Le Lalita-Vistara, ou Développement des jeux/Chapitre XXVI

La bibliothèque libre.
Traduction par Philippe-Édouard Foucaux.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Annales du Musée Guimet, tome 6p. 335-368).

CHAPITRE XXVI

Cependant, Religieux, le Tathâgata, ayant fait ce qu’il fallait faire, faisant ce qu’il faut faire, ayant bien coupé tout lien, enlevé toute corruption, effacé les taches et la corruption, ayant vaincu l’opposition du démon, étant entré dans toutes les règles de la loi d’un Bouddha, connaissant tout, voyant tout, doué des dix forces, ayant obtenu les quatre sécurités, ayant bien rempli les dix-huit conditions non mêlées d’un Bouddha, doué des cinq yeux, ayant, avec l’œil d’un Bouddha que rien n’offusque, considéré le monde entier, se mit à penser ainsi : En faveur de qui, tout d’abord, pourrais-je enseigner la loi ? Quel est l’être pur, de bonne nature, facile à discipliner, facile à instruire, facile à purifier, ayant peu de passion, de haine et de trouble d’esprit, et ne faisant pas un secret de la science, et qui, faute d’avoir entendu la loi, a subi une grande privation ? C’est en faveur de celui-là que, tout d’abord, je pourrais enseigner la loi. Et lui qui connaîtrait la loi enseignée par moi, ne me ferait pas d’injure.

Puis, Religieux, ceci vint à la pensée du Tathâgata : Vraiment, Roudraka, fils de Râma est pur, de bonne nature, facile à instruire, facile à purifier ; il a peu de passion, de haine et de trouble d’esprit ; il ne fait pas un secret de la science, et, faute d’avoir entendu la loi, a subi une grande privation. Il enseignerait aux auditeurs la loi qui, avec les mortifications, conduit au séjour où il n’y a ni idée ni absence d’idées. Où est-il maintenant ? Et, à cette pensée, il connut qu’il était mort depuis sept jours.

Les dieux eux-mêmes étant tombés aux pieds du Tathâgata, parlèrent ainsi : Cela est ainsi, Bhagavat ; cela est ainsi Sougata. Il y a aujourd’hui sept jours que Roudraka fils de Râma est mort.

Religieux, il me vint à la pensée : C’est une grande perte pour Roudraka fils de Râma, d’être mort sans avoir entendu une si excellente loi. S’il avait entendu cette loi il l’aurait acceptée ; c’est à lui que, tout d’abord, je l’eusse enseignée, et il ne m’eût pas fait d’obstacle.

Religieux, il vint encore à la pensée du Tathâgata : Quel autre être pur, facile à discipliner (etc., comme précédemment, jusqu’à :) et il n’eût pas mis d’obstacle à l’enseignement de la loi.

Puis, Religieux, le Tathâgata pensa encore : Mais vraiment Arâta Kâlâraa est pur (etc., comme précédemment, jusqu’à) : et il n’eût pas mis d’obstacle à l’enseignement de la loi.

Et le Tathâgata réfléchit en se disant : Où est-il maintenant ? et, en réfléchissant, il connut qu’il était mort depuis trois jours.

Les divinités Çouddhâvâsakâyikas elles-mêmes, annoncèrent respectueusement cette nouvelle au Tathâgata : Cela est ainsi, Bhagavat ; cela est ainsi, Sougata. Il y a aujourd’hui trois jours que Arâta Kâlâma est mort. Alors ceci vint à la pensée du Tathâgata : C’est une grande perte pour Arâta Kâlâma d’être mort sans avoir entendu une si excellente loi. Et cela vint encore à la pensée du Tathâgata : Mais quel est l’autre être pur, d’un bon naturel, etc., qui ne mettrait pas obstacle à l’enseignement de ma loi ?

Puis cela vint à la pensée du Tathâgata : Les cinq de bonne caste, purs, d’un bon naturel, faciles à instruire, faciles à purifier, qui ont peu de passion, de haine et de trouble d’esprit, ne tiennent pas la science cachée ; faute d’avoir entendu la loi, ils ont éprouvé une grande perte : j’ai été, par eux, pendant que je pratiquais des austérités, entouré de soins ; ils accepteront la loi enseignée par moi et ne me susciteront pas d’obstacles.

Ensuite ceci vint à la pensée du Tathâgata : Certainement, c’est aux cinq de bonne caste qu’en premier, je puis enseigner la loi.

Puis le Tathâgata pensa encore : Où demeurent maintenant ces cinq de bonne caste ? Et le Tathâgata examinant le monde tout entier avec l’œil du Bouddha, les aperçut, et vit qu’ils demeuraient dans la ville de Vârâṇasi dans le bois des gazelles, à Rĭchipatana.

Et après les avoir vus, ceci vint à la pensée du Tathâgata : Certainement, c’est aux cinq de bonne caste que je puis tout d’abord enseigner la loi ; ils reconnaîtront la loi enseignée par moi tout d’abord. Pourquoi cela ? C’est qu’ils sont doués de conduite et très bien ornés des lois pures, qu’ils sont tournés vers la route de la délivrance et affranchis de tous liens.

Ensuite, Religieux, le Tathâgata après avoir ainsi réfléchi, s’étant levé de Bôdhimaṇḍa, et ayant parcouru l’étendue des trois mille grands milliers de mondes, successivement, en continuant sa route par le pays de Magadha, arriva au pays des Kâcikas.

Alors, sur le mont Gâyâ, auprès de Bôdhimaṇḍa, un autre Adjivaka vit de loin le Tathâgata qui venait ainsi ; et aussitôt qu’il l’eût vu, il se rendit à l’endroit où il était, et s’étant approché, se tint d’un côté. Puis, Religieux, cet Adjivaka, après avoir entretenu le Tathâgata de plusieurs sujets agréables, lui parla ainsi :

Âyouchmat Gautama, tes sens sont parfaitement calmés ; la couleur de ta peau est parfaitement pure, parfaitement claire ; elle a l’éclat de la couleur jaune. Ainsi, par exemple, le Kola d’automne qui a une couleur jaune, brille de l’éclat d’un jaune brillant, de même aussi les sens de Bhagavat Gâutama sont parfaitement purs, le tour du visage parfaitement pur et d’une belle couleur claire. Ainsi, par exemple, du fruit mûr du Tâla, aussitôt qu’il est détaché du pédoncule, le support qui l’attachait prend le brillant d’une couleur jaune ; il est parfaitement pur, d’une couleur jaune ; de même, tes sens, Gâutama, sont parfaitement purs, le tour de ton visage parfaitement pur, et d’un beau jaune. Ainsi, par exemple, le collier (fait avec) de l’or des fleuves du Djambou, introduit dans l’ouverture de la fournaise par le fils habile de l’orfèvre, quand il est très bien façonné et enveloppé dans une étoffe de laine blanche, est coloré, parfaitement pur, parfaitement clair, et extrêmement brillant d’une couleur jaune. De même aussi, tes sens Gâutama, sont tout à fait calmés ; la couleur de ta peau est très pure, et le tour de ton visage d’un beau jaune. Auprès de qui, Âyouchmat Gâutama, as-tu demeuré comme Brahmatchari ?

Religieux, quand il eût parlé ainsi, le Tathâgata répondit à l’Âdjivaka par cette Gâthâ :

1. Je n’ai eu, en vérité, aucun précepteur ; personne n’est pareil à moi. Moi seul, je suis Bouddha accompli arrivé à la nature froide, dégagé des corruptions, (âçravas).

Celui-ci dit : Gâutama, ne me promets tu pas que je serai certainement Arhat ?

Le Tathâgata dit :

2. C’est moi, c’est bien moi qui suis l’Arhat du monde, moi qui suis, en vérité, l’instituteur sans supérieur. Parmi les dieux, les Asouras et les Gandharbas, il n’y a pas un personnage qui m’égale.

Celui-ci dit : Gâutama, ne me promets-tu pas que je serai Djina ?

Le Tathâgata dit :

3. Ils doivent être reconnus vraiment Djinas pareils à moi, ceux qui ont obtenu la destruction des âçravas. Elles sont vaincues par moi, les mauvaises lois, c’est pourquoi je suis vraiment vainqueur des conséquences (de la corruption).

Celui-ci dit : Âyouchmat Gâutama où donc iras-tu ? Le Tathâgata dit :

4. J’irai à Vârâṇasi, et après être allé dans la ville des Kâcikas, je produirai une lumière sans égale pour le monde devenu aveugle.

5. J’irai à Vârâṇasî, et, après être allé dans la ville des Kâcikas, pour le monde (qui est comme) privé de l’ouïe, je battrai le grand tambour de l’Amrîta !

6. J’irai à Vârâṇasî, et, après être allé dans la ville des Kâcikas, je tournerai la roue de la loi qui n’est pas tournée dans les mondes.

L’Adjivaka dit : J’irai (aussi), Gâutama. Et en parlant ainsi, il se dirigea vers le sud, tandis que le Tathâgata se dirigeait vers le nord.

Ensuite, Religieux, le Tathâgata fut invité, à Gâyâ, par Soudarçana, roi des Nâgas, à demeurer et à prendre de la nourriture.

Alors le Tathâgata s’en alla à Rôhitavastou, de là à Ourouvilvâkalpa, et de là à Aṇâla ; puis dans la ville de Sârathi, et dans tous ces endroits successivement, Religieux, le Tathâgata invité à prendre de la nourriture et à demeurer, arriva enfin à la rivière Gangâ.

Et en ce moment, Religieux, la grande rivière Gangâ était extrêmement pleine et coulait à pleins bords.

Alors, Religieux, le Tathâgata s’approcha d’un batelier pour passer à l’autre bord. Celui-ci dit : Gâutama donne le prix du passage. Ami, je n’ai pas le prix du passage, répondit le Tathâgata et en parlant ainsi, le Tathâgata passa d’une rive à l’autre, à travers le ciel. Alors le batelier en voyant cela fut tout chagrin et se dit : Un être aussi digne d’être honoré par des présents, n’a pas été transporté par moi ! Ah ! quel malheur ! Et, en parlant ainsi, il tomba à terre privé de sentiment. Puis, le batelier alla rapporter cet événement au roi Bimbisâra : Seigneur, le Çramaṇa Gâutama à qui je demandais le péage, m’a dit : je n’ai pas de quoi payer le passage. Et en disant cela, il s’en est allé d’une rive à l’autre à travers le ciel. Tel fut le rapport de celui-ci.

Quand il eut entendu ces paroles, le roi Bimbisâra, à partir de ce moment, abolit le péage pour tous les religieux errants.

