Le Laurier noir/III/Sabbat
SABBAT
Comme d’un tambour de basque
Les trois sorcières du Rhin
Dans le vent et la bourrasque
Jouent du désespoir humain.
La première dit : « Les cendres
Montent plus haut que ma tour. »
La seconde qui vit pendre,
Aux ormeaux des carrefours
Des enfants à la mamelle
Rit si fort que, dans la nuit,
Se brisent sur les margelles
Les amphores des vieux puits.
La troisième est toujours ivre
Et ses doigts de chat-huant
Nattent ses cheveux de cuivre
Alourdis de trop de sang.
C’est le sabbat de la guerre,
L’Empereur est courroucé.
Sur les Vosges, les sorcières
Recommencent à danser.
Macbeth pince la guitare,
La chouette hullule encor,
Et Salomé joue aux barres
Avec des têtes de morts.