Le Joueur (Dostoïevski)/XII

La bibliothèque libre.
Traduction par Ely Halpérine-Kaminsky.
Plon (p. 86-95).
◄  XI
XIII  ►


XII


La babouschka semblait très excitée. Tout ce qui ne concernait pas la roulette lui était indifférent.

À la gare, on l’attendait déjà, comme une victime. Et, en effet, les craintes des nôtres se réalisèrent.

La babouschka s’attaqua de nouveau au zéro : tout de suite douze louis. Une fois, deux fois, trois fois. Le zéro ne sortait pas.

— Mets ! mets ! me commandait-elle.

J’obéissais.

— Combien de mises déjà ? me demanda-t-elle en grinçant des dents d’impatience.

— Douze déjà. Cela fait cent quarante-quatre louis. Je vous répète, babouschka, que peut-être jusqu’au soir…

— Tais-toi. Ponte sur le zéro et mets en même temps mille florins sur la rouge.

La rouge sortit, mais le zéro ne vint pas.

— Tu vois ! tu vois ! Nous avons presque tout regagné. Encore sur le zéro, encore une dizaine de fois, et puis nous l’abandonnerons.

Mais, à la cinquième fois, la babouschka se découragea.

— Envoie le zéro au diable ! et mets quatre mille florins sur la rouge.

— Babouschka ! c’est trop !

Je faillis être battu. Je mis quatre mille florins sur le rouge. La roue tourna. La babouschka ne semblait pas douter du succès.

— Zéro ! appela le croupier.

D’abord, la babouschka ne comprit pas ; mais quand elle vit le croupier ramasser les quatre mille florins avec toutes les mises, et que le zéro sortait juste au moment où elle l’abandonnait, elle fit « Ha ! » et frappa ses mains l’une dans l’autre. On rit autour d’elle.

— Mon Dieu ! cria-t-elle, c’est justement maintenant qu’il sort ! C’est ta faute, me dit-elle, c’est toi qui m’as conseillé d’abandonner le zéro.

— Mais, babouschka, je vous ai dit ce qui est vrai. Puis-je répondre des hasards ?

— Va-t’en ! cria-t-elle avec colère.

— Adieu, babouschka.

Je fis mine de m’en aller.

— Alexis Ivanovitch, reste ! Où vas-tu ? Voilà qu’il se fâche, l’imbécile ! Reste, ne te fâche pas ; c’est moi qui ai tort. Dis-moi ce qu’il faut faire.

— Je ne vous conseille plus, babouschka. Vous m’accuseriez encore si vous perdiez. Jouez seule ; ordonnez ; je ferai ce que vous voudrez.

— Allons ! mets encore quatre mille florins sur le rouge. Tiens ! (Elle me tendit son portefeuille.) J’ai là vingt mille roubles.

— Babouschka !

— Je veux regagner mon argent ! Ponte.

J’obéis ; nous perdîmes.

— Mets ! Mets-en huit mille.

— Cela ne se peut pas, babouschka. La plus grosse mise est de quatre mille.

— Va donc pour quatre !

Cette fois, nous gagnâmes. Elle reprit courage.

— Tu vois ! tu vois !… Encore quatre mille.

J’obéis, nous perdîmes ; puis encore, et puis encore.

— Babouschka, tous les douze sont partis !

— Je vois bien, dit-elle avec une sorte de rage tranquille. Je vois bien, mon petit père, je vois bien ! Mets encore quatre mille florins.

— Mais il n’y a plus d’argent, babouschka. Il n’y a plus que des obligations et des chèques dans le portefeuille.

— Et dans la bourse ?

— Il n’y a que de la menue monnaie.

— Y a-t-il ici des changeurs ? On m’a dit qu’on peut escompter ici toute espèce de papiers.

— Oh ! tant que vous voudrez ! Mais vous perdrez à l’escompte des sommes énormes.

