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Le Laurier Sanglant/56

La bibliothèque libre.
Le Laurier SanglantCalmann-Lévy, éditeurs (p. 221-226).


IV

Les Héros du Front




LES AVIATEURS




1914.



Et le grand chef dit à ses officiers :
Et le grand chef dit à ses officiers :« Voici :
» Pour survoler ce bois qu’on aperçoit d’ici,
» Il me faudrait, messieurs, trois d’entre vous, trois hommes
» De bonne volonté. Vous le voyez, nous sommes
» Très menacés : il faut reconnaître à tout prix
» Ce bois… Mais le danger sera grand… C’est compris ?
» Que trois lèvent la main… Combien êtes-vous ?… Treize !
» Allez ! »
» Allez ! »D’un même élan joyeux, à la française,

Toutes les mains déjà sont en l’air…
Toutes les mains déjà sont en l’air…« Eh ! parbleu !
» J’en étais sûr… Brigands ! »
» J’en étais sûr… Brigands ! »Sa voix tremblait un peu ;
Mais, pour ne point paraître ému, d'un air bravache,
D’un doigt vif, il frisait le bout de sa moustache.

» Soit donc !… Tirons au sort !… Les noms dans un képi,
» Et vite !… Regardez : l’ennemi s’est tapi
» Au fond de la vallée, et son attaque est prête… »



Les trois noms sont tirés, comme pour une fête.
Et déjà les élus s’éloignent, triomphants ;
Mais :
Mais :« Halte ! Demi-tour !… Depuis quand les enfants
» (Si la mode est récente, elle ne me plaît guère),
» S’en vont-ils à la mort sans embrasser leur père ? »

Noble étreinte ! Si brusque et si tendre à la fois !
Sur leurs fiers avions les voici tous les trois
Qui montent hardiment en plein ciel, vers la gloire…



Ô mon Pays, inscris cela dans ton histoire !