Aller au contenu

Le Boute-charge(Zevaco)/8

La bibliothèque libre.
La Librairie Illustrée (p. 113-132).




VIII

NOSTALGIE



À M. Louis Ulbach.


Si le quartier a ses braves qui passent courageusement au feu de l’épreuve sans crier grâce, s’il a ses joyeux qui chantent leurs ennuis en gais refrains, s’il a ses insoucieux qui ne voient pas ou ne veulent pas voir ce qu’il y a de réellement grandiose dans cette préparation virile au plus viril des actes d’une nation, — la défense du sol natal, — il a aussi ses malades, ses désespérés.

J’en ai connu quelques-uns de ces pauvres conscrits, très rares heureusement, qui, loin de se jeter à corps perdu dans la fournaise, reculaient affolés, se laissaient dominer par les sombres regrets ; et, stérilisés par une nostalgie qu’ils n’essayaient même pas de surmonter, finissaient à l’hôpital.

Ce sont les faibles, ceux pour qui l’armure est trop lourde et que peut-être la famille n’a pas préparés à toutes les luttes de l’existence.

On peut les plaindre, non les excuser.

Ceux-là entretiennent dans les rangs un levain de timidité, d’ennui qui est au fond une lâcheté inavouée.


Vous plaît-il de m’accompagner au cimetière de la sous-préfecture où le 29e dragons tient garnison ? C’est dans un coin reculé de Provence. Nous profiterons du jour des Morts pour aller visiter les tombes : c’est le moment où les nécropoles s’agitent ; où, pendant des heures, la vie vient faire sa cour à la mort ; c’est la fête des larmes annuelles, des regrets avec leur éternité d’un jour. Si vous voulez, nous sommes au soir. Quatre heures sonnent.

— Voici l’avenue bordée de jeunes platanes frileux, de part et d’autre, les champs pierreux et sauvages, la terre provençale. Un prêtre sort du cimetière. Grave sous le surplis, il s’en va vers la petite ville de garnison qui s’assoupit déjà ; l’enfant de chœur le suit en trottinant, les yeux emplorés par la bise de novembre. Sans doute, ils viennent d’enterrer quelqu’un. Mais nous ne voyons personne. Où sont les visages solennels, les redingotes noires et les coiffes blanches des paysannes venues pour escorter le défunt ?… Personne.

Ah ! voici des gens qui sortent.

Une ! deuss !… Une ! deuss !…

Ils franchissent la grille, au pas, alignant les pantalons rouges à basanes luisantes ; les bottes à éperons indiquent lourdement la cadence et les mains se balancent gantées de blanc.

Une ! deuss !… Une ! deuss !…

Un peloton à pied des dragons de la sous-préfecture défile, raide et silencieux. Bientôt les tuniques sombres et les noires crinières disparaissent au bout de l’avenue.

Le cimetière est muet. Au centre, sur le piédestal de pierre moussue, étendant ses bras maigres comme pour une bénédiction, se dresse la croix de fer toute sanglante de rouille.

Derrière ce rideau de cyprès, un vieux fossoyeur achève de combler un trou, enfonce une croix, piétine et s’en va, indifférent. Vous vous approchez de la croix, et les lueurs mourantes du crépuscule épellent une inscription d’une simplicité saisissante :

Pierre Morisset, soldat au 29e dragons.

Certes, vos passions se sont soulevées lorsque vous avez étudié les actes de ces grands capitaines qui naissent, vivent et meurent comme dans un même éclair livide, de ces hommes que la grandeur de leur âme — peut-être le hasard — a placés sur un piédestal où on les voit de loin et longtemps d’où ils dominent la foule, — rochers brillants, sous le soleil de la gloire, au-dessus des flots noirs qui roulent à leurs pieds.

Mais, n’est-il pas vrai, vous avez froid au cœur à la vue de ce pauvre tas de sable. Cette mort du soldat de 2e classe, cette tombe creusée peut-être à cent lieues du berceau, cet isolement vous paraissent un drame poignant dans sa banalité.

