Le Correcteur typographe (Brossard)/volume 2/17/02

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Imprimerie de Chatelaudren (2p. 483-508).


II

EXPRESSION DES NOMBRES EN CHIFFRES ARABES


§1. — GÉNÉRALITÉS


23. Des controverses nombreuses se sont élevées, à maintes reprises, sur la question des nombres à composer en chiffres ou en lettres ; des divergences profondes se manifestent à ce sujet entre littérateurs et auteurs typographiques, comme entre savants et correcteurs ou compositeurs typographes.

Certaines de ces différences d’appréciation ne sauraient étonner : la volonté des auteurs, suprema lex, devant laquelle tout doit plier, a fait trop souvent adopter, dans une même Maison, des marches différentes dont le moindre défaut était l’absence de toute logique et de toute régularité.

Mais il est d’autres divergences, à propos desquelles, toutefois, il est difficile de ne pas manifester un désappointement profond : celles qui existent entre les divers manuels typographiques.

La solution de la question des Nombres est d’ailleurs apparue à plusieurs si difficultueuse qu’ils n’ont pas hésité à presque la passer sous silence.

Voici, à titre d’exemple, avec quelle habileté un de nos auteurs techniques, dans son Traité de la Typographie[1], s’est tiré du mauvais pas, plutôt de l’imbroglio, que lui semblait présenter l’étude de la composition des nombres.
---- « Les nombres peuvent ou figurer en chiffres ou s’exprimer en toutes lettres. Il est certains cas dans lesquels l’usage décide en faveur de l’une ou de l’autre de ces deux méthodes ; mais souvent aussi le choix en est arbitraire et n’a pour guide que le sentiment de la convenance locale : il nous semble donc impossible de poser sur ce point des règles immuables. Nous nous bornerons à dire, moins à titre de principe que comme résultat de l’observation et du raisonnement, que, dans un texte, toutes les fois qu’un nombre a une valeur plutôt vague et approximative que fixe et déterminée, il est plus convenable de l’exprimer en lettres. Dans le cas opposé, et dans certains ouvrages techniques où les nombres reviennent souvent, où ils ont une importance considérable, et où il y a lieu de les comparer, notamment dans les travaux de statistique, il est nécessaire d’employer les chiffres, qui rendent le nombre plus apparent et plus facile à saisir. » Ces considérations, il faut en convenir, ont, elles aussi, « une valeur plutôt vague et approximative que fixe et déterminée ». L’apprenti, désireux de solutionner une difficulté, concevra difficilement, à la lumière de ces explications, les cas « dans lesquels l’usage décide en faveur de l’une », plutôt qu’en faveur de l’autre des méthodes ; alors qu’il espère fortifier sa conviction par l’appui d’une règle non point immuable, mais tout au moins raisonnée, il ne trouve pour guide que « le sentiment de la convenance locale » et, parfois, l’arbitraire. C’est bien peu, et surtout c’est… beaucoup trop.

24. Quelques principes, cependant, existent que l’on peut énumérer ; de leur étude découlera pour le correcteur des indications précises, à l’aide desquelles il lui sera aisé de jeter un peu de lumière sur les points les plus obscurs.

Pour la composition des nombres et des termes qui les déterminent, le typographe doit considérer la nature du travail ; il peut distinguer trois groupes principaux :

1° Labeurs ou travaux de luxe : de manière générale, tous les nombres — à de rares exceptions près, telles celle des dates — doivent être composés en lettres ;

Travaux ordinaires, littéraires ou administratifs, n’ayant pas un caractère nettement scientifique : les nombres figurant dans le texte sont soumis, quant à la manière de les exprimer, à des règles diverses que nous énumérerons : certaines prescriptions doivent être observées pour les chiffres figurant dans les tableaux et les opérations ;

Travaux scientifiques (mathématiques, algèbre, etc.) : les nombres doivent, en principe, être exprimés en chiffres.


§2. — Chiffres arabes


On exprime en chiffres arabes :

25. Les nombres des mesures métriques : longueur, distance, surface, volume, capacité, poids (masses), etc. :

De la mer à la frontière suisse, le front s’étendait sur plus de 800 kilomètres, dont 25 tenus par les Belges, 50 par les Anglais et 725 par nos armées.
---- Il lance à 6.000 mètres un projectile de 43 kilogrammes, chargé de 13 kilogrammes de mélinite.
---- Le 15 octobre, le croiseur anglais, de 7.500 tonnes, est aussi atteint au large des côtes d’Écosse.

26. Les nombres des quantités physiques, chimiques ou électriques : atomes, parties, équivalents, ampères, volts, molécules, bougies, watts, joule, poncelet, lumen, coulomb, ohm, farad, cheval-vapeur, etc. :

On dit aussi quelquefois « cheval dynamique » pour « cheval-vapeur » : une machine de 400 CV.

27. Les degrés, minutes, secondes de latitude et de longitude ; les grades astronomiques ; les degrés de température, les degrés de densité (degrés Baume) :

L’acide benzoïque est blanc, cristallisé en longues aiguilles nacrées fondant à 121° ; il se sublime à 145° et, bout à 249°.
---- Le Mexique est situé entre et de longi-tude O. (méridien de Paris), et de latitude N.

a) Dans l’expression des degrés de longitude et de latitude ainsi que des grades astronomiques, pour séparer les degrés des minutes et celles-ci des secondes, on utilise l’espace moyenne. La virgule est exclusivement réservée, aux fractions qui pourraient suivre les secondes :

,----------.

b) Si la lettre abréviative du point cardinal précède ou suit immédiatement l’expression, numérale, elle doit, n’être séparée de celle-ci que par une espace moyenne :

Le Mexique est situé entre longitude O. et (méridien de Paris) ; latitude N. et .

Les mots longitude et latitude sont parfois abrégés long., et, lat., en romain ou en italique, suivant le genre du caractère utilisé.

c) Les fractions de degrés de longitude et de latitude exprimées en minutes et secondes, les fractions de grades astronomiques ont une valeur stricte et non point décimale. Il suit de là qu’en écrivant :

et


on commet une erreur ; l’expression est correcte avec :

et .

d) Lorsque les degrés de température comportent des fractions, la virgule est toujours employée après l’abréviation du mot degré (°) :

Au cours de l’hiver la température a oscillé de — 2°,5 à 8°,15.

Les abréviations des différents modes de mesures de chaleur sont les suivantes :

Farenheit 
 F.
 
Réaumur 
 R.
Centigrade 
 C.


celles des modes de mesures des densités :

Farenheit 
 F.
 
Baumé 
 B.


l’abréviation du système « Gay-Lussac » se rencontre rarement.
---- Ces lettres sont toujours placées après l’expression numérale, même lorsque celle-ci comporte des décimales ; elles sont séparées des chiffres par une espace moyenne, au plus :

Au cours de septembre 1914, la température atteignit jusqu’à 30° C.
---- Vous devez savoir que 6° F. valent 15°,5 C.

