Le Corsaire rouge/Chapitre VIII

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Traduction par A. J. B. Defauconpret.
Furne, Gosselin (Œuvres, tome 8p. 101-117).

CHAPITRE VIII.


Juliette. — Quel est ce gentilhomme ?
La Nourrice. — Le fils et l’héritier du vieux Tibério.
Juliette. — Et celui qui le suit, qui n’a pas voulu danser ?
La Nourrice. — Sur ma foi ! Je n’en sans rien.
ShakspeareRoméo et Juliette.


Le soleil commençait à sortir du sein des eaux dans lesquelles sont situées les îles bleues de Massachussets, quand on vit les habitans de Newport ouvrir leurs portes et leurs fenêtres, et se préparer aux divers travaux de la journée, avec la fraîcheur et l’activité de gens qui avaient sagement suivi la distribution naturelle du temps pour jouir du repos ou se livrer au plaisir. Ils se souhaitaient le bonjour les uns aux autres avec enjouement tout en ouvrant les légères fermetures de leurs boutiques, avec les questions et les réponses de civilité d’usage sur la fièvre d’une jeune fille ou le rhumatisme d’une vieille femme. Le maître de la taverne à l’enseigne de l’Ancre Dérapée, qui était si empressé de garantir sa maison de l’imputation de favoriser les orgies nocturnes, était de même un des premiers à ouvrir sa porte, pour attirer chez lui tout passant qui pourrait sentir le besoin de chasser l’humidité de la nuit précédente par le moyen de quelque stomachique fortifiant. Ce cordial se prenait très généralement dans les colonies anglaises, sous les noms divers de juleps, — d’amers, — de coup du matin, — de chasse-brouillards, etc., suivant que la situation de chaque district semblait exiger quelque précaution particulière. Cette coutume, à la vérité, tombe un peu en désuétude, mais elle conserve encore beaucoup de ce caractère sacré qui semble attaché à tout ce qui tient à l’antiquité.

Il n’est pas peu étonnant que ce louable et vénérable usage de chasser les impuretés malsaines qui s’engendrent dans le système du corps humain pendant un temps où, se trouvant sans rien qui le protége au moral, il est exposé aux attaques de tous les maux auxquels la chair est sujette, ait exposé les Américains aux sarcasmes de leurs frères d’Europe. Nous ne sommes pas de ceux qui ont le moins de reconnaissance pour ces philanthropes étrangers qui prennent à nous un si vif intérêt, qu’ils laissent rarement passer la moindre faiblesse républicaine, sans y appliquer le caustique de leur plume purifiant. Nous sommes peut-être d’autant plus sensibles à cette générosité, que nous avons eu beaucoup d’occasions de remarquer qu’ils ont tant de zèle pour nos États dans l’enfance, — robustes pourtant, et peut-être un peu difficiles à conduire, mais néanmoins encore dans l’enfance, — que, dans leur ardeur pour corriger les fautes d’une nation cisatlantique, ils ont coutume de négliger un assez grand nombre de leurs propres erreurs. Par exemple, la mère-patrie nous a envoyé des missionnaires moraux sans nombre, dans ce motif plein de bienveillance et de piété, et nous ne pouvons que regretter que leurs efforts aient été couronnés de si peu de succès. Le hasard nous a mis en relation avec un de ces dignes personnages qui ne perdait jamais l’occasion de déclamer par-dessus tout contre l’infâme coutume dont nous venons de parler. Il portait si loin ses principes à cet égard, qu’il regardait non seulement comme immoral, mais, ce qui est encore bien pire, comme bas et grossier, de prendre quelque breuvage plus fort que de la petite bière avant l’heure fixée pour le dîner. Ce moment important étant arrivé, non seulement il permettait qu’on dédommageât la chair des mortifications préalables qu’elle avait éprouvées, mais il se montrait lui-même si libéral dans cette indulgence orthodoxe, qu’il fallait régulièrement le porter dans son lit à minuit, et il s’en levait aussi régulièrement le lendemain matin pour discourir sur l’énormité de la faute que commettaient ceux qui buvaient trop tôt dans la matinée. Et ici qu’il nous soit permis de saisir cette occasion pour déclarer, qu’en ce qui concerne notre insignifiante personne, nous fuyons complètement cette abomination ; nous regrettons seulement que les individus des deux nations qui trouvent quelque plaisir à la mettre en pratique ne puissent en venir à quelque arrangement amiable pour tirer l’époque précise des vingt-quatre heures où il est permis aux bons chrétiens qui parlent anglais de s’enivrer. Que les négociateurs qui ont rédigé le dernier traité d’amitié aient oublié ce point moral important, c’est une nouvelle preuve que les deux partis étaient si fatigués d’une guerre sans utilité, qu’ils voulurent plâtrer une paix à la hâte. Il n’est pas encore trop tard pour nommer une commission à ce sujet ; et pour qu’elle puisse traiter convenablement du mérite de cette question, nous nous permettrons de suggérer au pouvoir exécutif des États-Unis qu’il serait à propos de nommer pour notre commissaire quelque partisan bien prononcé du système des juleps. Nous présumons que notre digne et indulgente mère ne peut faire aucune difficulté de lui opposer un adversaire convenable, choisi dans les rangs nombreux et bien exercés de son corps diplomatique.

