La Vie nouvelle/Commentaires/Chapitre XLI

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La Vita Nuova (La Vie nouvelle) (1292)
Traduction par Maxime Durand-Fardel.
Fasquelle (p. 204-205).


CHAPITRE XLI


Deh peregrini che pensosi andate[1]

Je dis pèlerins (peregrini) suivant la plus large acception de ce mot. Car pèlerin peut s’entendre de deux manières, l’une large et l’autre étroite. Dans le sens large, quiconque se trouve hors de sa patrie est peregrino ; dans le sens étroit pèlerin s’entend seulement de celui qui s’en va à la maison de Saint-Jacques[2] et en revient.

Il faut donc savoir qu’on appelle de trois manières ceux qui vont au service du Très haut. On les appelle palmieri quand ils vont dans les pays d’outremer, d’où ils rapportent souvent des palmes. On les appelle peregrini quand ils vont à la maison de Galice parce que la sépulture de Saint-Jacques fut plus éloignée de son pays que celle d’aucun autre des apôtres. On les appelle romei quand ils vont à Rome, là où allaient ceux que j’appelle pèlerins. Il n’y a pas de divisions dans ce sonnet parce que la signification en est manifeste.



  1. Peregrino ou Pellegrino, veut dire voyageur. Il ne doit se traduire par pèlerin qu’en raison de l’objet particulier du voyage.
  2. Allusion au pèlerinage solennel au tombeau de Saint-Jacques de Compostelle, le seul des apôtres qui ait été enseveli loin de son pays.