Le Commerce de coton depuis la pose de cable/Préface

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PRÉFACE.

« Nothing but truth. »


Les chapitres qu’on va lire ont paru dans le Journal de Gand, les 17 avril, 2, 21 mai et 3 juin 1870, au moment même où la spéculation, faisant jouer tous ses ressorts, voulait forcer la position déjà faussée de l’article, et en amener une hausse artificielle en contradiction directe avec le rendement des récoltes, avec l’excédant des importations américaines, avec l’état réel de la consommation. C’est sur la demande de ses amis que l’auteur s’est décidé à réunir, en forme de brochure, le résultat de ses recherches, appuyées de quelques pièces justificatives.

En stigmatisant les manœuvres de l’agiotage qui, désespéré d’une résistance logique, était allé jusqu’à former un syndicat à Liverpool pour pousser les prix ; en dévoilant les mystères du vendeur à découvert, ses fraudes sur le classement et ses avantages à l’arbitrage ; en prémunissant la filature contre les embûches et les surprises de tout genre qui lui sont dressées ou réservées, l’auteur ose se flatter d’avoir contribué pour sa part à l’avortement de l’élan factice que les haussiers à outrance avaient essayé d’imprimer aux marchés cotonniers en avril et mai derniers. Il y a été aussi fortement engagé par un sentiment d’humanité : car renchérir outre mesure les prix d’une matière qui est la source de travail et d’habillement pour la classe ouvrière, c’est lui porter les plus rudes coups dans un intérêt sordide et peu chrétien.

Les statistiques que contient l’opuscule n’ont plus un intérêt d’actualité ; mais, comparées aux époques, à l’origine de la baisse survenue, elles serviront toujours à prouver que le compilateur ne s’est point trompé dans leurs appréciations. Quant à ses arguments, ils resteront debout jusqu’à ce que la filature, bien conseillée, aura fait bonne justice de tout ce monde de tripoteurs plus ou moins solvables, qui l’agite sans cesse, qui lui cause de sérieux préjudices en corrompant l’âme, en détruisant la confiance, en jetant le mépris sur le commerce.


Bruxelles, 30 juin 1870.