Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Aboucher

La bibliothèque libre.
Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 2).

ABOUCHER, v. a. — Mettre sens dessus dessous tout objet qui a une bouche : un verre, un sieau, un thomas, un pain, quoiqu’il n’ait pas de bouche, mais la paillasse où il était en avait une. On ne dirait pas aboucher un livre, des bretelles, une gobille, un mât de cocagne, d’abord parce que vous ne sauriez comment faire. — Si usité que j’ai eu le plaisir de le retrouver dans un chapitre — d’ailleurs très joli — des Bluettes et Croquis, de M. Linossier, où il s’est glissé sournoisement sans en prévenir l’auteur : « Les plus jeunes, âgés de deux à trois ans… remplissent de sable humide de petits seaux, qu’ils abouchent ensuite. » Règle de la civilité : Ne jamais aboucher le pain sur la table, c’est-à-dire le mettre à l’envers. La personne du sexe qui en serait coupable s’exposerait à se faire dire une grosse inconvenance. À Nyons, on dit que cela « fait pleurer un ange ».