Le Croyant/LIV

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Despret frères (p. 75-76).

La voix de l’ouragan gronde dans l’étendue ;
L’éclair brille, il serpente, il sillonne la nue ;
Le rapide alcyon, tremblant, épouvanté,
En vain cherche un abri loin du flot irrité.
Que vois-je ! cependant la lame furibonde
En montagne s’élève, et de la mer profonde
Elle creuse le gouffre !… hélas ! sans gouvernail,
Un navire a sombré ; malgré l’ardent travail
De hardis matelots au dévouement sublime,
Il ne sait s’arracher au dévorant abîme…
C’en est fait !… Ô douleur ! sans voiles, sans agrès,
Il va sous l’océan disparaître à jamais !
Ô pauvres mariniers, si tout vous abandonne,
L’Espérance vous reste, et l’aimable Madone
Dont l’image sacrée est suspendue aux mâts,
En ces affreux instants ne vous délaisse pas !
Vous l’invoquez : bientôt la tempête s’apaise ;

Alors, en s’élançant vers la blanche falaise
Où vos mères déjà pleuraient sur votre mort,
L’équipage sauvé rentre joyeux au port,
Et va se prosterner à l’autel de Marie !

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