Le Japon mort et vif/9

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Baudinière (p. 158-171).

IX

DEVANT LE CHAOS CHINOIS


Dans une réunion tenue à Kobé au début de 1926 et où se rencontraient déjà quelques-uns des leaders panasiatistes, le fameux Sun-Yat-Sen préconisait une alliance russo-sino-japonaise. Sans doute, il s’était posé pendant longtemps en adversaire du gouvernement de Tokio dont il avait dénoncé les menées impérialistes en Chine et dont il avait blâmé avec virulence l’aide donnée au président Yuan Che Kaï. Il l’avait aussi engagé à ne pas bouger pendant la guerre de 1914, mais, depuis lors, le chef cantonais estimait que la formation d’un bloc asiatique s’imposait et que les partisans de l’indépendance totale à l’égard de l’Occident devaient s’entendre. « Il faut rejeter loin de nous, disait-il, tout ce qui pourrait s’infiltrer sous le déguisement d’une civilisation occidentale qui, en réalité, est une civilisation éhontée, suant l’astuce et pourrie de logique intéressée… »

Le Japon ne répondit pas à cette invite et continua sa politique de prudente expectative à l’égard de la république chinoise, sans vouloir rien briser avec les puissances européennes et avec les États-Unis.

Il s’en est tenu à cette ligne de conduite réaliste, refusant d’entrer en hostilité avec la Russie, et refusant aussi de se solidariser entièrement avec les peuples anglo-saxons pour le règlement des affaires de Chine. Ce qu’il veut, c’est, à la fois, l’ordre en Extrême-Orient et le maintien de ses droits spéciaux sur le Liao-Tung et la Mandchourie. Il souhaite qu’aucune domination étrangère ne s’implante en Asie et, cependant, il ne peut laisser le bolchévisme travailler impunément au bouleversement d’un continent où il possède tant d’intérêts matériels et moraux. Il se trouve être le gardien des progrès accomplis au nom de la modernisation des États et le protecteur de la race jaune. Son rôle est de sauvegarder l’apport des méthodes occidentales en même temps que la liberté du monde asiatique. C’est là une position infiniment délicate et qui oblige les diplomates nippons à déployer toutes leurs qualités de souplesse pour ne pas être pris dans de redoutables équivoques et pour ne pas aggraver les conflits qu’ils désirent résoudre.

Personne ne nie aujourd’hui que le Japon soit la première puissance du Pacifique. Or, c’est grâce à la guerre menée victorieusement contre la Chine, à propos de la réforme de la Corée, en 1894, qu’il a commencé à s’imposer à l’attention des nations. Ayant rêvé d’imiter l’Occident, de s’adapter à la lutte politique, de manier les armes nouvelles, c’est en Chine qu’il a étrenné sa jeune audace. Avant de compter parmi les grands pays du monde, il s’est essayé à prendre la première place dans son propre milieu. C’est la Chine qui lui a servi de tremplin.

Sollicité par ses parrains occidentaux de participer à l’expédition contre les Boxers, en 1900, il se comporta très brillamment. Il fut ainsi reconnu l’un des champions de la plus haute civilisation. La défaite qu’il infligea aux Russes en 1904-1905, le classa définitivement au rang qu’il ambitionnait. Notons que c’est avec l’indemnité de 200 millions de taëls — somme considérable pour l’époque — reçue à la suite de la campagne de 1894, qu’il réorganisa sa marine, qu’il doubla les effectifs de son armée, qu’il se procura le matériel destiné, un peu plus tard, à battre les Russes. Le traité de Portsmouth montra que les États-Unis et, aussi, l’Angleterre (bien que plus discrètement) s’effrayaient des succès trop rapides de l’Empire japonais, dont ils limitèrent les effets par une pression concertée.

