Le Littré de la Grand’Côte/3e éd., 1903/Lettre S

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Chez l’imprimeur juré de l’académie (p. 312-325).
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S


SABLIER, s. m. — Petit récipient où l’on met du sarron ou du sable pour sécher l’écriture.

SABLONNIER. — Le père Sablonnier, le Sommeil, parce que, lorsqu’il vient, il jette du sable dans les yeux des petits enfants.

SABOT, s. m. — 1. Têtard de grenouille. — De caput, le têtard n’étant composé que d’une tête et d’une queue. Caput, plus ot, a donné chabot, passé à sabot sous l’influence de sabot, chaussure, encore bien que les deux objets n’aient aucun rapport.

2. Mauvais ouvrier. Rossardaud, c’est pas un canut, c’est un sabot.

3. Harnais du métier. Voy. sous cavalette.

4. Espèce de maillon. Voy. sous maillon.

5. (Métier de canut). Sabot de la marche, Douille de fer fixée au sol, et dans laquelle joue l’extrémité fixe de la marche.

6. (Idem). Sabot du conducteur dans la navette à défiler. — Morceau de bois dans l’intérieur du conducteur en cuivre et maintenant un agnolet où passe la trame.

SABOTER, v. à. — Saboter un travail, Le gâcher, l’abimer, littéralement le traiter comme un sabot, encore bien qu’un sabot puisse être traité avec beaucoup d’art.

SABOULÉE, s. f. — Une forte chasse, un bon suif. Y a la Paméla qu’a découché l’autre nuit. Alle a beau y dire qu’alle avait perdu sa clef d’allée, c’est le pepa que l’y a fiché une saboulée ! — Du français populaire sabouler.

SABRE. — Sabre de bois, pistolet de paille. Juron énergique que l’on emploie dans les grands moments, et qui n’offense pas Dieu.

SAC. — Un sac à bouse (parlant par respect), Un gros homme rustaud, sans manières, un gros truffier. Quelques-uns même emploient un terme plus énergique que bouse.

Un sac à vin, Un ivrogne.

Donner son sac et ses quilles à quelqu’un, Le renvoyer, lui donner son congé.

L’affaire est dans le sac, Est conclue, terminée.

SACCAGE, s. m. — Abondance remuante. Je sons allé à la vogue. Quel saccage de monde !

SACHE, s. f. — 1. Grand sac. Une pleine sache de truffes, Un grand sac de pommes de terre.

2. Spécialement, Grand sac de cotonnade bleue, qui sert au canut pour emporter du magasin la chaine et la trame.

SACRISTAINE, s. f. — C’est Molard qui m’a fait connaître qu’on devait dire Sacristine. Il n’y a pas de bon sens, puisque vain a fait vaine et non pas vine ; germain, germaine et non pas germine ; châtelain, châtelaine et non pas châteline, etc.

SADE, adj. des 2 g. — Savoureux, de bon goût (les médecins disent sapide), avec l’idée de salubrité, de chose saine. Une poire sade. Un vieux texte du moyen âge dit que le vin doit être sek, sayn et sade. Par extension se dit des objets qui ne sont bons ni à boire ni à manger. Régnier parle des femmes :

Qui gentes en habits et sades en façons,
Parmy leur point coupé tendent leurs hameçons.

De sapidum.

SAGE. — Sage comme une image. Voy. image.

SAIGNE-NEZ, s. m. — Achillée millefeuilles, achillea millefolium. Ainsi nommée parce que, lorsqu’on s’en met dans le nez, elle détermine une hémorragie. Les écoliers rossards le savent prou quand ils veulent se créer un prétexte pour sortir de la classe.

SAIGNER. — Saigner un fil, terme de canuserie. Se dit lorsqu’en remondant et en voulant couper avec les forces le bouchon d’un fil, on coupe le fil lui-même.

SAINT. — Quelques saints de notre calendrier lyonnais :

Un saint Longin, Un lambin. Voy. Longin.

Saint Amadou.Sec comme saint Amadou. Se dit de quelqu’un pas très gras.

Saint Clou.Gras comme saint Clou. Figure ironique.

Le grand saint Lâche, patron des fainéants. S’il avait des chapelles, avec quelle ferveur j’y ferais des pélerinages !