28. Les numéros de rues :

Sur la plainte du sieur Baguet, demeurant rue de Lariche, n° 25, procès-verbal a été dressé contre Mme Guêtre, rue de la Grosse-Tour, n° 35.

29. Les énumérations, les chiffres de statistique, les dénombrements :

Chaque équipe comprend 4 à 5 hommes, par four ; pour les 48 fours chauffés simultanément nous voyons travailler 250 boulangers.
---- Pour habiller 100.000 hommes, il faut tondre 57.000 moutons produisant 380.000 kilogrammes de laine, quantité nécessaire pour fabriquer 100.000 pantalons, 100.000 capotes.
---- Les clous, à raison de 140 par paire, en moyenne, représentent un chiffre approximatif de 560 millions de clous, le poids de 509 canons de 75 ou la charge de 56 wagons.
---- À la bataille de Liège, les Allemands disposaient de 120.000 hommes, alors que les Belges étaient à peine 40.000 ; cependant les pertes allemandes atteignirent le chiffre de 42.000 hommes hors de combat.
---- La sanglante mais glorieuse bataille de la Marne mettait aux prises 900.000 Allemands, 700.000 Français et Anglais ; 150.000 Allemands furent mis hors de combat.
---- À Dixmude, 9.000 fusiliers marins résistèrent énergiquement aux 45.000 soldats germains lancés contre eux.
---- Les marines de guerre des alliés comprennent 151 cuirassés de combat, 21 croiseurs de combat, 71 croiseurs auxiliaires, 133 croiseurs et éclaireurs, 542 contre-torpilleurs, sans parler des nombreux sous-marins.

Certains compositeurs discernent difficilement ce que l’on entend par ce genre de travaux. Ce qui caractérise les statistiques, c’est le groupement, la répétition d’une quantité plus ou moins élevée de nombres relatifs à un objet commun et entre lesquels on établit une comparaison en vue d’un résultat, d’un but, d’une preuve.

D’après L. Chollet[2], dans les ouvrages de pure imagination, dialogués ou non, les nombres isolés se mettront en toutes lettres ; mais, si « les nombres y figurent à titre de dates, de degrés, de statistique ou de dénombrement quelconque, on se servira de chiffres arabes comme dans les ouvrages scientifiques ».

Tassis, Th. Lefevre et, avec eux, E. Leclerc, E. Desormes, V. Breton recommandent de manière générale, pour les dénombrements, l’effectif d’une armée, la composition en lettres.
---- Tassis donne ces exemples :

On comptait à bord de ce bâtiment quatre officiers, vingt-deux marins, trois mousses, un aumônier et huit cents passagers militaires, destinés à l’armée d’Orient…
---- L’armée se composait de trente mille hommes dont environ le quart de cavalerie.


Th. Lefevre, celui-ci :

L’effectif de l’armée se composait de quarante mille hommes, dont vingt-cinq mille fantassins, dix mille cavaliers et cinq mille artilleurs…


Desormes, cet autre :

L’armée du traître Bazaine comptait cent quarante mille hommes…


et Breton le suivant :

On comptait à bord dix-huit officiers, quatre-vingt-douze marins, vingt-deux mousses, huit cent quatre-vingt-quatre passagers militaires.

Mais tout aussitôt Breton ajoute : « Il est fait exception à cette règle pour les ouvrages de statistique, où la grande quantité de dénombrements prendrait trop de place et nuirait à la rapidité et à la clarté de la lecture. »
---- À l’exemple de V. Breton, les auteurs cités font à la règle qu’ils ont posée les réserves suivantes :
---- Desormes : « … On ne met les nombres en chiffres que quand ils présentent la forme d’une statistique »…
---- Leclerc : « … Se mettent en chiffres les nombres d’une statistique, les énumérations »…
---- Th. Lefevre : « Dans certains ouvrages spéciaux, statistiques ou autres, où les nombres sont fréquents, il est bon, au contraire, de les mettre en chiffres, parce qu’ils sont plus facilement comparables. »
---- À examiner de près les termes de cette rédaction, à comparer les exemples qui précèdent de Tassis, de Th. Lefevre et des autres, il semble bien que, de nos jours, l’exception est devenue la règle, et inversement la règle s’est faite exception.
---- Les exemples de Tassis, de Th. Lefevre et de V. Breton paraissent, d’ailleurs, avoir été plutôt mal choisis pour les besoins de la cause : tous affectent passablement des allures de statistique, c’est-à-dire de « nombres relatifs à un objet commun, groupes en vue d’un but, d’une comparaison ».
---- Ainsi composé en lettres, l’exemple de Th. Lefevre — bien qu’il comprenne intentionnellement sans doute exclusivement des nombres ronds — est, en outre, de lecture peu aisée, comme le reconnaît V. Breton ; les quantités sont difficilement comparables entre elles. Les chiffres auraient bien plus vivement frappé l’œil du lecteur et occupé son esprit :

L’effectif de l’armée se composait de 40.000 hommes, dont 25.000 fantassins, 10.000 cavaliers et 5.000 artilleurs…

La nécessité de composer en chiffres se serait imposée d’elle-même à Th. Lefcvro, il faut le croire, si les nombres, même, disséminés dans le texte, avaient compris quelques unités de plus :

L’effectif de l’armée se composait de 40.525 hommes, dont 25.250 fantassins, 10.125 cavaliers et 5.150 artilleurs…

D’ailleurs, Th. Lefevre lui-même, à l’instar de nos auteurs actuels, varie quelque peu d’opinion sur ce sujet. L’exemple cité ici est emprunté à la fin du paragraphe 90 (p. 50) du Guide pratique du Compositeur. Or, à la page suivante (p. 51), l’exemple du paragraphe 97 est ainsi, composé :

Quarante mille hommes, dont 35.000 fantassins, 4.000 cavaliers de toutes armes et 1.000 artilleurs, furent aussitôt dirigés…

Les deux cas nous paraissent analogues ; tout au moins, la rédaction des deux exemples a une ressemblance que l’on ne saurait nier ; un peu encore, et les termes eussent été les mêmes.

On pourrait encore s’étonner de rencontrer dans Tassis cette règle :
---- « Mettre en chiffres : … 3o les dates, la population : … » ;
---- Puis, plus loin :
---- « Mettre en toutes lettres : les dénombrements… ».
---- Il y a bien quelque similitude, quelque équivalence, entre ces deux expressions : « indiquer la population, dénombrer la population d’un pays ».
---- Dès lors, pourquoi composer ici en chiffres, et là en lettres ?
---- La vérité est que l’application stricte, rigoureuse, d’un principe érigé en loi se heurte trop souvent à de multiples difficultés. La régularité de composition est une règle qui doit souffrir le moins d’exceptions possible ; l’esthétique, le bon goût, le coup d’œil en sont une autre dont on ne saurait se départir sans préjudice pour la forme du livre ; enfin, les contingences, c’est-à-dire le genre de travail, le milieu, si l’on veut, où vit la phrase, l’expression, posent des conditions, obligent à des modifications dont parfois le moins qu’on puisse dire est qu’elles n’ont qu’un vague rapport avec le principe primitivement admis.