Ainsi, Religieux, le Tathâgata allant successivement dans plusieurs pays arriva à l’endroit où se trouve la grande ville de Vârâṇasi. Arrivé là, il revêtit l’habit de religieux, prit un vase aux aumônes et le manteau, et entra dans la grande ville de Vârâṇasi pour demander l’aumône. Après l’avoir parcourue pour l’aumône, avoir fait pour sa nourriture ce qu’il fallait faire, et mangé ce qu’il avait (recueilli) dans sa sébile, il se dirigea vers le bois des gazelles de Rĭchipatana et vers l’endroit où se trouvaient les cinq de bonne caste. Ceux-ci virent de loin le Tathâgata qui venait, et, en le voyant, firent une convention : Voilà le Çramaṇa Ayouchmat Gâutama qui s’approche ; ce relâché, ce gourmand, gâté par l’abandonnement. Si, par des mortifications difficiles à pratiquer, il lui a été impossible, autrefois, de manifester d’aucune manière la supériorité de la vue d’une science vénérable au-dessus de la loi humaine, à plus forte raison, maintenant, qu’il prend une nourriture abondante et reste attaché à l’usage d’une nourriture bien préparée. Il est, en vérité, relâché et gourmand. Il ne faut pas du tout aller au-devant de lui ni se lever en sa présence ; il ne faut prendre ni son manteau de religieux ni sa sébile ; il ne faut lui donner ni siége, ni breuvage, ni nourriture, ni rien pour poser ses pieds ; il faut dire : excepté ces siéges, il n’y en a pas d’autres. Ayouchmat, voilà ce qui reste de siéges ; s’il le désire qu’il s’asseye. Voilà ce qu’ils dirent.

Mais Adjñâta Kâuṇḍinya ne s’engagea dans sa pensée, et ne désapprouva pas cependant par ses paroles.

Religieux, à mesure que le Tathâgata s’avançait vers l’endroit où étaient les cinq de bonne caste, ceux-ci étaient de plus en plus mal à l’aise sur leurs siéges et voulaient se lever. C’est ainsi, par exemple, qu’un oiseau ayant ses ailes, qui serait entré dans une cage, et qui serait brûlé par un feu placé sous cette cage, aurait envie de s’envoler vite, vite, à cause du feu qui le tourmentait. De même, à mesure que le Tathâgata s’approchait des cinq de bonne caste, ils étaient de plus en plus mal à l’aise et avaient le désir de se lever. [Pourquoi cela ?] C’est qu’il n’y a pas un être, dans la multitude des êtres, qui, en voyant le Tathâgata, pourrait ne pas se lever de son siége. Aussi, à mesure que le Tathâgata s’approchait des cinq de bonne caste, ceux-ci, de plus en plus incapables de supporter la splendeur et la majesté du Tathâgata, agités sur leurs siéges, tous rompant la convention, chacun d’eux va au-devant de lui. L’un s’avançant, a pris sa sébile et son manteau ; l’autre lui présente un siége ; celui-ci a un appui pour ses pieds ; celui-là lui apporte de l’eau pour laver ses pieds. « Vous êtes le bienvenu Âyouchmat Gâutama ! vous êtes le bienvenu ! Asseyez-vous Âyouchmat Gâutama, sur ce siége préparé (pour vous) ! — »

Religieux, le Tathâgata s’assit donc sur le siége ainsi préparé ; puis, les cinq de bonne caste, après s’être entretenus avec lui de divers sujets agréables et intéressants, se placèrent d’un seul côté. Et placés d’un seul côté, les cinq de bonne caste parlèrent ainsi au Tathâgata : Âyouchmat Gâutama, tes sens sont parfaitement purifiés ; la couleur de ta peau etc., [et tout le reste, comme plus haut].

Âyouchmat Gâutama, est-elle perçue par vous, l’excellence de la vue de la science vénérable au-dessus de la science humaine ?

Ainsi, interrogé, Religieux, le Tathâgata dit aux cinq de bonne caste : Religieux, ne donnez pas au Tathâgata le titre d’Âyouchmat. Depuis longtemps il ne vous a donné ni profit, ni secours, ni bien être. Religieux, l’immortalité a été perçue par moi, et la voie qui conduit à l’immortalité. Je suis Bouddha, ô Religieux, omniscient, voyant tout, devenu froid et affranchi des corruptions (âçravas). Dominant toutes les lois. Religieux, j’enseignerai moi-même la loi. Venez, écoutez, soyez empressés, prêtez l’oreille, c’est moi-même qui parle et enseigne ; de sorte que, complètement enseignés et complètement instruits, après avoir vu l’affranchissement de l’esprit (délivré) des corruptions (âçravas), ayant compris la loi et l’ayant bien pratiquée, la naissance sera détruite pour nous, l’état de Brahmatchari achevé, ce qu’il faut faire fait, et nous ne connaîtrons plus d’autre naissance après celle-ci. C’est là ce qui arrivera !

Ô Religieux, cela ne vous est-il pas venu dans la pensée : Voilà, en vérité, Âyouchmat Gâutama qui s’approche ; ce relâché, ce gourmand, gâté par l’abandonnement (etc., comme plus haut) ; s’il désire s’asseoir, qu’il s’asseye !

Et quand il eut parlé ainsi, pour ceux-ci des cinq de bonne caste), ô Religieux, toute marque, tout symbole des Tîrthikas, quel qu’il fut, disparut à l’instant même ; le triple vêtement religieux apparut, ainsi que les vases aux aumônes et les chevelures furent rasées ; la conduite honorable de celui qui est Religieux depuis cent ans devint la leur, ce fut la même vocation de Religieux errant et la même perfection.

Alors, Religieux, au même instant, les cinq Religieux étant tombés aux pieds du Tathâgata, avouèrent leur faute, et, pour le Tathâgata qu’ils reconnaissent pour maître, se montrent remplis d’amour, d’égards et de respects.

Puis, remplis de respect, ils font prendre un bain au Tathâgata dans un bel étang, en l’entourant de soins.

Religieux, ceci vint à la pensée du Tathâgata, quand il fut sorti du bain : Partout où les Tathâgatas Arhats Bouddhas parfaits et accomplis antérieurs se sont arrêtés, la roue de la loi a été tournée par eux ; et là aussi, Religieux, à l’endroit de la terre où la roue de la loi a été tournée par les Tathâgatas Arhats Bouddhas parfaits et accomplis, et à cet endroit de la terre, un millier de siéges formés des sept choses précieuses est apparu.

Alors le Tathâgata, par respect pour les Tathâgatas antérieurs, ayant tourné autour de trois siéges en présentant la droite, comme un lion, sans crainte, s’assit sur un quatrième siége, les jambes croisées. Puis, les cinq Religieux avant salué les pieds du Tathâgata avec leurs têtes, s’assirent devant lui.

En ce moment, Religieux, le Tathâgata laissa sortir de son corps une lumière telle, que, par cette lumière, cette région des trois mille grands milliers de monde fut enveloppée d’une grande splendeur. Et, par cette splendeur les mêmes espaces du monde, vicieux et enveloppés de vices, obscurcis par les ténèbres, où le soleil et la lune, tous deux, si grandement puissants, si grandement énergiques, tous les deux connus par leur grande force, n’éclairent pas et ne font pas briller la lumière par leur lumière, la couleur par leur couleur, l’éclat par leur éclat ; là, où les êtres qui y sont nés ne voient pas même (l’extrémité de) leurs bras étendus, dans cette région même, en ce moment, il y eut l’apparition d’une lumière grande et abondante. Et les êtres nés là, enveloppés par cette splendeur, se voient l’un l’autre, se reconnaissent l’un l’autre. Et ils parlèrent ainsi : Ah ! d’autres êtres sont nés ici certainement ; ah ! d’autres êtres sont nés ici certainement. Et cette région des trois mille grands milliers de mondes trembla de six manières avec dix-huit grands signes : Elle trembla, trembla fortement, trembla fortement de tous côtés ; fut ébranlée, ébranlée fortement, ébranlée fortement de tous côtés ; secouée, secouée fortement, secouée fortement de tous côtés ; troublée, troublée fortement, troublée fortement de tous côtés ; résonna, résonna fortement, résonna fortement de tous côtés ; retentit, retentit fortement, retentit fortement de tous côtés ; s’abaissa à l’extrémité, au milieu s’éleva ; s’abaissa au milieu, à l’extrémité s’éleva ; du côté de l’orient s’abaissa ; du côté du couchant s’éleva ; du côté du couchant s’abaissa, du côté de l’orient s’éleva ; du côté du nord s’abaissa, du côté du midi s’éleva ; du côté du midi s’abaissa, du côté du nord s’éleva. En ce moment, furent entendus des sons réjouissants, ravissants, délicieux, produisant le contentement, dignes d’être loués, qu’on ne peut assez louer, dont on ne peut se rassasier, harmonieux et n’inspirant pas de crainte. Et, en ce moment, aucun être ne fut affligé, effrayé ni épouvanté. Et les splendeurs du soleil et de la lune, de Çiva, de Brahmâ et des gardiens du monde, en ce moment, ne se distinguaient plus. Tous les êtres infernaux ou nés dans la condition des bêtes ou dans le monde de Yama, tous, en ce moment, furent délivrés de la douleur et tous remplis de bonheur. Chez tous les êtres, il n’y eut ni passion, ni haine, ni trouble, ni envie, ni jalousie, ni vanité, ni hypocrisie, ni orgueil, ni colère, ni malveillance, ni méchanceté. Tous les êtres, en ce moment, eurent les uns pour les autres des pensées de bienveillance, des pensées de charité comme les sentiments d’un père et d’une mère. Et du réseau des rayons (sortis du corps du Tathâgata) sortirent ces Gâthâs :

7. Celui-ci qui, après être descendu du Touchita, est entré dans le sein d’une mère et est né dans le jardin de Loumbinî, a été reçu (à sa naissance) par l’époux de Çatchi (Indra).

8. C’est lui qui, avec la démarche fière du lion, a fait sept pas, sans être troublé, a fait entendre sa voix pareille aux accents de Brahmâ : « Je suis le premier dans le monde ! »

9. Après avoir abandonné quatre Dvipas et s’être lait religieux errant, afin de venir en aide à tous les êtres, après avoir pratiqué des pénitences difficiles, il s’est approché du lieu où est Mahimaṇḍa.

10. Après avoir vaincu le démon avec son armée, l’Intelligence a été obtenue pour le bien du monde ; il s’est approché de Vârâṇasi pour faire tourner la roue de la loi.

11. Exhorté par les dieux réunis à Brahmâ (qui lui ont dit) : Tourne cette roue égale (pour tous), le consentement a été donné par le Mouni pris de pitié pour le monde.

12. Le voici qui, fidèle à sa promesse, est arrivé à Vârâṇasî, dans le Mrĭgadâva ; la roue sans supérieure et merveilleuse, il la tournera, le très glorieux !

13. Que celui qui désire entendre la loi conquise par le Djina par la succession de centaines de millions de Kalpas vienne avec empressement pour entendre cette loi.

14. La condition d’homme est difficile à obtenir, la production de l’état de Bouddha très difficile à atteindre ainsi que la foi ; ce qu’il y a de meilleur, c’est l’audition de la loi et l’affranchissement des huit conditions sans repos, difficile à atteindre.

15. Par toi qui as abandonné toute folie, tout a été obtenu aujourd’hui : Production de l’état de Bouddha, le repos et la foi et la meilleure tradition de la loi.

16. L’existence, pour toi, a été dans cette condition que, pendant des centaines de mille de Kalpas, on n’a pas entendu la loi ; elle est complètement obtenue aujourd’hui par toi qui as abandonné toute folie.

17. Et cette (voix) exhorte les troupes des dieux à partir des dieux de la terre jusqu’aux Brahmas : Venez promptement tous, le guide (du monde) tournera la roue de l’immortalité !

