Laure d’Estell (1864)/51

La bibliothèque libre.
Michel Lévy frères, libraires éditeurs (p. 199-200).


LI

Frédéric à Laure.


Le trouble où me jette la nouvelle que vous m’apprenez, chère Laure, me met hors d’état de répondre avec quelque suite à votre lettre ;… des pleurs de rage coulent de mes yeux, en lisant celle de ce misérable… et le désir de venger l’insulte faite à ma famille, est la seule pensée qui m’occupe ! Je vais me précipiter aux genoux du maréchal de V***. Je lui demanderai de m’accorder un congé pour voler au secours de ma mère ;… de ma sœur… Il ne le refusera pas à mon désespoir, et je partirai aussitôt pour A***, je me présenterai chez l’archevêque, lui montrerai le titre qui accuse son infâme neveu, et je réclamerai contre lui toute la rigueur des lois. Si la faiblesse de son parent veut le soustraire à ma vengeance, je n’attendrai pas qu’un arrêt le condamne, j’irai moi-même plonger mon épée dans son sein.

Faites chercher ma sœur… Prenez soin de ma mère. Je n’ai plus d’espoir qu’en vous !…

Adieu.