En 1911, ce fut l’annexion de la Corée qui permit au Japon de se développer encore dans le cadre asiatique. Enfin, la grande guerre lui offrit l’occasion, en 1915, de s’installer à Tsing-tao aux lieu et place de l’Allemagne, et d’aboutir au Traité des vingt et une demandes imposé à la Chine en plein désarroi, traité qui, s’il avait été exécuté, aurait simplement réduit les 350 millions de Chinois à la vassalité ! Ce document est un chef-d’œuvre d’impérialisme. Il découvre bien la soif ardente de domination qui, à ce moment-là, dévorait les dirigeants de Tokio.

Mais ces choses sont loin… La guerre a passé. Une évolution profonde s’est dessinée dans l’esprit politique du Japon. Les troubles sociaux et les secousses économiques l’ont porté à réfléchir sur l’organisation générale de l’Asie. Il s’est rendu à la Conférence de Washington. Il a restitué Tsing-Tao, et abrogé les Vingt et une demandes. Il a signé le concordat des huit nations relatif à l’émancipation chinoise. D’où vient ce virement ? L’Osaka Mainichi du 21 janvier 1927 nous en fournit une explication :

« Le programme wilsonien de l’idéal démocratique, qui a été pour le monde entier l’évangile de la paix, fut, pour le Japon, l’occasion de se débarrasser de ses diplomates de la vieille école et de mettre en avant ceux de la nouvelle imbus d’idées généreuses. Notre équipe de représentants à Washington fut, pour la première fois, composée de jeunes hommes pleins de cet idéal nouveau (le baron Shidehara, M. Matsudaira, ambassadeur aux États-Unis, MM. Saburi, Debuchi, etc. »).

Et l’Osaka Mainichi ajoute :

« Le dessein de cette diplomatie nouvelle n’est pas de courir après l’expansion territoriale, non plus qu’après les alliances, mais il consiste simplement dans la poursuite de la prospérité intérieure économique par le développement de nos relations commerciales avec les nations amies. »

Ainsi, aux clans militaristes, aux hommes qui songeaient à ne soutenir le prestige japonais que par la force, par la brutalité même si les circonstances l’exigeaient, s’est substituée une école plus avertie des dangers de l’impérialisme, et qui, sans vouloir être dupe des manœeuvres égoïstes des autre pays, entend régler son jeu en évitant les vains déploiements d’armes. Cette école considère que la Chine doit, désormais, être ménagée. N’est-ce pas le Japon qui, en grande partie, a éduqué l’élite de la jeune génération chinoise — civile ou militaire — dans ses universités et ses écoles techniques ? N’est-ce point le Japon qui a inculqué des idées de libération a beaucoup de ceux qui se sont engagés dans le mouvement révolutionnaire ? N’est-ce pas le Japon qui a donné l’exemple de la protestation contre les traités inégaux et qui a fini par s’en dégager ?

C’est, en effet, une page mémorable de l’histoire de l’Empire du Soleil Levant que celle de cette lutte contre les privilèges de l’Occident, lutte qui a duré de 1867 à 1899, lutte où se sont manifestées, en vue de l’affranchissement définitif, la ténacité nationale et la subtilité asiatique. Le malheur est que la Chine procède par bonds, par convulsions, par épisodes anarchiques, tandis que le Japon, unifié par une vigoureuse discipline, a pu s’émanciper par étapes bien réglées.

La constitution nipponne et le tempérament chinois diffèrent très sensiblement. Tout cela, les diplomates de la nouvelle école japonaise le savent et l’admettent sans difficulté. Ils n’ent ont pas moins une sympathie très réelle pour les efforts chaotiques auxquels se livrent les leaders de l’indépendance asiatique. Sous leur influence, la majorité de la population du Japon est devenue sinophile. On suit, dans toutes les classes de la société, les épisodes de l’interminable révolution avec la secrète espérance qu’elle finira tout de même par la libération des tutelles étrangères.

Si, pendant longtemps, les divers cabinets de Tokio accordèrent leur appui aux grands chefs militaires du Nord : Yuan-Che-Kaï, Tuan-Chi-Jui, Chang-Tso-Lin, ils ne négligent pas, maintenant, d’entretenir des intelligences dans les partis sudistes. Ils sont d’avis qu’il est prudent de miser sur les principaux tableaux. Malgré les excès des « rouges » à Hankéou, Kiu-Kiang et Nankin, le gouvernement japonais s’est montré modéré dans ses blâmes et ses demandes de réparations. Il est approuvé par l’opinion publique, qui est pacifiste, à l’exception des clans militaires et navals dont l’influence décroît sans cesse.