18. Et, exhortés par cette grande voix divine, en ce moment, tous ayant abandonné leur prospérité divine, arrivèrent à côté du Bouddha.

Ainsi, Religieux, par les dieux de la terre, à Vârâṇasî, à Rĭchipatana dans le Mrĭgadâva, en vue de l’action de tourner la roue de la loi, fut tracée d’une manière surnaturelle la grande mesure du cercle de Tathâgata, belle, agréable à voir, large, étendue, s’étendant à la distance de sept cents Yôdjanas. Le haut du ciel fut décoré par les dieux de parasols, d’étendards, de bannières et de tentures ; et, par les fils des dieux Kâmâvatcharas et Roûpavatcharas, quatre-vingt-quatre mille trônes furent offerts au Tathâgata en disant : Après s’être assis ici, que Bhagavat tourne la roue de la loi, rempli de miséricorde pour nous !

Alors, Religieux, en ce moment, des régions de l’orient, du midi, du couchant, du nord, du zénith, du nadir, de toutes parts, des dix points de l’espace, plusieurs dizaines de millions de Bôdhisattvas en possession de l’ancienne prière (du Tathâgata), étant venus et étant tombés à ses pieds, le prièrent de tourner la roue de la loi.

Et ce qu’il y a ici, dans la réunion des trois mille grands milliers de monde, de gardiens du monde, Çakra ou Brahmâ, ou autres qu’eux, fils des dieux, ayant un grand pouvoir et connus pour leur grand pouvoir, tous étant tombés aux pieds du Tathâgata en le saluant avec la tête le prièrent de tourner la roue de la loi. « Que Bhagavat tourne la roue de la loi ! que Sougata tourne la roue de la loi pour venir en aide à la grande multitude des créatures. Pour le bonheur des dieux et hommes, célèbre ô Bhagavat, le sacrifice de la loi, fais pleuvoir la grande pluie de la loi, déploie le grand étendard de la loi, fais résonner la grande conque de la loi, bats le grand tambour de la loi ! »

Là il est dit :

19. De cette réunion de trois mille mondes, Brahmâ, le maître des Souras et les gardiens (du monde) étant venus en grand nombre, après être tombés aux pieds du victorieux, ont dit : Rappelle-toi la promesse, ô grand Mouni, qui a été faite autrefois par toi, en ces termes : Moi qui suis le premier, le plus grand, j’opérerai, pour les créatures, la destruction de la douleur !

20. Il a été vaincu par toi, le démon avec son armée, quand tu étais auprès du roi des arbres, ô Mouni, revêtu de l’Intelligence excellente et calme d’un Bouddha. Ils ont été abattus, les arbres de la corruption naturelle. Il est rempli complètement ton dessein que tu as bien médité pendant cent Kalpas. Après avoir regardé attentivement la créature sans guide, tourne la roue excellente de la loi !

21. Par la splendeur du Sougata ont été bien éclairés des champs par centaines de mille ; plusieurs centaines de fils du Bouddha sont venus par les forces d’une puissance surnaturelle. Après avoir fait au Sougata une grande quantité de sacrifices divers, ils ont loué le Tathâgata pour ses qualités réelles, et ont imploré celui qui est miséricordieux,

22. (En disant) : Trésor de miséricorde, éclair de la sagesse, qui vois d’une façon surnaturelle, qui es pareil au vent, pendant des milliers de Kalpas, le monde a été appelé et invité au banquet. Du nuage qui a une voie divisée en huit parties, verse la pluie, apaise la soif du monde. Toi qui es, par la contemplation, délivré de la force des sens, augmente la richesse des êtres.

23. Pendant plusieurs milliers de Kalpas, bien instruit, et fixé dans la condition qui est celle du Çoûnya, ayant obtenu le remède qui vient de la loi, tu connais la conduite des êtres. La créature est tourmentée par des centaines de maladies et les misères multipliées de la corruption ; toi qui as le remède des Djinas, ô libérateur, tourne la roue excellente de la loi.

24. Par toi, depuis longtemps passé à l’autre rive, les six trésors ont été augmentés. Sans égale, immuable, accomplie, est accumulée la richesse de la loi. Après avoir vu toute créature sans protecteur, pauvre, sans guide, partage les richesses en sept, ô guide, tourne la roue !

25. Biens, fortune, or, argent, ainsi que les beaux vêtements, les fleurs, les onguents, les cassolettes, les poudres parfumées par excellence et les plus belles demeures ; l’appartement des femmes, la royauté, ton propre fils chéri, ont été abandonnés avec joie (par toi) pour la recherche de l’Intelligence des Djinas ; tourne donc la roue excellente qui appartient à celui qui est un Bouddha.

26. Ta vertu a été gardée intacte, sans tache pendant cent Kalpas ; toujours patient et occupé de pensées héroïques, sans abattement, dénué d’ornements, familier avec la meilleure contemplation, avant une vue surnaturelle, doué de sagesse, ô Mouni, ton désir est parfaitement accompli ; délivré de la fièvre, tourne la meilleure des roues !

Alors, Religieux, dès que cette pensée fut produite, un Bôdhisattva Mahâsattva nommé Tchakravartin offrit en ce moment une roue de la loi ornée de toutes sortes de choses précieuses, embellie par toutes sortes de choses précieuses, ornée par l’arrangement de diverses sortes d’ornements précieux, ayant mille rais, lançant mille rayons, avec un moyeu, avec une circonférence, avec une guirlande de fleurs, avec un réseau d’or, avec un réseau à clochettes, avec un Gandhahasta, avec une urne pleine, avec un Nandikâvarta, avec l’ornement d’un Svastika, colorée de diverses couleurs, ornée de tous côtés de vêtements divins, couverte de fleurs et de guirlandes divines, imprégnée de parfums et d’onguents divins, possédant tout ce qu’il y a de plus précieux, obtenue à cause d’une prière d’autrefois par le Tathâgata pour tourner la roue de la loi, bien purifiée par la pensée du Bodhisattva, digne des hommages d’un Tathâgata, bien comprise de tous les Tathâgatas, non troublée par les bénédictions de tous les Bouddhas, envoyée par les précédents Tathâgatas Arhats vraiment Bouddhas accomplis, et précédemment tournée.

Après s’être incliné, les mains jointes sur le front, (Tchakravartin) loua le Tathâgata par ces Gâthâs :

27. Quand l’être pur fut prédit par Dipangkara (en ces termes) : « Tu seras sûrement Bouddha, toi, lion parmi les lions des hommes, » en ce moment telle fut ma prière : quand l’Intelligence parfaite aura été obtenue, puissé-je exhorter à prêcher la loi !

28. On ne peut les compter tous ceux qui sont entrés, les premiers des êtres venus des dix points de l’espace. Ils exhortent à tourner la roue de la loi, le fils de la race de Çâkya, inclinés, les mains jointes sur le front et tombés à ses pieds.

29. Les arrangements qui, à Bôdhimaṇḍa, ont été faits par les dieux ; les arrangements faits par tous les fils des Djinas, tous ces arrangements sont appuyés sur la roue de la loi. Le Kalpa est achevé ; que tout ce qui a été dit ne l’ait pas été en vain !

30. Le ciel des trois mille mondes est rempli de tous les dieux et le sol de la terre est couvert d’Asouras, de Kinnaras et d’hommes ; pas même un bruit de toux n’est entendu en ce moment ; tous, l’esprit calmé, ont le regard tourné vers le Djina.

Ainsi, Religieux, le Tathâgata passa la première veille de la nuit en ne disant rien. À la veille du milieu de la nuit, il prononça un discours propre à enflammer. À la dernière veille de la nuit, après avoir appelé les cinq de bonne caste, il dit ceci : Ces deux extrêmes, Religieux, sont, pour un Pravradjita, ceux où il ne faut pas s’engager.

(1o) Celui où, pour satisfaire ses désirs on recherche les aumônes, où l’on est bas, grossier, vulgaire, désagréable aux gens honorables, rempli de malice ; où, dans la suite, on n’arrive ni à l’état de Brahmatchari, ni à l’indifférence, ni à l’absence de passion, ni à l’empêchement (de la naissance), ni à la sagesse, ni au revêtissement de l’Intelligence parfaite ni au Nirvâṇa !

(2o) Et cette voie qui n’est pas la moyenne, où on maltraite son propre corps en le tourmentant, où l’on est misérable, rempli de malice, ne voyant pas la loi ; ce qui, pour l’avenir, est la maturation complète de la douleur.

Après avoir marché à côté de ces deux extrêmes, c’est avec la voie moyenne que le Tathâgata enseigne la loi. Ainsi, par exemple, la vue parfaite, la volonté parfaite, la parole parfaite, la fin de l’œuvre parfaite, la manière de vivre parfaite, l’application parfaite, le souvenir parfait, la contemplation parfaite.

Voici, Religieux les quatre vénérables vérités. Lesquelles, au nombre de quatre ? La douleur, l’origine de la douleur, l’empêchement de la douleur, la voie qui conduit à l’empêchement de la douleur.

Et là, qu’est-ce que la douleur ? C’est la naissance même qui est la douleur, la vieillesse même, la maladie même, la mort même, la séparation même d’avec ce qu’on aime et l’union même avec ce qu’on n’aime pas, voilà la douleur. Ce qu’on désire et qu’on n’obtient pas en le recherchant avec ardeur, cela même est la douleur. En un mot, l’objet des cinq prises (de possession par les sens) étant douleur, c’est ce qu’on appelle la douleur.

Et là, quelle est l’origine de la douleur ? C’est ce désir qui se renouvelle sans cesse, qui va avec la passion du plaisir, qui çà et là réjouit ; voilà l’origine de la douleur.

Et là, quel est l’empêchement de la douleur ?. C’est l’apaisement sans qu’il en reste rien et l’empêchement de ce désir qui se renouvelle sans cesse, qui va avec la passion du plaisir et réjouit çà et là, se reproduit et est satisfait. Voilà l’empêchement de la douleur.

Et là, quelle est la voie qui conduit à l’empêchement de la douleur ? C’est la vénérable voie même, composée de huit parties, telles que : la vue parfaite, jusqu’à la contemplation parfaite. Ainsi est dite la vénérable vérité de la voie qui conduit à l’empêchement de la douleur.

Ce sont là, Religieux les quatre vénérables vérités.

Religieux, dans des sujets auparavant inconnus, j’ai dit : voilà la douleur.

Et partant de l’origine, en méditant dans mon esprit, en méditant beaucoup, la science a été produite, l’œil (surnaturel) produit, la connaissance produite, la science abondante produite, l’intelligence produite, la sagesse produite, la lumière est apparue.

Religieux, dans des sujets auparavant inconnus, j’ai dit : Voilà l’origine de la douleur. Et tout le reste comme précédemment.

Religieux, dans des sujets auparavant inconnus, j’ai dit : Voilà l’empêchement de la douleur. Et tout le reste comme précédemment.

Religieux, j’ai dit : Voilà la voie qui conduit à empêcher la douleur, et, depuis ces mots, le reste comme précédemment jusqu’à : la lumière est apparue.