À l’appui de ces observations on peut citer l’exemple suivant :

Il y avait là un archevêque, neuf évêques et deux abbés mitrés, en tout douze prélats.

L’énumération, certes, est caractéristique ; cependant il ne faudrait pas hésiter, si elle est isolée dans un texte, à conserver en lettres les nombres qu’elle contient : la lisibilité de la phrase ne gagnerait rien ou presque rien à l’emploi des chiffres ; le bon goût, l’esthétique, le coup d’œil perdraient davantage, en raison du « peu de longueur des mots ».
---- Il en serait tout autrement avec la phrase suivante, dans laquelle les chiffres qui ne sont ni des mots courts ni des nombres ronds, perdraient singulièrement de leur facilité de lecture à être exprimés en lettres :

La société, qui compte à peine dix années d’existence, compte déjà parmi ses membres 2.376 hommes, 1.991 femmes et 777 enfants, en tout 5.147 personnes.

De ces réflexions on doit conclure : « On peut mettre en lettres les effectifs d’armées, les dénombrements, disséminés dans le cours d’un ouvrage, si ces effectifs, de manière générale, comprennent des nombres ronds n’ayant, aucun terme de comparaison avec d’autres nombres de même nature. »

Cette exception n’est plus applicable lorsque la phrase indique une répartition par arme de l’effectif d’un corps de troupe, par profession du chiffre d’une population, etc., formant par là en quelque sorte une énumération ; il y a lieu alors d’écrire ces nombres en chiffres suivant la règle.

30. Les dates, les millésimes :

La bataille de la Marne débuta réellement le 6 septembre 1914, jour d’offensive générale ; elle se termina le 11 septembre par la retraite de l’ennemi sur toute la ligne.

Entre les tranches de trois chiffres les millésimes ne prennent ni point ni virgule, et ils se groupent sans aucune espace :

M. Deschanel a été élu président de la République le 17 janvier 1920.
---- Le 2 août 1914, la mobilisation de l’armée française…

31. Les sommes :

La journée du Petit Drapeau belge produit 3.309.000 francs ; le Dimanche du 75 (7 février 1915) rapporte 3.500.000 francs.
---- Du 1er août, au 3 décembre 1914, nos importations ont atteint 1.385.274.000 francs, contre 3.510.432.000, pour la période correspondante de 1913.
---- Les sommes allouées aux familles des mobilisés sont de 1 fr. 25 pour la femme et de 0 fr. 50 pour chaque enfant, vivant au-dessous de seize ans.
---- Le prix du bœuf, première qualité, était, en février 1915, de 2 fr. 12 ; celui du mouton, de 3 fr. 16 ; celui du veau, 2 fr, 96.

a) Comme les autres termes du système métrique, le mot francs est composé au long, lorsque le chiffre qu’il accompagne n’est pas fractionnaire, autrement dit ne comporte pas de centimes :

25 francs,xxxxxxxxxx350 francs.

Le mot franc s’abrège fr., lorsque le nombre qu’il dénomme comprend des décimales :

25 fr. 50,xxxxxxxxxx350 fr. 75.

Presque toutes les imprimeries emploient, pour cette abréviation, les lettres bas de casse ; très peu font usage, et encore dans des cas exceptionnels (par exemple les indications d’opérations à effectuer ou les colonnes de tableaux), des supérieures.

Exceptionnellement, dans les travaux où le mot francs se trouve fréquemment répété, quelques auteurs estiment qu’il est loisible d’employer l’abréviation fr., « même quand le nombre de francs ne contient pas de fractions » :

25 fr.,xxxxxxxxxx5 fr.,xxxxxxxxxx10 fr.,xxxxxxxxxx15 fr. ;


cette dérogation, qui n’est qu’un pis-aller, ne saurait être tolérée dans les ouvrages soignés, pour lesquels la marche typographique doit être rigoureusement classique.

L’abréviation fr. après un nombre entier ne peut en effet être admise dans un texte courant ; de manière générale, on ne l’utilise d’ailleurs que dans le cas où l’expression numérale, se trouvant d’abord écrite en toutes lettres dans la phrase, est répétée immédiatement après en chiffres et entre parenthèses :

… sur la mise à prix de deux cent cinquante francs (250 fr.) le mètre carré…

Le mode d’abréviation en supérieures du terme francs n’est pas d’ailleurs très régulier ; certaines Maisons conservent — et cela, à notre avis, devrait être une obligation — à ce mot, dans tous les cas, son abréviation normale : fr. ; d’autres, sans raison plausible, emploient indifféremment, et aussi en même temps — et c’est une faute — f. ou fr. :

25 f. 50xxxxxet aussixxxxx25 f, 50xxxxxouxxxxx25 fr. 50.

b) Des deux termes des sous-multiples du franc, l’un, les décimes. n’est jamais exprimé en abrégé, l’emploi de ce mot à la suite d’une somme n’ayant généralement lieu que dans des cahiers des charges ou dans des pièces de procédure et d’enregistrement où tous les termes, quels qu’ils soient, sont exprimés au long :

Et de ce, je lui ai laissé copie, dont les frais évalués en principal et intérêts s’élèvent à la somme de vingt-cinq francs cinquante centimes (25 fr. 50) décimes compris.

c) L’autre sous-multiple du franc, le centime, s’abrège : c. — À vrai dire, cette abréviation n’est que très rarement employée, sauf dans les tableaux et les alignements[3].
---- Lorsqu’une somme comprend, des fractions de franc, il est en effet d’usage d’écrire, par exemple :

l fr. 25,-----2 fr.75,-----5 fr. 80,


et non pas :

l fr. 25 c,-----2 fr. 75 c,-----5 fr. 80 c.

Si la somme est isolée et ne contient aucune unité, mais seulement des fractions, on écrit indifféremment, mais uniformément :

0 fr. 75----------ou----------75 centimes,
0 fr. 30----------ou----------30 centimes.

Quand ces mêmes expressions se rencontrent avec d’autres comprenant des fractions, ou dont les sommes sont énumérées en partant de l’unité, il est nécessaire de régulariser en écrivant :

4 fr. 50,----------0 fr.75,


et non :

4 fr. 30,----------75 centimes.

