Le Crépuscule des Nymphes, suivi de Lectures antiques/Le Crépuscule des Nymphes/12

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Slatkine reprints (p. 143-156).





NOSSIS



POÉSIES DE NOSSIS


Ci-suivent les œuvres complètes de la poétesse Nossis, telles qu’elles sont venues jusqu’à nous par les soins de Constantin Céphalas, à qui nous devons l’Anthologie palatine.

Nossis vécut à Locres en Calabre, vers 330 avant J.-C. Elle était fille de Theuphilis et petite-fille de Kleokha. Elle connut des poètes et fit elle-même des vers qui furent longtemps chantés puisque, Méléagre, deux siècles plus tard, louait encore leur « parfum d’iris ».

Les voici. On peut supposer que de toutes les choses charmantes qu’elle a dites aux Anciens, une seule nous est conservée : la première. Quatre vers suffisent à perpétuer le nom de celle qui a si bien parlé de Kypris.



I


Rien n’est plus doux que l’amour ; tous les bonheurs sont moindres que lui ; de ma bouche je cracherais même le miel.


Voilà ce que dit Nossis : « Celle que Kypris n’a pas baisée ne sait pas ce que sont les roses de Celle-là ! »



II


Hêta honorée, ton sanctuaire Lakinien parfumé d’encens, souvent du haut du ciel tu descends pour le regarder.


Reçois ce vêtement de hyssos. C’est pour toi qu’avec sa fille bien née Nossis, l’a tissé Theuphilis, fille de Kleokha.



III


Il semble bien que l’Aphrodite a été heureuse de recevoir en présent ce filet de la chevelure de Samytha.


Car il est très compliqué, et il est parfumé du nectar, de celui-là même qu’Elle répand sur le corps du bel Adôn.



IV


Artémis, qui as Dâlos et Ortygia adorable, dépose ton arc et tes chastes flèches dans le sein des Kharites.


Lave dans l’Inôpos ta peau pure, et viens à la maison, pour délivrer Alkétis de ses couches difficiles.



V


Les Brettiens ont jeté leurs armes de leurs épaules infortunées, frappés par la main des Lokriens, combattants rapides.


Ces armes, à la louange du courage, sont couchées dans le palais des dieux, et ne regrettent pas le bras des lâches qu’elles ont quittés.



VI


Entrées dans le temple, regardons la statue de l’Aphrodita, comme elle est bien sculptée dans l’or.


C’est Polyarkhis qui l’a érigée, ayant acquis une grande richesse, grâce à la beauté de ce corps qui est son œuvre.



VII


Kallô a suspendu dans la demeure de la blonde Aphrodita son portrait qu’elle fait faire en tout semblable (à la déesse).


Comme elle se tient tendrement ! Voyez de quelle grâce elle fleurit ! Je te salue, car il n’y a pas une tache sur ta vie.


VIII


Même d’ici on reconnaît Sabaïthis ; c’est son image par la beauté, aussi par la grandeur d’âme.


Regardez : la sagesse et la grâce de celle-ci je crois les voir. Salut mille fois, (tu es) bénie, femme.


IX


Ce tableau a les traits de Thaumareta. Comme il représente bien l’air majestueux et la beauté de cette (femme) aux paupières douces.


À ta vue, même la petite chienne gardienne te caresserait, croyant voir la maîtresse de la maison.


X


C’est le portrait de Melinna. C’est bien elle. Vois comme son gentil visage semble me regarder tendrement.


Vraiment comme la fille ressemble en tout à sa mère ! C’est une belle chose quand les enfants sont ainsi l’image de leurs parents.


XI


Passe en riant aux éclats, et amicalement, dis-moi quelques mots. Je suis Rhintôn le Syracosien,


petit rossignol des Muses. Moi et mes parodies sur les tragiques, nous avons mérité la couronne de lierre.


XII


Ô étranger ! si tu navigues vers Mitylène callichore, pour l’éclairer de la fleur des grâces de Sapphô,


dis que j’étais chère aux muses, que la terre Lokrienne m’enfanta, et sache que mon nom est Nossis. Va.