Le Croyant/XLIX

La bibliothèque libre.
Despret frères (p. 61-71).

Compagne de celui qui régit ma patrie,
Toi que nous regrettons, Souveraine chérie,
Quel chaume, quel palais n’a retenti de cris
Quand le bruit de ta mort soudain nous a surpris !
Ah ! c’est qu’en toi le pauvre avait perdu sa mère,
Et la Belgique en deuil, son ange tutélaire.

Séparateur


Ô muse des tombeaux, ô toi qui, vers le soir,
Vas sous le triste saule en silence t’asseoir ;
Muse de l’élégie, ô vierge désolée,
Toi que l’on voit gémir au pied du mausolée ;
Qui de tes jeunes sœurs fuyant les vains plaisirs,
En ton cœur nourrissant de pieux souvenirs,
À l’ombre des cyprès, pensive, solitaire,
Pour ceux qui ne sont plus, élèves ta prière ;
Sœur des infortunés, vierge aimante, aide-moi
À déplorer la mort de l’épouse du Roi !
Si mon triste récit fait naître quelques larmes,
À les répandre, au moins, on trouvera des charmes !

Tendre mélancolie, au milieu des tourments,
Souvent tu viens calmer le cœur de tes amants ;
Tu sais les consoler dans leur sombre retraite,

En versant sur leurs maux une douceur secrète !
Que j’aime ton sourire et la triste pâleur
Qu’imprime sur ton front la main de la douleur !…
Que j’aime à visiter les demeures chéries
Où tu vas promener tes mornes rêveries !
Les coteaux, les vallons et l’ombrage des bois,
Les rochers, dont l’écho connaît si bien la voix !…
Ton maintien est si doux, ton langage est si tendre ;
Tu sais au malheureux si bien te faire entendre,
Que dans la douleur même il trouve des appas ;
Lorsque chacun le fuit, tu ne le quittes pas !
Si la mort d’un ami contriste sa pensée,
Pour alléger le poids de son âme oppressée,
Tu pleures avec lui ; pour calmer ses regrets,
Tu lui fais espérer qu’il savoure la paix,
Et qu’il goûte à jamais une ineffable joie
Aux lieux où la douleur enfin lâche sa proie.

Ô muse, inspire-moi des sons doux et touchants,
Et que ta voix plaintive accompagne mes chants !

La mort vient, sous sa faulx, d’abattre une couronne,
Et le peuple, et les grands, tout ce qui m’environne
Revêt, en gémissant, le sombre habit du deuil ;
La foule vient prier au bord d’un froid cercueil.
Lyre, pour célébrer la royale victime,
Pour honorer sa tombe, il faut un chant sublime :
Mais comment redirai-je en vers harmonieux
Ses souffrances, sa mort, nos regrets douloureux ?
Esprit inspirateur, viens souffler sur ma lyre !
Viens enflammer mon cœur de ton brûlant délire !
Enlève le bandeau couvrant mon œil mortel !
Qu’il puisse contempler le séjour éternel !
Alors je chanterai l’inaltérable joie
Dans laquelle aujourd’hui notre Reine se noie.

Vers les bords sablonneux de l’océan du nord,
En face d’Albion, est un paisible port
Où le hardi marin apporte à ma Belgique

Les abondants tributs de la riche Amérique ;
Un phare, en épanchant sa lueur sur les flots,
Y montre, dans la nuit, l’écueil aux matelots ;
Lorsque l’astre éclatant qui le jour nous éclaire,
Verse sur les moissons sa féconde lumière,
En ces lieux le malade accourt de tout côté,
Aux bains rafraîchissants demander la santé :
C’est là, sur le galet, que notre auguste Reine,
D’un pas mal assuré lentement se promène ;
Elle est blessée au cœur depuis que le Français,
De son généreux père oubliant les bienfaits,
Du Louvre tout à coup envahit le portique,
Et brisa sans regrets son sceptre pacifique ;
Pendant huit jours d’angoisse, un glaive de douleur
De sa pieuse fille a transpercé le cœur.
Rien souvent elle va, pensive, sur la grève,
D’un bonheur envolé se rappeler le rêve ;
Chemine à ses côtés le chagrin soucieux.
Parfois, en s’arrêtant, elle cherche des yeux,
Vers les brumeux contours d’une lointaine plage,
Les débris dispersés d’un illustre naufrage ;
De son père elle y voit les restes vénérés,
Qu’entourent une reine et ses fils éplorés,
Ses fils, tristes jouets d’une ingrate fortune…
Elle veut repousser cette image importune ;
Mais son œil ne peut fuir ce funèbre tableau,
Et toujours elle voit se dresser un tombeau…