Th. Lefevre, pour le mot centimes, donne les deux abréviations : c. et cent.
----  E. Leclerc indique également ces deux abréviations ; mais, sans raison plausible, pensons-nous, il les propose aussi comme abréviations du mot centimètre (en concurrence avec centim. et c/m).
---- Daupeley-Gouverneur, pour le mot centimètre, indique l’abréviation c. avec cette observation (qui est la contradiction de l’opinion des deux auteurs précédents) : « cent. étant l’abréviation de centimètre ».

d) Dans les tableaux les règles suivantes sont, de manière générale, fréquemment usitées, pour l’emploi des mots francs et centimes ou leurs abréviations :

Lorsque le nombre est entier, le mot francs se place en toutes lettres au dessus et au milieu de la somme ;

Si le nombre comporte des décimales : 1° l’abréviation fr. se compose au dessus des chiffres et s’aligne avec les unités ; l’abréviation c. (centimes), quand elle est exprimée (très fréquemment l’abréviation n’existe pas), s’aligne avec le chiffre occupant le rang des centimes ; — 2° l’abréviation fr. (alors généralement en supérieures) est mise dans l’expression numérale et suivie de la virgule ; l’abréviation c. est collée aux chiffres exprimant les centimes :

TRAVAUX
effectués en 1898
DÉTAIL
{{sc|par article}
DÉTAIL
par article
francs 0.0fr.  c.   
3.150.000 3.450,75 340fr,75c
1.545.000 0.317,45 025fr,05 
0.350.000 8.575,63 250fr,15 

Exprimés, au long ou abrégés, les mots francs et centimes se détachent des chiffres par un blanc de 3 points au moins.

Dans le dernier exemple, troisième colonne, l’abréviation fr. se trouvant exprimée seulement à la première ligne, la virgule n’est généralement pas répétée aux lignes suivantes : un blanc convenable (1 cadratin dans le cas actuel) destiné à conserver l’alignement remplace abréviation et ponctuation. — Cette dernière disposition n’est pas, au reste, recommandable dans le cas d’une dénomination abréviative un peu longue.

La disposition de la deuxième colonne est certes préférable ; elle est fréquemment employée ; nombre d’imprimeries, et parmi elles l’Imprimerie Nationale, suppriment à partir de la deuxième expression la virgule qu’elles remplacent par un blanc.

e) Dans les alignements, les opérations ou calculs, une autre disposition est encore, d’un fréquent usage :

Le mot franc — et, le cas échéant, tout autre terme du système métrique — est composé au long à la suite du nombre entier dans la première ligne ; aux lignes suivantes, le mot est remplacé par un tiret justifié au milieu du terme, qui est répété sous le filet dans la ligne Total ou À reporter :

Blé 
 75.000.000 francs
Seigle 
 02.500.0000I00
Orge 
 01.850.0000I00
Avoine 
 05.775.0000I00
 

  
Total 
 85.125.000 francs

L’opération, renfoncée, à droite et à gauche, d’un nombre égal de cadratin, se compose en caractère de corps inférieur à celui du texte.
---- Une double opération se présente parfois au cours d’un alignement : plus exactement, l’un des nombres indiqués est lui-même le résultat d’une opération ; la désignation de l’expression numérale est alors, pour la première ligne, presque toujours abrégée, en bas de casse si elle précède le nombre, en bas de casse ou en supérieures si elle le suit ; aux lignes suivantes, elle est remplacée par un blanc, si elle est placée avant le nombre, ou par un tiret, si elle vient après celui-ci :

Entretien des bâtiments 
 15.000 francs
Entrien desdocks flottants 
 06.500fr cs
Salaires divers :
 
SalairÉclusier 
 1.400 fr.--------------
SalairPontonnier 
 800 — 002.200fr cs
Assurances 
 0.780fr cs
 

  
Total 
 24.480 francs

Maintes autres dispositions sont encore d’usage courant, au sujet desquelles les auteurs diffèrent fréquemment d’avis. Nous nous abstiendrons de plus longs commentaires sur cette question qui, au surplus, serait à traiter complètement au chapitre Alignements.

32. a) Les termes des anciennes monnaies françaises : livres, sols, deniers, suivent, de manière générale, les mêmes règles de composition que le mot francs :

5 livres,-----4 sols,-----5 deniers ;


si l’expression est fractionnaire, 5 livres 4 sols 5 deniers devront typographiquement s’écrire de la manière suivante :

5 l. 4 s. 5 d. ;


ces quantités ne peuvent être coupées d’une ligne à la suivante.

Certaines Maisons remplacent les abréviations l., s., d., par les signes anciens représentatifs des termes[4].

L’espace à employer entre chaque terme est l’espace moyenne ; entre le chiffre et le signe, l’espace fine.

b) Les termes des monnaies étrangères sont soumis aux règles qui viennent d’être énoncées ; pour les quantités fractionnaires, on emploie fréquemment, comme pour nos monnaies anciennes, les signes représentatifs, tels ceux de la livre sterling, du dollar, du milreis portugais, etc. ; on les place tantôt avant, tantôt après l’expression numérale, dont ils sont séparés par une espace moyenne[4].

33. a) Les âges, les heures, les jours, les mois, au cas où il s’agit de statistiques et d’indications de dates, de moments de la journée pour l’exécution d’une action :

Le 31 juillet 1914, à 2 heures de l’après-midi, les Allemands cessèrent d’envoyer les trains vers la France, et à 3 heures ils coupèrent les voies et le télégraphe.
---- Les Allemands n’avaient pas attendu leur déclaration de guerre du 3 août à 6 heures du soir pour nous attaquer.

C’est ainsi que le général Washington écrivait à l’a même date :

New-York, 3 heures soir.

« Je ne crois pas que… »

b) Aucune règle générale typographique bien précise ne semble établie pour l’emploi obligatoire de l’abréviation du mot heure, h, lorsque le nombre indiqué comporte une fraction :
---- Certaines Maisons négligent l’abréviation et expriment au long les mots heure, minute et, le cas échéant, seconde :

Le début de l’éclipse fut dès lors et officiellement constaté à 3 heures 22 minutes 15 secondes.

D’autres, au contraire — et leur marche paraît plus rationnelle — emploient les symboles officiels :

Heure 
 h.---
Minute 
 m.[5]
Seconde 
 s.---

tantôt en lettres de la casse accompagnées d’un point :
La fin de l’éclipsé solaire est indiquée à 4 h. 15 m. 18 s.


tantôt en supérieures, sans ponctuation :

La fin de l’éclipsé solaire est indiquée à 4 h 15m 18s.

Les supérieures sont collées au chiffre qui les précède ; une espace fine, ou de 1 point et demi au plus, les sépare du chiffre qui les suit immédiatement.

c) La fraction horaire exprimée en minutes doit nécessairement figurer en chiffres, si les unités sont elles-mêmes composées en chiffres :

2 h. 30,--------3 h. 45,--------9 h. 15,


et non :

2 heures trente minutes.

