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Le Fanatisme/Édition Garnier/Avertissement 2

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Œuvres complètes de Voltaire, Texte établi par Condorcet, Garniertome 4 - Théâtre (3) (p. 95-96).

AVERTISSEMENT
DES ÉDITEURS DE L’ÉDITION DE KEHL.


On trouvera des détails historiques sur Mahomet dans l’Avis de l’éditeur. On y reconnaît la main de M. de Voltaire. Nous ajouterons ici qu’en 1741 Crébillon refusa d’approuver la tragédie de Mahomet, non qu’il aimât les hommes qui avaient intérêt à faire supprimer la pièce, ni même qu’il les craignît, mais uniquement parce qu’on lui avait persuadé que Mahomet était le rival d’Atrée. M. d’Alembert fut chargé d’examiner la pièce, et il jugea qu’elle devait être jouée : c’est un de ses premiers droits à la reconnaissance des hommes et à la haine des fanatiques, qui n’ont cessé depuis de le faire déchirer dans des libelles périodiques. La pièce fut jouée alors telle qu’elle est ici[1]. Quelque temps après, les comédiens supprimèrent le délire de Séide, parce qu’il leur paraissait difficile à bien rendre, et la police trouva mauvais que Mahomet dit à Zopire :

Non, mais il faut m’aider à tromper l’univers.


En conséquence, on a dit pendant longtemps :

Non, mais il faut m’aider à dompter l’univers ;


ce qui faisait un sens ridicule.

Le quatrième acte de Mahomet est imité du Marchand de Londres de Lillo ; ou plutôt le moment où Zopire prie pour ses enfants, celui où Zopire mourant les embrasse et leur pardonne, sont imités de la pièce anglaise. Mais qu’un homme qui assassine sans défense un vieillard vertueux et son bienfaiteur soit toujours intéressant et noble, c’est ce qu’on voit dans Mahomet, et qu’on ne voit que dans cette pièce. Le fanatisme est le seul sentiment qui puisse ôter l’horreur d’un tel crime, et la faire tomber tout entière sur les instigateurs.



  1. L’édition de Bruxelles, 1742, in-8o de soixante et douze pages, m’a donné une bonne correction pour la scène Ire du deuxième acte : voyez, à la page 164, la variante de la page 119, vers 18. En mettant la pièce dans le tome IV de ses Œuvres, Dresde, 1748, in-8o, Voltaire ajouta en tête sa dédicace au pape et les deux lettres en italien, et à la fin, le morceau intitulé : De l’Alcoran et de Mahomet, qui a depuis été fondu dans le Dictionnaire philosophique. Parmi les innombrables éditions de Mahomet, il en est une que l’on doit distinguer ; elle a pour titre : Mahomet, tragédie de Voltaire, publiée avec un Commentaire historique et critique, par Jean Humbert, Paris (imprimé à Genève), Dondey-Dupré, 1825, in-8o de viij et deux cent vingt-trois pages. Il avait paru, en 1742, quatre brochures sur Mahomet : I. Lettre d’un comédien de Lille, in-8o de quatorze pages, daté du 15 juillet 1742. II. Sentiments d’un spectateur, août 1742, in-8o. L’auteur est l’abbé Cahagne, qui pourrait bien aussi être l’auteur de la Lettre d’un comédien, dont il avoue avoir fourni le canevas. III. Lettre à M. de V*** (par Villaret), 1742, in-12 de trente-sept pages. IV. Lettre écrite à M. le comte de***, au sujet de la tragédie de Mahomet, 1742, in-12. Les 1er, 2e et 4e de ces opuscules, qui sont des apologies, ont été réimprimés dans les tomes XIII et XIV des Amusements du cœur et de l’esprit. C’est un nommé Collier qui est auteur de Thomet, ou le Brouillamini, parodie en un acte de Mahomet Ier de M. de Voltaire, par M. C***, représenté pour la première fois sur le théâtre de***, le 7 mars 1755, Londres (Paris), 1755, petit in-8o de quarante-huit pages. Favart avait composé l’Empirique, parodie de Mahomet, en un acte, qui n’a point été imprimée. (B.)