Le Ballet de la raillerie/Intermède

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INTERMEDIO

De la Muſica Franceſe, è de la Muſica Italiana.
La Signora Anna Bergerotti, rapreſentate la Muſica Italiana.
La Muſica Italiana.


Gentil Muſica Franceſe
Il moi Canto in che t’offeſe ?

La Muſica Franceſe.

Bell’italica ſirena
Strana è ben tal’hor tua vena.

La Muſ. Ital.

Tù formar altro non ſai
Che languenti, e meſti lai.

La Muſ. Franc.

Più diletto il mio ſtil porge
Che le tue noioſe gorge.

La Muſ. Ital.

Qual raggion vuol che rù deggi ?
Del tuo guſto altrui far leggi.

La Muſ. Franc.

Deh cediam l’un l’altra il vanto,
Io in comporte, e tù nel canto

La Muſ. Ital.

Io di te canto più forte
Perche amo più di tè
Chi riſente un mal di morte
Più che può grida mercè.

La Muſ. Franc.

I miei tuoni humili, e lenti
Spiegan meglio il mio languire,
Chi vicino è di morire
Non può dar forza agl’accenti.

Tutte due.

Dunque sù cantiamo inſieme
Che trà gioia, e trà dolore
Ben’s’accordano in Amore
Cor che canta, e Cor che geme
Dunque sù cantiamo inſieme.


INTERMEDE

De la Muſique Françoiſe, & de la Muſique Italienne.
Mademoiſelle de la Barre, repreſentant la Muſique Françoiſe.


L’Italienne.


Ô Muſique Françoiſe ! apprends moy je te prie
Ce qui te ſemble en moy digne de raillerie ?

La Françoiſe.

Le trop de liberté que tu prends dans tes chants
Les rend par fois extravagans.

L’Italienne.

Toy par tes nottes languiſſantes,
Tu pleures plus que tu ne chantes.

La Françoiſe.

Et toy, penſes-tu faire mieux
Avec tes fredons ennuyeux ?

L’Italienne.

Mais ton orgueil auſſi ne doit pas ſe promettre
Qu'à ton ſeul jugement je me veuille ſoûmettre.

La Françoiſe.

Je compoſeray comme toy,
Si tu veux chanter comme moy.

L’Italienne.

Si mon amour a plus de violence,
Je dois chanter d’un ton plus fort,
Quant on ſe void preſt de la mort

Le plus haut que l’on peut on demande aſſiſtance.

La Françoiſe.

Mon chant fait voir par ſa langueur
Que ma peine eſt vive & preſſante ;
Quant le mal attaque le cœur
On n’a pas la voix éclatante.

Toutes deux.

Ceſſons donc de nous contredire
Puiſque dans l’amoureux empire,
Où ſe confond inceſſamment
Le plaiſir avec le tourment,
Le cœur qui chante & celuy qui ſoupire
Peuvent s’accorder ayſément.