Les fractions horaires exprimées en minutes ont une valeur stricte et non point décimale. Ainsi l’expression :

4 h. 5


signifie simplement, on le sait, quatre heures cinq minutes, et non point quatre heures cinquante minutes. Il suit de là qu’en écrivant :

4 h. 05


on commettrait une erreur.
---- On dit, et on écrit aussi, indifféremment :

2 h. 1/2--------ou--------2 h. 30,
3 h. 1/4--------ou--------3 h. 15,
4 h. 3/4--------ou--------4 h. 45.

Des divergences nombreuses se produisent dans la manière de composer, dans le cas qui précède, les fractions accompagnant l’indication de l’heure. Certains correcteurs écrivent :

2 heures et demie,--------3 heures trois quarts ;


d’autres exigent :

2 h. 1/2,--------3 h. 3/4,--------9 h. 1/4.

S’il s’agit d’une énumération d’heure ou d’un horaire, il est hors de doute que l’emploi des chiffres s’impose :

2 h. l/2,--------3 h. 3/4,--------9 h. l/4 ;
dans ce cas, l’emploi de l’abréviation du mot heures (h.), est obligatoire : il semble bien que l’on ne pourrait, en raison de son caractère d’expression fractionnaire, écrire sans commettre une faute contre le bon goût et, sans doute aussi, contre une règle typographique, bien qu’aucun auteur ne paraisse l’avoir explicitement exprimée :
2 heures 1/2,--------3 heures 3/4.

L’emploi simultané de chiffres et de lettres, au cas où le nombre fractionnaire indique un moment, une époque, est une faute qui ne devrait jamais être acceptée. Le souci de l’harmonie et de la régularité impose en effet l’obligation d’écrire, au cours d’un travail, une expression fractionnaire horaire d’une manière rigoureusement identique, et non point tantôt d’une façon et tantôt de l’autre. L’usage dans une expression horaire de chiffres pour une partie et de lettres pour l’autre partie est un non-sens : si l’expression doit régulièrement se composer en chiffres, l’emploi d’un système mixte, que rien n’explique et auquel rien n’oblige, est difficile à soutenir ; si, au contraire, la règle recommande la composition en lettres, on ne, voit pas clairement pourquoi l’indication principale figure en chiffres. Il serait impossible de justifier la méthode dont on s’autoriserait pour écrire indifféremment, à quelques lignes de distance :

Je serai de retour très exactement à 3 heures trois quarts. Je pourrai dès lors aisément assister au début de la séance qui aura lieu seulement à 9 h. 10.

Il n’est pas inutile de faire remarquer qu’il faut se garder de confondre les abréviations :

minutes = m.,----------secondes = s.,


employées dans les expressions numérales de la durée du temps, avec les symboles :

minutes = ,----------secondes =


utilisés dans l’indication de la latitude et de la longitude d’un point donné.

34. Un usage rigoureux exige que, dans la composition des dates, le chiffre 1, indiquant le jour, soit accompagné de l’abréviation er (premier) en supérieures :

Le 1er janvier 1916.
------ Le 1er avril fut pendant longtemps le premier jour de toute nouvelle année.

35. Le taux pour 100 :

Sur l’impôt ainsi calculé, chaque contribuable a droit à une réduction de 5 0/0 pour une personne à sa charge, de 10 0/0 pour deux personnes, de 20 0/0 pour trois personnes.

a) L’expression pour cent s’exprimerait, suivant les auteurs, de plusieurs façons :

5 pour 100,--------------5 p. 100,
5 %,--------------------5 0/0,
5 pour 0/0,--------------5 p. %.

L’abréviation 5 p. 100 est, à notre sens, peu recommandable : elle manque de clarté, et la place gagnée par la suppression est minime.
---- Les deux dernières expressions (5 pour 0/0 et 5 p. %) ne devraient jamais être employées, à cause de la redondance qu’elles renferment : à l’abréviation 0/0 il est en effet d’usage d’attribuer la valeur des mots pour cent[6], et l’emploi du mot pour est une répétition pour le moins inutile.
---- À tous points de vue,

5 pour 100,--------------5 0/0,--------------5 %


sont préférables ; ce sont, d’ailleurs, les formules les plus couramment employées et aussi les plus connues.

Cependant L. Chollet écrit : « Des différentes manières d’écrire l’expression pour cent : « 0/0, pour 100, p. % », la dernière est préférable dans les ouvrages traitant de questions financières. Partout ailleurs on composera :

du 3 p. 100, ou du trois pour cent. »

L’Imprimerie Nationale utilise :

3 p. 0/0,--------------4 1/2 p. 0/0,


quand il s’agit de taux d’intérêt, de taux de retenue, et

5 p. 100,--------------25 p. 1000,--------------6,35 p. 1000,


pour exprimer les proportions. Ces distinctions paraissent un peu subtiles et ne sont nullement, croyons-nous, comprises du lecteur.

D’après M. E. Desormes, « il existe bien des manières d’écrire les mots pour cent,… » mais, ajoute cet auteur, nous ne nous occuperons pas de ces cas exceptionnels et nous écrirons :

Étant donné le placement d’une somme de 135,685 fr. 75 à 4 1/2 p. 0/0, quels sont les intérêts trimestriels à toucher ? »

Comme on le voit par les exemples qui viennent d’être cités, ces trois auteurs ne tiennent aucun compte de la signification propre de l’expression 0/0.

Daupeley-Gouverneur adopte, suivant le cas :

5 pour 100 ou 5 %,


de préférence à 5 p. 100, « qui abrège peu et est moins clair », et à 5 pour 0/0 et 5 p. %, qu’il recommande de ne jamais écrire. Il est ainsi, sur un point, d’accord avec Théotiste Lefevre qui des expressions

5 pour 100,xxxxxxxxxx5 p.100,xxxxxxxxxx5%,


affirme que « la préférable est la première ».

Tassis, dont le sentiment est conforme à celui de Théotiste Lefevre, conseille de composer :

un demi pour 100.

A. Muller emploie à plusieurs reprises :

70 pour 100,xxxxxxxxxx25 pour 100,
92 pour 100,xxxxxxxxxx08 pour 100,


alors que Leclerc préfère :

1 p. 100,xxxxxxxxxx1 0/0,xxxxxxxxxx1 %.

À l’encontre de Tassis, et suivant l’opinion de Daupeley-Gouverneur, on ne peut composer :

un demi pour 100,xxxxxxxxxxcinq pour 100,xxxxxxxxxx5 pour cent ;


les termes comparables doivent être écrits de même manière, soit en lettres (si des raisons impérieuses le commandent), soit en chiffres, et non l’un en lettres et l’autre en chiffres.