Tant de maux, cependant, ont vaincu la nature ;
Elle va succomber !… Sur sa douce figure
La sombre maladie et la main du malheur,
Hélas ! ont répandu la mortelle pâleur ;
Déjà de sa beauté se sont fanés les charmes ;
La renommée au loin pousse son cri d’alarmes,
Et le Belge éploré court au pied de l’autel
Offrir les vœux ardents qu’il forme à l’Éternel.

Que vois-je ! à l’horizon l’onde s’est enflammée,
Et dans l’air tourbillonne une épaisse fumée.

Est-ce un brûlant volcan qui jaillit de la mer ?
Non, non, c’est un vaisseau qui fend le flot amer ;
Ainsi qu’un alcyon, sur la vague il s’élance ;
De la rive il approche, il entre au port… silence !!…
Une femme en descend ; le peuple, à son aspect,
S’incline et se découvre avec un saint respect.
C’est la veuve d’un roi ; de deuil elle est vêtue ;
Son âme a bien souffert, mais n’est point abattue,
Car rien n’abat un cœur où domine la foi.
Louise, c’est ta mère ; elle vient près de toi
Pour adoucir ta mort par cet adieu suprême,
Ce morne et sombre adieu qu’on fuit à ceux qu’on aime !


Ô lyre, à la douleur emprunte tes accents,
Et que ta voix plaintive accompagne mes chants !


Sur sa tige la fleur se penche languissante ;
L’arbre abandonne aux vents sa feuille jaunissante,
Et l’automne, avançant vers nos tristes climats,
Étend sur nos vallons son manteau de frimas.

Belges infortunés, contemplez votre Reine ;
De ce monde elle va briser la rude chaîne.
Sa mère, son époux, ses enfants affligés,
En cercle douloureux autour d’elle rangés,
Gémissent en silence en lui cachant leurs larmes ;
Mais elle, ce qui cause aujourd’hui ses alarmes,
Ce n’est pas qu’elle touche au suprême moment :
La douleur qu’elle inspire, ah ! voilà son tourment !…
Elle sent que la mort vers le tombeau la presse ;
Embrasse ses enfants ; sourit avec tristesse ;
Sur la tremblante main de son royal époux,
Imprime longuement le baiser le plus doux ;
Aux prières des siens elle joint sa prière,
Et saintement expire en contemplant sa mère…
Ah ! de tant de vertus, d’un objet tant aimé,
Voilà ce qu’il nous reste, un corps inanimé !…
De l’airain qui gémit la voix lente et sacrée
Dit la triste nouvelle à la foule éplorée.

Ô lyre, à la douleur emprunte tes accents,
Et que ta voix plaintive accompagne mes chants !


Doux aliment des cœurs, consolante Espérance,
Source des plaisirs purs, baume de la souffrance,
Tu nous es donc ravie !… Ah ! de nos tristes yeux,
Et le jour et la nuit, coulez, pleurs douloureux !…
Mort, ô funèbre mort, en venant la surprendre,
Sans doute tu voulais encore nous apprendre
Le néant des humains, le néant des grandeurs !…
Nul, si juste qu’il soit, ne fléchit tes rigueurs !…


Artisan malheureux, à la tête penchée,
Dont elle soulagea la misère cachée,
Inconsolable veuve, indigent orphelin,
Vous tous que secourut son invisible main,
Et vous qui la pleurez, habitants des chaumières,
Rendez-lui ses bienfaits en ardentes prières.


