le liAt ?l b. lumlxj al barim. T/n.n senmut ho ü sninz lu en i’igliae pcia Coirioru-bai uost roman et innlc îii^n eairemis. Des privez saint Thomas la verité apris.

Il avait reçu les confidences d’une abbesse, sœur du martyr, et les déclarations des moines et du prieur du couvent de Canterbury, avec lesquels il passa plusieurs années, et qui lui témoignèrent, d’après ce qu’il dit lui-même, leur admiration pour son poëme par de nombreux présents.

L’abbesse, suer saint Thomas, Tur s :onur et pur le banni, M’a donè palefroi et dras j M . >H faillent .nis Ji esperun ; l’îe {jetai pas mes dez sur

Quant jo toruai à ia meisun.

Œde, lft buenè pnnn de sainte Tcmtt-6, Li r.ovcnz dos scigrmrs (Ucus hir sachc buco grc’, M’uni ioL ruull graiiz sutiurs» de iursoyejit doiu. 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Je ne vois aucun inconvénient à ce que l’on rende aussi facile qu’on le peut la lecture de nos textes en langue romane. Quand j’ai trouvé le copiste en défaut au sujet de la mesure du vers, si soigneusement observée par les bons poëtes du xiie siècle et du xiiie siècle, je n7ai pas hésité à introduire le mot omis, ou a supprimer celui qui était évidemment intercalé. Souvent unesimplc transposition a suffi pour rétablir ta véritable le non. Considérant d’ailleurs le poeme de Gantier comme un ouvrage que ne pourront manquer de consulter tous les écrivains qui auront à s’occuper de saint Thomas et de son époque, j’ai séparé, par des titres spéciaux» les principales parties du réeiL La lahle de* matières qui les reproduit, en renvoyant, à la page où chacune de ces divisions se trouve, présentera, dans un résumé rapide, la marche et l’ensemble du poëme de Garnier de Pont Sainte-Maxence.

Le langage de notre poëte est simple et facile, et les personnes familiarisées avec la langue du xiie siècle (le nombre s’en accroît heureusement chaque jour) n’y trouveront aucune difficulté sérieuse. Il n’y a qu’un bien petit nombre d’expressions qui auraient besoin d’être expliquées. Quelle que soit l’utilité des vocabulaires spéciaux, j’ai pensé que le texte de Garnier pouvait s’en passer. D’ailleurs il faut bien espérer que la publication d’un dictionnaire complet de la langue d’oïl ne se fera pas longtemps attendre, et que les amis de notre vieille littérature française auront bientôt un digne pendant du Lexique de Raynouard.

C. HIPPEAU.

Caen, 1er juin 1859.

  1. Giraldus Cambrensis. Inter Rerum Angl. scriptores. Francfort, 1603.
    Roger de Hoveden, Annales. Saville, Francfort, 1601.
    Henrici archidiaconi Huntindon, Hist., lib. VIII. (Ibid.)
    Guillelmus Newbridgensis, De Rebus Anglicis.
    Rad. de Dicero, Hist. Angl. script. Twysden, Londini, 1652.
    Brompton, Chronic. (Ibid.)
    Gervasii, Monachi Dorobernensis Chronic. (Ibid.)
    Math. Paris, Monachi alb., Hist. maj. (Ed. Will. Wats. Parisiis, 1644.)
  2. Ces deux recueils ont été publiés l’un à Paris, en 1495, et l’autre à Bruxelles, en 1682, par le P. Wolf, ou Lupus.
  3. Ces lettres sont au nombre de cent quatre-vingt-dix-sept. Il y en a cinq cent vingt de Gilbert Foliot, évêque de Londres.
  4. Histoire littéraire de la France, t. XXIII.
  5. Parmi les écrivains qui ont apprécié saint Thomas Becket en se plaçant au point de vue catholique, il suffira de citer : Fr. Ozanam dans ses Deux Chanceliers d’Angleterre ; M.  E. de Bonnechose, d’abord dans Hist. des quatres conquêtes d’Angleterre, publiée en 1852, et plus récemment dans un article de la Revue contemporaine {15 janvier 1854) ; enfin le Dr  du Bus, professeur de droit civil et ecclésiastique à Fribourg en Brisgaw, S. Thomas, archevêque de Canterbury, primat d’Anglerre (allemand). (V. l’Univers du 25 janvier 1856.)