Cette douleur doit être certainement reconnue. Voilà ce que j’ai dit. Religieux ; le reste, comme précédemment, jusqu’à : la lumière est apparue.

Cette origine de la douleur doit certainement être détruite. Voilà ce que j’ai dit, Religieux, dans des sujets auparavant inconnus, etc., jusqu’à : la lumière est apparue.

Cet empêchement de la douleur doit certainement être compris. Voilà, Religieux, ce que j’ai dit, et le reste, comme précédemment, jusqu’à : la lumière est apparue.

Cette voie qui mène à l’empêchement de la douleur doit être conservée, voilà ce que j’ai dit, etc., jusqu’à : la lumière est apparue.

Cette origine de la douleur m’est certainement connue, voilà ce que j’ai dit, dans des sujets auparavant inconnus, etc.

C’est là certainement la destruction de l’origine de la douleur ; voilà, Religieux, ce que j’ai dit dans des sujets auparavant inconnus, etc., comme plus haut.

Et cet empêchement de la douleur a été certainement mis en évidence. Voilà, Religieux, etc., comme précédemment.

C’est là certainement la voie qui conduit à l’empêchement de la douleur ; voilà, Religieux, ce que j’ai dit dans des sujets auparavant inconnus, en partant de l’origine, en méditant, en méditant beaucoup, la science a été produite, l’œil produit, la connaissance produite, l’intelligence produite, la lumière est apparue.

Ainsi donc, Religieux, jusqu’à ce que, par moi, méditant sur les quatre vénérables vérités, en partant de l’origine, ait été produite la science qui a douze faces en la retournant trois fois, je n’ai pas fait cette déclaration : Je suis revêtu de la qualité parfaite, accomplie et sans supérieure d’un Bouddha. Et à partir du moment où, Religieux, dans ces quatre vénérables vérités fut produite la science qui a douze faces en la retournant trois fois ; et lorsque par moi eût été mise en évidence la libération sans trouble de l’esprit et la libération de la sagesse, c’est alors, Religieux, que je fis cette déclaration : Je suis revêtu de la qualité parfaite et accomplie d’un Bouddha. La vue de la science a été produite en moi ; pour moi la naissance est épuisée, j’ai fait le stage d’un Brahmatchari, que j’avais à faire, et je ne connais plus d’autre existence que celle-ci.

Et là il est dit :

31. Avec une voix semblable aux accents de Brahmâ et aux chants des Kinnaras ; avec l’élévation (obtenue) avec des centaines de mille de corps ; avec une méditation incessante pendant plusieurs dizaines de millions de Kalpas, Çâkya Mouni, existant par lui-même, parle à Kâundinya :

32. L’œil n’est ni durable ni stable, de même que l’oreille et aussi la langue ; le corps, l’esprit, la douleur aussi sont inconscients, creux et par leur nature vides, apathiques par leur nature, comme l’herbe ou un mur, sans activité ; il n’y a là ni âme, ni homme, ni vie.

33. En s’appuyant sur des causes connexes, toutes ces substances existent ; privées de la vue (du limité et) de l’illimité, elles sont pareilles au ciel ; il n’y a là pas plus (d’être) agissant qu’il n’y a d’être sentant ; et l’œuvre faite n’est pas détruite, qu’elle soit bonne ou mauvaise.

34. C’est ainsi en s’appuyant sur les aggrégats que se produit la douleur qui s’augmente beaucoup par l’eau du désir. Ceux qui, par la recherche, voient bien la parité de la substance, sont à l’abri de ruines et de dépérissements excessifs causés par la condition de la substance.

35. Par une conception née d’un examen qui ne remonte pas à l’origine, l’ignorance existe et il y a d’elle un producteur ; (si) la cause de l’idée est supprimée, il n’y a plus de passage d’un état à un autre ; la connaissance est produite en s’appuyant sur le passage d’un état à un autre.

36. De la connaissance vient le nom ainsi que la forme, du nom et de la forme sont produits les six sens ; le toucher est, dit-on, uni avec les six sens ; avec le toucher se produit la sensation qui est triple.

37. Toute sensation, quelle qu’elle soit, est dite (procéder du) désir. Du désir, et à sa suite, naît tout l’amas des douleurs ; de la prise de possession vient tout développement de l’existence ; à cause de l’existence est certainement reproduite la naissance pour celui qui (existe).

38. La vieillesse, la maladie, les douleurs ont pour base la naissance ; leur apparition est de bien des sortes dans cette cage de l’existence. Ainsi pour tout être vivant, il y a la condition de cause ; s’il n’y a pas d’âme unie à un corps, il n’y a plus personne qui transmigre.

39. Là où il n’y a ni doute ni indécision, on a déclaré que c’était l’origine ; en partant de l’origine, il n’y a plus là aucune ignorance. Là où il y a, ici-bas, empêchement de la condition d’ignorance, toutes les parties de l’existence sont épuisées, et, dans leur épuisement, empêchées.

40. Ainsi, cette suite de causes (connexes) a été comprise par le Tathâgata ; à cause de cela, existant par lui-même, il s’est lui-même prédit. Je n’appelle pas Bouddha la région de la demeure des aggrégats. Hors celui qui a compris la cause, il n’y a pas ici-bas de Bouddha.

41. Il n’y a pas là de refuge pour ceux qui s’appuient sur les Paratîrthikas. Vide est ici la discussion dans une pareille application de la loi. Les êtres parfaitement purs qui, autrefois, ont accompli l’œuvre d’un Bouddha, sont ceux qui peuvent arriver à la connaissance de cette loi.

42. Ainsi donc, la roue de la loi à douze faces a été bien tournée ; elle a été bien connue par Kauṇḍinya et les Trois précieux ont été mis en évidence.

43. Le Bouddha, la Loi et l’Assemblée des fidèles sont ce qui forme la réunion des Trois Précieux. De l’un à l’autre, la nouvelle en est allée jusqu’au séjour de la cité de Brahmâ :

44. « Elle a été tournée, la roue sans poussière, par le guide protecteur du monde. Ils sont apparus les Trois Précieux, extrêmement difficiles à obtenir dans le monde ! »

45. Après avoir fait de Kauṇḍinya le premier des cinq religieux, l’œil de la loi a été bien purifié chez soixante Kôṭis de dieux.

46. Quatre-vingts autres Kôṭis de divinités de la région de la forme, quand la roue du la loi fut tournée, eurent l’œil parfaitement purifié.

47. Quatre-vingt mille hommes étaient rassemblés chez lesquels fut bien purifié l’œil, et ils furent délivrés de toutes les mauvaises voies.

48. Et, aux dix points de l’espace, l’accent infini de Bouddha, son mélodieux, doux, allant au cœur et beau, est entendu dans l’atmosphère : Par celui qui possède les dix forces, par le taureau des Çâkyas, la roue excellente a été tournée à Vârâṇasi et non autrement, après être allé à Rĭchipatana.

49. Aux dix points de l’espace, les centaines de Bouddhas, quels qu’ils soient, étant restés silencieux, tous les Mounis qui les servent avec respect ont demandé aux Djinas : Pourquoi, après avoir entendu ces accents, ceux qui ont les dix forces ont-ils interrompu les discours de la loi ? Parlez bien, promptement, pourquoi rester silencieux ?

Les Djinas dirent :

50. Dans cent existences précédentes, l’Intelligence ayant été obtenue par les forces de l’héroïsme, plusieurs centaines de mille de Bôdhisattvas sont, ensuite, devenus muets. À cause de cela, par celui qui vient en aide, qui est bien purifié, l’Intelligence bienheureuse étant obtenue et la roue tournée de trois manières, ceux-ci sont restés silencieux.

51. Après avoir entendu ce discours des Mounis, des centaines de Kôṭis d’êtres ayant produit la force de la bienveillance, avancèrent vers la bienheureuse Intelligence suprême. Peur vous aussi (disaient-ils), sous la direction de ce Mouni, la force de l’héroïsme s’est produite ; promptement puissions-nous être, dans le monde, les meilleurs dispensateurs de l’œil de la loi !

Alors Mâitrêya Bôdhisattva Mahâsattva dit à Bhagavat : Bhagavat, ces Bôdhisattvas Mahâsattvas rassemblés des régions des dix points de l’espace du monde, sont désireux d’entendre, de la bouche de Bhagavat, quelle est la place de la transformation merveilleuse de l’action de tourner la roue de la loi. Que Bhagavat Tathâgata Arhat Bouddha parfait et accompli enseigne donc sous quelle forme la roue de la loi a été tournée par le Tathâgata.

Bhagavat dit : Elle est profonde, Mâitrêya, cette roue de la loi, parce qu’elle ne peut être obtenue en la saisissant. Cette roue est difficile à voir par ce qu’elle est sans seconde. Difficile à comprendre est cette roue parce qu’elle ne peut être soumise à la réflexion par la réflexion. Difficile à bien connaître est cette roue, parce qu’elle est comprise dans l’égalité de la science et de la sagesse. Elle est sans trouble, cette roue, parce qu’elle a obtenu une délivrance complète, sans entraves. Déliée est cette roue, parce qu’elle est débarrassée d’appendice. Cette roue est une essence parce qu’elle est obtenue par une science pareille à la foudre. Indivisible est cette roue, parce qu’elle ne procède pas d’une limite antérieure. Cette roue est sans erreur parce qu’elle est débarrassée de tout reproche d’erreur. Imperturbable est cette roue parce qu’elle a l’illimité pour appui. Cette roue est allée partout, parce qu’elle est pareille à l’éther (âkâça). En vérité, Mâitrêya, cette roue de la loi est la roue de l’affranchissement de la vie, de la nature (en général), de la nature propre à chacun et de toute condition. C’est la roue sans naissance, sans entrave, sans origine. C’est la roue sans demeure. C’est la roue qui développe la règle de la loi, sans hésitation et sans doute. C’est la roue de la vacuité ; la roue sans signes : la roue sans désir : la roue de l’idée non formulée. C’est la roue du discernement ; la roue sans passion ; la roue de la restriction ; la roue comprise par le Tathâgata ; la roue qui ne mêle pas les éléments de la loi ; la roue qui ne trouble nullement la vraie limite ; la roue sans désir et sans obscurcissement ; la roue qui a dépassé la vue de la double limite de l’entrée dans les causes connexes (de l’existence) ; la roue qui ne trouble nullement les éléments de la loi sans fin et sans milieu ; la roue qui n’interrompt pas l’action spontanée d’un Bouddha ; la roue qui ne se met pas en mouvement et ne se retourne pas ; la roue excessivement imperceptible ; la roue qu’on ne prend pas, qu’on ne rejette pas ; la roue ineffable ; la roue d’accord avec la nature (visible) ; la roue qui pénètre dans l’égalité de toutes les lois d’un objet ; la roue qui, en vue de la discipline des êtres, n’est pas détournée par des paroles magiques ; la roue sans seconde, sans pareille, sans coupure, entrée dans la règle, au sens excellent ; la roue qui rassemble bien les éléments de la loi. Cette roue est incommensurable ; cette roue dépassant toute mesure, est incalculable ; cette roue, en dehors de tout calcul, ne peut être saisie par la pensée ; cette roue qui a dépassé la voie de l’esprit, est sans égale ; cette roue sans égale est complètement ineffable ; cette roue qui est séparée de tout son, bruit ou chemin de la parole, qui est sans mesure et sans comparaison, est pareille à l’éther, indivisible, non immobile ; non entravée par l’entrée dans les causes connexes (de l’existence) ; calme ; extrêmement calme ; ayant sa nature propre, sans tromperie, et n’étant pas autrement ; parlant le langage de tous les êtres ; châtiment de démons, victoire sur les Tîrthikas, dépassement de l’entrée dans le domaine du monde de la transmigration, entrée dans le domaine de Bouddha ; parfaitement connue des vénérables Poudgalas ; comprise par les Pratyêkabouddhas ; reçue par les Bodhisattvas ; louée par tous les Bouddhas ; non divisée par tous les Tathâgatas. Telle est, ô Mâitrêya, l’espèce de la roue de la loi, tournée par le Tathâgata, pour l’action de tourner laquelle, il est appelé le Tathâgata.

