Le Japon illustré/préface

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Larousse (p. 13-14).


LE Japon, — au sentiment de tous ceux qui l’ont visité, — est un des pays les plus intéressants et les plus séduisants qu’il y ait au monde. C’est, en tout cas, l’impression qu’a gardée, d’un séjour au Japon, l’auteur de ce livre. L’intérêt du Japon vient de ce qu’il présente un singulier mélange d’antique civilisation orientale et de moderne civilisation européenne.

En quelles proportions s’accomplit le mélange de ces deux civilisations si différentes ? C’est ce que l’on s’efforcera de déterminer dans la première partie de cet ouvrage. Après avoir décrit la nature du pays, analysé la race de ses habitants, on étudiera, dans le Japon moderne, les survivances du vieux Japon et les emprunts faits à l’Europe.

Survivances du vieux Japon : la vie matérielle, la vie morale, les mœurs et coutumes, l’agriculture, la petite industrie, le petit commerce, les distractions, les religions, les arts, la littérature.

Emprunts à l’Europe : la science, la grande industrie, le grand commerce, la politique, les finances, l’administration, la justice, l’armée, la marine, l’enseignement.

Le Japon, dont la civilisation complexe intéresse l’historien et le penseur, séduit, par d’autres caractères, l’artiste et l’homme de goût : par le charme du paysage, par la courtoisie et la gaieté des habitants, par le pittoresque des mœurs et coutumes, par la beauté puissante ou délicate des oeuvres d’art.

On essayera de faire sentir au lecteur tout l’attrait du Japon, en décrivant, dans le détail, les différentes régions, en rappelant le passé des grandes villes, en citant les principales œuvres d’art que possèdent les temples, les palais et les musées, en signalant les plus pittoresques paysages.

Enfin, on étudiera le Japon hors du Japon, les colonies japonaises, Formose et la Corée.

Il est superflu de célébrer l’illustration de cet ouvrage, ses innombrables reproductions photographiques et ses planches hors texte. C’est la plus pittoresque et la plus sincère évocation du Japon vrai. Feuilleter ces pages illustrées, c’est faire, sans quitter son fauteuil, le plus agréable voyage.

Si de belles gravures donnent à ce livre le caractère d’une oeuvre d’art, quelques cartes, quelques plans, quelques brèves indications statistiques, une bibliographie sommaire accompagnant chaque chapitre, en font une œuvre de vulgarisation précise et de science sans pédantisme.

Ainsi l’art et la science s’unissent pour aider l’auteur à reconstituer, aussi bien que possible, toute la vie réelle de ce pays lointain, si intéressant et si séduisant.



Je remercie chaleureusement mon ami M. Em. Tronquois, vice-consul de France, interprète de première classe, qui, après avoir jadis orienté mes recherches sur le sol japonais, a bien voulu ensuite apporter à l’achèvement de cet ouvrage une aide infiniment précieuse. Je l’ai toujours trouvé prêt à me fournir sur les sujets les plus divers les renseignements dont j’avais besoin ; j’ai mis bien souvent à profit sa rare connaissance de la langue, de la terre, des mœurs japonaises. Il a consenti à rectifier tous les mots japonais cités au cours du volume, notamment sur les cartes : c’est à lui que ce livre doit son orthographe logique et cohérente. Comme il avait utilisé sa bibliothèque, riche en textes japonais, à revoir sur l’original la plupart des passages cités, il a mis à la disposition de l’auteur et des éditeurs sa collection d’œuvres d’art, dont plusieurs reproductions illustrent ce livre. Pour tous ces services rendus avec une parfaite obligeance, qu’il accepte l’expression de ma sincère gratitude !

J’adresse aussi mes plus vifs remerciements à M. Vever, qui a généreusement autorisé les éditeurs de ce livre à reproduire beaucoup des chefs-d’œuvre que contient sa merveilleuse collection. Les lecteurs de cet ouvrage, admis à contempler ces délicieuses estampes, lui seront aussi reconnaissants que l’auteur lui-même.

Félicien CHALLAYE.