Le Combat spirituel (Brignon)/57

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Traduction par Jean Brignon.
(p. 279-281).


CHAPITRE LVII.
Des actions de graces qu’on doit rendre à Dieu.

PUisque tout le bien que nous possédons, que nous faisons, est à Dieu & vient de Dieu, il est juste que nous lui rendions de continuelles actions de graces pour toutes les bonnes œuvres que nous pratiquons, pour toutes les victoires que nous remportons sur nous-mêmes, pour tous les bienfaits, soit généraux, soit particuliers que nous recevons de sa main. Afin donc de nous acquitter comme il faut de ce devoir, considérons avant toutes choses, quelle est la fin pour laquelle Dieu répand avec tant de libéralité ses bénédictions sur nous. On reconnoîtra par-là de quelle maniere il veut que nous lui marquions le ressentiment que nous en avons.

Comme sa fin principale dans tout le bien qu’il nous a fait, est d’avancer sa gloire, & de nous attirer à son service, chacun doit faire d’abord cette réflexion en lui-même : O que ce bien fait de mon Dieu m’est une preuve manifeste de la puissance, de sa sagesse & de sa bonté infinie ! puis considérant que de lui-même il n’a rien qui mérite un tel bienfait ; & qu’au contraire, son ingratitude l’en rend tout-à-fait indigne, il dira avec beaucoup d’humilité : comment daignez-vous, Seigneur, jetter les yeux sur la plus vile de vos créatures ? Par quel excès de bonté pouvez-vous combler de grace un si misérable pecheur ? Que votre saint Nom soit béni dans tous les siécles des siécles ! enfin voyant que pour tant de bienfaits ou ne lui demande autre chose, sinon qu’il aime & qu’il serve son bienfaiteur, il concevra de grands sentimens d’amour pour un Dieu si bon, & de grands desirs de faire en tout sa divine volonté. Il finira par s’offrir tout entier à lui, de la maniere que nous allons dire.