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Lausanne à travers les âges/Vie à Lausanne/05

La bibliothèque libre.
Collectif
Librairie Rouge (p. 206-208).


V


Sociétés militaires. Sport. Club alpin.

Lausanne possède plusieurs sociétés militaires. Elle est le siège de la Société vaudoise des officiers, de la Section lausannoise de la Société fédérale des sous-officiers, qui travaillent avec zèle à l’étude des questions militaires. Mentionnons aussi l’Abbaye des grenadiers, la Société romande des armes spéciales qui a sa réunion annuelle le jour de sainte Barbe, patronne des artilleurs, la Société de tir aux armes de guerre, et la Société des carabiniers, dont le banquet annuel est un événement pour toute une partie de la population ; plusieurs hommes d’État, Louis Ruchonnet entre autres, l’ont honorée de leur présence et y ont prononcé de retentissants discours.

Les sports sont en honneur à Lausanne. Le manège Dufour est une excellente école d’équitation, la Société d’escrime donne chaque année de jolies soirées, où les meilleures lames de Genève, de Berne et de Neuchâtel viennent se mesurer avec les Lausannois. Mentionnons aussi le Rowing-Club, le Lawn-tennis club, les clubs de Foot-ball, ainsi que les deux principales sociétés de gymnastique, qui sont la « Bourgeoise » et les « Amis gymnastes. » Ces sociétés ont remporté des prix dans les concours internationaux (Paris, Mâcon, Besançon, Alger) ; c’est un joli spectacle que de voir ces gymnastes s’exercer en cadence au son de la musique ; cela fait penser aux jeux antiques des jeunes Grecs.

Pour terminer cette longue énumération, rappelons encore le rôle utile joué en Suisse par le Club alpin, qui a facilité les ascensions en construisant des cabanes en participant à l’organisation des corps de guides et en publiant des cartes. Disposant d’un budget d’une certaine importance, le Club alpin suisse a entrepris des études scientifiques ; il a fait procéder à des mesurages pour constater les mouvements d’avance et de recul du glacier du Rhône. Le professeur Le Fort caractérisait ainsi les principaux clubs alpins de l’Europe. Pour les Anglais, le but poursuivi c’est la difficulté à vaincre ; pour les Allemands, c’est la recherche scientifique ; pour les Français, peuple éminemment sociable, c’est l’occasion de se rencontrer ; pour les Suisses, c’est l’attrait de la belle nature. En ce qui concerne la section vaudoise du Club alpin, « la section des Diablerets » nous croyons que c’est bien là la note dominante.

Le Vaudois, en effet, est sentimental ; le spectacle de la montagne l’émeut, et il s’y attache. Lorsque le touriste parvenu sur une haute cime sonde du regard le vaste horizon, la nature lui apparaît telle qu’elle était dans les anciens âges, désolée, inanimée, mais grandiose, sublime, exempte des transformations que la main de l’homme lui a fait subir ailleurs ; une impression, religieuse pour les uns, panthéiste pour d’autres, se dégage de ce spectacle. Lorsque le touriste redescend dans la plaine, il observe le labeur soutenu du campagnard, et l’activité fébrile du citadin ; il contemple les travaux gigantesques accomplis par la société humaine : les ponts jetés sur les abîmes, les tunnels traversant les chaînes de montagnes, les aqueducs transportant de l’eau à de grandes distances, les forces hydrauliques maîtrisées, transformées en énergie électrique, mises à la disposition des habitants de nos plus modestes villages. De ce contraste, il devra conclure que l’homme n’est pas simplement le jouet de la destinée, comme on le dit parfois, mais qu’il peut au contraire, dans une certaine mesure, asservir à ses fins la nature.

B. van MUYDEN.


Pont Chauderon-Montbenon. Tête sud.


Grande salle de la Bibliothèque cantonale et universitaire.