Pourquoi il a vécu ? Comment il a disparu ? Nul ne s’en inquiète, excepté vous en ce moment, et peut-être une mère qui pleure très loin d’ici. Le trésorier l’a rayé des contrôles, voilà tout. Sa vie ? un nom sur un registre. Sa mort ? un trait de plume sur ce nom.

Maintenant le voilà : seul, loin de chez lui.

Son chez lui ! Où donc cela peut-il être !… Est-ce sur les bords embrumés de la Manche, ou vers les parfums des rivages méditerranéens ? A-t-il, de son œil grave, contemplé les champs mélancoliques du sol breton ? A-t-il joyeusement dansé la farandole sous le ciel ardent du Midi ? A-t-il vécu dans la plaine, ou respiré l’air puissant des monts d’Auvergne ?

Pour peu que vous aimiez à donner libre carrière à votre imagination, vous vous complaisez dans la recherche de l’obscure solution. Vous aimez à vous demander quel cœur a battu sous le dolman du dragon étendu à vos pieds. Vous fouillez vainement les pages obscures de son roman. Vous cherchez à reconstituer son histoire.

La voici.

C’était un homme des champs, nourri des fortes émanations du chêne et du hêtre, les veines gonflées de souffles purs et vivaces, le sang riche de toutes les vitalités qu’exhalent les sillons fauves dans la plaine tourmentée par la charrue.

Quelle belle et sauvage existence dans la première enfance, au milieu des grands coqs superbes et des oies majestueuses ! Quels triomphes dans ce coin de basse-cour qu’il n’eût pas cédé pour un empire ! Plus tard, ont commencé les courses à travers champs, les pillages de cerisiers, les journées volées au maître d’école pour aller tomber un nid. Puis après cette guerre cruelle et charmante livrée à la nature entière à cet âge où les baisers de la mère ont persuadé au gamin rougeaud qu’il est roi de la création, la forte jeunesse est venue et lui a donné le calme du paysan qui va commencer la bataille contre toutes les stérilités. Alors il a eu des bœufs à accoupler, la charrue à conduire. Là, sans le savoir, il s’est agrandi par les luttes de sa force contre les résistances du sol. Et à la fin de la journée, avec un triomphe inconscient sur son sourire, un orgueil ignoré, il a souvent contemplé cette terre où les vieilles souches ont crié en se déchirant, où les mottes épaisses se sont défendues désespérément et qui palpite encore vaincue, béante. Combien étaient bons alors ces coups de brises du soir qui entraient dans sa poitrine avec toutes les senteurs passionnées des herbes arrachées. Combien beaux ces horizons qui allaient se confondre au loin avec le bleu de l’infini ! La plaine lui dévoilait ses splendeurs, et les étoiles s’allumant sur le fond noir lui semblaient le lustre qui allait éclairer de ses reflets de cristal les harmonies du spectacle se déroulant à ses pieds.

C’est au milieu de toutes ces sublimités qu’est né le cavalier couché raide sous la terre ardue de Provence. Il ne les comprenait pas. Soit : il est bien entendu qu’un paysan ne saurait comprendre la terre. Peu lui importaient, donc, toutes ces beautés. Mais il les sentait, elles le pénétraient, l’envahissaient, demeuraient en lui, faisaient partie de son existence.

Son village est bien loin d’ici, enfoui dans la verdure qui grimpe, escalade, pénètre, règne avec ses douceurs et ses violences. À ses pieds, écoutez la rivière, Sèvre, Sarthe ou Authion, — elles se ressemblent comme des sœurs — lui murmurer en passant quelque chant de paresse avant d’aller s’endormir dans les eaux de la Loire. C’est le beau pays d’Anjou ; c’est la campagne calme et puissante étalant ses plaines blondes balafrées de longues écharpes de houx et d’aubépine ; c’est la douceur pénétrante du ciel autrefois chanté par le poète de Liré.