Après avoir ainsi manifesté nos sentimens libéraux personnels, unis à tant d’intérêt pour voir régler convenablement, et, à ce que nous espérons, définitivement, cette question importante, il peut nous être permis de reprendre le fil de notre narration, sans qu’on nous accuse d’être les avocats des stimulans du matin ou de l’ivresse du soir, ce qui est une juste division du sujet, comme nous le croyons d’après des observations assez étendues.

L’aubergiste dont nous venons de parler était donc sur pied de grand matin, pour gagner honnêtement quelque argent des partisans de l’ancien système qui voudraient choisir sa maison pour y offrir à Bacchus leurs libations du matin, de préférence à celle de son voisin, qui s’efforçait d’attirer des pratiques en étalant une belle enseigne représentant un homme à figure enluminée et en habit écarlate, et ayant pour légende La Tête de George II. Il paraît que l’activité louable de l’aubergiste alerte ne devait pas manquer d’être récompensée. Pendant la première demi-heure, le flux des pratiques se dirigea avec force vers le havre de sa porte hospitalière, et il ne parut pas abandonner l’espoir de le voir continuer, même quand l’époque ordinaire de cette marée commença à se passer. Voyant pourtant que ses pratiques le quittaient successivement pour se livrer à leurs occupations ordinaires, il abandonna le poste qu’il avait pris pour les servir, et se mit à sa porte, une main dans chacun de ses goussets, comme s’il eût trouvé un secret plaisir dans le son joyeux produit par les nouveaux habitans qu’ils contenaient. Un étranger qui n’était pas entré avec les autres, et qui par conséquent n’avait pas pris sa part des libations d’usage, était debout à peu de distance, une main passée dans sa veste, et semblant principalement occupé de ses propres réflexions. Cet individu attira l’œil clairvoyant de notre hôte, qui conclut sur-le-champ qu’un homme qui aurait eu recours aux stimulas ordinaires du matin n’aurait pu avoir une figure si réfléchie à une époque où allaient seulement commencer les soucis de la journée, et que par conséquent il pouvait encore y avoir quelque chose à gagner en ouvrant avec lui un chemin direct de communication.

— Voilà un bon air pour chasser les brouillards de la nuit, monsieur, dit-il en respirant avec force l’air vraiment délicieux et fortifiant d’une belle matinée d’octobre. C’est cet air purifiant qui fait la réputation de notre île, et qui la rend peut-être l’endroit le plus salubre de toute la création, comme il est reconnu universellement pour en être le plus beau. Vous êtes étranger, probablement ?

— Tout nouvellement arrivé, monsieur.

— Marin, d’après votre costume, et cherchant un bâtiment, comme je serais prêt à en faire serment, continua l’aubergiste en souriant, comme s’il s’applaudissait lui-même de sa pénétration. Nous en voyons venir ici beaucoup dans le même dessein ; mais parce que Newport est une ville florissante, il ne faut pas s’imaginer qu’il n’y a qu’à demander un navire pour en trouver. Avez-vous déjà tenté fortune dans la capitale de la province de la Baie ?

— Ce n’est qu’avant-hier que j’ai quitté Boston.

— Quoi ! les fiers habitans de cette ville[1] n’ont-ils pas pu vous trouver un bâtiment ? Oui ! ce sont de grands parleurs, et il n’arrive pas souvent qu’ils cachent leur chandelle sous le boisseau. Et cependant il y a ce que j’appelle de bons juges qui pensent que la baie de Narragansett est en bon chemin pour compter bientôt autant de navires que celle de Massachussets. Voilà un beau brick qui doit partir dans le cours de la semaine pour changer ses chevaux en rum et en sucre ; et voici un vaisseau qui est entré dans le canal pas plus tard qu’hier soir. C’est un noble bâtiment, et qui a des cabines dignes d’un prince. Il doit partir dès que le vent changera, et j’ose dire qu’il ne serait pas trop tard à présent pour qu’un bon marin pût demander à y être employé. Et voilà là-bas un négrier, au-delà du fort, si vous voulez changer votre argent pour une cargaison de têtes à laine.

— Et croit-on que le navire qui est dans le port intérieur mettra à la voile au premier vent ?

— C’est bien certain. Ma femme est cousine de l’épouse du collecteur, et je sais que les papiers sont prêts, et que ce n’est que le vent qui le retient. Il faut que vous sachiez que j’ai quelques comptes courans avec les jaquettes bleues[2], et il faut qu’un honnête homme veille à ses intérêts par des temps difficiles comme ceux-ci. Oui, le voilà : c’est un bâtiment bien connu, la Royale Caroline. Il fait régulièrement un voyage tous les ans entre les colonies et Bristol, et touche ici en venant et en s’en allant, pour nous fournir certaines denrées et y prendre du bois et de l’eau ; et alors il s’en retourne en Angleterre ou va à la Caroline, suivant les circonstances.