— Bêtises ! Je regagnerai tout ce que j’ai perdu. Roule-moi vers eux !… Qu’on appelle ces imbéciles !

Les porteurs vinrent.

— Vite ! commanda-t-elle. Montre la route, Alexis Ivanovitch. Est-ce loin ?

— À deux pas, babouschka.

À un coude d’une allée nous rencontrâmes tous les nôtres, le général, de Grillet et Mlle  Blanche avec sa mère. Paulina Alexandrovna et M. Astley seuls manquaient.

— Allons ! ne t’arrête pas, criait la babouschka. Que veulent-ils ? Je n’ai pas le temps de m’occuper d’eux.

Je la suivais derrière son fauteuil. De Grillet courut à moi.

— Elle a perdu tout son gain et douze mille florins en plus. Nous « roulons » maintenant pour aller changer les obligations, lui dis-je à voix basse.

De Grillet frappa du pied avec rage et se précipita vers le général. Nous continuâmes notre route.

— Arrêtez ! arrêtez ! me criait le général, hors de lui.

— Essayez donc ! lui répondis-je.

— Ma tante, dit le général, ma tante !… Tout à l’heure… — sa voix tremblait, — nous allons louer des chevaux pour faire une promenade hors de la ville… Une vue splendide… Le Schlagenberg… Nous venions vous chercher.

— Que le diable t’emporte avec ton Schlagenberg ! dit la babouschka avec fureur.

— C’est la campagne tout à fait ; nous y boirons du thé, ajouta encore le général, absolument désespéré.

— Nous y boirons du lait sur l’herbe fraîche, renchérit de Grillet, avec une colère concentrée de bête fauve.

Du lait, de l’herbe fraîche (n’est-ce pas l’idylle idéale des bourgeois de Paris ? C’est pour eux le seul aspect de la nature véritable).

— Va-t’en donc avec ton lait ! Mets-t’en jusqu’aux yeux ; moi, j’en ai déjà trop… Et puis, que voulez-vous de moi ? Je vous dis que je n’ai pas le temps.

— Nous sommes arrivés, babouschka, lui dis-je ; c’est ici.

Nous arrivions à la banque. J’entrai pour faire faire l’escompte ; la babouschka resta à la porte avec le général, de Grillet et Blanche, qui ne savaient quelle contenance prendre. Enfin, ils reprirent le chemin de la roulette.

On me proposa des conditions d’escompte si terribles que je ne pus prendre sur moi de les accepter. Je revins à la babouschka.

— Ah ! les brigands ! cria-t-elle. Eh bien ! tant pis ! change… Non, appelle ici le banquier.

— Un employé, babouschka ?

— Soit ! Ah ! les brigands !

L’employé consentit à sortir quand il sut que c’était une vieille comtesse impotente qui le demandait. La babouschka lui fit de longs reproches, le traita de voleur, essaya de marchander avec lui, en lui parlant une étrange langue composée de mots russes, allemands et français. L’employé, très grave, nous examinait tous deux en hochant silencieusement la tête, sans cacher assez sa curiosité : il en était impoli. Enfin il sourit.

— Eh bien ! va-t’en, cria la babouschka. Change, Alexis Ivanovitch.

Je changeai douze mille florins. Je portai le compte à la babouschka.

— Bien ! bien ! nous n’avons pas le temps de compter. Allons vite ! Plus jamais ni sur le zéro ni sur le rouge !

Cette fois, je tâchai de modérer ses mises en lui persuadant que nous serions toujours à temps pour hasarder davantage quand la chance aurait tourné. Mais elle était si impatiente qu’on ne pouvait la retenir. Dès qu’elle gagnait une douzaine de louis elle disait :

— Tu vois ! ça revient pour nous. Si nous avions mis quatre mille florins au lieu de douze louis, nous aurions gagné quatre autres mille florins. C’est toujours toi…

Tout à coup de Grillet se rapprocha. Je remarquai, en me retournant, que Mlle  Blanche, à l’écart avec sa mère, faisait la cour au petit prince. Il était clair que le général était en disgrâce ; Blanche ne le regardait même pas. Il pâlissait, rougissait, tremblait, ne suivait même plus le jeu de la babouschka. Enfin, Blanche et le petit prince sortirent. Le général les suivit.