Lui, a aimé toutes ces douceurs, a vécu tout ce charme. Malgré lui, sans même qu’il s’en doute, la terre l’a attaché à elle par mille liens invisibles, l’a pris tout entier, et lorsqu’il lui faudra quitter cette charrue qu’il pousse d’une main indifférente, qui sait les déchirements qui se produiront en lui ?

Dans cette sérénité, un coup de foudre ; un jour, on s’assemble sur la place : le tirage au sort.

C’est fini. Pierre en a pour cinq ans.

Des mois se passent ; un soir d’automne, la famille se réunit dans la salle commune ; il faut rire, causer haut, boire ferme. Vers minuit, Pierre embrasse tout son monde ; les valets viennent lui serrer la main… « Au revoir, monsieur Pierre… », et dans un coin de la salle, une voix qui le remue profondément lui murmure… « Tu penseras à moi, Pierre ? »

Le lendemain matin, le voilà qui court sur la route pour aller prendre le train à la ville et rejoindre son régiment la-bas, bien plus loin que Saumur, que Tours, plus loin que Lyon et Valence.

En route, la bande des conscrits embarqués ensemble entonne des chants où les mots Patrie… Aux armes… font tressaillir des fibres enfouies au plus secret de leur pensée. Adieu la ferme, les bœufs, les sillons, les blés… Pierre demeure tout étonné du gros chagrin qu’il éprouve. Déjà sans force, il devine avec épouvante que ce chagrin-là deviendra du désespoir. Il cherche à reprendre courage. Et la seule consolation qu’il trouve, dans l’amollissement de toute son énergie, c’est de songer au retour ! Dans quelques mois, il demandera une permission… Cette idée le berce et l’endort. Les années passent. Il rentre. On l’attend… Il va donc tout revoir… Un sifflement aigu comme une ironie le réveille. Le train s’arrête.

Il fait presque nuit. Un sous-officier est là qui reçoit les conscrits, les compte, les aligne. Pierre regarde devant lui : à un petit kilomètre, il aperçoit la garnison estompée par la brume, frileusement juchée dans un pli de terrain, au milieu de ces hauteurs du Vivarais sèches comme des croupes de juments maigres, serrée autour du clocher aux ardoises verdies, se faisant, prise du lourd sommeil de la nuit tombante.

La première impression lui parait lamentable : pendant deux jours, les conscrits vont, viennent, courent comme dans un rêve, à la visite du docteur, à la douche, stationnent au magasin d’habillement, sont équipés et armés en tour de main. Les ordres criés par les brigadiers leur paraissent effrayants.

Déjà les caractères bien trempés se révèlent ; déjà, les forts entrevoient de belles vérités, sont attirés par la perspective de devenir, eux aussi, des hommes à l’aspect mâle, fièrement campés dans leurs tuniques, sont empoignés par tout ce tumulte des choses d’où se dégage le tumulte des idées, répondent aux plaisanteries par un éclat de rire, deviennent les frères d’armes de leurs anciens, se mettent à l’œuvre, avec vaillance. Déjà aussi, les faibles se laissent atteindre par d’amères déceptions, voient comme un rideau sombre s’étendre sur leur vie.

On veut les secouer, les éveiller, les faire hommes ; ils s’indignent, s’immobilisent dans leurs regrets ; et le découragement les terrasse, lorsque la haine ne vient pas les aigrir.

Pierre ne se sent aucune pensée de rancœur contre le régiment : Mais, dans sa tête, bourdonne un chant de désolation qui l’oppresse et l’étouffe.

Alors commence la double instruction. C’est l’interminable série des exercices du sabre et de la carabine dans la cour du quartier, sous les petites pluies fines et les brouillards des premiers jours d’hiver. Et souvent, à la place du brigadier qui se démenait pour lui dévoiler les mystères du port d’arme et du coup de côté à droite, le paysan voyait se dresser devant lui les coteaux de Saumur avec leurs vignes jaunies.