Et je vous prie, monsieur, est-ce un bâtiment bien armé ? demanda l’étranger qui commençait à perdre son air pensif, par suite de l’intérêt manifeste qu’il prenait à cette conversation.

— Oui, oui ; il n’est pas sans quelques boule-dogues en état d’aboyer pour défendre ses droits, comme aussi de dire un mot à l’appui de l’honneur de sa majesté. — Judy ! Judy ! cria-t-il à haute voix à une jeune négresse qui ramassait des copeaux de bois dans un chantier, courez chez le voisin Homespun, et frappez comme il faut à la fenêtre de sa chambre à coucher. Le brave homme a dormi plus que de coutume. Il n’est pas ordinaire d’entendre sonner sept heures avant que le tailleur ait fait passer quelques gouttes d’amers par son gosier desséché.

Le dialogue fut interrompu quelques instans pendant que la négresse exécutait les ordres de son maître. Mais les coups frappés à la croisée ne produisirent d’autre effet que d’attirer une réponse aigre de Désirée, dont la voix pénétra à travers les planches minces qui couvraient le bâtiment, aussi facilement que si c’eût été un tamis. Un moment après la fenêtre s’ouvrit, et Désirée exposa son visage mécontent à l’air frais du matin.

— À quoi faut-il encore m’attendre ? s’écria l’épouse offensée, qui s’imaginait que c’était son mari qui, après avoir passé toute la nuit dehors, se permettait de troubler ainsi le sommeil de sa femme pour rentrer dans ses pénates. — À quoi faut-il encore m’attendre ? N’est-ce pas assez que vous ayez abandonné ma table et mon lit pendant une longue nuit ? Faut-il encore que vous veniez interrompre le repos naturel de toute une famille, sept bienheureux enfans, sans compter leur mère ? Ô Hector ! Hector ! vous donnez un bel exemple aux têtes légères de notre jeunesse, et vous servirez de leçon aux gens inconsidérés !

— Apportez-moi le registre noir, dit l’aubergiste à sa femme, que les lamentations de Désirée avaient attiré à une fenêtre ; je crois que cette femme adit quelque chose d’un voyage d’une couple de jours ; et si telle est la philosophie du brave homme, c’est un avis pour les gens honnêtes de regarder à leurs comptes. — Justement ! Sur ma vie ! Késiah, vous avez fait crédit à ce mendiant boiteux de dix-sept shillings six pences, et cela pour des bagatelles, comme des coups du matin et des bonnets de nuit !

— Vous vous emportez sans raison, dit Késiah ; le tailleur a fait un habit pour l’enfant qui est à l’école, et il a fourni…

— Chut ! femme, chut ! dit notre hôte en fermant le registre, qu’il lui rendit en lui faisant signe de se retirer ; j’ose dire que tout cela s’arrangera en temps convenable, et moins nous ferons de bruit pour les fautes d’un voisin, moins on jasera de nos propres transgressions. — C’est un digne ouvrier, monsieur, un bon travailleur, continua-t-il en s’adressant à l’étranger ; mais, malgré tout cela, il n’a jamais pu faire briller le soleil à travers ses croisées, quoique le ciel sache que le verre n’en est pas assez épais pour empêcher cette bénédiction.

— Et croyez-vous, sur des preuves aussi légères que ce que nous venons d’entendre, que cet homme soit réellement en fuite ?

— Ma foi ! c’est un malheur qui est arrivé à des gens valant mieux que lui, répondit l’aubergiste en joignant les mains sur sa rotondité abdominale, avec un air de grave méditation ; nous autres aubergistes, qui vivons en quelque sorte en pleine vue des secrets des autres, — car c’est après une visite chez nous qu’on est vraiment disposé à ouvrir son cœur, — nous devons savoir quelque chose des affaires du voisinage. Si le brave homme Homespun savait rabattre le caquet de sa femme aussi bien qu’il rabat ses coutures, les choses pourraient aller mieux ; mais… buvez-vous quelque chose ce matin, monsieur ?

— Une goutte de ce que vous avez de meilleur.

— Comme je disais, continua notre hôte tout en servant sa nouvelle pratique, si l’oie d’un tailleur pouvait aplanir les rides du caractère acariâtre d’une femme, et qu’il pût ensuite la manger comme si c’était cet oiseau que vous voyez suspendu à ce croc… Peut-être trouverez-vous bon aussi de dîner avec nous, monsieur ?

— Je ne dis pas non, répondit l’étranger en payant le petit verre dans lequel il n’avait fait que se mouiller les lèvres ; cela dépend en grande partie des informations que je vais prendre sur les divers bâtimens qui sont dans le port.