Il est appelé le Bouddha parfait et accompli ; il est appelé Svayambhou (existant par lui-même) ; appelé : Maître de la loi ; appelé Guide ; appelé Guide qui discipline ; appelé Guide en toutes choses ; appelé Conducteur de la caravane ; appelé Celui qui exerce l’empire sur toutes les lois ; appelé Seigneur de la loi ; appelé Celui qui tourne la roue de la lui ; appelé Maître de la lui ; appelé Maître du sacrifice ; appelé Celui dont les vœux sont accomplis ; appelé Celui dont les intentions sont remplies ; appelé l’Instituteur, appelé Consolateur ; appelé Celui qui rassure ; appelé Héros ; appelé Celui qui a abandonné la corruption naturelle ; appelé Complètement vainqueur du combat ; appelé Celui qui a déployé le parasol, l’étendard et la bannière ; appelé Celui qui fait la lumière ; appelé Celui qui fait la clarté ; appelé Celui qui dissipe l’obscurité ; appelé Porte-flambeau ; appelé le grand Roi des médecins ; est appelé Celui qui guérit les êtres ; appelé le grand Extirpateur de la flèche (des inquiétudes) ; appelé Celui qui montre la science sans obscurité ; appelé Celui qui voit bien partout ; appelé Celui qui a l’œil partout ; appelé Celui qui brille partout ; appelé Celui qui a des portes de tous côtés ; appelé Celui qui est en tout vertueux ; appelé Celui qui est en tout (semblable à) la lune ; appelé Tout gracieux ; appelé Celui qui ne prend rien et ne rejette rien sur l’instable ; est appelé Pareil à la terre, parce qu’il n’est ni élevé ni abaissé ; est appelé Pareil au roi des monts, parce qu’il est inébranlable ; appelé Prospérité de tous les mondes, parce qu’il est bien doué de toutes les qualités ; appelé Celui dont la tête n’est pas vue, parce qu’il est élevé au-dessus de tous les mondes. Est appelé Pareil à l’Océan, parce qu’il est difficile de mesurer ta profondeur. Est appelé Mine des joyaux de la loi, parce qu’il possède, accomplis, chacun des joyaux de la lui qui sont les parties de l’Intelligence. Est appelé Pareil au vent, parce qu’il n’a pas de demeure. Est appelé Intelligence sans passion, parce qu’il a une pensée libre sans attache et sans lien. Est appelé Loi qui ne se détourne pas, parce qu’il a la science qui comprend bien toutes les lois. Il est appelé Pareil à la flamme, parce qu’il est dans un état difficile à atteindre, a abandonné tout orgueil et brûlé toute corruption naturelle. Est appelé Pareil à l’eau, parce qu’il a un jugement sans souillure, un corps et un esprit sans tache ayant rejeté tout péché. Est appelé Pareil à l’éther, parce qu’il a obtenu la science claire de la connaissance du champ d’action sans fin et sans milieu des éléments de la loi dont le domaine est la science sans passion ; est appelé Celui qui demeure dans la délivrance complète de la science sans entrave, parce qu’il a complètement abandonné toute loi qui entrave ; est appelé Celui qui a obtenu un corps répandu dans tous les éléments de la loi, parce que, semblable au ciel, il a dépassé complètement la voie de l’œil. Est appelé le plus élevé des êtres, parce qu’il est parfaitement hors du contact de la corruption de tout objet du monde. Est appelé l’Être sans passion ; est appelé l’Être à l’intelligence incommensurable ; est appelé Celui qui enseigne une loi au-dessus du monde ; est appelé le Précepteur du monde ; est appelé le Tchâitya du monde ; est appelé le Médecin du monde ; est appelé Celui qui est élevé au-dessus du monde ; est appelé Celui qui n’est pas souillé par la loi du monde ; est appelé le Guide du monde ; est appelé le Meilleur du monde ; est appelé l’Aîné du monde ; est appelé le Seigneur du monde ; est appelé l’Honoré du monde ; est appelé le Protecteur du monde ; est appelé le Parvenu sur la rive au delà du monde ; est appelé Lampe du monde ; est appelé Le plus élevé du monde ; est appelé le Précepteur spirituel du monde ; est appelé Celui qui fait les affaires du monde ; est appelé Celui qui rend service au monde ; est appelé Celui qui connaît le monde ; est appelé Celui qui a obtenu la suprématie dans le monde ; appelé Digne de grandes offrandes ; est appelé Digne d’hommages ; est appelé Grand champ de mérites ; est appelé l’Être le plus élevé ; est appelé l’Être excellent ; est appelé l’Être le plus excellent ; est appelé l’Être le plus élevé ; est appelé l’Être sans égal ; est appelé l’Être sans supérieur ; est appelé l’Être sans pareil ; est appelé Celui qui est toujours fixé dans l’égalité ; est appelé Celui qui demeure dans l’égalité pour toutes les lois ; est appelé Celui qui a obtenu la voie ; est appelé Celui qui fait voir la voie ; est appelé Celui qui enseigne la voie ; appelé Celui qui est bien établi dans la voie ; appelé Celui qui a dépassé le domaine du démon ; appelé Celui qui a vaincu l’empire du démon ; est appelé Celui qui a obtenu la nature froide sans vieillesse et sans mort ; est appelé Le délivré de l’obscurité et des ténèbres ; est appelé Le délivré de l’anxiété ; appelé Le délivré du doute ; appelé Le délivré de la corruption naturelle ; appelé L’entièrement pur ; appelé Le délivré d’amour ; appelé Le délivré de haine ; appelé Le délivré d’obscurité ; appelé Celui qui a épuisé les découlements (de la corruption) ; appelé Celui qui est sorti de la corruption naturelle ; appelé Celui qui possède le pouvoir ; appelé Celui dont l’esprit est bien délivré ; appelé Celui dont la sagesse est très bien délivrée ; appelé Celui qui connaît tout ; appelé Celui qui a vaincu l’incertitude ; appelé Celui qui a rejeté l’indécision ; appelé Celui qui est bien délivré ; appelé Celui qui est sans passion ; appelé grand Éléphant ; appelé Celui qui a fait ce qu’il faut faire ; appelé Celui qui a fait ce qui était à faire ; appelé Celui qui a enlevé le fardeau ; appelé Celui qui a atteint son but ; appelé Celui qui a complètement épuisé ce qui l’attache à l’existence (émigrante) ; appelé Celui qui a la délivrance (fruit) de la connaissance de l’égalité des lois ; appelé Celui qui parvenu à toute la transcendance du pouvoir sur l’esprit ; appelé Celui qui est parvenu à la transcendance de l’aumône ; appelé Celui qui est très élevé par la vertu ; appelé Celui qui est parvenu à la transcendance de la patience ; appelé Celui qui est élevé par l’héroïsme ; appelé Celui qui a obtenu la science claire de la contemplation ; appelé Celui qui est parvenu à la transcendance de la sagesse ; est appelé Celui dont la prière est accomplie ; est appelé Celui qui demeure dans une grande bienveillance ; appelé Celui qui demeure dans une grande compassion ; appelé Celui qui demeure dans un grand contentement ; est appelé Celui qui demeure dans une grande indifférence ; est appelé Celui qui est très occupé de la réunion des êtres ; est appelé Celui qui a acquis la connaissance sans entrave de chaque chose ; appelé Celui qui est devenu le refuge de chacun ; appelé Celui qui a une grande science ; appelé Celui qui est doué de mémoire, de jugement, de conduite et d’intelligence ; appelé Celui qui a acquis la présence de la mémoire, le renoncement complet, les degrés de la puissance surnaturelle, la force des sens, les parties de l’Intelligence, le calme, et la lumière de (la seconde) vue ; est appelé Celui qui a traversé la mer de la transmigration ; appelé Celui qui est arrivé à l’autre rive ; appelé Celui qui est sur la terre ferme ; est appelé Celui qui a obtenu le bien-être ; appelé Celui qui a obtenu la sécurité ; appelé Celui qui a broyé l’épine de la corruption naturelle ; est appelé le Pouroucha ; appelé Le grand Pouroucha ; appelé Lion des Pourouchas ; appelé Celui qui a mis de côté la crainte et l’horripilation ; est appelé Éléphant ; appelé Sans tache ; appelé Celui qui a mis de côté les trois taches ; appelé le Savant ; appelé Celui qui a obtenu la triple science ; Celui qui a traversé les quatre courants ; appelé Celui qui est passé à l’autre rive ; appelé Kchatriya ; appelé Brahmane ; appelé Celui qui est le seul à porter le précieux parasol ; appelé Celui qui a abandonné la loi du péché ; appelé Bhikchou ; appelé Celui qui a brisé la coque de l’œuf de l’ignorance ; appelé Çramaṇa ; appelé Celui qui a dépassé tous les chemins de la passion ; appelé Modeste ; appelé Celui qui est dégagé de la corruption naturelle ; appelé Celui qui est doué de force ; appelé Celui qui possède les dix forces ; appelé Bhagavat ; appelé Celui qui a réfléchi sur le corps ; appelé Roi au-dessus des rois ; appelé Roi de la loi ; est appelé Le plus excellent des excellents ; est appelé Celui qui, tournant la plus excellente des excellentes roues de la loi, est un instituteur ; appelé Celui qui enseigne une loi qui ne peut être troublée ; appelé Celui qui a la consécration de la science qui sait tout ; appelé Celui qui a ceint le diadème de la délivrance complète et sans tache de la grande science sans passion ; appelé Celui qui est doué des sept joyaux qui sont les parties de l’Intelligence ; appelé Celui qui a obtenu l’excellence de toutes les lois ; appelé Celui qui a le cercle des vénérables Çrâvakas et Conseillers qui le regardent en face ; appelé Celui qui a la suite d’un Bôdhisattva Mahâsattva ; appelé Celui qui a la bonne discipline des bien disciplinés ; appelé le Bôdhisattva bien annoncé par une prophétie ; appelé Pareil à Vâiçravana ; appelé Celui qui a distribué le trésor des sept vénérables richesses ; appelé Celui qui donne libéralement ; appelé Celui qui a tous les bonheurs accomplis ; appelé Celui qui donne tout ce qu’on espère ; appelé le Protecteur du monde entier qu’il aide et soulage ; est appelé Pareil à Indra ; appelé Celui qui porte la foudre de la force de la science ; appelé Celui qui a l’œil partout ; appelé Celui qui voit toutes les lois avec la science sans entrave ; est appelé Celui qui, par la science, se transforme complètement ; est appelé Celui qui est entré dans l’enseignement du drame développé de la loi ; est appelé Pareil à Tchandra ; appelé Celui dont la vue ne rassasie pas tous les mondes ; appelé Celui dont l’éclat très pur est développé de tous côtés ; est appelé Celui qui produit la joie et le ravissement ; est appelé Lumière de tous les êtres dont la vue est tournée vers son visage ; est appelé Celui qui a obtenu d’être la lumière du réceptacle de la pensée et de l’intention de toute créature ; est appelé le Grand arrangement ; est appelé Celui qui a pour suite la foule des astres qui sont ses disciples ou ne sont pas ses disciples ; est appelé Pareil au disque du soleil ; est appelé Celui qui a abandonné l’obscurité et les ténèbres ; est appelé Roi du grand étendard ; est appelé Celui qui a un éclat incommensurable et infini ; est appelé Celui qui fait voir de tous côtés une grande lumière ; est appelé Celui qui, sans être troublé, explique toute question et prédiction ; est appelé le Destructeur de la grande ignorance et des ténèbres ; est appelé Celui qui a l’intelligence qui voit distinctement avec la grande lumière de la science ; est appelé Celui qui n’a pas d’hésitation ; est dit Celui qui, par bonté, par douceur et par une grande compassion pour tout être vivant à un domaine incommensurable éclairé par un rayon égal ; est appelé Celui qui a le cercle difficile à voir, difficile à atteindre et profond de la sagesse transcendante ; est appelé Pareil à Brahmâ ; est appelé Celui qui a la voie honorable du calme complet ; est appelé Celui qui a toute l’excellence de la voie honorable et de la conduite ; est appelé Possesseur de la plus belle forme ; est appelé Celui qu’on ne se lasse pas de voir ; est appelé Celui qui a les sens apaisés ; est appelé Celui qui a l’esprit apaisé ; est appelé Celui qui a rempli toutes les conditions du calme : appelé Celui qui a obtenu un calme éminent, est appelé Celui qui a obtenu le calme de la discipline par excellence, ayant bien rempli les conditions de la vue surnaturelle du calme ; il est appelé Celui qui est gardé, a les sens vaincus, est bien dompté comme un éléphant, et, comme un lac limpide, est clair et pur ; est appelé Celui qui a bien abandonné tous les obscurcissements des impressions de la corruption naturelle ; est appelé Celui qui est doué des trente-deux signes du grand homme ; est appelé Le plus excellent des hommes ; est appelé Celui dont le corps a la réunion variée de quatre-vingts signes secondaires ; est appelé Taureau des hommes ; est appelé Celui qui est doué des dix forces ; est appelé Celui qui a obtenu les quatre intrépidités ; est appelé L’homme éminent guide de ceux qu’il faut discipliner ; est appelé Celui qui a bien complètes les dix-huit conditions non mêlées de la loi d’un Bouddha ; est appelé Celui qui est sans reproche en ce qui regarde le corps, la parole et la pensée ; parce qu’il est doué des meilleurs de tous les signes, il est appelé Celui qui a le cercle de la science complètement purifiée ; parce qu’il a bien compris l’égalité de la production des causes connexes, il est appelé Celui qui demeure dans la vacuité (Çoûnyatâ) ; parce qu’il connaît parfaitement la vraie règle au sens excellent, il est appelé Celui qui demeure dans ce qui n’a pas de signe ; parce qu’il est intact après tout déplacement, il est appelé Celui qui demeure dans l’absence de désir ; parce qu’il a interrompu toute idée (Sañskâra), il est appelé Celui qui est dans l’absence d’idée présente ; parce qu’il est hors du domaine de la science troublée de la limite de l’existence, il est appelé Celui qui dit ce qui est vrai. Parce qu’il est dans le domaine de la science qui a pour signe l’éther, les éléments de la loi et la réalité, il est appelé Celui qui dit ce qui n’est pas autrement. Parce qu’il demeure dans toutes les lois qui ont une part d’illusion, de mirage, de rêve, de lune (réfléchie) dans l’eau, d’écho, de reflet, il est appelé Celui qui a bien compris la loi sans corruption naturelle. Parce qu’il fait naître la cause de la délivrance complète (Parinirvâṇa), il est appelé Celui qu’il n’est pas inutile de voir et d’entendre. À cause de son zèle pour discipliner les êtres, il est appelé Celui dont la marche et les pas ne sont pas inutiles. Parce qu’il a complètement mis fin à l’ignorance et à la soif de l’existence, il est appelé Celui qui a franchi le fossé de la citadelle. Parce qu’il a bien montré le chemin de la véritable issue, il est appelé Celui qui a un pont solide. Parce qu’il n’est pas atteint par tous les agissements du démon et a surmonté toutes les oppositions du démon et de la corruption naturelle, il est appelé Djina (Victorieux). Parce qu’il a complètement dépassé les régions du désir ; il est appelé Celui qui a dépassé le marais du désir. Parce qu’il a complètement dépassé toutes les régions de la forme, il est appelé Celui qui a renversé l’étendard de l’orgueil. Parce qu’il a complètement dépassé la région de ce qui est sans forme il est appelé Celui qui a déployé l’étendard de la sagesse. Parce qu’il possède le corps de la loi et le corps de la science, il est appelé Celui qui a dépassé tous les domaines du monde. Parce qu’il est parfaitement en possession du fruit de la délivrance complète couverte des fleurs sans fin de la science aux qualités précieuses, il est appelé le Grand arbre. Parce que son apparition et sa vue sont difficiles à obtenir, il est appelé Pareil à la fleur de l’Oudoumbara (figuier). Parce que, suivant la règle, il a très bien rempli le désir de la véritable issue, il est appelé Pareil au roi de la pierre précieuse Tchintâmaṇi. Parce que, depuis longtemps, il est ferme dans le renoncement, la bonne conduite, l’austérité, les vœux, l’état de Brahmatchari et n’est ni troublé ni détourné des observances, il est appelé Celui qui a le pied bien posé. Parce que, depuis longtemps, il protège père et mère, Çramaṇas, Brahmanes, précepteurs spirituels, ceux qui méritent des récompenses, ceux qui observent la loi, et qu’il n’abandonne pas ceux qui sont venus chercher un refuge, il est appelé Celui qui a la plante du pied marquée d’une roue à mille rais, d’un Nandyâvarta et d’un Svastika. Parce que, depuis longtemps, il a renoncé à interrompre le souffle vital (des créatures), il est appelé Celui qui a le talon développé. Parce que, depuis longtemps, il a renoncé à interrompre le souffle vital des autres qu’il soutient (au contraire), il est appelé Celui qui a les doigts de la main longs. Parce que, depuis longtemps, il fait l’éloge des qualités de ceux qui ont renoncé à interrompre le souffle vital et qu’il a donné un refuge à beaucoup de gens, il est appelé Celui qui a le corps grand et droit. Parce que, depuis longtemps, à ses père et mère, aux Çramaṇas, aux Brahmanes, aux précepteurs spirituels, à ceux qui méritent des offrandes, il a rendu des honneurs et des services (par le don de) bains, onguents, beurre clarifié, liniments, huile de sésame ; en leur tendant la main, en faisant la toilette de leur corps, en les soulageant de leur fatigue, il est appelé Celui qui a les mains et les pieds doux et polis. Parce que, depuis longtemps, il a bien montré l’habileté à réunir les êtres avec le filet des quatre bases de réunion : Égalité du but, arrivée au but, douces paroles et don, il est dit, ayant les doigts des pieds et les mains réunies par une membrane.