Le saint Frusquin, primitivement l’ensemble des Frusques, puis, par extension, l’ensemble de sa fortune, surtout lorsqu’il s’agit de richesses mobilières.

Saint Gravier.Je n’ai plus qu’à me recommander à saint Gravier, dit un pauvre malade qui se voit perdu. Ou bien : Saint Gravier guérira tout.

Saint-Just. Voy. homme et sentir.

SAINTE. — Qualificatif intensif qui s’ajoute à journée. Il a fait ce commerce toute la sainte journée est beaucoup plus fort que s’il y avait seulement toute la journée.

SAINTE-BARBOUILLE, s. m. et f. — Maladroit, sot, qui s’embrouille. T’as joué carreau et te sais que j’ai la manille de trèfle. — Ah, Sainte-Barbouille !

SAINT-ESPRIT. — Nom donné par les enfants à un adorable insecte, le sphinx du caille-lait (macroglossa galii). Il est assez semblable à un papillon à corps très gros, avec des ailes relativement courtes et qui se replient à la façon de celles des papillons de nuit. Le corps est très soyeux, et la tête munie d’une très longue trompe enroulée, d’un noir brillant. Comme il ne se pose jamais sur les fleurs, mais les suce, sans pour cela cesser son vol singulier et vibrant, on l’a comparé au Saint-Esprit volant sous la forme d’une colombe. À Nyons on l’appelle porcelaine, et sa rencontre est le présage d’une bonne nouvelle. Mistral dit que la pourcelano est la sésie, mais la sésie est un autre insecte, quoique très voisin du sphinx.

SALADE. — Salade cuite, 1. Macédoine, salade de pommes de terre, carottes, haricots blancs, lentilles, pastonnades, en somme de légumes cuits. — 2. Salade retournée de la veille. Voy. fatiguer.

Salade chaude, Tranches de bœuf bouilli qu’on pane, et qu’on met mijoter longtemps avec une sauce à l’huile relevée de vinaigre ou de citron. Quand c’est bien fait, on s’en pourlèche les badigoinces.

Manger les salades par le trognon. Voyez. manger.

SALAUD. — Je connaissais un vieux bonhomme qui se vantait d’avoir vu de près l’empereur Napoléon Ier à Saint-Cloud. Oui, faisait-il avec orgueil, il m’a parlé ! — Et que vous a-t-il dit ? — Il m’a dit : « Tire-toi de là, salaud ! »

SALE. — Se mettre en sale, Prendre ses habits de l’ouvrage de la maison, par opposition à se mettre au propre, prendre ses habits qui font ou reçoivent des visites (voyez propre).

SALER (SE), v. pr. — Pour les gones, Se retirer du jeu. Je me sale, Je ne joue plus. — De salvare. — Sale tout, qu’empoche a tout, formule qu’on se hâte de prononcer et qui a pour effet, aux gobilles, d’interdire à l’adversaire de faire avec la main les trois arpans (voy. ce mot) qui rapprochent du but. — C’est salvo tottum (pour totum).

SALIR (SE), v. pr. — Parlant par respect, Se souiller de ses ordures. J’entendais un jour un bonhomme qui disait à sa femme : Tiens, tiens ! La petite que se salit !

SALLE. — Salle d’arbres. Salle d’ombrages. Expressions très françaises pour désigner un endroit garni de grands arbres plantés régulièrement et où l’on joue communément aux boules, mais que je n’ai entendues que dans nos pays. J’ai même été repris pour avoir dit salle d’arbres, ignorant que pour les Parisiens il faut dire un couvert, mot incompréhensible pour nous.

SALOPETTE, s. f. — Serviette. Fais-moi passer ma salopette. Il est familier.

SALOPIAUD, s. m. — Terme du dernier méprisant. L’expression s’entend à la fois du physique et du moral (voy. graillon).

SALSIFIS, s. m. — La queue de cheveux de Guignol, serrée et noire comme le légume du même nom.

SAMBLOTE. — Juron inoffensif et paisible que se permettent les personnes les plus timorées. Peut-être ignorent-elles que samblote est pour sang-bleu, qui était pour sang-Dieu.

