Le Jardin du Silence et la Ville du Roy/IV/Je prends vos mains…

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G. Oudin & Cie (p. 131-132).



IV


Je prends vos mains… vous vous taisez… je vous demande
            De ne plus vous cacher de moi.
Vous m’offrez votre bouche et vos beaux yeux descendent
            Sur la jalousie de ma voix.

Pris dans votre réseau mon courage s’oublie ;
            Je reste le moins fort des deux.
Vous vous taisez pour ne donner rien à ma vie
            Que le supplice d’être heureux.


Je n’ai jamais de vous que l’active jeunesse
            Dévorant ma subtile ardeur.
La corbeille des fruits tendue à mon ivresse
            Ne contient les raisins du cœur.

Vous m’avez dit un jour qu’une petite fille
            Sommeillait en vous, doucement ;
Quand je crois la trouver son ombre m’est ravie
            Par le plus lâche enchantement.

Ainsi nous n’avons rien de commun que nos fêtes,
            Le plaisir est notre vaisseau.
Je prends vos mains… vous vous taisez… Et si muette
            Vous creusez pourtant mon tombeau.