Ô ma lyre, au bonheur emprunte tes accents,
Et que ta voix plus douce accompagne mes chants !


En ébranlant les cieux, une voix imposante,
Et, comme le tonnerre, au loin retentissante,
Dans les vallons divins tout à coup s’éleva ;
C’était la grande voix du puissant Jéhova.
De leurs ailes d’argent les anges se voilèrent,
Leurs fronts humiliés à la fois s’abaissèrent,
Et sur les marches d’or du sacré tribunal
Où sa balance pèse et le bien et le mal,
L’Éternel appela notre Reine Louise :
« Sur la terre, dit-il à cette âme soumise,
» De mes grâces, ma fille, autrefois qu’as-tu fait ? »
L’âme, dans la terreur, baisse l’œil et se tait.
D’élus, en cet instant, une sainte phalange
Légèrement voltige, autour d’elle se range ;
Ce sont les purs esprits de tous ces malheureux
Que sa parole amie a guidés vers les cieux ;
Jadis, quand ils pleuraient en cette vie amère,

Elle avait allégé le poids de leur misère ;
Aux pieds de l’Éternel se jetant à genoux :
« Ô Seigneur, dirent-ils, elle eut pitié de nous,
» Nous vous en supplions, ah ! prenez pitié d’elle !
» Daignez donner la paix à cette âme fidèle ! »
Et les échos émus répétèrent ces mots :
« Ô toi qui, sur la terre, au milieu de leurs maux,
» De tous ceux qui souffraient étais la providence,
» Toi qui dans le malheur conservais l’espérance,
» Ô ma fille, je veux récompenser ta foi ;
» Tu souffris, mais mon fils a souffert comme toi ;
» Si tu portas sa croix, aujourd’hui je te donne,
» Ma fille bien-aimée, une blanche couronne
» Qui pare en ces beaux lieux le front de mes élus ;
» Cette couronne, au moins, tu ne la perdras plus ! »

Se livrant aux transports d’une innocente joie,
Pendant qu’au noir chagrin les Belges sont en proie,
Les Saints, en cet instant, chantent l’hymne d’amour,
Et font entrer Louise au céleste séjour.
Le souffle parfumé d’une brise légère
Agite les cheveux de la jeune étrangère,
Et soulève les plis du long voile d’azur
Dont la gaze soyeuse ombrage son œil pur.
On voit dans leur fraîcheur briller sur son visage
Le lys éblouissant, les roses du bel Age.

Ô ma lyre, au bonheur emprunte tes accents,
Et que ta voix plus douce accompagne mes chants !

D’une robe ondoyante élégamment parée,
Elle a déjà franchi la barrière sacrée ;
Jeune épouse d’un roi, son front présente encor
La trace qu’y laissa son diadème d’or.
Les Trônes, les Vertus, les Splendeurs, les Archanges,
Les Dominations et les saintes Louanges,
Soudain, de toutes parts, accourent pour la voir.
Quand la lime se lève à l’horizon, le soir,
Et les planètes d’or et les blanches étoiles,

Qui de la sombre nuit font scintiller les voiles,
Ceignent l’astre d’argent de l’éclat de leurs feux ;
De l’Empyrée ainsi les habitants joyeux,
Enchaînés par la main, en dansant devant elle,
De leur foule empressée entourent l’immortelle ;
Les tendres Séraphins, les martyres, ses sœurs,
Épanchent à ses pieds des corbeilles de fleurs,
De ces splendides fleurs que le plus beau parterre
Jamais ne vit éclore au soleil de la terre.
Et les Anges Gardiens au visage vermeil,
Qui protégent l’enfant pendant son doux sommeil,
Et le beau Chérubin, dans un ardent délire,
De leur ceinture d’or ont détaché la lyre,
Et l’instrument sacré qui frémit sous leurs mains
Module des accords inconnus aux humains ;
Tout célèbre Louise avec des chants de fête.
Un ange approche d’elle et pose sur sa tête
La palme du martyre et le lys gracieux,
Le lys que chérissaient ses illustres aïeux.

