Le Cabaret de la belle femme/Chapitre 4

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Albin Michel (p. 65-78).


UNE NUIT SOUS BOIS


Le soir s’est avancé si lentement qu’on ne l’a pas vu venir ; sans doute s’est-il glissé par les taillis : des lambeaux de brume sont restés accrochés aux branches. Tous les bruits se sont tus, emportés dans la traîne du jour. Plus de roulades, plus de cris : les oiseaux rêvent dans les arbres et les hommes dans la tranchée.

La forêt apaisée écoute le soir qui rôde. Est-ce lui qui fait craquer si légèrement les brindilles sous son pas bleu ? Est-ce lui qui vient d’appeler la chouette dont le cri rouillé inquiète le guetteur immobile ? Très loin grondent encore des canons assourdis, comme un chariot attardé qui s’éloigne.

Soudain, les grenouilles s’éveillent. Au même instant, toutes celles qui sautaient autour des mares, toutes celles qui dormaient dans les joncs de la Miette, toutes celles qui glissaient sur la mousse humide de la forêt se sont mises à coasser, et l’on croirait entendre la chaîne d’un puits qui grince, grince interminablement sans arriver à remonter son seau.

Les trembles dépouillés sont habillés de dentelle noire : les taillis bleus, sous bois, ont des airs vaporeux, et il pousse du muguet sous les chevaux de frise… C’est un secteur heureux que les obus respectent. Les premières lignes sont trop rapprochées, paraît-il, les arbres pressés rendent impossible le repérage par avions, et personne ne tire, ni Français ni Boches, par crainte de bouleverser ses propres positions. Un véritable filon, en somme, une embuscade.

Je rêve, accoudé sur mon parapet, et là, devant moi, à quelques mètres, derrière ces noisetiers touffus, un Allemand aux yeux clairs rêve peut-être aussi à quelque Charlotte laissée dans son pays brumeux, tandis que ses gros doigts caressent la crosse du mauser, douce au toucher comme un manche de charrue. Mon esprit languissant se tourne vers le passé, notre Paradis perdu :

« L’heure du thé fumant et des livres fermés… »

Il me poursuit toujours, ce beau rêve nostalgique. Les yeux mi-clos, je cherche à respirer encore l’arome du thé blond, l’odeur de ma chère indolence d’autrefois…

Attention ! Un sifflement prolongé me secoue, je regarde… C’est la première fusée du soir qui monte, d’un jet blanc. Elle file entre les branches, éclate, presque sans bruit, puis retombe, mollement balancée, faisant courir sur le parados nu l’ombre des arbres, ainsi qu’une mâture ensorcelée. Tombée dans les ronces de fer, elle se consume en grésillant, follet pris au piège, et meurt… Sa flamme éteinte, la clairière parait brusquement toute noire, et l’on s’aperçoit que la nuit est venue. Déjà naissent les étoiles, clignotantes et pâles. La belle eau verte du ciel semble refléter mille fusées dans sa vasque mélancolique. La guerre… Est-ce vraiment la guerre ? Peut-on vraiment mourir ?…

La lune monte, derrière les branches, ne laissant voir encore qu’un mince filet d’or, comme il en glisse sous les portes heureuses. L’ombre entasse les choses sous sa housse noire.

Lourdement, trainant leur fusil, les hommes sortent des cagnas pour prendre la veille. Les armes glissent sans bruit dans les créneaux. Des voix chuchotent. On entend les pas d’une corvée qui s’éloigne, un brimbalement de plats… Sous une caponnière, ouverte comme un four noir, les mitrailleurs essaient leur pièce, qui grince quand on l’arme, et claque…

— Tas d’enfifrés ! grogne un homme… Et les Boches qui entendent.

Enfin tout se tait. Chacun a pris sa place, choisi son coin. Silence… On n’entend plus que les grenouilles.