— En ce cas, monsieur, quoique je n’y aie aucun intérêt, comme vous le savez, je vous conseillerais de faire votre demeure en ce logis tant que vous resterez dans cette ville. Ma maison est le rendez-vous de la plupart des marins, et je puis dire de moi-même, sans me vanter, que personne ne peut vous apprendre tout ce que vous désirez savoir mieux que le maître de la taverne à l’enseigne de l’Ancre Dérapée.

— Vous me conseillez de m’adresser au commandant du navire qui est dans le canal du port intérieur, pour lui demander de l’emploi : croyez-vous qu’il lève l’ancre aussitôt que vous me l’avez dit ?

— Au premier coup de vent. Je connais toute l’histoire de ce bâtiment, depuis le jour où l’on a pris la première planche pour en faire la quille. La riche héritière du midi, la jolie fille du général Grayson, doit passer à la Caroline sur son bord, — elle et sa bonne, — sa gouvernante, je crois qu’on la nomme, — une mistress Willys. Elles attendent le signal ici plus haut, dans la maison de madame de Lacey, veuve du contre-amiral qui portait ce nom, et sœur du général, par conséquent tante de la jeune personne, suivant mon calcul. Bien des gens croient que ces deux fortunes ne seront pas séparées, et, en ce cas, celui qui aura pour femme miss Getty[3] Grayson sera non seulement un heureux mortel, mais, qui plus est, un mortel riche.

L’étranger, qui avait conservé un air d’indifférence pendant la dernière partie de cette conversation, parut alors disposé à y prendre un degré d’intérêt convenable au sexe et à la condition de la personne qui faisait le principal sujet de l’entretien. Après avoir écouté avec attention jusqu’à la dernière syllabe qu’il plut à l’aubergiste de prononcer, il lui demanda un peu brusquement :

— Et vous dites que la maison qui est près de nous, sur le penchant de cette colline, est la demeure de Mrs de Lacey ?

— Si j’ai dit cela, je n’y entends rien. Par ces mots « ici plus haut, » j’entends à un demi-mille de distance. C’est une demeure convenable pour une dame de son rang, et non une de ces maisons où l’on ne peut étendre les coudes, comme celles qui sont tout autour d’ici. On peut la reconnaître aisément à ses beaux stores et à ses ombres. Je réponds que, dans toute l’Europe, il n’y a pas d’aussi belles ombres que les arbres qui sont devant la porte de madame de Lacey.

— Cela est fort probable, murmura l’étranger qui ne paraissait pas aussi prononcé que l’aubergiste dans son admiration, et qui avait déjà repris son air pensif. Au lieu de continuer cet entretien sur le même sujet, il détourna sur le champ la conversation par quelque lieu commun, et répétant ensuite qu’il reviendrait probablement, il se retira en prenant le chemin de la demeure de Mrs de Lacey. Notre hôte vit de quel côté se dirigeait l’étranger, et il aurait probablement trouvé matière à observation dans cette manière de terminer brusquement l’entretien, si Désirée, précisément en cet instant, n’eût détourné son attention en se précipitant hors de sa maison, et en venant lui tracer, de la manière la plus piquante, le caractère de son mari délinquant.

Le lecteur a sans doute déjà soupçonné que l’étranger qui avait cette conférence avec l’aubergiste ne lui était pas inconnu. Dans le fait, c’était Wilder ; mais pour accomplir ses secrets desseins, il laissa en arrière la guerre de mots, et, remontant la colline sur la pente de laquelle la ville est bâtie, il s’avança vers les faubourgs.

Il n’était pas difficile de distinguer la maison qu’il cherchait parmi une douzaine d’autres habitations à peu près semblables, à ses « ombres, » comme l’aubergiste, d’après le sens particulier donné à ce mot dans cette province, avait appelé quelques ormes vraiment majestueux, croissant dans une petite cour en face de la porte. Cependant, pour s’assurer qu’il ne se trompait pas, il changea ses conjectures en certitude par le moyen de quelques questions, et continua ensuite son chemin d’un air pensif.

Le matin brillait alors de tout son éclat, et promettait un autre de ces doux et beaux jours d’automne qui distinguent ou qui devraient distinguer ce climat. Le peu d’air qu’il faisait venait du sud, et éventait le visage de notre aventurier, qui, tout en montant, s’arrêtait de temps en temps pour considérer les divers navires qui se trouvaient dans le port. On aurait cru sentir une douce brise de juin. En un mot, c’était un temps que saisit avec transport quiconque aime à parcourir les champs, et que le marin couche sur son journal comme une journée perdue.