— Mais il ne comprend donc rien, ce Morisset !

Et c’était à recommencer pour le cavalier Morisset. Alors, il cherchait à s’appliquer, mais demeurait sans force à chasser les rayonnantes visions ; il dévorait du regard le brigadier qui manœuvrait si terriblement bien, mais ne parvenait pas à fixer sa pensée sur le présent, divaguait dans le passé et se consolait par l’attente de l’avenir.

Réellement, il n’y comprenait rien, ce cavalier Morisset.

Alors aussi, ce sont les séances au manège, le trot dur du cheval sous le sifflement de la chambrière du sous-officier planté au milieu du carré, les flexions de reins, les rétablissements, les culbutes en sautant la barre.

— Allons, Morisset, du courage ! Rêne droite… jambe gauche !…

Cet apprentissage lui était une monstrueuse fatigue ; il lui semblait qu’on voulait le briser… C’était donc cela, la vie de soldat ? Voilà donc comment il allait passer les plus belles années de son existence ?

Mais, malheureux, tu ne vois donc pas que le régiment veut, avant tout, échanger tes faiblesses en courage ; que ton corps va bientôt acquérir dans ces exercices toute la maturité, toute la vigueur dont il a besoin, que ton aine, si tu veux te donner la peine d’ouvrir les yeux, va prendre une envergure à laquelle elle n’aurait jamais atteint ? Laisse là les regrets. Tu es parti de ta ferme à moitié gamin, la pensée à peine éclose. Tu y retourneras agrandi, fortifié, embelli. Il te semble que l’on porte atteinte à toutes tes libertés ? Tu reviendras de ce préjugé. Apprends que tu es ici à l’école des dévouements et des sacrifices. Regarde autour de toi. Vois ces officiers que leur intelligence cultivée par des années d’étude, l’instruction acquise, l’éducation reçue autorisaient à chercher ailleurs des occupations plus douces ; vois même ceux d’entre eux auxquels une grande fortune permettait de trouver dans le monde une situation autrement brillante ou de mener tranquillement une existence de farniente : Ils sont au premier rang, souffrent les mêmes fatigues que toi, vivent de ta vie, te donnent l’exemple des larges enthousiasmes.

Tourne le dos aux quelques mauvais camarades qui se font devant toi les échos de douleurs chimériques. Regarde ceux qui font luire à tes yeux les splendides visions de l’avenir, écoute ceux qui t’apprennent tous les jours que tu es une des représentations de cette idée vague en toi jusqu’ici : Patrie. Souviens-toi… les scènes militaires autrefois entrevues, les défilés sur la place d’armes de la ville, le régiment qui passe, couvert de sueur… Tout cela te paraissait superbe, alors. Et maintenant, tu laisses le froid t’envahir, tu songes que les coulisses du métier sont écœurantes ; parce que tu prêtes l’oreille à je ne sais quelles doléances qui gémissent en toi-même ; parce que tu fermes ton esprit et ton cœur à ces puissantes rumeurs du quartier, qui te crient : « Vous êtes quelqu’un sur qui nous comptons, et le pays attend que vous vous instruisiez pour lui être utile plus tard… » Et tu te laisses terrasser par l’ennui apparent de la vie de garnison — qui n’est au fond que l’ennui de toi-même, — par le triomphe de l’astique et de la corvée.

Un an passe ; le dragon Morisset n’est même pas brigadier, bien qu’on ait remarqué en lui une certaine instruction, et que ses chefs aient voulu d’abord le pousser.

— Jamais, il ne fera un soldat, ce rêveur-là.

— Oh, non, mon lieutenant jamais.

Car le voilà saisi par la fièvre, — une mauvaise fièvre composée de regrets stériles, d’amertumes inguérissables. Pour tous, il a gagné cela en lavant les doublures de ses vêtements au grand bassin, un soir d’octobre.

Lui est sûr qu’il est malade du pays.