Penché, sur son créneau, on regarde parfois, fronçant les sourcils, comme si nous espérions vraiment découvrir quelque chose : des stoss-troupes rampant dans l’herbe ou une patrouille de feldwebel en tenue de parade. Est-on resté assez crédule ! Depuis le temps, cependant, nous devrions savoir qu’il ne se passe jamais rien.

Un camarade ronfle, tout près, dans son terrier.

— Et celui-là, grogne à nouveau mon voisin… Ce qu’il croit que les Fritz touchent du coton pour se mettre dans les oreilles ? Ces péquants-là, ça ne pense qu’à en écraser…

Je n’ai pas pris la veille avec Hamel, cette nuit, il ne pourra pas me raconter la suite de ses amours avec la Louise, une fille qui ne saura jamais que je la connais si bien, et que je pourrais même dire, sans risquer de me tromper, où se trouve son petit signe, un coquin de grain de café posé sur le gras de sa cuisse. Tant pis ; le temps aurait passé plus vite…

Presque toute l’escouade est partie en corvée — pour des sacs à terre, des torpilles, des tôles ondulées — et j’ai six heures à passer au créneau, jusqu’au petit jour. J’aime encore mieux cela. Si j’étais allé avec eux, ils m’auraient, comme toujours, laissé la plus mauvaise charge, on se serait certainement arrangé pour me faire désigner aux tôles, en me donnant comme équipier Landry, qui ne tient pas debout. Cela les aurait fait rire… Leur joie, c’est de me voir piocher, avec des mouvements maladroits, pelleter, le front en sueur, sans jamais parvenir à jeter la terre hors du trou.

— Ça le dresse… Ça leur-z-y apprend ce que c’est que marner, aux gars qu’ont jamais rien foutu…

J’ai deux camarades à l’escouade, dont le cabot. Je sens que les autres doivent me détester. Ils ne me pardonnent pas d’avoir un peu d’argent et de recevoir les plus gros colis, ces gros colis que naguère je partageais naïvement avec eux. Je croyais que Landry, au moins, était un camarade. Montant dans la grange, l’autre jour, je l’ai entendu qui disait :

— J’y maquerai son pognon, que je vous dis.

Oh ! il n’en aurait pas pour longtemps : il boit si bien…

Ils n’ont pas de haine, non : simplement de l’envie. Ouvrier, paysan ou bourgeois, on reste ce qu’on est, sous la capote commune.

— Les péquenots, ça n’a pas d’ dignité. Ça lécherait les pieds du cabot pour avoir un quart de plus que les copains.

— Ah ! les gars de Paname, c’est bon qu’à crâner, mais sans jamais rien foutre…

— Les fils à papa, ça se croit tout permis parce qu’ils ont des sous. Ils ne sont pas plus que nous, ils ne sont pas exempts de gratter…

— Peuh ! laissons-les… Voyous !

Des hommes, quoi, de pauvres hommes…

Il me semble que je comprends mieux certaines choses, ce soir, perdu dans cette nuit bien close… Le cœur s’ouvre un instant très grand, comme une belle-de-nuit, puis se referme, et, penché sur soi-même, on regarde, on se souvient…

Je pense à elle, à présent. C’est déjà moins de la haine que du mépris, moins de la douleur que du chagrin. Tant de femmes agissent en coquines, pendant que nous nous battons ! Pourquoi pas celle-ci ?…

C’est étrange, je lui en veux moins de sa trahison que de son talon cassé, ce haut talon qu’elle décolla en dansant, la nuit du mardi-gras, à l’heure même où je rampais entre les lignes, me traînant de cadavre en cadavre, pour retrouver un camarade resté sur le terrain et qu’on entendait crier.

Je sais bien, ce n’est qu’une vétille. Comment peut-on souffrir de ces riens-là ? C’est peut-être que les moindres faits ont un sens profond que notre esprit n’atteint pas mais que, plus sensible, l’âme devine.

J’ai vu dans ce talon cassé comme un signe brutal, un avertissement… Pourtant, je ne me suis jamais plaint : aurait-elle compris ? Les gens ne savent pas que si nos corps s’endurcissent à la guerre, nos âmes, elles, ne changent pas, et ne sont jamais calleuses comme nos mains.