Wilder fut tiré de ses réflexions par les voix de plusieurs personnes qui s’entretenaient ensemble et qui s’approchaient évidemment. Il y avait surtout une voix qui le fit tressaillir sans qu’il sût pourquoi, et qui, d’une manière inconcevable même pour lui, semblait mettre en mouvement tous les ressorts secrets de son système. Profitant de la conformation du terrain, il sauta, sans être vu, sur une petite élévation, et s’approchant d’un angle formé par un mur très-bas, il se trouva tout près des interlocuteurs. Ce mur entourait le jardin et les bosquets d’une maison qu’il reconnut alors pour celle de Mrs de Lacey. Un pavillon d’été champêtre qui, quelques semaines auparavant, avait été presque enseveli sous les feuilles et les fleurs, s’élevait à peu de distance de la route. Par son élévation et sa position, il avait, à l’ouest, la vue de la ville, du port et des îles de Massachussets ; à l’est, celle des îles des Plantations de la Providence ; et au sud, il dominait sur une étendue sans bornes de l’océan. Comme il avait alors perdu sa couverture de feuillage, l’œil pouvait sans difficulté pénétrer jusqu’au centre, à travers les piliers rustiques qui en soutenaient le petit dôme. Wilder y reconnut précisément les mêmes personnes qu’il avait entendues la veille, tandis qu’il était comme dans une cage, avec le Corsaire, au haut de la ruine. Quoique la veuve de l’amiral et Mrs Wyllys fussent le plus en avant, et qu’elles parlassent évidemment à quelqu’un qui était comme lui sur le grand chemin, l’œil vif du jeune marin découvrit bientôt la figure plus fraîche et plus attrayante de Gertrude, placée derrière elle. Son examen fut pourtant interrompu par une réponse que fit l’individu qu’il n’avait pas encore aperçu. Ses regards s’étaient dirigés d’après le son de la voix, il vit alors un vieillard encore vert, qui, assis sur une pierre sur le bord de la route, semblait reposer ses membres fatigués, tout en répondant à quelques questions qu’on lui faisait du pavillon d’été. Quoique sa tête fût couverte de cheveux blancs, et que la main qui tenait une longue canne tremblât quelquefois lorsqu’elle y cherchait un nouvel appui, son costume, son ton et ses manières offraient des preuves suffisantes que c’était un vieux marin.

— Seigneur ! madame, disait-il d’une voix un peu tremblante, mais qui conservait pourtant les intonations fortes qui caractérisent sa profession, nous autres vieux chiens de mer nous ne nous amusons jamais à regarder dans l’almanach pour voir de quel côté viendra le vent après le premier dégel, avant de nous mettre en mer ! Il nous suffit que l’ordre d’embarquement ait été donné, et que le capitaine ait pris congé de son épouse.

— Ah ! c’est précisément ce que disait mon pauvre cher amiral ! s’écria Mrs de Lacey qui prenait évidemment grand plaisir à continuer de s’entretenir avec ce vieillard ; ainsi donc, mon brave ami, vous pensez que, lorsqu’un bâtiment est prêt, il doit mettre à la voile, soit que le vent…

— Voici un autre marin qui arrive tout à propos pour nous donner son avis, s’écria Gertrude avec un air d’empressement, comme si elle eût voulu distraire l’attention de sa tante, pour l’empêcher de mettre fin d’une manière dogmatique à une discussion qui venait d’avoir lieu entre elle et Mrs Wyllys. Peut-être, ajouta-t-elle, pourra-t-il nous servir d’arbitre.

— Vous avez raison, dit la gouvernante. Que pensez-vous du temps aujourd’hui, monsieur ? Croyez-vous qu’il soit favorable pour mettre à la voile ?

— Ce fut bien à contre-cœur que le jeune marin détourna ses yeux, fixés jusqu’alors exclusivement sur Gertrude, qui, pour mieux le montrer, s’était avancée au premier rang, et qui, rougissant avec timidité, se retirait alors vers le centre du pavillon, comme si elle se fût déjà repentie de sa hardiesse, pour les porter vers celle qui lui avait fait cette question, et ils restèrent attachés sur elle si long-temps et avec tant d’attention qu’elle jugea à propos de la répéter, croyant qu’il n’avait pas bien compris ce qu’elle lui avait dit.

— Il y a peu de confiance à mettre dans le temps, madame, répondit-il enfin. Celui qui est long-temps à faire cette découverte n’a pas retiré grand fruit de ses voyages sur mer.

Il y avait quelque chose de si doux et de si aimable dans la voix de Wilder, quoiqu’elle fût mâle et sonore, que les trois dames en furent également frappées ; et ce qui ajouta encore à cette impression fut la propreté de ses vêtemens, qui n’étaient pourtant que ceux de sa profession, mais qu’il portait avec une grâce et même une noblesse qui rendaient difficile de ne pas supposer qu’il était né dans une classe de la société plus élevée que celle à laquelle il paraissait appartenir. Inclinant légèrement la tête d’une manière qui annonçait qu’elle voulait être polie, peut-être plutôt par respect pour elle-même que par considération pour celui à qui elle s’adressait, attendu l’extrême simplicité de son costume, Mrs de Lacey continua la conversation.

