Le Jardin des dieux/Pour le schah de Perse/Tapisserie

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Le Jardin des dieuxEugène Fasquelle (p. 228-230).
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TAPISSERIE



Des enfants portent des fruits bleus
        Et violets des îles,
Deux amoureux baissent les yeux
        Sur leurs mains inutiles.

Ils descendent en habits d’or
        D’une longue galère.
D’où viennent-ils ? De Labrador,
        De l’Inde ou de Phalère ?…


Un singe coiffé d’un turban,
        Dans ses petites paumes,
Derrière eux porte en titubant,
        Un miroir et des baumes,

Tandis que, là-bas, les attend
        Sous sa tente orangée,
Prince du golfe, un noir sultan
        Qui croque des dragées.


Caresse des vents oiseleurs
        Sur les roses humides,
Dauphins sautant parmi les fleurs,
        Enchantements d’Armide !


Gouffres de silence, jardins
        Bleus de valériane
Où dansent, fervents baladins,
        Les jets d’eau d’Ariane,

Suave éternité d’azur
        Où le rêve se plonge,
Vergers marins où l’on va, sur
        Le corail et l’éponge,

Jours innombrables et profonds
        Où chaque heure se pose
Plus légèrement que ne font
        Des pétales de rose,

Enchantez-moi d’un horizon
        Qui n’a jamais de rides,
Jardins où brûle la Toison,
        Suaves Hespérides !