Le Cri de Toulouse, numéro 1/Variété Divers

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dans les coulisses

Les trois directeurs du théâtre des Variétés sont en conciliabule, le soir d’une des dernières de la Veuve Joyeuse.

M. Ric. — C’est vraiment merveilleux, il suffit d’annoncer la dernière de la Veuve Joyeuse pour faire salle comble.

M. Réveil. — Annonçons la souvent…..

M. Audo. — L’idée est des plus heureuse mais je ne sais pas si ça prendra toujours.

M. Ric. — Bien parlé, Audo, mettons un terme à cet emballement populaire, à cette débauche de Veuve Joyeuse ». D’ailleurs Capoul nous quitte et il serait pour l’instant assez difficilement remplaçable. La représentation de lundi prochain avec notre ami Détours dans le rôle de Figg, clôturera cette longue série pour cette année.

M. Réveil. — Ah ! à propos, je viens de signer avec Mme Bernals et M. Beauval, les créateurs de l’œuvre de Franz-Lehar à Marseille et à Lyon. Pour l’instant, ils donnent quelques représentations à Bordeaux, mais ils débuteront aux Variétés le 15 janvier prochain.

M. Audo. — Que vont-il nous donner ?

M. Réveil. — Mais la « Veuve Joyeuse » parbleu ! Le seul et le vrai succès pécuniaire surtout.

M. Audo. — Pour l’instant, récapitulons un peu. Mariette Sully nous quitte le 25 novembre, après avoir joué la « Petite Bohême » et « Miss Helyett » .

M. Ric. — Pourquoi Miss Helyett ? cette opérette n’a jamais eu le don d’emballer la population.

M. Audo. — Mon cher ! le petit Berthaud m’a supplié de donner cette reprise. Il paraît qu’il y est à croquer.

Voyons, où en étais-je déjà ?

Donc, Mme Tariol Baugé arrive le 27 Novembre et débutera dans la « Mascotte » le 28 au soir. Son engagement porte qu’elle interprétera « Les Brigands », « La Grande Duchesse », « Boccace » et autres pièces du répertoire. Je vois luire à l’horizon d’excellents jours.

M. Ric. — Vous savez également que M. Berthaud part le 7 décembre. Avez-vous pourvu à son remplacement ?

M. Audo. — Je suis en pourparlers avec M. Aymeri, qui, dit-on… Mais chut !… chut !…

M. Réveil. — Ah ! non assez de réminiscence de la « Veuve Joyeuse ».

M. Audo. — Chut ! Voici M. B…, député, arrêtons là notre conversation. Tout le théâtre pourrait être prévenu de nos projets. Réservons la surprise.

L’habilleuse de la première.


à la comédie française

Samedi dernier, au cours de la représentation de La Brebis perdue, s’est produit un curieux incident :

Tandis que le rideau baissait, on vit subitement une partie des spectateurs de l’orchestre et du balcon se lever et regarder les étages supérieurs. Bientôt toute la salle fut debout, chacun demandant anxieusement à son voisin : « Qu’y a-t-il ? » Hélas ! personne ne pouvait le dire, car il n’y avait rien. Aussi devant sa méprise, tout le public partit-il d’un éclat de rire homérique. Renseignement pris, cet incident avait été créé par un spectateur qui avait fait le pari de faire lever tous les assistants rien qu’en fixant pendant quelques secondes le plafond.

après la séparation

Il est curieux de constater que depuis îa séparation des églises et de l’État, si le costume ecclésiastique a cessé de paraître aux cérémonies officielles, il a trouvé, du moins, une place importante sur nos scènes nationales.

L’Amour Veille, de MM. de Fiers et de Caillavet, comportait un rôle de simple prêtre, on voyait un évêque dans Primerose, du même auteur. Et si dans la Brebis perdue, de M. Trarieux, il y a encore un évêque, il est, cette fois, escorté par deux abbés.

Il ne paraît pas douteux que la prochaine pièce se passera dans un séminaire ou dans un couvent.

académie des théâtres

Ils seront cinquante auteurs, directeurs, compositeurs et amateurs de théâtre, — parmi lesquels se sont déjà glissés quelques inconnus, afin que cette académie ne soit pas trop différente des autres, — qui vont se réunir régulièrement sous l’imposante présidence de M. Georges Berry, pour discourir, chaque mois, des choses du théâtre.

Voici les statuts élaborés, à la première rencontre, par les vingt-cinq membres bénévoles de cette académie, parmi lesquels nous citerons : MM. d’Andigné, André Antoine, Clément Bannel, Georges Berry, Robert Beunke, Adolphe Brisson, Émile Broussan, Couyba, Deville, Henry Dubosc, Erlanger, Paul Ferrier, marquis de Fresnoys, Pedro Gailhard, Gérard, Julien Goujon, Émile et Vincent Isola, Xavier Leroux, Camille Le Senne, Émilie Massard, Melchissédec, André Messager, Paul Meunier, Adrien Oudin, Miguel Zamacoîs :

Article premier. — Il est fondé à Paris une Association sous le nom d’Académie des Théâtres.

Art. II. — Elle a pour objet d’étudier toutes les questions se rattachant au théâtre, afin de favoriser et développer l’art dramatique sous toutes ses formes.

Art. III. — Son siège est fixé rue Puvis-de-Chavannes, 14, mais pourra être ultérieurement transféré ailleurs par simple décision du bureau.

Art. IV. — L’Académie des Théâtres comprend 50 membres recrutés à l’élection, sauf les 25 premiers, etc., etc.

« britannicus » et les femmes

Dans une matinée classique, l’Odéon a donné une représentation de Britannicus, dont l’attrait ne laissait pas de rappeler, par certains aspects, les représentations de Saint-Cyr, qui furent l’honneur de Mme de Maintenon. Les rôles de Néron et de Britannicus étaient tenus par deux artistes du sexe le plus beau : Mlles Ventura et Andrée Pascal. Cette tentative avait provoqué le plus vif empressement du public ; la salle était comble ; on a dû refuser du monde. Les ovations furent nombreuses.