— Madame, madame, dit d’une voix doucereuse de Grillet. Babouschka, madame, on ne joue pas ainsi, vraiment !

— Et comment, alors ? Apprends-moi à jouer.

De Grillet se mit à lui donner des conseils, à calculer les chances : la babouschka n’y comprenait rien. Enfin, il prit un crayon et se mit à écrire des combinaisons. La babouschka perdit patience.

— Va-t’en, tu dis des bêtises ! « Madame ! Madame ! » et quand il faut agir, alors il ne sait plus, le conseilleur ! Va-t’en !

— Mais, madame !

Et il recommença ses explications.

— Eh bien ! mets donc une fois comme il dit, m’ordonna-t-elle ; nous allons voir.

De Grillet voulait seulement la détourner de jouer trop gros jeu. Il conseillait de jouer à la fois sur un chiffre à part et sur un système de chiffres. Je misai suivant ses conseils : un louis sur chaque série de nombres impairs dans la première douzaine et cinq louis sur le groupe de nombres de douze à dix-huit et de dix-huit à vingt-quatre : en tout seize louis.

— Zéro ! cria le croupier.

Nous perdions tout.

— Quel imbécile ! s’écria la babouschka. Ah ! le vilain Français ! Va-t’en ! va-t’en ! Il n’y comprend rien et il se mêle de conseiller !

De Grillet, très vexé, leva les épaules, regarda la babouschka avec mépris et s’éloigna.

En une heure nous avions perdu les douze mille florins.

— Rentrons ! cria la babouschka.

Elle ne dit pas un mot jusqu’à l’allée qui conduisait à l’hôtel. Là, elle s’écria tout à coup : « Vieille sotte !… » À peine entrée, elle cria :

— Du thé ! et préparez tout : nous partons.

— Où daignez-vous aller, ma petite mère ? demanda Marfa.

— Est-ce que ça te regarde ? Potapitch, fais les malles, nous retournons à Moscou. J’ai perdu quinze mille roubles !

— Quinze mille roubles, ma petite mère !

— Allons ! imbécile ! as-tu fini de pleurnicher ? Vite la note et en route !

— Le premier train ne part qu’à neuf heures et demie, babouschka, lui dis-je pour calmer un peu son ardeur.

— Quelle heure est-il ?

— Sept heures et demie.

— Quel ennui ! Tant pis ! Alexis Ivanovitch, je n’ai pas un kopeck. Va me changer encore deux obligations, autrement je n’aurai pas de quoi partir.

Une demi-heure après, ma commission faite, je trouvai tous les nôtres, — à l’exception de Paulina, — chez la babouschka. La nouvelle de son départ les consternait plus encore que ses pertes. Il est vrai que son départ sauvait sa fortune ; mais qu’allait devenir le général ? Qui payerait de Grillet ? Mlle  Blanche attendrait-elle la mort de la babouschka ? N’allait-elle pas partir avec le petit prince ou quelque autre ?…

Tout le monde s’efforçait donc de retenir la vieille dame ; mais elle criait à pleine voix :

— Fichez-moi la paix, tas de diables ! Ça ne vous regarde pas ! Et que me veulent ces quatre poils de bouc ? (Elle montrait de Grillet.) Et toi, bel oiseau, que me veux-tu ? (Elle parlait à Mlle Blanche.)