Quel est le but du Japon ? Il lâcherait volontiers les concessions, les principes d’extra-territorialité, le contrôle douanier à la condition d’obtenir la sécurité de ses propres sujets et un traité commercial favorisant ses exploitations en Chine. Il tâchera de ne pas trop se compromettre pour négocier, à l’instant propice, avec les factions dominantes et avec les chefs lui paraissant de taille à sortir le pays du gâchis. Il sera patient jusqu’à l’extrême limite. Il étudiera toutes les combinaisons propres à une médiation entre les partis rivaux. Naturellement, le Japon agira, selon sa manière, en déployant son activité dans la coulisse et en respectant toutes les apparences, à moins que des événements exceptionnels ne l’obligent à sortir de cette réserve.

À ce sujet, le baron Shidehara formulait ainsi son sentiment dans un article du Referee (15 mai 1927) :

« C’est aux Chinois eux-mêmes qu’il appartiendra de décider qui prendra les rênes du gouvernement de la Chine et quelle sera la sage politique à poursuivre. Si une politique cadrant avec le caractère chinois et capable de provoquer la prospérité à l’intérieur et d’assurer le prestige à l’étranger se révèle, cette politique gagnera du terrain. Si elle ne répond pas à ces espérances, cette politique périra d’elle-même. La vie nationale de ces populations a ses racines dans une suite de milliers d’années et elle se développe dans une atmosphère particulière. Aucun programme d’institutions politiques et sociales, qui serait imposé à la Chine de l’extérieur, n’a la moindre chance de succès durable ! »

Le baron Shidehara demandait aux puissances d’Occident de ne livrer aucune fourniture d’armes aux différentes factions en lutte et il parlait ainsi de la situation toute particulière du Japon :

« Les droits primordiaux de notre pays ne doivent être ni réduits, ni modifiés par un changement quelconque — politique ou social — de la Chine. Il nous est donc imposé de nous tenir en contact avec ceux qui exercent une autorité effective dans chaque région et de faire tous les efforts possibles pour protéger l’existence et les biens de nos nationaux. »

Il concluait que l’intégrité et la souveraineté nationales de la Chine seraient scrupuleusement respectées, le Japon n’ayant que le désir d’un rapprochement économique des deux peuples et ne formant que des vœux pour la réalisation des aspirations légitimes du peuple chinois. Le baron Tanaka, en prenant possession du pouvoir, n’a pas exprimé une autre doctrine. Il s’est montré seulement beaucoup plus catégorique à l’égard de la propagande des Soviets. Il a déclaré dans un de ses premiers discours :

« En ce qui concerne l’activité communiste en Chine, le Japon ne peut rester indifférent, parce qu’il a un intérêt vital à la conservation de la paix en Extrême-Orient et que, d’autre part, il est à même d’être affecté directement par les résultats de cette activité. La question touche étroitement à la paix mondiale et au bonheur de l’humanité. Aussi le Japon est-il prêt à collaborer avec les autres puissances en tenant compte, toutefois, de la nature des problèmes qui sont en jeu et de l’opportunité d’appliquer telles ou telles solutions. J’ai la ferme conviction que notre voisine, la Russie, avec laquelle nous sommes en relations amicales, voudra bien comprendre cette manière de voir. »

Aussi bien, le baron Tanaka passant de la théorie aux actes, a déployé toute sa diplomatie pour détacher le généralissime de l’armée nationaliste, Chiang-Kaï-Chek, des influences bolchévistes. Il n’est pas douteux que la rupture qui s’est produite entre le chef sudiste et Borodine, l’œil et l’agent de Moscou auprès du Kouo-min-tang, a été, au moins partiellement, l’œuvre du Japon. En même temps, le président du Conseil japonais a envoyé 700 fusiliers marins du côté de Tsin-Tao et il a prélevé sur les garnisons de Mandchourie 2 000 hommes de troupes pour les diriger sur Tsi-nan-fou, capitale du Chan-toung. Il a justifié ces mouvements, en invoquant comme prétexte les troubles en perspective dans le Nord et la nécessité de protéger la vie et les biens des sujets japonais qui sont au nombre de 3 000 à Tsin-Tao et à Tsi-nan-Fou. En réalité, il a manœuvré pour impressionner les Nordistes tout en conservant le contact avec les Sudistes pour le jour où ses bons offices apparaîtront urgents.