Il est des circonstances où l’emploi des abréviations 0/0 et % est impossible : de par leur constitution même ces abréviations ne peuvent être dénommées, c’est-à-dire comporter un terme nom commun qui les détermine. Ainsi dans un ouvrage de médecine on ne saurait composer :

Sur 95 % des cas cités par le Dr Landouzy, il a été reconnu que 75 femmes, soit 25 % femmes, peuvent être guéries à l’aide…

Il paraît indispensable, tant au point de vue typographique qu’esthétique, d’écrire :

… il a été reconnu que 75 femmes, soit 25 pour 100 femmes, peuvent être guéries…

Il faut, en outre, remarquer que, seuls, les nombres 100 et 1000 sont susceptibles d’une combinaison abréviative ; avec tout autre nombre, la préposition pour doit être exprimée :

Le Dr Landouzy a reconnu que, dans 15 pour 250 de ces maladies contagieuses dont il est question, les malades aggravaient leur état morbide… ;


l’abréviation p. ne saurait dans ce cas être acceptée.

b) L’expression pour mille se compose :

pour 1000,--------------0/00,--------------‰.

36. Les numéros des divisions, des brigades, des régiments, des bataillons, des compagnies, des batteries, des sections, et généralement des différentes divisions de l’armée (sauf les corps d’armée et les armées dont la numération se compose en grandes capitales) :

Le 4e bataillon de chasseurs, admirable, soutient la retraite et laisse sur le terrain 1.000 hommes, sur 1.600, et 20 officiers.
---- Le lendemain, Namur, où se trouvait la 4e division belge, était partiellement investi et bombardé.
---- En peu de temps, le 69e d’infanterie perd 600 hommes.

37. Dans les pièces de poésie, les numéros des vers, s’ils existent :

1.Quand d’herbe la plaine est couverte,
Si vous voyez sur les ruisseaux
Voler la demoiselle verte
Qui se perche au bout des roseaux,
5.Laissez la créature frêle
Se balancer dans l’air en feu ;
Enfants, si vous cassiez son aile,
Vous feriez pleurer le bon Dieu.

1430.À ton émotion fais quelque violence,.
Tu pourras me répondre après tout à loisir :
Sur ce point seulement contente mon désir.

CINNA

Je vous obéirai, seigneur.

AUGUSTE

Je vous obéirai, seigneur.Qu’il te souvienne
De garder ta parole, et je tiendrai la mienne.
1435. Tu vois le jour, Cinna ; mais ceux dont tu le tiens
Furent les ennemis de mon père, et les miens :
Au milieu de leur camp…

Dans la poésie la numération des vers se groupe sans espace, ni point, ni virgule.

38. Dans les indications de sources et les références placées au cours du texte, entre parenthèses, ou en note, les numéros des vers sont toujours indiqués par des chiffres arabes :

(1) Le Misanthrope, acte II, scène iii, vers 10.
---- Dans Polyeucte (acte III, scène iv, vers 18), Corneille a sur-
tout voulu…

39. Les articles du Code, des lois, décrets, règlements, arrêtés :

Le 1er juillet 1914, le Journal officiel publie une loi modifiant l’article 162 du Code civil.
---- Décret modifiant les articles 4, 6, 9 et 13 de celui du 4 février 1915, relatif à la constatation et à l’évaluation des dommages résultant des faits de guerre.

Dans la numération des articles du Code, des lois, décrets, règlements, arrêtés, etc., les tranches de trois chiffres ne doivent jamais être séparées par un point ou une virgule ; ces nombres se groupent sans espace :

L’article 1356 du Code civil prescrit formellement…
---- Selon l’article 1007 du Code civil, le testament doit être déposé chez un notaire.

Les recueils de jurisprudence ont, dans un but de simplification, adopté une disposition toute particulière pour leurs références :
---- Le nom du recueil ou celui du commentateur est désigné par sa lettre initiale en grande capitale accompagnée du point d’abréviation ; le nom de l’année suit immédiatement et ne comporte, pour le xixe siècle, que les deux derniers chiffres du millésime (pour les années du xxe siècle, le millésime est composé en entier) ; le numéro de la partie, du tome ou de la livraison est représenté par un chiffre arabe accompagné du chiffre de pagination :

S. 82. 3. 25 ;-------- D. P. 95. 4. 131,


ce qui veut dire : Recueil Sirey, année 1882, IIIe partie ou livraison 3 ou tome III, page 25 ; Recueil périodique et critique mensuel Dalloz, année 1895, IVe partie, page 131.

Cependant on rencontre parfois une disposition légèrement différente : une virgule existe après le point d’abréviation de la grande capitale initiale, et une division réunit l’année, le tome et la pagination ; cette manière de composer est assurément préférable à la précédente :

Req., 7 juillet 83 : S., 84-1-152,


ou : Arrêt de la Chambre des Requêtes, 7 juillet 1883 : Recueil Sirey, année 1884, 1re partie ou livraison 1 ou tome I, p. 152.

Les abréviations spéciales les plus fréquentes en ces matières sont les suivantes :

D. P. Recueil périodique et critique mensuel Dalloz,
D. H. Recueil hebdomadaire de jurisprudence Dalloz,
S. Recueil périodique Sirey,
Req. Arrêt de la Chambre des Requêtes,
Civ. c. Arrêt de la Chambre civile de la Cour de Cassation
xxxx qui casse,
Cr. r. Arrêt de la Chambre criminelle de la Cour de
xxxx Cassation qui rejette,
Contrà Solution contraire,
Conf. Solution conforme,
Sol. impl. Solution implicite.

40. Certaines divisions d’un travail imprimé ou manuscrit : colonne, paragraphe, numéro, figure, articles, page (sauf les pages de préface, d’ayant-propos ou d’introduction pour lesquelles on emploie généralement les petites capitales) ; la numération des catalogues, revues, journaux ; les numéros de classement d’une bibliothèque ou d’archives, liasses, pièces, etc. :

Sous ce titre, l’auteur donnait, hier, un extrait du Journal officiel de la République française (48e année, n° 19, p. 1545). C’est une question écrite, et sa réponse est inscrite sous le numéro 6433.

a) Les tranches de trois chiffres de la numération arabe des diverses divisions d’un livre, d’un catalogue ou d’un manuscrit (articles, colonnes, figures, lignes, notes, numéros, pages, paragraphes, liasses, pièces, etc.) se groupent sans espace, ni point ou virgule :

Voyez à la page 1150 du tome II de la Nouvelle Encyclopédie

b) Dans un texte courant, les mots colonne, paragraphe, numéro, figure, article, page, chapitre, fascicule, note, etc., précédés ou non d’un article et accompagnés d’une expression numérale, s’écrivent tout au long :

Toute contravention aux articles 18, 29 et 54 est poursuivie devant le tribunal de simple police et punie d’une amendé de 5 à 15 francs.
---- L’article 5, paragraphe 3, de la loi du 1er avril 1898 prévoit un emprisonnement de deux ou trois mois pour tout contrevenant aux dispositions de l’article 4.

c) Employés dans une note ou dans le texte, entre parenthèses ou entre crochets, dans une indication de sources ou comme références, ces mêmes mots se composent en abrégé ou sont remplacés par leur signe distinctif :

Il est accordé à certaines industries déterminées par le même règlement d’administration publique (décret du 30 juin 1913, art. 2, p. 85) l’autorisation de déroger temporairement aux dispositions qui précèdent.