SAMPILLE, s. f. — Guenille. Au fig. Vagabond, vaurien, guenillard. Aussi, Femme de bas étage et de mauvaise vie.

Un jour, à la tombée de la nuit, je descendais le Jardin des plantes. Je croisai une jeune fille avec un officier. Deux femmes descendaient près de moi. L’une dit : Est-ce pas la Maria ? — Eh oui ! — Ah, sampille !! — Non, non, nul acteur au monde ne pourrait rendre tout ce qu’il y avait dans ce mot sampille ! — Subst. verbal de sampiller.

SAMPILLER, v. a. — Déchirer de façon à mettre en guenilles. Se sampiller, s’entre-déchirer en se battant. — Du vieux franç. peille, lambeau ; patois peilli, guenille, et d’une particule sam, san qui, en lyonnais et en provençal, a pris le sens de secouer, agiter. Comp. sansouiller et sandrouiller, tremper dans l’eau en secouant.

SAMPILLERIE, s. f. — État d’objets déchirés. Ces chemises, c’est de la sampillerie ! — Au fig., terme collectif et péjoratif, Vagabonds, gens sans aveu, gens méprisables. Tout ça, c’est de la sampillerie de monde ! — De sampiller.

SANDROUILLE, s. f. — Personne qui n’a point d’ordre, point de soin, qui fait les choses malproprement. Mon Guieu, que cete apprentisse est don sandrouille !

SANDROUILLER, v. a. — Tremper dans l’eau en secouant, avec sens péjoratif. — Fait sur drouille (voy. ce mot) avec le préfixe san (voy. sampille, sansouiller). L’idée a été d’abord d’un linge trempé, puis s’est étendue à toute chose trempée en général.

SANG. — Être d’un gros sang. Voy. gros.

Le sang lui bout derrière les oreilles. Voy. oreille.

Sang maillé. Voy. maillé.

Faire venir (devenir) le sang tout rouge. Se dit des grandes, grandes émotions. Quand j’ai vu le chat tomber par la fenêtre, ça m’a fait venir le sanque tout rouge !

On ne peut pas sortir du sang d’une pierre, Où il n’y a rien, le roi perd ses droits, on ne peut pas tirer de l’argent d’un débiteur qui n’a rien.

Elle est malade depuis qu’elle a eu les sangs tournés (ou retournés). Voy. retourner.

Cete fenne, avè ses criages, elle me boit les sangs, Elle me mine, me tue ; mais le plus souvent doit se traduire simplement par elle m’enquiquine.

Se faire du bon sang, du mauvais sang. Voy. sens.

Le sang me fait la guerre. Voyez guerre.

SANGER, v. n. — Changer. Comme vous n’avez sangé depuis que je vous oye vu ! Vous sembliez un cul de becfi, vous semblez maintenant un christaudinos. Exemple de dissimilation. Le voisinage de deux gutturales douces ch, j, est pénible au prononcer.

SANGLE, s. f. — 1. Terme de batellerie. Les membrures d’un bateau sont fixées aux extrémités par deux moises qui forment la bande (voy. ce mot) ; la sangle est la moise intérieure. — De cingula, parce que la moise ceint les flancs du bateau.

2. Terme de charpenterie. — Plateau brut, placé verticalement, et qui, maintenu par des étendards ou des étrésillons, sert à retenir la poussée des terres ou d’un mur.

Être dans la sangle, Être dans la grande gêne. Très usité. On dit aussi : Je vas mettre le restant de mes liards à m’acheter une sangle. — De cette idée que l’on trompe la faim en se serrant avec une sangle.

SANGLÉ, ÉE, adj. — Gêné, misérable. C’est pas un garçon pour tromper ; mais il est sanglé, y a pas grand’fiance à avoir. — De sangle, croyablement.

SANGLER, v. a. — Il lui a sanglé le groin d’un coup de fouet, Il lui a cinglé un coup de fouet par la figure. — De sangle comme objet servant à fouetter. C’est la même origine que cingler, mais je ne crois pas qu’il en soit une corruption.

SANGUINAIRE, adj. des 2 g. — Qui est d’un gros sang. Ma fille est si tellement sanguinaire, me disait le bon père Landerain, que toutes les fois que M. Meluchard entre dans l’ateyer, elle vient toute rouge.