Parce que, depuis longtemps, il s’est montré de la manière la plus remarquable, de plus en plus élevé par la contemplation de la racine de la vertu, il est appelé celui qui a le pied relevé. Parce que, depuis longtemps, aux père et mère, aux Çramaṇas, Brahmanes et directeurs spirituels, à ceux qui méritent des offrandes, et aux Tchâityas des Tathâgatas, il a fait des saints en présentant le côté droit ; qu’il a, en entendant la loi, frémi d’étonnement et de plaisir, réjoui les autres êtres, et s’est appliqué à l’enseignement de la loi, il est appelé Celui dont les poils des membres supérieurs sont tournés à droite.

Parce que, depuis longtemps, s’étant montré respectueux en écoutant la loi, en la retenant, en la récitant, en la faisant connaître par son habileté à pénétrer sûrement et à développer la lettre et le sens ; puis, pour avoir à tous les êtres qui sont face à face avec la vieillesse, la maladie, la mort, donné un asile où aller et n’avoir pas eu de mépris pour ceux qui enseignaient la loi, il est appelé Celui qui à la jambe de la gazelle.

Parce que, depuis longtemps, il a, aux Çramaṇas, aux Brahmanes et Brahmatcharis et à d’autres qu’eux, fait la faveur de donner les ustensiles de l’état de Brahmatchari, donné des vêtements à ceux qui étaient nus, ne s’est pas approché des femmes des autres, a mis en lumière l’éloge des qualités de l’état de Brahmatchari, gardé la chasteté, et a été ferme dans les observances, il est appelé Celui qui a l’organe de la région pubienne rentré dans l’étui.

Parce que, depuis longtemps, il a les mains domptées, les pieds domptés, et que, dans sa douceur, il évite de blesser les êtres par les œuvres du corps, de la parole et de la pensée, il est appelé Celui qui a le bras long. Parce que, depuis longtemps, il connaît la mesure dans la nourriture, a la retenue du ventre de celui qui mange peu, distribue des médecines aux malades, ne méprise pas les petites gens, ne nuit pas à ceux qui n’ont pas de protecteur, fait réparer les Tchâityas en ruine des Tathâgatas, fait construire des Stoûpas et donne la sécurité aux êtres tourmentés par la crainte, il est appelé Celui qui a les proportions du Nyagrodhâ (figuier).

Parce que, depuis longtemps, aux père et mère, Çramaṇas, Brahmanes, précepteurs spirituels, et à ceux qui méritent des offrandes, il a donné des bains, des onguents, du beurre clarifié, des liminents d’huile de sésame ; au temps froid de l’eau chaude, au temps chaud de l’eau froide, des ombrages frais et les jouissances de la saison, des vêtements très fins, moelleux et doux au toucher comme le coton, des lits et des siéges bien remplis ; qu’il a offert aux Tchâityas des Tathâgatas des aspersions d’huile parfumée, des étendards en fins tissus, des bannières et des cordons, il est appelé Celui qui a la peau douce, unie et fine. Parce que, depuis longtemps, il est sans dureté pour tous, a l’habitude des pensées bienveillantes, et, dans sa patience et sa magnanimité, invite à soutenir tous les êtres, en mettant en lumière l’éloge de la qualité d’être sans colère ; parce qu’il a, aux Tchâityas des Tathâgatas, aux images des Tathâgatas offert des incrustations d’or, et des fleurs d’or, répandu de la poussière d’or, donné des étendards, des ornements, des vases d’or et des vêtements d’or, il est appelé Celui qui a la couleur de l’or.