Cependant une voix affectueuse et tendre
Dans la sainte demeure alors se fait entendre ;
Elle dit : « Aimons-la, que du terrestre ennui,
» Son âme, parmi nous, se console aujourd’hui ;
» Elle a quitté ses fils, sa fille, autre elle-même ;
» Elle est loin de sa mère et de l’époux qui l’aime ;
» Qu’elle retrouve en nous d’autres amis aux cieux ;
» Aimons-la, cette sœur, comme on aime en ces lieux.
» Jadis elle a goûté de cet amer calice
» Qu’un Croyant doit vider au jour du sacrifice ;
» Elle y puisa souvent et l’absinthe et le fiel ;
« Qu’elle savoure ici le doux nectar du ciel ;
» C’est assez de douleurs ; dans la plus pure joie
« Et dans les saints transports que son âme se noie… »
Alors une autre voix célébra sa candeur,
Sa douce charité, ces trésors de son cœur.

Les élus, déployant l’albâtre de leur aile,
Enlèvent tout à coup la royale immortelle ;

Ils balancent leur vol dans les champs de l’éther,
Et les échos émus répètent leur concert.
Les Vierges la tenaient tendrement embrassée ;
On voyait leur main blanche autour d’elle enlacée.
Tels en nos prés en fleurs, en nos riants vergers,
Quand sourit le printemps, les papillons légers
Se poursuivent dans l’air, puis leur troupe calmée
S’abat légèrement sur la rose embaumée :
Tels, du divin séjour les heureux habitants,
Après avoir ainsi tourbillonné longtemps
Et fourni dans l’espace une course lointaine,
S’arrêtent à la fois au bord d’une fontaine
Dont le cristal limpide arrose un frais jardin
Plus magnifique encor que ne le fut Éden ;
Là, de charmants oiseaux, par un tendre ramage,
Au maître universel adressaient leur hommage ;
L’atmosphère était pure et les vents se taisaient,
Et tous les bienheureux eux-mêmes écoutaient,
Tandis qu’en doux accords la harpe harmonieuse,
D’un chœur accompagnait la voix mélodieuse.

Et les anges chantaient : « Avec nous, dans la nuit,
» Elle ira visiter, en leur sombre réduit,
» Le malade attristé, l’infortuné qui pleure ;
» Parler au prisonnier en sa froide demeure ;
» Descendant mollement sur un nuage d’or,
» Pour voir en son berceau le jeune enfant qui dort,
» Nous nous inclinerons sur sa bouche vermeille,
» Ainsi que sur la fleur va se pencher l’abeille ;
» Nous lui dirons des mots qui le rendront joyeux,
» Et ferons apparaître en ses rêves heureux
» Son agneau bien-aimé jouant dans la prairie,
» Et l’oiseau voltigeant sur la branche fleurie ;
» Nous irons consoler celui qui va mourir,
» Et nous recueillerons son suprême soupir ;
» Puis, quelquefois, aussi, quand l’horrible tempête,
» Du pauvre nautonnier menacera la tête,
» À genoux près de lui, nous le Seigneur
» Afin que de la mer il dompte la fureur,

» Et du front du Croyant, au milieu de la guerre,
» Nos mains détourneront la balle meurtrière ;
» À l’exilé qui dort sous le toit étranger,
» Nous peindrons son pays dans un songe léger ;
» Des vallons paternels la séduisante image
» Réjouira son cœur sur un lointain rivage ;
» Avec nous, bien souvent, elle ira visiter
» Les enfants éplorés qu’elle vient de quitter ;
» Pour alléger le poids de leur douleur profonde,
» Nous dirons le bonheur dont leur mère s’inonde,
» Et nous leur donnerons le consolant espoir
» Qu’en son palais céleste ils pourront la revoir. »
De Louise, à ces mots, l’aile d’or se déploie,
Son aimable figure étincelle de joie.