Et puis, tout cela compte si peu. « Petits chagrins » est un titre de romance. Ce qu’il faut, c’est défendre sa peau, tenace, dents serrées, c’est en sortir vivants : la guerre finie, les morts seuls auront tort. Oui, une seule chose compte, vivre, vivre, n’être pas une de ces choses fanées qu’on entrevoit dans la clairière, un de ces morts sans nom que la lune veille. La grande revanche, ce sera le retour des vivants…

La tache amère, sur mon cœur, s’effacera. Je n’oublierai jamais l’affreuse nuit passée sur la terre des morts, cherchant un corps moins froid, parmi tant d’autres étendus, mais son talon cassé, je ne m’en souviendrai plus. Petits chagrins…

Les heures passent. À la lueur d’une fusée, un mitrailleur regarde l’heure à son poignet et bougonne :

— Ça ne tourne pas, c’te nuit…

La torpeur envahit les plus las, les dos se voûtent et, la tête tombée, ils semblent guetter encore de leurs yeux que le sommeil brouille.

Quelques coups de fusil — visions de sentinelles — parfois un obus, sur les deuxièmes lignes. Et l’écho désœuvré répète longtemps ces bruits perdus.

Mon voisin s’est rapproché. C’est un nouveau, je ne le connais pas.

— Quelle heure ?

— Minuit vingt.

Il se tait un instant, accoudé près de moi. Puis :

— On serait mieux aux bains de mer.

— Je pense.

— J’arrive du dépôt, après une convalo. Ça semble dur de reprendre… J’avais été blessé dans le début.

— C’était grave comme blessure ?

Il me regarde. Un rire silencieux s’élargit dans la lucarne de son passe-montagne.

— C’était marrant surtout… Maintenant, hein, j’en rigole, mais après la guerre, si je le raconte, on se foutra de moi. Faudra que j’invente quelque chose de mieux, un petit bourrage tsoin-tsoin pour en mettre plein la vue au monde.

Intrigué, je lui demande :

— Qu’est-ce que tu as eu ?

Il prend un temps, comme au théâtre. — Ce que j’ai eu ? Un coup de réveille-matin sur la gueule.

Je ne réponds rien, méfiant.

— Ne crois pas que je t’étrangle, hein. C’est pas du pour… À l’hôpital, ces ballots-là, ils n’ont pas voulu le mettre sur mon papelard, ils ont peut-être cru que je les mettais en caisse, alors ils ont écrit « par un coup de crosse ». C’est des gars qu’ont jamais rien vu… J’avais un arrachement de l’orbiculaire palpébral, c’est le dessus de l’œil qu’ils appellent comme ça… Et ça larde, hein, c’est sensible ces parties-là…

Curieux, je lui demande :

— Comment as-tu reçu ça ?

— C’est en septembre, à Saint-Thierry… On coursait des Boches qu’étaient restés planqués dans les crèches, un peu schlasses… Moi j’étais avec Haton, le cycliste, tu le connais ? Un petit gars tout ce qu’il y a d’affranchi. Et puis deux autres copains qui ont été évacués… On rentre dans une ferme, hein ; il y avait trois Boches… Ni eux ni nous, il n’y en a pas eu un seul qui a eu l’idée de tirer, peut-être aussi qu’on avait peur de se moucher l’un l’autre… Moi, par-dessus la table, j’essaye de foutre un coup de baïonnette à un grand rouquin qui était de l’autre côté, alors, c’te vache-là, il prend un réveille-matin qui était sur la commode, et « vlan ! » il me le fout en poire… Mon vieux, j’en suis tombé assis. Je ne voyais plus clair, tout tournait…

— Et les Boches ?