— Ces dames, dit-elle, sont sur le point de s’embarquer sur le bâtiment que vous voyez là-bas, pour la province de la Caroline, et nous étions en discussion pour savoir de quel côté il est probable que le vent viendra ; mais sur un pareil navire, je crois qu’il importe peu que le vent soit favorable ou contraire.

— Je pense de même, car il me semble qu’on ne doit rien attendre de bon d’un tel bâtiment, de quelque côté que le vent puisse souffler.

— Il a la réputation d’être excellent voilier. Que dis-je, la réputation ! Nous sommes certaines qu’il l’est, car il est venu d’Angleterre aux colonies en sept semaines, traversée presque incroyable tant elle est courte. Mais les marins, je crois, ont leurs idées favorites et leurs préventions, comme nous autres pauvres habitans de la terre ferme. Vous n’excuserez donc si je demande aussi à cet honnête vétéran son opinion sur ce point.

— Que pensez-vous de ce bâtiment, l’ami, celui dont les mâts de perroquet sont si hauts et dont les huniers sont si remarquables ?

Les lèvres de Wilder laissèrent échapper un sourire qui luttait contre la gravité de sa physionomie ; mais il garda le silence. D’une autre part, le vieux marin se leva, et parut examiner le navire en homme qui comprenait parfaitement les termes techniques de la veuve du contre-amiral.

— Le bâtiment qui est dans le port intérieur, répondit-il après avoir fini son examen, car je suppose que c’est celui que madame veut dire, est un bâtiment tel que les yeux d’un marin aiment à en voir. C’est un bon navire et sur lequel on peut monter en toute sûreté, comme j’en ferais serment. Et quant à être bon voilier, il est possible qu’il ne soit pas sorcier, mais je réponds qu’il marche bien, ou je ne connais ni l’eau bleue, ni ceux qui vivent sur cet élément.

— Voilà une grande différence d’opinion ! s’écria Mrs de Lacey. Je suis pourtant charmée que vous assuriez qu’on peut y monter sans crainte ; car quoique les marins aiment un navire bon voilier, ces dames en préféreraient un où elles seraient certaines de ne courir aucun danger. Je présume, monsieur, continua-t-elle en s’adressant à Wilder, que vous conviendrez du moins que ce bâtiment offre toute sûreté ?

— C’est précisément ce que je nie, répondit Wilder laconiquement.

— Cela est bien étonnant ! Ce marin a de l’expérience, monsieur, et il pense tout différemment.

— Il peut, pendant le cours de sa vie, avoir vu plus de choses que moi, madame, mais je doute qu’il lui soit possible, en ce moment, de les voir aussi bien. D’ici à ce navire la distance est bien grande pour qu’on puisse en juger les qualités ; je m’en suis approché davantage.

— Ainsi vous croyez réellement qu’il y a du danger à l’appréhender ? dit Gertrude, dont la crainte l’emporta sur sa timidité.

— Je le crois. Si j’avais une mère ou une sœur, répondit Wilder en portant la main à son chapeau et en saluant celle qui l’interrogeait, tandis qu’il appuyait sur ce dernier mot, j’hésiterais à la laisser s’embarquer sur ce navire. Sur mon honneur, mesdames, je crois qu’on courra plus de danger sur ce bâtiment qu’à bord de tout autre qui ait quitté ou qui puisse quitter, cet automne, un port des colonies.

— Cela est fort extraordinaire, dit Mrs Wyllys. Ce n’est pas ce qu’on nous a dit de ce navire. On nous a grandement exagéré les avantages, ou nous devons croire que nous y serons aussi commodément qu’en sûreté. Puis-je vous demander, monsieur, quels sont les motifs de votre opinion ?

— Ils sont assez évidens. Ses pièces de quartier sont trop minces, et sa grande voûte trop épaisse pour se bien gouverner. Ensuite, il a les côtés droits comme un mur d’église, et il s’élève trop sur la ligne d’eau. D’ailleurs il ne porte pas de voile d’avant, ce qui fera que toute la pression se portera sur son arrière, ce qui l’assujettira trop au vent et le masquera entièrement. Le jour viendra où ce bâtiment marchera la poupe en avant.

Wilder parlait ainsi d’un ton d’oracle et avec un air très décidé, et les trois dames l’écoutaient avec cette sorte de foi secrète et d’humble confiance que les personnes peu instruites sont portées à accorder à ceux qui sont initiés dans les mystères d’une profession savante. Aucune d’elles n’entendait certainement bien clairement ce qu’il voulait dire ; mais ses paroles semblaient annoncer de grands périls, même un danger de mort. Mrs de Lacey pensa que sa qualité de veuve d’un contre-amiral lui faisait un devoir de montrer qu’elle comprenait parfaitement ce sujet.

— Ce sont certainement des inconvéniens très sérieux, s’écria-t-elle, et il est tout-à-fait inconcevable que mon agent ait négligé d’en faire mention. Y a-t-il quelque autre inconvénient, monsieur, qui vous frappe les yeux à cette distance, et que vous regardiez comme devant alarmer ?

