La femme au doigt coupé/18

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Bibliothèque à cinq cents (p. 74-75).

ÉPILOGUE

Dans une jolie petite maison de la côte Saint-Antoine, dans un délicieux jardin, rempli de verdure et de fleurs, un bébé qui paraît avoir dix-huit mois à peine joue sur le gazon, avec un petit chien. Trois personnes que nous voyons assises, non loin de là ; sur des sièges rustiques, contemplent ce spectacle avec sollicitude.

Ce sont Ben, Jenny, sa femme et Julia Russel, qui a repris son nom de Julia Crampton. Elle se sait bien veuve maintenant, et ne craint plus les poursuites de l’homme qui a fait le malheur de sa vie.

Uhe voiture s’arrête devant la grille. Un personnage en descend, c’est notre ami Lafortune. Il est le parrain du bébé qu’il aime de toutes ses forces, et il jure même de ne point se marier, afin de ne pas lui donner de rival.

Quant à M. Ducoudray, il est bien entendu le médecin de la famille. On hésitait à qui offrir le premier l’honneur de nommer le bébé ; mais le bon docteur a répondu qu’il avait encore la meilleure part, puisqu’il le mettait au monde.

— Je suis presque son second père, dit-il, et puis si ce n’est pas celui-ci ce sera le prochain, ils sont vraiment trop beaux, pour s’arrêter là.

Les coupables ont reçu leur châtiment. Les débats ne furent pas longs, écrasés qu’ils étaient sous le poids des preuves.

Simon a été pendu, Félix condamné à vingt ans de pénitencier.

Quant à Cynthia, le ciel s’est chargé de la punir.

La pauvre femme, en entendant la sentence de ses compagnons et celle qui la condamnait elle-même à cinq ans de pénitencier, est devenue complètement folle. Elle est internée à la Longue-Pointe. Sa folie n’est pas dangereuse ; elle se croit héritière d’une grande fortune et parvenue à la richesse qu’elle a tant convoitée. Mais elle craint sans cesse qu’on ne lui ravisse ses trésors imaginaires. Elle est convaincue que des ennemis ont déjà voulu la tuer et qu’ils lui ont coupé un doigt ; et elle passe des journées entières à chercher son anneau, qui lui est indispensable pour établir ses droits.

Les médecins disent que sa folie est incurable.


FIN.