SANSOUILLE, s. f. — Agottiau, écope qui sert à vider l’eau d’un baquet. Subs. verbal de sansouiller.

SANSOUILLER, v. a. — Tremper dans l’eau en agitant, surtout dans l’eau sale. Ce salopiaud de Tienne est toujou après se sansouiller. — Du type qui a fait le français souiller, avec la particule san (voy. sampille).

SANTÉ. — Nous avions à Sainte-Foy un vieux chantre qui, à la procession des Rogations, était chargé de chanter les litanies des saints. Un jour, il avait oublié son graduel, mais cela lui était égal, il savait ses litanies par cœur. Pourtant, arrivé à saint Roch, il eut une défaillance de mémoire. Il ne s’arrêta pas pour si peu, et chanta bravement :

Santé, ce grand saint,
Qu’avôve un chin,
Que portôve une miche u groint
Ora pro nobi !

Personne ne s’aperçut de l’erreur.

SAPIN. Voy. sentir.

SAPINE, s. f. — Petite barque d’environ sept pieds de large, et qui sert surtout au transport du sable. Le mot est fort ancien. En 1386-90, le sapine de sable coûtait 5 gros ; vers 1460, 9 gros, et la sapinette, bateau plus petit, 7 gros. Le gros valait douze deniers, c’est-à-dire un sou. — De sapin, comme penelle de pin.

SAQUE, s. f. — Poche. Je crois le mot tombé en désuétude, mais ma mère l’employait encore. — De sacca, pour saccum, qui avait déja dans Cicéron et Horace, le sens de bourse, sachet.

SAQUER, v n. — Saquer quelqu’un, lui donner congé, le mettre à la porte. De sac (du soldat). Saquer, donner son sac. Comp. Donner son sac et ses quilles.

SARABOULER, v. a. — C’est sabouler, avec aggravation, ainsi que l’indique l’insertion de la syllabe péjorative ra.

SARMOIRÉ, ÉE, adj. — Se dit d’un ragoût salé outre mesure, et, par extension, de toute sauce trop épicée. Cette sauce est sarmoirée, qu’on dirait que la poche-grasse a vidé la chaise à sel dedans. — De salmuria, saumure.

SARRON, s. m. — Sciure de bois. Nous nous servions toujours de sarron pour sécher l’encre, lorsqu’on n’avait pas encore l’usage du papier buvard. — Du patois sarra, scier, de serra.

SATIN, s. m. — Satin d’Albigny. De mon temps on ne connaissait que deux espèces de satin, le satin cinq lisses et le satin huit lisses. Depuis, on a inventé le satin sept lisses, appelé satin merveilleux et que les canuts avaient dénommé narquoisement satin d’Albigny, pour autant que le canut qui faisait cet article, payé seize sous et qui en valait vingt-huit ou trente, était fatalement condamné à finir ses jours au dépôt de mendicité qui, comme on sait, est à Albigny.

SATINAIRE, s. des 2 g. — Ouvrier, ouvrière qui fait du satin. Madellène Batillon, qui écrivit, « en n’avri 1795, » la très belle réponse à Gérôme Blicar, était « compagnonne sanitaire cheux mêtre Serpolet, en Borneu ». — De satin, avec le suffixe aire, très répandu dans notre patois pour les noms de métiers, et qui représente le latin atorem.

SAUCE. — Une sauce longue, Une sauce trop claire et trop abondante.

Une figure à faire tourner une sauce blanche, Se dit d’un visage où la régularité des traits laisse à désirer.

SAUCÉE, s. f. — 1. Action de secouer quelque chose dans un liquide.

2. Se dit d’une forte pluie que l’on a reçue. En revenant de Sainte-Foy, nous ons reçu une bonne saucée.

SAUCER, v. a. — 1. Tremper dans la sauce. Sauce don ton pain dans la quindure !

2. Secouer dans un liquide. Je suis allé me saucer aux bèches.

SAUCETTE, s. f. — Trempotte dans du vin. Faire une saucette, tremper dans du vin, généralement sucré. On dit de préférence, Faire une socane.