— Je n’en vois que trop, madame. Vous pouvez remarquer que les clés de ces mâts de perroquet sont passées en arrière, et qu’aucune de ces hautes voiles n’est déployée. Ensuite on a fait dépendre de ses sous-barbes et de ses liures la sûreté d’une partie très importante du navire, le beaupré.

— Cela n’est que trop vrai ! s’écria Mrs de Lacey avec une sorte d’horreur, cela n’est que trop vrai ! Ces défauts m’avaient échappé ; mais à présent que vous m’en parlez, ils me frappent les yeux. C’est une négligence on ne peut plus coupable. Compter sur les sous-barbes et les liures pour la sûreté d’un beaupré ! En vérité, Mrs Wyllys, je ne puis consentir que ma nièce s’embarque à bord d’un tel navire.

L’œil calme et perçant de la gouvernante avait été fixé sur les traits de Wilder pendant qu’il parlait, et elle le tourna alors vers la veuve du contre-amiral avec la même sérénité.

— Le danger est peut-être un peu exagéré, lui dit-elle. Demandons à cet autre marin ce qu’il en pense.

— Dites-nous, l’ami, croyez-vous que nous ayons à craindre des dangers aussi sérieux en nous confiant à ce bâtiment, à cette époque de l’année, pour passer à la Caroline ?

— Seigneur ! madame, répondit le marin à tête grise en souriant avec un air de dérision, ce sont des défauts et des inconvéniens de nouvelle invention, si ce sont véritablement des inconvéniens et des défauts. On n’entendait jamais parler de tout cela de mon temps, et j’avoue que je suis assez stupide pour ne pas comprendre la moitié de ce que ce jeune homme vient de dire.

— Je présume, vieillard, qu’il y a quelque temps que vous n’avez été sur mer ? dit Wilder froidement.

— Il y a cinq à six ans depuis la dernière fois, répondit le vieux marin, et cinquante depuis la première.

— Ainsi vous ne voyez pas les mêmes motifs de crainte ? lui demanda encore Mrs Wyllys.

— Tout vieux et tout usé que je suis, madame, si le capitaine voulait me donner de l’emploi sur son bord, je l’en remercierais comme d’une faveur.

— La misère cherche du soulagement, n’importe de quelle manière, dit Mrs de Lacey en jetant un coup d’œil expressif à ses deux compagnes ; quant à moi, je suis portée à adopter l’opinion du jeune marin, parce qu’il l’appuie sur des raisons solides tirées de sa profession.

Mrs Wyllys suspendit ses questions aussi long-temps que l’exigeait sa déférence pour la tante de son élève ; enfin elle reprit comme il suit, en s’adressant à Wilder :

— Et comment expliquez-vous cette différence d’opinion entre deux hommes qui, tous deux, doivent être en état de porter une décision sur ce point ?

— Je crois qu’il existe un proverbe bien connu qui répond à cette question, répliqua le jeune homme en souriant ; mais on doit avoir quelque égard aux améliorations qui ont eu lieu dans la construction et le gouvernement des navires, et peut-être aussi à la différence des fonctions dont nous avons été chargés à bord.

— Ces deux observations sont justes. Cependant on serait tenté de croire que les changemens survenus depuis six ans dans une profession qui est si ancienne ne peuvent être bien considérables.

— Je vous demande pardon, madame, il faut une pratique constante pour les connaître. J’ose dire, par exemple, que ce digne vétéran ne connaît pas la manière dont un navire fend les vagues avec sa poupe quand il est pressé par ses voiles.

— Impossible ! s’écria la veuve du contre-amiral ; le marin le plus novice, le dernier des matelots, doivent avoir été frappés de la beauté d’un tel spectacle.

— Sans doute ! sans doute ! répondit, du ton d’un homme offensé, le vieux marin, qui, s’il avait ignoré quelque partie de son métier, n’était probablement pas alors en humeur d’en convenir ; j’ai vu plus d’un magnifique navire faire cette manœuvre, et, comme madame vient de le dire, c’est un grand et beau spectacle.

Wilder parut confondu. Il se mordit les lèvres en homme qui s’était laissé surprendre par une ignorance excessive ou par une astuce supérieure ; mais la confiance de Mrs de Lacey en ses propres lumières le dispensa de faire une réplique.

— Il eût été vraiment extraordinaire, dit-elle, que les cheveux d’un homme eussent blanchi sur la mer, sans qu’il eût jamais été frappé de ce noble spectacle. Mais cependant, honnête vétéran, vous paraissez avoir tort de passer si légèrement sur les défauts très évidens que ce… ce… ce jeune homme vient de nous faire remarquer si justement.

