Le Corset - Fernand Butin/Respiratoire

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Déformations Le Corset - Fernand Butin Circulatoire


Influence du Corset sur l’appareil respiratoire.[modifier]

Sappey a dit de la respiration :

a C’est en vain que l’on chercherait dans l’économie un appareil où l’énergie de fonction soit plus rigoureusement liée au volume des organes ; une poitrine largement développée accuse toujours des poumons volumineux, une respiration puissante, une circulation rapide, une nutrition active, un grand développement des muscles ; elle annonce, en un mot, la plénitude de la vie et la vigueur de la constitution. »

Il en est tout différemment lorsque le thorax supporte la constriction d’un corset. Les poumons, étant comprimés et refoulés, se développent mal, le champ respiratoire est diminué. Les parois thoraciques, le diaphragme et les fausses côtes sont, en partie, immobilisés. Toutes les femmes qui portent un corset trop serré avouent qu’elles ne peuvent respirer à fond. Cette gêne est surtout accusée après les repas, la marche rapide ou la course, etc.

Si la respiration est moins ample, moins active, diminuée dans la partie inférieure du thorax, comprimée par le corset, au contraire, par compensation, l'amplitude s'accentue en haut, dans la partie non comprimée par le corset ; la respiration prend le type costo-claviculaire.

Si ce dernier type de respiration prédomine chez la femme civilisée, la faute en est au corset, qui le détermine par l'opposition qu'il apporte à la libre dilatation de la partie inférieure du thorax.

Beau et Maissait (Archives générales de Médecine, 1812) prétendent cependant avoir trouvé le type de respiration costo-claviculaire chez des femmes n'ayant jamais fait usage de corset, et ils écrivent :

« Toutefois, il faut reconnaître que si le corset n'est pas la cause de la respiration costo-supérieure de la femme, il fait exagérer les mouvements de ce mode de respiration en empêchant tous les autres mouvements qui pourraient se faire à la base de la poitrine. »

Ainsi, pour Beau et Maissait, la respiration costo-supérieure serait naturelle à la femme, le corset ne ferait que l'exagérer.

Les recherches modernes ont démontré que ces conclusions sont absolument fausses.

Mays, de Philadelphie, en observant un grand nombre d'Indiennes réfractaires, qui n'avaient jamais porté de corset, a vu que chez elles, pendant la respiration, la poitrine se soulève aussi bien en bas qu'en haut.

M. Marey a rendu cette démonstration plus claire encore, au moyen de la chronophotographie. Les photographies faites par M. Marey, sur des femmes ayant posé leur corset, prouvent, de la façon la plus évidente, que la femme sans corset respire de la même façon que l'homme.

L'un des effets les plus fréquents du corset est donc de déterminer, chez la femme, la respiration costo-supé-rieure. Il en résulte bientôt un surcroît de travail pour les parties supérieures du poumon, ce qui peut déterminer l'emphysème pulmonaire.

La diminution du champ de l'hématose a pour conséquence une diminution de l'oxygénation du sang. Cet appauvrissement du sang fait de l'organisme un champ de culture tout préparé pour la tuberculose.

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