SAUCISSES. — Ne pas attacher ses chiens avec des saucisses. Voy. chien.

SAUCISSONNIER, s. m. — Se dit quelquefois en manière de plaisanterie pour charcutier.

SAUFRE, prép. — Saufre votre respect, Sauf votre respect. C’est ainsi que disent quelques personnes qui tiennent à parler français. Nous autres simples, disons toujours, à la lyonnaise, parlant par respect.

SAULÉE, s. f. — Lieu planté de saules. Les saulées d’Oullins. — De saulaie, par substitution de suff. Saulaie avait été lui-même substitué à saussaie dont le sens étymologique n’était plus compris, et qui semblait être un dérivé de sauce.

SAUME, s. f. — 1. Ânesse. — 2. Au fig. Femme stupide. « Le peste de la saume et de qui l’a bâtée, » lit-on dans la Bernarde. — Du bas latin salma, qu’on trouve pour sagma, bât ou paquet qu’on place sur le bât.

SAUMÉE, s. f. — La même chose que l’ânée (Voy. ce mot). Une saumée de sel, une saumée de vin. Ce mot, déjà rarement usité dans mon enfance, est tombé en désuétude. — De saume, comme ânée, d’âne.

SAUT. — Faire un saut jusque chez quelqu’un, Y donner un coup de pied.

SAUTER. — Ma femme a cassé ma grande glace ; c’est six francs qui me sautent au cou. Très expressif.

SAUTERELLE, s. f., terme de construction. – Équerre formée de deux branches mobiles et qui sert à relever et à rapporter les angles qui ne sont pas droits. On dit aussi fausse équerre. — Les deux branches mobiles ont été comparées aux pattes d’une sauterelle.

SAUVAGEON, s. m. — Bâtard. On connaît pas ses père et mère : c’est un sauvageon. — L’idée, très pittoresque, est que le sacrement n’a pas été greffé sur la souche.

SAUVAGER, v. a. — Faire sauver. Sauvage don ce chat, qui va manger ton canari ! — Dérivé non de sauvage, mais de sauver (faire sauver), influencé par sauvage.

SAUVER (SE). — Mon lait qui se sauve ! Qui va au feu. Très usité.

SAVATER, v. a, — Savater un ouvrage, Le gâcher, l’abimer.

SAVETIER, s. m. — 1. Alouette de savetier. Voy. alouette.

2. Coléoptère qu’on rencontre souvent dans nos jardins et dont j’ignore le nom. Il est plat, avec des élytres rouges, tachetées de noir. Je ne vois pas ce qui a pu motiver le nom.

SAVOIR. — Savoir mal, v. imp. Éprouver du chagrin par suite du manque d’une personne ou d’une chose. Il sait mal au Tienne d’avoir quitté les cotillons de sa m’man. Cette dérivation du sens de savoir est très curieuse.

On vous fait à savoir !… Cri du crieur public. Voy. sous faire.

On vous le saura à dire. Voy. dire.

Te sais pas. Formule de rigueur qui précède l’annonce de toute nouvelle intéressante. Te sais pas, y a mame Riclon qu’a mis au levain. Il est vrai qu’on peut, aussi bien que le négatif, employer l’affirmatif. Te sais ou Vous savez, lors même que l’interlocuteur ne sait pas un traitre mot de la chose. Te sais, y a Roupinet, à la manifestance, que s’est fait flanquer à la Cave… Vous savez, y a le pauvre M. Pourille que s’est fait une forçure au cropion, qu’i peut remuer ni pied ni patte. Mais on n’emploie pas la formule Vous ne savez pas. Pourquoi, vous ne savez pas ; ni moi non plus.

SAVON, s. m. — Donner un savon à quelqu’un, lui donner une forte remontrance. Comparez Laver la tête à quelqu’un.

Savon de Villebois. Nom que l’on donne parfois en plaisanterie à la pierre de Villebois. Se dit aussi d’un savon trop dur.

SAVONNETTE, s. f. — Montre dont le couvercle est en métal, au lieu d’être en verre. — De l’analogie de forme avec une savonnette à barbe.

SAVORET, s. m. — Os que le boucher ajoute à la viande, à cette fin d’augmenter le poids à payer. — Du vieux franç. savour, de saporem, parce qu’on prétend que l’os ajoute à la saveur du bouillon.