— Diantre !… murmura Mlle Blanche, dont les yeux étincelaient de colère. Puis elle éclata de rire et sortit en criant au général : « Elle vivra cent ans ! »

— Ah ! ah ! c’est sur ma mort que tu comptais ? dit la babouschka au général. Va-t’en !… Alexis Ivanovitch, mets-les tous à la porte ! Mais de quoi vous mêlez-vous ? C’est mon argent, à moi, que j’ai perdu !

Le général haussa les épaules et sortit. De Grillet le suivit.

— Qu’on appelle Praskovia, commanda la babouschka à Marfa.

Cinq minutes après, Marfa revint avec Paulina, qui était restée dans sa chambre avec les enfants. Son visage était triste et soucieux.

— Praskovia, est-il vrai que cet imbécile, ton beau-père, veut épouser cette sotte petite Française, une actrice ou peut-être pis encore ? Hein ?

— Je ne sais pas, babouschka, mais… on peut croire…

— Assez ! interrompit énergiquement la babouschka, je comprends tout. Ç’a toujours été le plus futile, le plus vide des hommes. Il se targue de son grade ; et moi, je sais l’histoire des télégrammes envoyés à Moscou : « La vieille va-t-elle bientôt mourir ? » On attendait l’héritage ! Sans argent, cette ignoble fille…, cette… de Comminges, n’est-ce pas ?… n’en voudrait pas même pour valet, de ce fameux général avec ses fausses dents. Et elle est riche elle-même, dit-on ; elle prête sur gages. Elle a dû l’acquérir proprement, cet argent ! Toi, Praskovia, je ne t’accuse de rien. Je ne veux pas réveiller de vieux griefs. Tu as mauvais caractère, tu es un vrai taon, et tes piqûres sont mauvaises. Mais je te plains quand même, car j’aimais ta mère, Katia. Veux-tu les laisser tous et venir avec moi ? Tu ne sais où aller, et, d’ailleurs, il n’est pas convenable que tu restes avec eux dans ces conditions. Tais-toi, continua la babouschka en imposant silence à Paulina, qui voulait répondre, je n’ai pas fini. Je ne te demande rien. J’ai un palais à Moscou, tu le sais. Je t’offre un étage entier. Tu resteras dans ton appartement sans même me voir, si ça te plaît. Veux-tu, oui ou non ?

— Permettez-moi d’abord de vous demander si vous êtes irrévocablement décidée à partir tout de suite ?

— Ai-je donc l’air de plaisanter, ma petite mère ? Je l’ai dit et je le ferai. J’ai été nettoyée aujourd’hui de quinze mille roubles à votre roulette mille fois maudite. Dans mon district, j’ai promis depuis longtemps de faire construire en pierre une église de planches, et je me suis laissé souffler ici la somme que je destinais à cela ! Eh bien ! je ferai quand même mon église.

— Et les eaux, babouschka ? Vous êtes venue ici pour suivre un traitement.

— Et va donc avec tes eaux ! Ne me mets pas en colère, Praskovia ! Je crois que tu as pris à tâche de m’irriter ! Viens-tu avec moi, oui ou non ?

— Je vous remercie beaucoup, beaucoup, babouschka, pour l’asile que vous m’offrez. Vous avez compris ma situation, je vous en suis reconnaissante ; j’irai chez vous, et bientôt peut-être. Mais, maintenant, pour des motifs… importants… je ne puis me décider tout de suite. Si vous restiez encore une quinzaine…

— Cela veut dire que tu refuses !

— Cela veut dire que je ne peux pas. Puis-je laisser ici mon frère et ma sœur ? Et comme… comme… il se peut qu’on les abandonne… alors… Si vous me preniez moi et les enfants, babouschka, j’irais certainement avec vous, et je tâcherais de mériter vos bontés, ajouta-t-elle avec chaleur. Mais sans les enfants, je ne puis accepter.

