La photographie/01

La bibliothèque libre.
Henri Desmarest 
Éditions Larousse Voir et modifier les données sur Wikidata (p. 7-8).

LA PHOTOGRAPHIE



CHAPITRE PREMIER

quelques mots d’histoire

Un peu de théorie.


Avant de parler des opérations photographiques, on nous permettra de donner très brièvement un aperçu des grandes phases par lesquelles a dû passer l’art de la photographie pour arriver au point de perfection où il est à présent.

La base de la photographie est certainement l’image optique que forment les rayons lumineux en passant par l’ouverture de la chambre noire.

Lorsque, au xvie siècle, l’Italien Porta inventa cet appareil de physique — modifié plus tard par Wollaston, — peut-être ne pensa-t-il pas à garder l’image admirable, de comme finesse et comme coloris, qu’il voyait sur l’écran de la chambre noire ; cependant, bien avant Niepce et Daguerre, des alchimistes et des savants avaient cherché à conserver une trace de cette image.

Mais alors, cela ne devait-il pas sembler une chimère irréalisable à jamais ?…

Pour trouver une méthode réelle, il faut arriver à Nicéphore Niepce, qui, en 1814, obtint une reproduction, en se basant sur l’insolubilité que donne la lumière au bitume de Judée. Ce système lui permit d’obtenir les premières gravures héliographiques. En 1829, Daguerre s’associa avec Niepce ; mais bientôt il abandonna le procédé au bitume de Judée pour en chercher un autre.

Après bien des tâtonnements, il découvrit la propriété qu’ont les sels d’argent d’être impressionnables à la lumière, et il inventa le procédé connu sous le nom de daguerréotypie. Ce procédé ne fut publié qu’en 1839.

Vers la même époque, l’Anglais Talbot créa le véritable système de la photographie, qui consiste à avoir une première épreuve négative, capable de donner ensuite un nombre illimité d’épreuves positives.

Décrire les phases successives et les nombreux perfectionnements qui ont marqué les progrès de la photographie pendant une quarantaine d’années serait beaucoup trop long ici, et il nous suffira de dire que la photographie pratique, réellement facile, et mise à la portée de tout le monde, ne date pas de bien loin, car ce n’est qu’en 1880 que furent inventées les émulsions au gélatino-bromure d’argent, permettant en grand la fabrication des plaques sensibles, c’est-à-dire annulant la partie la plus ennuyeuse et la plus délicate de la photographie.

Où est le temps où les manipulations chimiques pour obtenir une plaque collodionnée demandaient un laboratoire compliqué, un travail long, minutieux, qui exigeait une habitude de métier et demandait un véritable apprentissage !…

Aujourd’hui on ne lit guère les vieux livres d’autrefois, les guides longs, bourrés de formules chimiques et de renseignements technologiques très intéressants, mais peu utiles à l’amateur, désireux seulement de garder une image des scènes qui l’ont frappé ; aussi ne connaît-on pas toutes les difficultés qu’éprouvaient les photographes d’il y a vingt-cinq ou trente ans pour obtenir une épreuve passable.

Depuis dix ans à peine, les plaques extra-rapides et les appareils détectives existent. Aussi doit-on considérer la photographie instantanée comme étant une invention très récente et tout à fait fin du xixe siècle.