SAVOURÉE, s. f. — Sarriette, satureia hortensis, plante qu’on emploie dans les assaisonnements. Virgile recommande d’en planter autour des ruches, pour aromatiser le miel. — Du vieux franç. savour. Le nom a été importé en Angleterre, où la sarriette s’appelle savory.

SAVOYANDEAU, s. m, — Espèce de barque plus petite que la penelle. Deux de ces barques terminaient les trains du Rhône. — De Savoye (où ces bateaux se construisaient), avec un suffixe andeau, qui s’explique probablement par le nom de savoyande, donné à une grande barque, comme on a sisselande, de Seyssel. D’où un diminutif savoyandeau.

SCAROLE, s. f. — 1. Endive, sorte de chicorée, cichorum endivia.

2. Sorte de laitue, lactuca scariola. — C’est le franç. escarole, dans lequel, par suite d’un phénomène propre au lyonnais, e initial est tombé.

SCRUPULE, s. m. — Très minime quantité. Mecieu Ernestus, voulez-vous de la franchipane ? — J’en prendrai un scrupule. — C’est le vieux mot scrupule, poids de 24 grains, ou environ 12 centigrammes, que M. Ernestus prend métaphoriquement.

SECOHU, SECOYU, s. m. — Panier à salade. — De secouer, avec suffixe u, d’orem ; littéralement le secoueur.

SECONDE. — De seconde main. Humbert veut qu’on dise de la seconde main. Pur pédantisme. L’Académie donne l’exemple : « Érudition de seconde main. » Prononcez segonde comme Glaude.

SECOUSSE, s. f. — « Prendre sa secousse pour mieux sauter ; dites son escousse, s. f. » (Molard.) — Le mot d’escousse est trop peu connu (l’Académie le qualifie d’ailleurs de « familier ») pour que le conseil de Molard ait chance d’être suivi.

SECRET, s. in. — Le secres de la Liaude. Voyez Liaude.

Secret, adj. Secret comme un boulet de canon. Se dit d’un homme moins discret que la tombe.

SECRÉTAIRE. — Aller parler à son secrétaire. Voy. parler. On dit aussi : Aller où le roi ne peut pas envoyer son secrétaire à sa place.

SEILLE, s. f. — Vaisseau en bois avec deux oreilles percées chacune d’un trou pour y passer le doigt et le transporter plus commodément. — De situla.

SEL. — Comme le sel dans la marmite. Se dit d’une chose qui ne se conserve pas très bien. La beauté de le fennes, disait mon bargeois à un compagnon en train de se marier, ça se conserve comme le sel dans la marmite.

SEMAINE. — Un jour sur semaine. Voy. jour. La Semaine des quatre jeudis. Voy. jeudi.

SEMBLER. v. a. — Ressembler à. Il semble son père.

SEMELLE, s. f. — 1. Au jeu du cheval fondu, mesure composée d’une longueur de semelle, plus une largeur de semelle.

2. Par extension, Le jeu lui-même. Jouer à la semelle.

SEMER, v. a. — Semer quelqu’un, Le lâcher, s’en débarrasser. Y a Pissard qu’a voulu m’accompagner jusqu’en Vaise pou veni casser la grune, mais je l’ai semé en Borneu. J’y ai fait croire que j’avais une tante qu’i fallait que je la voyusse (voy. plancher).

SEMITIÈRE, s. m. — Cimetière. Nous sons allés au semitière porter à la grand’ un pot de crusantenne.

SEMPLE, s. m. — 1. Dans le métier de canut, antérieurement à la Jacquard, le semple était l’ensemble des cordes (voy. ce mot) qui répondait à ce qui est aujourd’hui l’ensemble des crochets. Une corde, appelée aussi lac, représentait ainsi autant d’arcades qu’il y a de chemins (voy. ce mot) dans la largeur de l’étoffe. Un gone, appelé tireur, ou une jeune fille, tirait l’un après l’autre, suivant l’ordre du dessin, les lacs destinés à enlever ainsi les fils, tandis que le canut sigrolait sa navette.