Le 27 juin 1927, le baron Tanaka, afin d’être mieux renseigné et de ne pas commettre de faux-pas, a convoqué à Tokio une conférence de tous les représentants diplomatiques, consulaires, commerciaux et militaires accrédités en Chine. M. Kenkichi Yoshizawa, ministre du Japon à Pékin, a exposé alors la situation et parlé longuement de la lutte des factions chinoises, dont aucune n’a encore témoigné avec une énergie suffisante de son attachement à la Constitution. De l’avis de ce diplomate, si les nationalistes arrivaient au pouvoir, ils s’empresseraient d’exclure leurs adversaires qui se soulèveraient et fomenteraient de nouveaux troubles. La domination d’un des groupements aux prises n’apportera pas la solution du problème chinois, car il n’en est pas un seul capable de prendre la direction du pays sans la dictature. L’administration et la police sont à peu près impuissantes et il faut encore compter avec les fédérations ouvrières très agitées et avec la multiplicité des sociétés secrètes qui échappent à tout contrôle. C’est pourquoi M. Kenkichi Yoshizawa a dit que, tout en sympathisant avec les aspirations nationalistes de la Chine, il lui paraissait utile — sans esprit d’agression et en évitant les oppositions violentes — de continuer une politique réaliste en attendant les événements plus ou moins lointains qui favoriseront l’unification de la malheureuse Chine. Sa thèse concorde avec l’ensemble de la politique japonaise. Elle a été acceptée par la Conférence sur la politique chinoise. Ne pas se fourrer dans le guêpier, mais assurer la sécurité des nationaux japonais et surveiller tous les points sensibles du Nord au Sud : tel est le mot d’ordre de Tokio.

Quels sont au juste les intérêts japonais en Chine ?

On compte plus de 300 000 sujets du Mikado dans la république chinoise dont 230 000 installés en Mandchourie et dans les provinces soumises à la Chine et 70 000 environ dans la Chine proprement dite. Mais c’est l’infiltration économique et financière qui est importante. À partir de 1918 surtout, les Japonais ont prêté de l’argent non seulement au gouvernement central et aux gouvernements provinciaux, mais encore à la plupart des grandes entreprises privées. Les banques de Tokio ont établi en Chine de nombreuses succursales. En 1922, elles avaient déjà pris pour elles-mêmes ou placé pour 220 millions de yens destinés à aider les industries ou les exploitations particulières.

Aujourd’hui, d’après l’Osaka Mainichi, les capitaux japonais investis dans les trois provinces de Mandchourie sont de l’ordre de un milliard 337 millions de yens. En Chine proprement dite, les placements atteignent 520 millions de yens. Encore ces chiffres ne tiennent-ils pas compte des entreprises des petits négociants disséminées un peu partout. On atteint comme total 2 milliards 750 000 yens représentant l’essentiel de la fortune japonaise en Chine.

Les capitalistes nippons ont des intérêts sidérurgiques considérables, car ils sont les gros bailleurs de fonds de la grande société chinoise Han-yeh-ping, qui possède les fonderies de Hang-yang ainsi que les charbonnages de Ping-siang et les mines de fer de Taï-yeh. C’est de là qu’on tire la majeure partie du minerai qui alimente, au Japon, la fonderie d’État de Yawata, dans le nord du Kyu-Shu. Cette entreprise, située non loin de Wu-Chang, sur le Yang-Tsé, s’est trouvée mal en point depuis la prise d’Hankéou par le parti rouge. Il faudra encore beaucoup d’argent pour réparer les dommages causés par la guerre civile.