— On en a tué deux… Le troisième en a joué par la fenêtre… C’est pas ordinaire, hein, comme blessure ? On pourrait croire que j’abîme, que c’est du chiqué. Eh bien, c’est tout ce qu’il y a de vrai, t’as qu’à demander à Haton… Il est au téléphone, maintenant… C’est un truc que j’aimerai bien moi, d’être téléphonard. T’es autonome, pas vrai… Ils font la cuistance à leur idée, c’est des gars qui se soignent. Et puis, tu ne fais pas les attaques… J’ai demandé à y passer, mais ça n’a rien rendu. Et remarque que j’en sais peut-être plus long que les autres sur le business, attendu que mon frangin a travaillé dans la partie… Mais sans piston, au régiment, t’arrives jamais à rien…

Il se tait un moment, et remue les épaules d’un mouvement circulaire, pour faire tenir ses poux tranquilles. Il réfléchit.

— T’as fait la retraite ? me demande-t-il.

— Non.

— Ah… C’est curieux ce qu’on a pu changer, depuis… Tiens moi, au début, c’était avant Guise, comme j’étais une nuit en sentinelle devant un petit bois, je vois un gars à cheval qui se radinait de mon côté. Je me dis « c’est un uhlan », parce qu’à ce moment-là, on se figurait que chez les Boches, ils étaient tous uhlans. Alors, j’arme mon flingue, et je crie « halte-là ! » L’autre n’arrête pas… Moi, je continue, comme aux manœuvres « Halte-là !… Halte-là, ou je fais feu… » Eh bien ! mon vieux, je n’osais pas tirer. Ça me faisait quelque chose de tuer un homme, même un Fritz, ça me faisait peur…

— Alors, il s’est sauvé ? — Mais non, attends… Il avançait toujours, hein, pendant que je continuais à gueuler : « Je fais feu ! » Alors, voilà que le gars que je ne voyais toujours pas à cause qu’il faisait noir, il se met à dire, pas plus bileux que toi :

— C’est malheureux des c… pareils, ça vous tuerait un homme comme une m… tant ça a la framboise…

« Alors, là, j’ai compris que c’était un Français… C’était un artilleur qui cherchait sa batterie. On s’est engueulés et puis il m’a refilé un paquet de trèfle. C’est ça, la guerre… »

Muet, il reprend sa méditation. Chacun de nous rêve de son côté, on feuillette ses souvenirs, passant les mauvais jours, on bâtit l’avenir, pas bien solide, comme un château de cartes… Soudain, un soupir plus profond lui racle la gorge : tiens, le copain s’endort… Mais son propre ronflement l’a réveillé. Il se secoue.

— Ce que c’est long, une nuit….

Boudiné dans son harnachement d’explorateur polaire, sa peau de mouton serrée par le ceinturon et les bretelles, il se tortille les bras pour fouiller dans ses poches.

— T’as du feu ? me demande-t-il.

— Tu sais, tu ne devrais pas fumer. Si le lieutenant passait…

— T’en fais pas pour lui. Il en écrase dans son gourbi. Et puis, c’est une pipe, on ne peut pas voir … Il s’agenouille, cache la flamme sautillante du briquet dans le creux de sa main et il allume, à petites goulées. Puis, de la même voix étouffée, il reprend son histoire.

— La guerre, c’est de ne pas se rendre compte, de ne jamais savoir si c’est un paquet recommandé qui va t’arriver ou une torpille sur le coin de la gueule… Tiens, moi, c’est une fois que je croyais ramasser trente jours de grosse que j’ai dégoté le plus bath filon de tout… C’est pendant que j’étais au dépôt, avant de retourner au rif.

« Je venais de me couler trois mois d’hôpital, après ma blessure, parce que j’avais eu un commencement de méningite cérébro-spinale. Une veine, quoi… Alors, un matin, comme on buvait le coup à la cantine, il y a le fourrier qui vient nous dire qu’il est arrivé une note au burlingue et que les gars qu’ont assez d’instruction, même s’ils ne sont pas gradés, ils peuvent demander à suivre les cours d’officiers.

— C’est une affaire, que je dis. Je vas me faire inscrire.