À la visite du docteur, Morisset prend sa place à la file. Dans le long corridor de l’infirmerie régimentaire, les malades des cinq escadrons attendent l’arrivée du major. Enfin, il arrive : Corps fatigué par les veilles, tête expressive et sévère, les yeux très doux, derrière le lorgnon ; moustache blonde du jeune homme, cheveux gris aux tempes. La visite commence… « Qu’est-ce que vous avez, mon garçon… Exempt de service deux jours… Bon : voyons… Vous en prendrez trois fois par jour, vous entendez ?… Exempt de cheval… Montrez la langue, mais vous n’avez rien du tout, vous !… Y a-t-il longtemps que vous toussez ?… » Et les tireurs au grenadier tremblent de ne pas être reconnus, frappent du coude contre la muraille…

C’est le tour de Morisset.

— Qu’avez-vous ?…

— Je ne sais pas bien, je me sens mal là… là… et là…

Tout de suite, le major est frappé du brillant de ses yeux, du rouge de ses pommettes, de la pâleur de son front.

— Déshabillez-vous…

Il le palpe, l’ausculte, écoute dans sa poitrine.

— Vous établirez un billet d’entrée à l’hôpital pour cet homme.

Vite à l’hôpital… d’urgence. À présent, voilà « cet homme » étendu sur un lit très propre, dans une grande salle où des femmes passent doucement, blanches sous la coiffe blanche, un crucifix sur la robe brune. Cette quiétude le réconforte d’abord. Mais la fièvre semble n’avoir attendu que son entrée à l’hôpital pour le terrasser. — Il y a juste une semaine que le dragon Morisset se débat contre elle.

Un soir, il recouvre l’esprit. Il est très étonné de se voir là. Que s’est-il donc passé depuis plus d’un an… Ah ! oui,… le tirage au sort, le départ, le régiment… La voix qu’il n’a jamais oubliée murmure toujours à son oreille… « Tu penseras à moi, Pierre ? » Oui, il a pensé à elle, il y a trop pensé, le malheureux. Dans un ressouvenir affaibli, il revoit vaguement tout ce qu’il a aimé jadis, il y a bien longtemps de cela — prés de quatorze mois — … la ferme, les bœufs, le tronc d’arbre où il s’est assis, les vignes sur les coteaux,… et elle.

Maintenant, va-t-il s’en aller ainsi ? Tout est il donc fini ? Non, il ne le veut pas. Il veut revoir ses champs, sa terre. Mourir, — à l’hôpital ! Allons donc, cela ne sera pas : Il veut se lever, écrire qu’il va demander un congé, qu’il va venir. Le numéro 16 s’agite, fait des efforts désespérés. Il veut… oui il veut. Et il se tient tranquille, tout à coup.

Le lendemain, le colonel dicte à la décision « qu’un peloton du 4e escadron sera détaché pour rendre au dragon Morisset décédé cette nuit à l’hôpital militaire les honneurs prescrits par le règlement. »

Oh ! les grandes guerres héroïques où le paysan se crée demi-dieu ! Les luttes ardentes, au soleil, où les baïonnettes ont dans la fumée des lueurs sanglantes, où les sabres se tordent, où les crosses assomment lorsque la cartouchière est épuisée, où le soldat sent derrière lui la Patrie qui le regarde, le pousse et l’admire !

On ne meurt pas, on tombe.

Et en tombant, on a encore le temps de cracher son âme sans attendre qu’elle s’en aille, dans un dernier cri d’insulte à l’envahisseur.

Celui-là, ce n’est pas sur un champ de bataille qu’il s’est affaissé ; ce n’est pas dans le tumulte d’un grand choc, avec la satisfaction du devoir accompli jusqu’au bout, avec un rayon de gloire au front, salué par la musique du canon, accompagné dans l’inconnu par une foule de camarades : c’est au fond de la petite ville de garnison, dans une salle glacée, un sergent au pied du lit pour inscrire le décès, tué par d’absurdes exagérations de regrets, seul, désespéré, inutilement, bêtement.