La plupart des capitaux engagés en Chine ne rapportent pas un sen dans les conjonctures présentes. Et cela peut durer encore longtemps ! Par contre, la révolution chinoise a servi à améliorer, dans certains cas, les relations commerciales entre les deux pays, principalement au bénéfice du Japon. Celui-ci a profité largement du boycottage organisé contre les produits anglais et américains. Dès 1925, alors que les troubles et les grèves commençaient en Chine, il redoubla d’initiative. Durant les six premiers mois de cette année-là, les exportations japonaises montèrent à 358 980 000 yens, alors que les importations n’étaient que de 186 357 000 yens, soit une plus-value en faveur des premières de 172 623 000 yens. Ces proportions, à cause de la difficulté des communications à l’intérieur de la Chine et de l’insécurité qui règne dans tant de provinces, ne se sont pas maintenues.

Le Japon a bien souffert de quelques boycottages lui aussi, mais il n’a pas été gravement atteint par ces manifestations épisodiques et d’une portée restreinte. Dans l’ensemble, ses produits ont dominé le marché. Il y a eu, de la part des Chinois, un véritable engouement pour tout ce qui est japonais par opposition aux marchandises anglaises. Au début de l’année 1927, les importateurs chinois se sont rendus plus nombreux que de coutume dans toutes les villes industrielles du Japon afin d’y passer de multiples commandes, notamment en cotonnades. Les filatures et les tissages en Chine ont tellement souffert de la guerre civile et des grèves qu’il a bien fallu parer au manque de production. Il en a été pareillement pour bien d’autres articles. Même les Cantonais, naguère les plus anti-japonais parmi les Chinois, ont conclu par haine de la Grande-Bretagne, des marchés d’une ampleur inusitée avec les fabriques nipponnes. L’industrie textile de Tokio et d’Osaka a connu de beaux jours, grâce à tous les bouleversements dont soufre la Chine[1].

Les capitalistes, les industriels, les négociants japonais scrutent l’avenir et comprennent que cela ne durera pas indéfiniment. Aussi bien, ils influent sur les pouvoirs publics, afin qu’un bon traité de commerce soit préparé pour le jour où le calme reviendra. Si la Chine obtient son autonomie douanière — ce qui est l’une de ses revendications essentielles — ce sera, apparemment, pour pratiquer une politique protégeant ses propres industries. Dans ce cas, le Japon souhaite ne pas être trop lésé et il envisage des précautions pour ne pas subir, à son tour, une crise économique cruelle. En outre, si les dispositions des Chinois continuent à être de plus en plus favorables — en raison de la politique nouvelle du gouvernement de Tokio — pourquoi les producteurs japonais ne trouveraient-ils pas le moyen d’investir des capitaux dans les industries chinoises susceptibles de concurrencer les leurs ?

Pour cette politique de collaboration économique et pour la réussite de mille autres projets — une fois les troubles apaisés — il est d’une tactique habile de ne pas heurter actuellement les factions en effervescence mais, au contraire, d’affirmer, envers les unes et les autres, un libéralisme plein de promesses. Il faut penser aux affaires. Les affaires ! Voilà le grand mot.

« Les femmes et les chats eux-mêmes — confessent en riant les Japonais de 1927 — se sont découvert une âme de Jitsugyo-Ka » (de businessman, diraient les Américains). La diplomatie nipponne songe, en effet, à toutes les belles affaires et à l’expansion commerciale possible dans l’immense Chine de demain. Elle n’a pas le droit d’ignorer l’âme du Jitsugyo-Ka. Elle est de son siècle !

  1. À noter toutefois, en contre-partie, qu’autour de Chang-Haï et de Tsing-Tao, un grand nombre de filatures de coton appartiennent aux Japonais eux-mêmes et que, par leur production, ces établissements ont dépassé, durant les périodes calmes, les établissements similaires anglais et chinois. Aujourd’hui, elles souffrent, elles aussi, du gâchis politique général.