La Vie nouvelle/Chapitre XXXV
CHAPITRE XXXV
Le jour qui complétait l’année où cette femme était devenue citoyenne de la vie éternelle, je me trouvais assis dans un endroit où, en mémoire d’elle, je dessinais un ange sur une tablette[1]. Pendant que je dessinais, comme je tournai les yeux, je vis près de moi plusieurs personnages qu’il convenait que je saluasse. Ils regardaient ce que je faisais et, d’après ce qui m’a été dit plus tard, ils étaient là depuis quelque temps avant que je ne les eusse aperçus. Quand je les vis, je me levai et je leur dis en les saluant[2] : « Il y avait là quelqu’un avec moi, et c’est pour cela que j’étais tout à ma pensée. » Et, quand ils furent partis, je me remis à mon œuvre, c’est-à-dire à dessiner des figures d’anges. Et, tout en le faisant, il me vint à l’idée d’écrire quelques vers comme pour son anniversaire, et de les adresser à ceux qui étaient venus là près de moi.
Premier commencement. À mon esprit était venue[3] Second commencement. À mon esprit était venue[4] S’était réveillé dans mon cœur détruit, |
- ↑ Dante aimait beaucoup le dessin. Il était l’ami de Giotto, et l’on a dit qu’il avait travaillé dans l’atelier de Cimabue.
- ↑ Il faut toujours remarquer l’exquise politesse de ses manières.
- ↑ Era venuta nella mente mia…
- ↑ Il paraît s’être repris à deux fois pour écrire cette canzone, car le même vers est répété à chacun des commencemens.
- ↑ Commentaire du ch. XXXV.