Voici les mots les plus fréquemment abrégés, avec leurs abréviations les plus courantes :

article, art. page, p. (pp. au pluriel)
chant, ch. partie, part.
chapitre, chap. pièce[7], pi.
charte, ch. planche, pl.
colonne, col. recto, ro
édition, éd. ou édit. répons, rép.
épître, ép. satire, sat.
fascicule, fasc. scène, sc.
figure, fig. section, sect.
folio, fol., fo série, sér.
liasse, li. stance, st.
ligne, l., lig. strophe, str.
livraison, livr. titre, tit.
livre[7], liv. ou l. tome, t.
manuscrit, ms. (mss au pluriel).----- vers, v.
note, n. verset, vers.
numéro, no , nos verso, vo
paragraphe, §, par., paragr. volume, vol.

Ne sont jamais accompagnées du point d’abréviation les expressions abréviatives pour lesquelles sont utilisées en supérieures une ou plusieurs des lettres finales du mot entier :

folio, fo   verso, vo
numéro, premier, 1er
recto, ro deuxième, 2e

d) Dans les titres en vedette, le mot paragraphe est toujours remplacé par son signe distinctif, § :

§4. — Situation mensuelle

On emploie également le signe dans les paragraphes numérotés commençant un alinéa :

§ 2. — Nous nous proposons, enfin, d’introduire dans l’administration un nouvel organe.
xxxx § 3. Service des jetons. — Le service des jetons sera assuré par un employé désigné sous le nom typique de pointeau.

Dans les indications de sources, dans les références placées entre parenthèses au cours du texte ou des notes, on utilise également le signe § à la place du mot « paragraphe » :

La loi du 1er avril 1898 (art. 2, § 3) prévoit un emprisonnement de deux à trois mois…
xxxx 1. Art. 10, § 25.

Certains auteurs et maints correcteurs redoublent le signe, si l’indication de source ou la référence affecte plusieurs paragraphes :

1. Voir à la page suivante (art. 2, §§ 5 et 6) les modifications apportées aux prescriptions actuelles.

e) Dans la composition du texte de lois, décrets, règlements, statuts, etc., divisés en articles, le mot article accompagné du chiffre se place tantôt en vedette au milieu de la ligne, et tantôt précède immédiatement le texte au début d’un alinéa.

f) Le mot article, pour la première division, se compose au long, c’est-à-dire en entier, et le numéro est exprimé en toutes lettres :

ARTICLE PREMIER
But et utilité de la Société

Article premier. — But et utilité de la Société. — La Société est fondée pour venir en aide…

Pour les divisions suivantes, on écrit indifféremment le mot article en entier (de préférence, surtout s’il est placé en titre, en vedette au milieu de la ligne) ou en abrégé (art.) (particulièrement lorsqu’il se rencontre au début d’un alinéa) ; mais le numéro de cet article doit toujours être indiqué en chiffres arabes.

Article 2
Administration de la Société

Art. 2. — Administration de la Société. — La Société est administrée par un Conseil…

g) Le mot article, dans ces différentes circonstances, doit toujours être composé en petites capitales avec la grande capitale initiale.

41. Les divisions accessoires d’un alinéa, d’une phrase : 1°, 2°, 3°, etc. :

Les objets de l’enseignement sont : 1° les sciences mathématiques, physiques et naturelles ; 2° la philosophie et les belles-lettres ; 3° la géographie ; 1° les langues anciennes et les langues vivantes.
---- La cour intérieure est enveloppée sur trois de ses côtés par une série de galeries à jour constituant le promenoir de l’ancien cloître :
---- 1° L’aile occidentale du cloître fut bâtie vers 1460 sous le chanoine Raoul Segaler…
---- 2° L’aile nord, faisant face à la cathédrale, a seule sa première arcade du rez-de-chaussée qui soit du xve siècle…

a) Les divisions 1°, 2°, 3°, etc., ne doivent jamais être suivies du point abréviatif ; il n’y a pas en effet, dans ces cas, d’abréviation au sens strict du mot, mais une simple manière d’exprimer les mots primo, secundo, tertio, etc.

b) Dans le cours du texte, une division 1°, 2°, 3°, etc., ne saurait figurer en fin de ligne, comme dans l’exemple ci-après :

Les objets de l’enseignement sont : 1°
les sciences physiques et naturelles ; 2°
la philosophie, etc. ;


de toute nécessité, elle doit être accompagnée du premier mot ou d’une fraction du premier mot de la division qu’elle annonce ; en cas d’impossibilité, elle doit être reportée à la ligne suivante.

42. Les indications de formats :

Aventures de six Français aux Colonies, par Gaston Bonnefont. Un fort vol. in-8 jésus de 850 pages.
---- Les Armées du Nord et de Normandie, récit anecdotique de la Campagne de 1870-1871, par Grenest. Un vol. in-8 carré, illustré par Bombled.
---- Guide général à Marseille. Description de ses monuments, places. Dictionnaire des rues, illustré, vues, plan. Un vol. in-32 relié.

43. Les numéros des versets des écrits évangéliques, de la Bible, du Coran, du Talmud, et généralement de tous les livres saints ou sacrés :

Saint Marc, au chapitre vi, verset 5, dit : « À Bethléem, Jésus ne put faire aucun miracle, sinon de guérir un petit nombre de malades en leur imposant les mains. »

Dans un texte courant, les mots verset et répons doivent toujours s’exprimer au long.
---- Dans les références et les indications de sources, entre parenthèses ou non, le mot « verset » s’abrège v., et le mot « répons », rép. (bas de casse romain) :

Dans saint Marc (chap. ix, v. 39), on voit Jean se plaindre à Jésus de ce qu’il a vu dans la foule un homme chasser les démons en son nom.

Dans les ouvrages liturgiques, au début d’un alinéa, d’un paragraphe, le mot verset, employé isolément et en opposition au terme répons, est remplacé par son signe abréviatif ; dans le même cas, à l’expression répons opposée à verset est substitué le signe symbolique[8].