— C’est bien ! Ne pleure pas ! (Paulina ne semblait pas avoir l’intention de pleurer, et, de fait, elle ne pleurait jamais.) Je trouverai de la place aussi pour les poussins. Ma maison est assez grande. D’ailleurs, il est temps de les envoyer à l’école. Et alors, tu ne viens pas tout de suite ? Prends garde, Praskovia, je te veux du bien, et je n’ignore pas pourquoi tu restes. Je sais tout, Praskovia ; le petit Français ne te conduira pas au bien.

Paulina prit feu. Je tressaillis.

« Tous sont au courant, excepté moi ! pensai-je. »

— Allons ! ne te fâche pas ; je ne veux pas appuyer là-dessus. Seulement, prends garde… tu comprends ? Tu es intelligente, ce serait dommage. Et assez ! Je voudrais n’avoir vu personne d’entre vous. Va-t’en. Adieu !

— Je voudrais vous accompagner, babouschka, dit Paulina.

— C’est inutile. Vous m’ennuyez tous, à la fin !

Paulina baisa la main de la babouschka ; mais celle-ci retira vivement sa main et embrassa Paulina sur la joue.

En passant auprès de moi, Paulina me jeta un coup d’œil rapide et se détourna aussitôt.

— Eh bien ! adieu, toi aussi, Alexis Ivanovitch. Je pars dans une heure. Tu dois être las de rester toujours avec moi. Prends donc ces cinquante louis.

— Merci, babouschka, mais…

— Allons ! Allons !

Sa voix était si sévère, si énergique que je n’osai refuser.

— Quand tu seras à Moscou, si tu cherches une place, viens chez moi. Et maintenant, fiche-moi le camp.

Je montai dans ma chambre et m’étendis sur mon lit. Je restai une demi-heure sur le dos, les mains croisées derrière la tête. La catastrophe avait éclaté. Il y avait de quoi réfléchir. Je résolus de parler dès le lendemain avec décision à Paulina.

« Ah ! ce petit Français ! me disais-je. C’est donc vrai ? Mais quoi ! Paulina et de Grillet ! quelle antithèse ! »

C’était incroyable. Je me levai, hors de moi, pour aller chercher M. Astley et, coûte que coûte, l’obliger à dire ce qu’il savait. Car il devait en savoir plus que moi. Et ce M. Astley, en voilà encore une énigme !

Tout à coup, j’entendis frapper à ma porte.

— Potapitch !

— Mon petit père Alexis Ivanovitch, on vous demande chez la babouschka.

— Eh ! qu’y a-t-il ? Elle part ? Mais il y a encore vingt minutes à attendre.

— On est très inquiet, mon petit père, on ne tient pas en place. « Vite ! vite ! » C’est vous, mon petit père, qu’on demande. Au nom de Jésus-Christ, hâtez-vous.

Je descendis vivement. La babouschka était déjà dans le corridor ; elle avait son portefeuille à la main.

— Alexis Ivanovitch, viens ! Allons !…

— Où, babouschka ?

— Je ne resterai pas vivante si je ne regagne pas mon argent. Ne m’interroge pas, marche. Le jeu ne cesse qu’à minuit, n’est-ce pas ?

J’étais stupéfait. Je réfléchis un instant, et me décidai aussitôt.

— Comme vous voudrez, Antonida Vassilievna, mais je n’irai pas.

— Et pourquoi cela ? Qu’est-ce qui te prend ? Vous avez donc tous le diable au corps ?

— Comme vous voudrez, mais je ne veux pas avoir de reproches à me faire. Je ne serai ni témoin ni complice. Épargnez-moi, Antonida Vassilievna. Voici vos cinquante louis, et adieu.

Je déposai le rouleau sur une petite table près de laquelle on avait déposé le fauteuil, je saluai et partis.

— Quelle bêtise ! cria la babouschka. Eh bien ! j’irai seule. Viens, Potapitch, en route !

Je ne pus trouver M. Astley. Je rentrai chez moi. Vers une heure du matin, j’appris de Potapitch que la babouschka avait perdu dix mille roubles : tout ce que je lui avais changé.