« Je disais ça pour rigoler, hein, mais les autres ils se mettent à se foutre de moi, alors je leur dis que, sans en avoir l’air, j’en sais plus que des juteux qui ont passé lieutenant, que j’ai mon certificat d’études et que je pourrais bien demander si je voulais.

— Chiche ! qu’ils me disent.

— Chiche ! que je réponds. Je parie une tournée…

« Et je bagotte tout de suite au bureau. J’étais déjà dégonflé, hein, mais tout de suite, j’annonce la couleur : — Mon capitaine, je demande à passer officier…

« Mon vieux, il m’a regardé comme si j’avais été changé en nègre. Je te jure que je ne crânais pas…

— Ah ! oui, qu’il me dit, c’est vous qui sortez de l’hôpital.

« Et il se met à me poser des questions, sans se fâcher. J’en étais comme du flan. Comme de bien entendu, je ne lui réponds que des co… Alors, il me dit que je peux m’en aller, qu’il verra.

« Le lendemain, au réveil, le sergent de jour m’appelle :

— Despré, à la contre-visite… »

— Comment ça ? que je lui dis, je suis pas malade, il y a erreur sur le matricule.

— T’en fais pas, qu’il me répond, viens toujours.

« Et dans le couloir, en douce, il me montre le cahier. Le capitaine avait noté à côté de mon nom : « Cet homme, qui vient d’être traité pour la méningite cérébro-spinale paraît atteint de la folie des grandeurs. Prière de bien vouloir l’examiner attentivement.

« Tu parles d’une gueule que je faisais. Je me voyais déjà passer au falot… Eh bien, pas du tout. Le major m’a fait causer, il m’a regardé, il m’a tapé sur les genoux, et après, mon vieux, il m’a porté exempt de tout service pendant un mois avec, comme observation : « À ne pas contrarier. » Comme je te le dis, tu sais : à ne pas contrarier… Alors, tu penses si je me la suis coulée douce. Je pouvais sortir à l’heure que je voulais, personne ne me disait rien à la grille, j’aurais pissé au milieu du poste qu’ils ne m’auraient pas demandé de l’essuyer. Seulement, moi, au lieu de ne pas l’ouvrir, j’ai débiné le truc pour crâner, et quand je suis retourné à la visite au bout d’un mois le major m’a dit :

— Ah ! vous ne demandez plus à passer officier, maintenant… Eh bien, apte !

« On m’a inscrit en tête de liste et le lundi d’après je partais en renfort. Ce qui prouve que quand t’as un filon, il vaut mieux la boucler et te tenir peinard, sans ça, les copains sont jaloux et tu finis toujours par te faire débusquer.

« Moi, si j’avais mon coup à refaire, je me relèverais la nuit en gueulant, je me baladerais à poil dans la cour du quartier, j’embrasserais les poules dans la rue, et je te jure que pour en trouver un plus piqué que moi, ça serait toujours midi sonné… »

Il se tait, tout à ses vains regrets, et il soupire :

— Trop tard…

Dans les lignes allemandes, on entend nettement un roulement de camions sur une route. Puis, tout près, dans le bois, des tintements d’outils, comme une relève…

Un rossignol s’est mis à chanter éperdument. Silencieux, le bois l’écoute…

Les étoiles commencent à fondre, dans le ciel qui s’éclaire. On dirait que la nuit est d’un bleu moins sombre.

Un geai lance son cri hargneux, puis ce sont les merles qui s’éveillent, les pinsons, et voici que la forêt est pleine de chants d’oiseaux. Est-ce encore la nuit ? C’est toujours le mystère…

Un brouillard léger flotte sur les taillis et étend sur la clairière comme un mouvant drap blanc. Un coup de feu qui claque ne trouble ni la joie des oiseaux, ni l’eau pure du ciel. On entend longtemps la balle : c’est le son prolongé d’une corde qu’on pince, pour accorder…

Là-bas, entre les branches, le ciel est maintenant d’un rose de jeune chair ; les arbres sortent de l’ombre, l’herbe recouvre sa couleur.

Tiens, mais c’est le jour !