Parce que, depuis longtemps, s’attachant au pas des Paṇḍits en demandant : Qu’est-ce qui est vertueux ? ou non-vertueux blâmable à pratiquer, à ne pas pratiquer ? Quelle est la loi infinie, moyenne, celle à laquelle on doit se soumettre, en examinant le sens, en le pesant sans être troublé ; parce qu’il s’est occupé avec zèle d’enlever des Tchâityas des Tathâgatas, les vers et les araignées, leurs trous et leurs toiles, les guirlandes fanées, les diverses herbes et les ordures, il est appelé Celui qui a les poils des pores naissant un à un.

Parce que, depuis longtemps, aux père et mère, aux précepteurs spirituels, aux maîtres, aux supérieurs, à ceux qui sont dignes d’hommages, aux Çramaṇas, aux Brahmanes, aux malheureux, aux mendiants (Vanîyakas) et le reste qui se sont approchés, après les avoir bien traités, il a donné, suivant leur désir, nourriture, breuvages, vêtements, asile, lampes, ustensiles nécessaires à la vie, et la jouissance de puits, d’étangs pleins d’eau fraîche, pour beaucoup de gens, il est appelé Celui qui a sept protubérances.

Parce que, depuis longtemps, aux père et mère, aux Çramaṇas, Brahmanes, précepteurs spirituels, à ceux qui méritent des offrandes, il a offert des salutations, des paroles d’apaisement, des paroles de bienvenue et la sécurité, et que, sans mépriser les faibles et abandonner ceux qui sont venus chercher un refuge, il les a fortement soutenus sans les repousser, il est appelé Celui qui a la moitié supérieure du corps pareille à celle du lion.

Parce que, depuis longtemps, il a bien pesé ses péchés, et n’a pas regardé comme des péchés les fautes des autres, les défaillances des autres ; qu’il a complètement abandonné les racines de querelles qui divisent les autres, mis de côté les incantations (mantras), bien gardé la limite de la parole et de l’action, il est appelé Celui qui a l’entre-d’eux des épaules larges.

Parce que, depuis longtemps, pour les père et mère, les Çramaṇas, les Brahmanes, les précepteurs spirituels, ceux qui méritent des offrandes et sont désireux qu’on se lève (en leur présence), qu’on aille au devant d’eux avec des paroles de bienvenue, qu’il y a eu répression des êtres qui désirent les querelles, par l’assurance qui vient des livres de loi, et que, conformément à la discipline de sa loi, s’étant convertis, rois et ministres ont été établis dans le chemin de la vertu et introduits dans la méditation ; parce qu’il y a eu compréhension des préceptes du Tathâgata lesquels ont été retenus et conservés, en faisant aller en avant l’acceptation de toutes les pratiques de la vertu, il est appelé Celui qui a l’épaule bien tournée.

Parce que, depuis longtemps, il a complètement abandonné tout objet ; comme c’est l’habitude d’un mendiant, a adressé un discours agréable aux survenants, sans les mépriser, les tromper ni les repousser ; que pour remplir les désirs de tous, il leur a fait des dons et les a fermement soutenus, sans les mettre dehors, il est appelé Celui qui a la mâchoire du lion.

Parce que, depuis longtemps, il a complètement abandonné les méchantes paroles et les incantations (mantras) qui amènent la division, empressé qu’il est de réunir, et qu’il a mis en lumière l’éloge des qualités, il est appelé Celui qui a quarante dents égales.

Parce que, depuis longtemps, ayant abandonné complètement le parti noir et amassé les racines de la vertu du parti blanc, abandonné complètement la maturation complète noire des œuvres noires et fait l’éloge de la maturation complète blanche des œuvres blanches ; parce qu’il a donné du lait, de la nourriture préparée, des vêtements blancs, enduit les Tchâityas des Tathâgatas d’un mélange de chaux et de lait, donné des cordons pour les guirlandes (de fleurs) de Soumanâ, de Vârchikî et de Dhanouchkari et des bouquets de fleurs blanches, il est appelé Celui qui a les dents blanches.

Parce que, depuis longtemps, il a complètement abandonné le rire et la moquerie, qu’il donne de la joie, contient sa parole, prononce des paroles qui réjouissent, ne recherche pas les défaillances et les défauts des autres, accueille tous les êtres avec un esprit égal, avec le même zèle enseigne toute la loi, soutient avec fermeté sans abandonner, il est appelé Celui qui a dos dents non branlantes.

Parce que, depuis longtemps, il ne fait pas de mal et ne nuit pas à tous les êtres, et donne, à ceux qui sont atteints de diverses maladies des soins, à ceux qui sont affaiblis des remèdes, et à tous les voyageurs toutes sortes d’élixirs et des soulagements, il est appelé Celui qui possède le meilleur des élixirs.

Parce que, depuis longtemps, il a complètement abandonné les paroles fausses, dures, cruelles, piquantes, mordantes, désagréables et blessantes pour les autres ; qu’il a employé des paroles bienveillantes, douces, joyeuses, plaisantes, encourageantes, accueillantes, allant au cœur et réjouissant les sens de tous les êtres, il est appelé Celui qui a le son de voix de Brahmâ.

Parce que, depuis longtemps, comme un père et une mère, il a eu, pour tous les êtres, un coup d’œil bienveillant, comme pour un fils unique ; de la bonté pour tout mendiant, et un regard précédé par la douceur et la pitié ; n’agissant pas tortueusement, regardant sans cligner l’œil les Tchâityas des Tathâgatas, montrant aux autres êtres les Tathâgatas, les accueillant, les soutenant avec fermeté, il est appelé Celui qui a les yeux d’un bleu foncé.

Parce que, depuis longtemps, il a complètement abandonné les pensées basses, les sentiments bas, s’est occupé de l’accomplissement de désirs grands et généreux et de faire donner aux êtres qui la désiraient, la loi sans supérieure ; parce qu’il a abandonné le visage aux sourcils froncés pour avoir le visage riant, qu’il s’est attaché aux pas de tous les amis de la vertu en allant au devant d’eux, et ne s’est jamais détourné du soin d’amasser toutes les racines de la vertu, il est appelé Celui qui a les cils pareils à ceux de la génisse.

Parce que, depuis longtemps, il a abandonné tout péché de parole, a mis en lumière l’éloge des qualités incommensurables de tous les Çrâvakas, Pratyêka-Latn et prêcheurs de la loi ; parce qu’il a écrit les Soutras des Tathâgatas, les a récités, les a lus et fait bien comprendre, par son habileté à faire connaître aux êtres les sens de ces lois et la coupure des mots, il est appelé Celui qui a la langue très longue.

Parce que, depuis longtemps, il a salué avec la tête la plante des pieds des père et mère, des Çramaṇas, Brahmanes, précepteurs spirituels et de ceux qui sont dignes d’offrandes ; a fait honneur aux Pravradjitas, leur a parlé comme il convient, a soigné (?) leurs cheveux et jeté dessus de l’huile de sésame parfumée, a donné à tous les mendiants des poudres, des cordons de guirlandes et des ornements de tête, il est appelé Celui qui a sur la tête un diadème qu’on ne voit pas.

Parce que, depuis longtemps, il a fait faire tous les sacrifices qui n’ont pas d’époque fixe ; n’a pas mis d’obstacle à tous les enseignements des amis de la vertu ; n’a pas inquiété les messagers envoyés par les prédicateurs de la loi, qui vont et viennent d’un endroit à l’autre ; parce que, pour tous les Bouddhas, Bodhisattvas, Pratyêka-Bouddhas et pour les vénérables Çrâvakas, les précepteurs de la loi ; parce que, pour les père et mère, pour les précepteurs spirituels et pour ceux qui sont dignes d’offrandes, afin de leur faire honneur, il a fait préparer des huiles aux parfums divers, du beurre, des flambeaux et des lampes qui détruisent l’obscurité et les ténèbres, et aussi des images de Tathâgatas ornées des plus belles choses, avec un cercle de poils blancs comme le lait outre les sourcils ; et enfin, parce qu’il a fait voir face à face aux êtres la pensée de l’Intelligence, et qu’il se distingue éminemment par l’accumulation de ses vertus, il est appelé Celui qui a au milieu des sourcils un cercle de poils (oûrṇâ) tournés à droite et brillant d’un pur éclat.

Parce qu’il est doué de la grande force de Nârâyaṇa, il est appelé Celui qui a une grande force.

Parce qu’il est doué d’une force à mettre en déroute cent Kôṭis (cent fois dix millions) de démons, il est appelé Celui qui a la force de Nârâyaṇa.

Parce qu’il est doué des dix forces d’un Tathâgata, il est appelé Celui qui discipline tous les adversaires.

Parce qu’il est habile à connaître le stable et l’instable, a complètement abandonné le véhicule infime et éphémère, possède la force bien acquise des qualités du grand véhicule et fait usage de cette force sans se lasser, il est appelé Celui qui possède les dix forces d’un Tathâgata.

Parce qu’il est doué de la force qui connaît la maturation complète et la cause de l’entreprise de toutes les actions passées, futures et présentes ; qu’il est habile à connaître le stable et l’instable, a complètement abandonné le véhicule infinie et éphémère et possède la force bien acquise des qualités du grand véhicule, il est appelé Celui qui use de la force sans se lasser.

Parce qu’il est doué de la force qui connaît en détail les organes de tous les êtres et les mesures diverses de leur énergie, il est appelé Celui qui a la force de la science de la maturation complète et de la cause de l’entreprise des actions passées, futures et présentes.

Parce qu’il possède la force qui connaît l’entrée dans les nombreux éléments du monde et les divers éléments du monde, il est appelé Celui qui possède la science des organes de tous les êtres et les mesures diverses de leur énergie.

Parce qu’il est doué de la force qui connaît les inclinations nombreuses, les inclinations diverses, toutes les inclinations sans exception et la délivrance complète, il est appelé Celui qui possède la force qui connaît l’entrée dans les éléments nombreux, les éléments divers du monde.

Parce qu’il est doué de la force qui connaît la voie qui va partout, il est appelé Celui qui possède la force qui connaît les inclinations nombreuses, les inclinations diverses, toutes les inclinations, sans exception et la délivrance complète.

Parce qu’il est doué de la force qui connaît toute méditation, libération parfaite, contemplation, entrée dans l’indifférence, corruption naturelle universelle, pureté parfaite, stabilité parfaite, il est appelé Celui qui est doué de la force qui connaît la voie qui va partout.

Parce qu’il est doué de la force de la science sans passion qui connaît les nombreuses demeures antérieures, il est appelé Celui qui possède la force qui connaît toute méditation, libération complète, contemplation, entrée dans l’indifférence, corruption naturelle universelle, pureté parfaite et stabilité parfaite.

Parce qu’il est doué de la force de la science qui voit avec l’œil divin que rien n’arrête tous les corps sans exception, il est appelé Celui qui possède la force de la science sans passion qui se souvient des diverses et nombreuses demeures antérieures.

Parce qu’il est doué de la force qui connaît, sans exception, tout ce qui a passé dans la liaison des impressions de l’esprit ainsi que la destruction de tous les vices (âçravas), il est appelé Celui qui possède la force qui connaît avec l’œil divin que rien n’arrête tous les corps sans exception.