Dans la sainte demeure avaient cessé les chants ;
Les Anges gracieux, les Séraphins brûlants,
Laissant flotter dans l’air leurs chevelures blondes,
Avaient déjà repris leurs courses vagabondes,
Quand tout à coup un temple apparaît à leurs yeux ;
Le Créateur commande à l’un des bienheureux
D’y conduire aussitôt Louise triomphante.
Un archange, docile à cette voix puissante,
Effleure les sentiers d’un jardin embaumé ;
Louise suit les pas du guide bien-aimé ;
Les fleurs, apercevant la royale immortelle,
Inclinent humblement leur tête devant elle ;
De l’arbuste frémit le feuillage odorant,
Et les oiseaux ravis recommencent leur chant.

Au milieu d’une immense et riante campagne,
Dans le divin séjour, s’élève une montagne
D’où coule, en scintillant, un fleuve aux ondes d’or ;
Les roses, sans culture, éclosent sur son bord ;
Couronnant le sommet de ce mont solitaire,
Un cercle de soleils épanche sa lumière
Sur les murs transparents d’un temple de cristal
Devant lequel pâlit l’éclat oriental ;
Dans les airs est caché son dôme magnifique ;

Des colonnes d’argent soutiennent son portique.
C’est là qu’on voit trôner, sous le satin d’un dais,
Une candide vierge au regard plein d’attraits ;
Un vase précieux, plein de myrrhe enflammée,
Exhale devant elle une exquise fumée.
Dans les vallons du monde, à notre œil enchanté,
Jamais n’est apparue une telle beauté ;
Tout son corps est paré d’une aimable innocence,
Et la grâce embellit encor sa contenance :
C’est la mère du Christ. De Louise, autrefois,
Elle entendit souvent la suppliante voix,
Lorsque, dans les malheurs qui désolent la terre,
Notre Reine pour nous formait cette prière
Qui d’un jour nébuleux faisait un jour serein.
À son aspect, Marie, en lui tendant la main,
S’avance en souriant vers cette âme fidèle :
« Je t’attendais ici, Louise, lui dit-elle. »
À peine elle achevait, déjà les bienheureux
Avaient recommencé leurs concerts et leurs jeux ;
Autour d’elle ils volaient comme un essaim d’abeilles
Qui butine au printemps sur les plantes vermeilles.

Du groupe des esprits se détachant soudain,
Seul, voltige dans l’air un léger chérubin ;
Il a d’un jeune enfant la candide figure ;
En se mirant en lui comme dans l’onde pure,
Louise contemplant l’éclat de ses beaux yeux,
A bientôt, dans les traits de l’ange gracieux,
Reconnu le souris de ce fils plein de charmes
Dont la précoce mort lui coûta tant de larmes.
Royal enfant jadis, chérubin maintenant,
Il a gardé, peut-être, eu son cœur pur, aimant,
Un vague souvenir de sa vie éphémère,
Un souvenir lointain des baisers de sa mère ;
Car, en la contemplant, son front plein de candeur
Tout à coup resplendit d’amour et de bonheur.
Il a pris son essor et vers elle il s’élance ;
Au-dessus de Louise il joue, il se balance ;
Dans ses bras caressants il va se reposer,

Et cueille sur sa joue un tendre et long baiser.
Par le frémissement de leur aile argentée,
La phalange des Saints, de plaisir transportée,
Tressaille d’allégresse à cet aspect touchant,
Et de nouveau le ciel retentit de leur chant.

Harmonieux esprits ! enfants de la lumière,
Loin de moi vous fuyez comme une ombre légère !
Et vous, sacrés parvis, et vous, cieux étoilés,
À mes yeux tout à coup vous vous êtes voilés !…
Me voici sur la terre, où la foule alarmée
Pleure encore aujourd’hui sa Reine bien-aimée…

Modérez vos douleurs, modérez vos regrets ;
Des vallons éternels elle goûte la paix ;
Frères, ne pleurez plus, car pour vous elle implore
Le maître qu’à genoux toute la terre adore.
Espérons, ô Croyants, qu’au céleste séjour,
Nous pourrons la revoir et la chérir un jour.

Séparateur