44. Les mesures typographiques (le cicéro, le point) et les mesures anciennes particulières aux autres professions :

Ainsi l’on dira : 15 cicéros, et l’on ajoutera, s’il y a des fractions : 15 cicéros 8 points.
---- Le pied de roi équivalait à 324 millimètres ; il se divisait en 12 pouces, et chaque pouce en 12 lignes.

45. Enfin, il est de principe que, dans les travaux de mathématiques, d’algèbre, etc., toutes les expressions numérales utilisées pour la solution du problème ou de la question, posée sont exprimées en chiffres arabes.

a) Certains auteurs poussent même à l’extrême les conséquences de ce principe, et, un peu abusivement peut-être, tout au moins sans autre raison plausible que « la nécessité de gagner de la place », ou de « frapper l’esprit du lecteur », écrivent en chiffres des expressions pour lesquelles en toutes autres circonstances la composition en toutes lettres serait obligatoire :

408. Problème I. — 3 négociants ont mis dans une entreprise, le 1er 15.600 fr., le 2e 16.400 fr., et le 3e 20.000 fr. ; ils ont gagné 6.500 fr. On demande la part de chaque associé ?

b) Il est cependant des cas où l’indication en chiffres serait une faute contre le bon goût et la grammaire, tels dans l’exemple suivant :

441. Un commerçant a du vin qui lui revient à 0 fr. 90 le litre ; il le revend à raison de 1 franc le litre, tout en réalisant un bénéfice brut de 20 0/0. Quelle quantité d’eau ajoute-t-il par hectolitre ?

Dans le cas présent, l’expression un est adjectif indéfini, et non adjectif numéral ; il y a obligation de l’exprimer en toutes lettres.

c) Maintes expressions numérales sont parfois accompagnées de nombres fractionnaires.
xxxx Dans les ouvrages de mathématiques, il est plus convenable de composer ces nombres avec barres horizontales :

1 mille ,xxxxxxxxxx2 milles ,xxxxxxxxxx de mille ;


cette manière de faire est même indispensable dans l’énoncé de problèmes algébriques ou sur les fractions.

Dans un texte courant — où ne s’impose point l’obligation de composer en toutes lettres — on emploie de préférence la fraction à barre diagonale :

1 mille 1/4,xxxxxxxxxx2 milles 3/4,


comme on a vu, plus haut, 2 h. 1/4, 3 h. 3/4.

Suivant Th. Lefevre, ces expressions peuvent se composer indifféremment en « chiffres du corps :

1/10,xxxxxxxxxx2/3,xxxxxxxxxx3/4,

ou en chiffres supérieurs et inférieurs, soit du corps, soit parangonnés » :
,xxxxxxxx,xxxxxxxx¾.

d) L’usage paraît s’être établi général d’écrire

1/10e,xxxxxxxx1/50.000e,xxxxxxxx1/100.000e


avec la lettre d’abréviation e (supérieure romaine) ou, suivant les cas, es (supérieures), lorsqu’il s’agit de travaux topographiques :

Le Service géographique de l’Armée vient de faire paraître une nouvelle édition de la carte de France au 1/20.000e.

e) Aucun nombre exprimé en chiffres ne peut figurer à l’extrémité de la justification si la désignation, métrique ou autre, qui l’accompagne figure au début de la ligne suivante, ou réciproquement :

Durant tout le cours du deuxième semestre de l’année 1918, la direction a distribué avec sa générosité ordinaire 5.231 tickets, contre 4.250 l’année précédente.

1° Pour remédier aux inconvénients qui résultent parfois de cette règle, l’usage admet à la rigueur l’emploi des abréviations des termes du système métrique : fr., m., kg., etc., au lieu de leur expression en toutes lettres :

Au mois de novembre 1918, le prix marchand des 100 kg. atteignit le chiffre fort élevé et inconnu jusqu’alors de 100 fr., non compris les droits de douane…

2° On peut également modifier, lorsque cela est possible, l’espacement, soit en chassant, soit, au contraire, en gagnant.

3° Enfin, on a également recours, si les chiffres sont d’une certaine étendue, c’est-à-dire d’un ordre élevé, à l’artifice suivant :
xxxx Afin de ne pas séparer les nombres des termes qui les déterminent et pour éviter une division ou un espacement défectueux, l’usage s’est établi pour les nombres d’une certaine longueur — tous les auteurs sont d’accord sur ce point — d’exprimer en lettres, au milieu du nombre, la désignation quantitative d’une partie, et pour l’autre fraction de suivre les règles ordinaires :

En septembre 1918, les dépenses s’élevaient à 92 milliards 250.325.000 francs, avec une progression de 1.250 millions par mois.
xxxx À elle seule, pour son entretien l’armée exigeait 700 millions 250.000 francs par mois.

46. Bon nombre de quantités sont désignées par leur nom générique, afin d’éviter la multiplicité du chiffre zéro, qui pourrait être cause d’une certaine difficulté de lecture ; on écrira :

5 millions, au lieu de 5.000.000 ;
10 milliards, au lieu de 10.000.000.000, etc. ;


cette disposition ne peut être utilisée dans les ouvrages de mathématiques.

Sous prétexte d’un rapprochement avec la règle qui précède et d’une similitude qui ne s’applique pas et s’explique encore moins, on ne saurait écrire, comme on le fait trop souvent :

L’armée était forte de 3 à 500 hommes ;
La population oscille entre 25 et 30.000 âmes ;


au lieu de :

L’armée était forte de 300 à 500 hommes ;
La population oscille entre 25.000 et 30.000 âmes.

  1. Fournier, Traité de la Typographie, 4° éd., 1903, p. 199.
  2. Petit Manuel de Composition, p. 92.
  3. Le lecteur se souviendra que la nomenclature officielle ne donne pas les abréviations des mots décime et centime.
  4. a et b Voir ces signes au chapitre Abréviations, p. 565, § 65.
  5. L’abréviation officielle mn. paraît êtes rarement utilisée ; tout au moins il ne nous a jamais été donné de la rencontrer.
  6. Il faut remarquer, en outre, que la signification conventionnelle attribuée à la barre de fraction séparant les deux zéros n’est pas constamment la même. Dans un exemple cité plus haut : 5 cm/sec, et 0,200 kg/cm2, la barre de fraction est l’équivalente du mot par ; ce dernier mot est lui-même parfois suppléé par les deux-points dans les expressions 25 t : m. (25 tours par minute), que l’on écrit également : 25 t/m.
  7. a et b L’abréviation liv. est la plus fréquemment employée ; l’abréviation l. peut en effet prêter à confusion avec le mot ligne dont l’abréviation courante est l. — Les abréviations pi. (pour pièce) et li. (pour liasse), d’usage général, distinguent ces termes des mots page et ligne ou livre. — Au sujet de l’abréviation a (pour acte), voir le paragraphe 4 du chapitre xviii, Abréviations.
  8. Voir ces signes au chapitre Abréviations, p. 567.