Parce qu’il a obtenu l’intrépidité de la promesse qui ne peut être annulée par ce monde réuni à celui des dieux, promesse prononcée (en disant :) « En toute loi, sans exception, il est vraiment Bouddha accompli, » il est appelé Celui qui a obtenu l’intrépidité de la promesse qui ne peut être annulée par ce monde réuni à celui des dieux, promesse prononcée (en disant :) En toute loi, etc.

Parce qu’il a obtenu l’intrépidité d’une promesse qui ne peut être détruite par ce monde réuni à celui des dieux, promesse prononcée (en disant :) Une loi est enseignée qui, en mettant fin à tout ce qui se rapporte à la corruption naturelle conduit jusqu’au Nirvâṇa, il est appelé Celui qui a obtenu l’intrépidité d’une promesse prononcée, etc.

« Obtenant la route qui est l’issue certaine (de la transmigration) il atteindra le Nirvâṇa. » En prononçant cette promesse qui ne peut être contrecarrée par ce monde réuni à celui des dieux, il est appelé Celui qui a obtenu l’intrépidité de la promesse, etc.

Parce qu’il a obtenu l’intrépidité de la promesse qui ne peut être détournée par ce monde réuni à celui des dieux, promesse prononcée en disant : il a la science de l’abandon et de la destruction de tous les vices, il est dit Celui qui a obtenu la promesse, etc.

Parce qu’il a enseigné la loi aux mots non confus, il est appelé l’Instituteur de la loi aux mots non confus.

Parce qu’il a bien compris la nature propre de la loi qui n’a pas de son et qui est ineffable, il est appelé Celui qui enseigne la loi dont les mots ne sont pas confus.

Parce qu’il n’est pas arrêté, il est appelé Celui qui n’est pas arrêté.

Parce qu’il est capable d’imposer la bénédiction de l’accent de la voix de la loi d’un Bouddha aux voix innombrables de tous les êtres, il est appelé Celui qui est capable d’imposer la bénédiction, etc.

Parce que la mémoire ne lui a pas été enlevée, il est appelé Celui à qui la mémoire n’est pas enlevée.

Parce qu’il est éloigné de l’idée de condition de diversité, il est appelé Celui qui est éloigné de l’idée de diversité.

Parce qu’il a recueilli l’esprit de tous les êtres, il est appelé Celui qui a bien recueilli l’esprit de tous les êtres.

Par la condition d’être indifférent sans hésitation, il est appelé Celui qui est indifférent sans hésitation.

Parce qu’il n’est pas privé de la méditation de l’idée (sañskâra) de désir, il est appelé Celui qui n’est pas privé de la méditation de l’idée de désir.

Parce qu’il a l’héroïsme qui n’est pas privé de la méditation qui ne peut être interrompue de l’idée d’héroïsme, il est appelé Celui qui n’est pas privé de la méditation, etc.

Parce qu’il n’est pas privé de mémoire, il est appelé Celui qui n’est pas privé de mémoire.

Parce qu’il n’est pas privé de sagesse, il est appelé Celui qui n’est pas privé de sagesse.

Parce qu’il n’est pas privé de la délivrance complète, il est appelé Celui qui n’est pas privé, etc.

Parce qu’il n’est pas privé de la vue de la science de la délivrance complète, il est appelé Celui qui a la vue de la science de la délivrance complète.

Parce qu’il est doué de la connaissance qui ne se détourne pas (du but), de toutes les œuvres du corps, de la parole et de la pensée, précédée de la science, il est appelé Celui qui est doué de la connaissance, etc.

Parce qu’il est bien doué de la vue de la science que rien n’arrête, qui n’a pas d’attachement pour les trois voies, dans les trois temps : passé, futur et présent, il est appelé Celui qui est doué de la vue de la science que rien n’arrête et qui n’a pas d’attachement pour les trois voies.

Parce qu’il a obtenu la délivrance complète sans trouver d’obstacle, il est appelé Celui qui a obtenu la délivrance complète, etc.

Parce qu’il reste ferme dans l’habileté à pénétrer la conduite perpétuelle de tous les êtres, il est appelé Celui qui reste ferme, etc.

À chacun, comme il le mérite, parce qu’il est habile à enseigner la loi, il est appelé Celui qui est habile à enseigner la loi à chacun.

Parce qu’il a obtenu la perfection complète de tous les cercles des parties de la voix, il est appelé Celui qui a obtenu la perfection, etc.

Parce qu’il a obtenu l’habileté à produire l’écho de toutes les voix, il est appelé Celui qui a la voix d’un dieu, d’un Nâga, d’un Yakcha, d’un Gandharva, d’un Asoura, d’un Garouda, d’un Kinnara et d’un Mahôraga.

Il est appelé Celui qui a l’accent mélodieux de la voix de Brahmâ, appelé celui qui a la voix pareille à celle du Kalavingka ; appelé Celui qui a la voix pareille au roi du tambour et des instruments ; appelé Celui qui a la voix pareille à la voix retentissante de la terre ; appelé Celui qui a la voix du roi des Nâgas Sâgara, laquelle résonne comme un nuage orageux.

Il est appelé Celui qui a les accents de la voix du lion devenu chef du troupeau.

Il est appelé celui qui a la voix qui réjouit en se conformant aux accents de la voix de tous les êtres.

Il est appelé Celui qui a la voix qui réjouit tous les cercles des assemblées sans passions et sans entraves.

Il est appelé Celui qui, avec une seule voix, fait comprendre toutes les voix.

Il est appelé Celui qui est honoré par le chef des Brahmas ; appelé le vénéré du chef des dieux ; appelé celui qui est salué par le chef des Nâgas.

Il est appelé Celui dont le tour du visage est salué par le chef des Yakchas ; appelé Celui qui est célébré par les chants du chef des Gandharbas ; appelé Celui qui est regardé sans clignement d’œil par le chef des Rakchas aux sens apaisés.

Il est appelé Celui qui est salué par les Asouras prosternés ; appelé Celui qui est regardé sans malice par le chef des Garoudas.

Il est appelé celui qui est bien loué par le chef des Kinnaras ; appelé Celui qui inspire au chef des Mahôragas le désir de le voir.

Il est appelé Celui qui est entouré des hommages du chef des hommes.

Il est appelé Celui qui est entouré de soins par les troupes rassemblées des Arhats.

Il est appelé Celui qui fait accueillir tous les Bodhisattvas, les fait célébrer, les rend joyeux.

Il est appelé l’instituteur sans envie de la loi ; appelé Celui qui enseigne la loi qui n’est pas stérile, dont les signes et les mots sont indestructibles.

Il est appelé Celui qui enseigne la loi qui n’est pas surpassée par le temps.

Mâitrêya, c’est là l’action de tourner la roue de la loi, pour celui qui est entré dans le champ de l’éloge des qualités du Tathâgata, pour l’enseigner en abrégé ; mais pour l’enseigner avec développement, Mâitrêya, le Tathâgata emploierait un Kalpa ou plus d’un Kalpa, qu’il n’y aurait pas de fin à son enseignement.

Puis, en ce moment, Bhagavat prononça ces Gâthâs :

53. Elle est profonde, difficile à voir, subtile, la roue de la loi tournée dans la voie où tous les démons ne pénètrent pas, ni les Paratîrthikas.

54. Elle est sans demeure, sans étendue, sans naissance, sans origine, isolée ; par sa propre nature, vide (çoûnya), la roue de la loi tournée.

55. Ni prise, ni rejetée, sans signe et sans marque, enseignant la loi de l’égalité est la roue tournée par le Bouddha.

56. Comme la magie, le mirage, la lune (réfléchie) dans l’eau et l’écho : telles ces choses, telle est la roue tournée par le protecteur du monde.

57. Entrée dans les lois qui s’appuient l’une sur l’autre, non interrompue, non perpétuelle, interruption de toute vue (opposée), c’est ainsi qu’est désignée la roue de la loi.

58. Toujours égale à l’éther (âkâça), incompréhensible, brillante, montrant ce qui n’a ni milieu ni fin, elle est, ici-bas, appelée roue de la loi.

59. Complètement délivrée de l’être et du non-être, sans personnalité et (sans) impersonnalité, elle est appelée ici-bas Celle dont l’enseignement n’est pas né de lui-même.

60. Véritable fin sans avoir de fin dans sa qualité d’être telle, parce qu’elle est telle ; enseignement sans second de la loi, elle est appelée roue de la loi.

61. L’œil par sa nature est vide de même que l’oreille et le nez, la langue, le corps et l’esprit, sont vides par eux-mêmes et immuables.

62. Telle est cette roue de la loi tournée ; elle instruit les êtres ignorants ; à cause de cela, elle est dite Bouddha.

63. De moi-même, je l’ai revêtue, cette nature propre de Bouddha, qui a pour signe la loi ; sans instruction (venant) des autres, existant par moi-même, et, à cause de cela, doué de l’œil (divin).

64. Celui qui a obtenu l’empire sur toute loi, est dit maître de la loi, connaissant ce qui est la règle ou non dans les lois ; à cause de cela, il est le guide.

65. Autant il y en a à discipliner de gens innombrables, il les discipline, arrivé à la perfection de la discipline ; à cause de cela, il est le guide.

66. Aux êtres qui ont perdu leur route, je montre la meilleure route ; je les conduis sur l’autre rive ; c’est pourquoi je suis le guide spirituel.

67. Par la connaissance des bases de la réunion ayant réuni les gens, moi qui suis retiré du désert (du monde) de la transmigration, je suis, à cause de cela le guide de la caravane (des êtres).

68. Exerçant l’empire sur toutes les lois, je suis, à cause de cela, le Djina seigneur de la loi, qui, après avoir tourné la roue de la loi, est appelé roi de la loi.

69. Le maître du don de la loi, l’instituteur est appelé le seigneur de la loi, ayant bien fait le sacrifice, ayant le but accompli, ayant l’épaule pleine, ayant la bénédiction accomplie.

70. Consolateur, voyant le bien-être, héros qui a mis de côté la grande corruption naturelle, sorti de tout combat, délivré, il délivrera les créatures.

71. Devenu la lumière du monde, produisant l’éclat de la science de la sagesse, destructeur de l’obscurité de l’ignorance, porteur du flambeau, ayant un grand éclat ;

72. Grand médecin, grand savant, guérissant toute corruption naturelle, retirant la flèche aux êtres blessés par la corruption, sans supérieur ;

73. Doué de tous les signes (un grand homme), orné de toutes les marques secondaires, avec un corps parfaitement beau, il est le secours des misérables.

74. Très bien doué des dix forces, ayant une intrépidité qui ne craint rien, avec les dix-huit qualités non mêlées, ayant le meilleur véhicule, grand Mouni,

75. C’est lui qui, ayant un enseignement succinct, tourne la roue de la loi. Des qualités du Tathâgata, cet éloge mis en lumière est mince ;

76. Car la science du Bouddha est infinie, pareille à l’éther immense. On pourrait passer un Kalpa à parler, qu’il n’y aurait pas épuisement (du dénombrement) des qualités du Bouddha !

Chapitre nommé : Action de tourner la roue de la loi, le vingt-sixième.