— Je ne vois aucun défaut dans ce bâtiment, madame. C’était ainsi que feu mon digne et brave commandant faisait toujours gréer son vaisseau, et j’ose dire que jamais meilleur marin ou plus honnête homme n’a servi sur les flottes de sa majesté.

— Vous avez donc servi le roi ? Et quel était le nom de votre commandant ?

— Quel était son nom ? Nous autres qui le connaissions bien nous avions coutume de le nommer Beau-Temps ; car, sous ses ordres, nous avions toujours belle mer et bon vent ; mais à terre on le nommait le brave et victorieux contre-amiral de Lacey.

— Et mon habile et respectable mari faisait gréer ses vaisseaux de cette manière ! s’écria la veuve avec un tremblement dans la voix qui annonçait toute la surprise d’un orgueil satisfait.

Le vieux marin leva ses membres fatigués de la pierre sur laquelle il était assis, et répondit en s’inclinant profondément :

— Si j’ai l’honneur de voir l’épouse de mon amiral, c’est une joie pour mes vieux yeux. J’ai servi seize ans à bord de son propre vaisseau, et cinq ans de plus sur la même escadre. J’ose dire que madame peut l’avoir entendu parler du gabier en chef de sa grande hune, de Bob Bunt[4].

— Sans doute ! sans doute ! il aimait à parler de ceux qui le servaient fidèlement.

— Oui, que Dieu l’en récompense, et qu’il rende sa mémoire glorieuse ! c’était un officier plein de bonté, et qui n’oubliait jamais un ami, soit que son devoir l’occupât sur une vergue ou dans la cabine. C’était l’ami du matelot, le contre-amiral de Lacey !

— C’est un homme reconnaissant, dit Mrs de Lacey, et je suis sûre qu’il est fort en état de juger d’un bâtiment. — Et êtes-vous bien certain, mon digne ami, que feu mon respectable mari faisait gréer ses vaisseaux de la même manière que celui dont nous parlons ?

— Je dois en être certain, madame, puisque j’y mettais la main.

— Même les sous-barbes ?

— Et les liures, madame. Si l’amiral vivait encore, et qu’il fût ici il vous dirait que ce navire est parfaitement équipé et n’offre aucun danger, comme je suis prêt à en faire serment.

Mrs de Lacey se tourna vers Wilder avec dignité et lui dit avec l’air d’une femme qui avait décidément pris son parti :

— Ma mémoire m’a donc fait commettre une légère méprise, ce qui n’est pas surprenant, quand on songe que celui qui m’a donné quelque connaissance de sa profession n’est plus ici pour me continuer ses leçons. Nous vous sommes fort obligées de vos avis, monsieur, mais nous devons croire que vous avez exagéré le danger.

— Sur mon honneur, madame, répondit Wilder en appuyant la main sur son cœur et parlant avec une émotion singulière, je suis sincère en ce que je vous dis, et je vous affirme positivement que je suis convaincu qu’on s’expose au plus grand danger en s’embarquant sur ce bâtiment ; et je prends le Ciel à témoin qu’en vous parlant ainsi, je ne le fais point par mauvaise volonté contre le commandant de ce navire, ni contre ses armateurs que je ne connais nullement.

— Nous croyons à votre sincérité, monsieur ; nous pensons seulement que vous êtes un peu dans l’erreur, répondit la veuve du contre-amiral avec un sourire de compassion dans lequel elle voulait mettre quelque condescendance. Nous vous sommes obligées de vos bonnes intentions, du moins. — Suivez-nous, mon digne vétéran ; il ne faut pas que nous nous séparions ainsi. Allez, frappez à la porte de ma maison, on vous fera entrer, et nous reprendrons cet entretien.

Saluant alors Wilder, elle descendit dans le jardin, suivie de ses deux compagnes. Mrs de Lacey marchait d’un pas fier, en femme qui connaissait tous ses avantages ; Mrs Wyllys s’avançait plus lentement, comme si elle eût été absorbée dans ses réflexions, et Gertrude était à côté de sa gouvernante, le visage caché sous un grand chapeau. Wilder crut pourtant remarquer un regard inquiet qu’elle jetait en arrière à la dérobée sur un homme qui avait certainement fait naître une forte émotion dans son cœur susceptible, quoique cette émotion ne fût bien sûrement qu’un sentiment d’alarme. Il resta dans la même position jusqu’à ce qu’il les eût perdues de vue à travers les bosquets. Se retournant alors pour verser le torrent de son mécontentement sur le vieux marin, il vit que celui-ci avait si bien employé le temps qu’il était déjà entré dans la maison, se félicitant sans doute d’une adulation qui lui présentait l’espoir d’une bonne récompense.



  1. Boston était appelée la ville (town) de Boston, n’ayant été incorporée comme cité (city) que dernièrement. Le gouvernement fut celui d’une ville jusqu’à ce qu’elle eût plus de cinquante mille habitans. — Éd.
  2. Les marins. — Éd.
  3. Abréviation de Gertrude. — Éd.
  4. Robert Bunt. — Éd.