2. Cette disposition avec le nom a été conservée pour le métier à lire les dessins, nommé accrochage, et auquel est appendu le semple. Le liseur prend les cordes du semple dans l’ordre du dessin, et il introduit par derrière une corde transversale pour que les cordes qu’il prend ne se confondent pas avec celles qu’il doit laisser. Quand l’ouvrier a lu ainsi un certain nombre de coups, il tire cette corde transversale qui amène les cordes du semple qu’il a prises. À ces cordes correspondent des emporte-pièces qui s’abaissent et qui, passés sous une presse, destinée à recevoir les cartons, percent les trous. Ce système primitif a été remplacé par une machine appelée l’Accéléré, qui fait le travail plus rapidement, mais qui est basée sur le même principe.

SENÈPI, s. f. — Graine de moutarde. — C’est l’unique mot chez nous où i soit posttonique, c’est-à-dire ne se prononce presque pas. Aussi senèpi est-il un mot patois conservé. — De sinapia pour sinapim.

SENÈPON, SÈNEPON, s. m. — Rougeole. Y a Cadet qu’est tout fatigué. Je crois ben que c’est le sènepon. Par extension, se dit quelquefois de la scarlatine. — De sinopis, couleur rouge faite avec de la terre de Sinope.

Seneçon. On donne aussi quelquefois ce nom au plantain. Évidemment corruption de seneçon, sous l’influence de senapi, moutarde (de sinapia pour sinapim). Le mot existe en patois.

SENS (san). — Sens devant dimanche, Sens devant derrière. T’as metu ta coiffe sens devant dimanche.

Y a pas de bon sens !… S’y a du bon sens ! Exclamations qui se disent lorsqu’on voit quelque chose d’absolument anormal. Les femmes qui vont maintenant en vélocipatte ! S’y a du bon sens !

Se faire du bon sens, du mauvais sens. C’est ainsi qu’on doit l’écrire, car c’est bien sens et non sang, que nous avons en vue, ainsi que l’indique la prononciation san et non sanque. — À part ça, le brave Bonhote veut qu’on dise faire du mauvais sang, et non se faire, sous prétexte qu’il n’y a pas d’exemple dans les dictionnaires ! S’y a du bon sens ! Les dictionnaires ne peuvent cependant pas tout mettre ! Mais précisément la dernière édit. de l’Acad. donne en exemple : « Se faire du bon sang. »

SENSIBLE. — Sensible comme un organsin brûlé à la teinture. Se dit d’un cœur très sensible, vu que l’organsin brûlé à la teinture tombe en bave rien qu’en le regardant.

Avoir les bôyes sensibles autant le cœur d’une fille. Se dit des personnes très sujettes à avoir le ventre dérangé.

SENTINELLE. — Nous faisons ce mot masculin : un sentinelle ; équivalent de Suisse, qui ne quitte pas le pied du mur où on l’a mis en faction.

SENTIR. — Ça sent le sapin. Se dit d’un malade dont la maladie est jugée mortelle.

Ça sent le Saint-Just, même sens. Cette expression a son origine dans ce fait qu’à la Révolution, les cimetières à l’intérieur de la ville ayant été supprimés, on enterra soit à la Guillotière, soit à Saint-Just dans un cimetière dont le terrain fait aujourd’hui partie du monastère des Sœurs de la Visitation. Les télégraphes aériens furent bâtis sur ce terrain, quand celui-ci eut été désaffecté, et pendant longtemps, en suivant le raidillon qui y conduisait, on pouvait voir encore des tombes en marbre, encastrées dans le mur de clôture. Ce fut M. Fay de Sathonay, maire de Lyon, mort en 1812, qui fit transporter le cimetière à Loyasse. L’expression s’est conservée malgré le déplacement du cimetière. — Dans les premières années du siècle, ma mère avait une sœur qui tomba malade. On envoya chercher M. X…, médecin, qui, en se retirant eut le courage de dire à ma grand’mère : Ça sent le Saint-Just. Ma grand’mère indignée le poussa dehors en refermant la porte.

Je ne peux pas le sentir. Curieuse métaphore pour dire que la présence de ce monsieur m’est insupportable.

