La Vie et l’Œuvre de Maupassant/3.6

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VI

Ces détails n’étaient pas inutiles pour mieux faire comprendre l’attitude de celui qui fut, suivant le mot de Goncourt, « le véritable homme de lettres ». Mais si toute la vie de Maupassant témoigne de son attachement absolu à l’œuvre littéraire, il est juste d’ajouter qu’il ignora jusqu’à la fin toutes les faiblesses et tous les compromis où se laisse trop souvent entraîner l’auteur à succès. Toujours il conserva l’intégrité et l’indépendance de sa personne d’écrivain et sa vie ne cessa pas un seul instant d’être en accord avec son caractère. Il est certaines déclarations de sa jeunesse dont la sincérité a été suspectée, à cause de la forme caustique ou brutale qu’il donnait volontiers à ses propos : et pourtant aucun acte de sa vie ne les a démenties. Nous faisons allusion notamment à son attitude vis-à-vis de l’Académie française. Il avait dit : « Trois choses déshonorent un écrivain : la Revue des Deux Mondes, la décoration de la Légion d’honneur et l’Académie française. » Maupassant n’était pas décoré et ne se présenta jamais à l’Académie. Son dernier roman, il est vrai, parut dans la Revue des Deux Mondes[1] ; mais il semble que cette collaboration Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/216 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/217 Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/218 volonté inflexible, et s’exaltait encore dans la joie de la création[2].


  1. Notre Cœur, en 1890.
  2. Voir le dernier entretien de Maupassant avec son collaborateur Jacques Normand, au lendemain de la première de Musotte (4 mars 1891. Figaro du 13 décembre 1903). — Nous avons fait, dans ce chapitre, l’histoire des œuvres de Maupassant aussi complètement que les documents publiés jusqu’à ce jour nous ont permis de le faire ; mais nous n’avons parlé que des œuvres éditées de son vivant en librairie. Il sera question plus loin des œuvres posthumes. — Sans prétendre à une nomenclature complète, nous voulons mentionner ici quelques-uns des nombreux articles qu’il écrivait pour des revues ou des journaux et qui n’ont jamais été réimprimés :

    L’évolution du Roman au XIXe siècle. (Revue de l’Exposition Universelle, 1889, novembre.)
     Notes sur A. C. Swinburne. (Paris, 1891, in-18.)
     Préface de Manon Lescaut. (Paris, 1889.)
     Préface à la Guerre de Garchine.
     Préface à l’Amour à Trois de Ginisty.
     Préface à Celui qui vient de R. Maizeroy.
     Préface à la Grande-Bleue de R. Maizeroy.
     Préface aux Tireurs au pistolet du Baron de Vaux.
     La Correspondance de G. Sand. (Gaulois, 13 mai 1882.)
     Danger public. (Gaulois, 23 décembre 1889.)
     Salon de 1886. (XIXe siècle, 30 avril 1886.)
     Madeleine-Bastille. (Gaulois, 9 novembre 1880.)
     L’inventeur du mot Nihilisme. (Gaulois, 21 novembre 1880.)
     Chine et Japon. (Gaulois, 3 décembre 1880.)
     Le pays des Korrigans. (Gaulois, 10 décembre 1880.)
     Mme  Pasca. (Gaulois, 19 décembre 1880.)
     La Lysistrata moderne. (Gaulois, 30 décembre 1880), etc. —


    Beaucoup de ces préfaces ou de ces chroniques seraient intéressantes à restituer.