Le Chemin des ombres heureuses/Tlépolème

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Édition du Mercure de France (p. 94-95).

TLÉPOLÈME


Tous les grains sont pareils qu’un semeur distribue
à l’appétit vorace des sillons ;
tous dans leurs flancs gonflés portent la volonté
d’enrichir les moissons futures,
mais beaucoup sont déçus quand arrive l’été.
Des germes ont été féconds
et d’autres sont restés stériles.
Ici de maigres herbes et là de hautes tiges ;
ici en plein soleil des épis d’or mûrissent,
plus loin d’autres pâlissent au revers du fossé ;
il en fut d’étouffés dans l’ardente mêlée,
il en est de vainqueurs dont la tête domine.

Parmi l’humanité j’étais un de ces grains ;
qu’importe quel je fus s’il y a eu du pain.