Je ne peux pas me sentir à la ville, je n’aime que la campagne. Ici la métaphore est encore bien plus drôle, puisque mot à mot, c’est : « Je ne peux pas me percevoir par l’odorat, quand je suis à la ville. »

SENTU, UE, part. passé de sentir. — Senti, ie. — Je me suis sentu tout glacé. Le bon Humbert dit que sentu est du vieux français. Où l’a-t-il vu ? — Sentu est le part. du verbe sintre, latin sentere pour sentire. Voyez repentu.

SEPT. — Faire quelque chose de sept en quatorze, De gros on gros, comme quelqu’un qui passe de sept à quatorze, sans s’arrêter aux chiffres intermédiaires. C’est le choix du nombre sept qui est curieux.

SEPTANTE, n. de nombre. — Soixante et dix. « Soixante et dix, dit excellemment Humbert, est un terme incommode dans la numération, et tous les grammairiens s’accordent à désirer que septante lui soit substitué. »

SERGE. — Serge d’amande. Serge de Mende, Molard signale cette jolie confusion, qui ne doit guère être en usage aujourd’hui, car je n’entends jamais prononcer le nom de cette étoffe.

SERGENT, s. m. — 1. Carabe doré, carabus auratus. Ce coléoptère a les élytres d’un vert brillant, métallique, avec des bandes noires. Je suppose que le nom a été déterminé par quelque rapport de couleur avec l’uniforme des sergents qui, jusqu’au xviie siècle, avaient dans l’armée la situation d’officiers subalternes.

2. Outil de menuisier. Les ouvriers d’aujourd’hui, qui sont tous allés à l’école, disent serre-joints, mais il n’est pas du tout prouvé que ce ne soit pas serre-joints qui, au contraire, est la corruption de sergent. Ce dernier mot est tout à fait dens le génie populaire. Sergent, outil qui saisit, empoigne. Comp. valet, aussi outil de menuisier.

SÉRIEUX. — Tenir son sérieux à pleines mains. Il est évident que celui qui tient son sérieux à pleines mains le tient mieux que celui qui se contente de le tenir, sans plus. — On prétend que l’expression a son origine dans le fait d’un père capucin qui, au xviiie siècle dans un grand diner, ne voulut pas, à cause de sa profession, se laisser aller à rire d’une gaudriole un peu risquée. Celle-ci pourtant était tellement plaisante que, pour ne pas rire avec tout le monde, il dut empoigner vigoureusement sa barbe des deux mains en la tirant de telle façon que le menton ne pût plus bouger, par quoi le rire devenait impossible. — Sur ce, une jeune dame fit remarquer que, à l’exemple du père, elle eût bien voulu ne pas rire, mais que cela lui avait été impossible, n’ayant pas de barbe au menton pour tenir son sérieux.

SERINGUE, s. f. — C’est le nom donné parfois en plaisantant aux pompes à incendie. À Genève le mot est tout à fait courant : La seringue de Chantepoulet, la pompe du quartier de Chantepoulet. L’expression est d’autant plus naturelle qu’autrefois, pour éteindre les incendies, on se servait de véritables seringues dénommées sanguettes. Le monastère des Célestins fut sauvé de l’incendie par les sanguettes des gardes suisses de Louis XII, de passage à Lyon.

SERPENTEAU, s. m. — Serpent, instrument de musique. Par extension, le musicien lui-même. À Sainte-Foy, dans mon enfance, c’était le père Vial qui était serpenteau. Son instrument de musique représentant un serpent rouge enroulé, la gueule grande ouverte, n’était pas sans me causer de l’effroi, et je n’aurais pas aimé à être placé près du père Vial. Avant d’emboucher, il faisait pstt, pstt, en crachotant, pour humider ses lèvres. Puis il entonnait : bou ou ou ou ! C’était à transporter d’admiration !

SERPILLIÈRE. — La serpillière vaut mieux que la marchandise. Se dit d’une dame très bien bâchée, mais où la beauté de la chrysalide ne parait pas en rapport avec celle du cocon.

SERRÉ, ÉE, adj. — Avare. Très jolie métaphore. Quand un tonneau est bien serré, manquablement il n’y a pas de coulage.

SERRER, v. n. — Se dit d’un froid vif qui augmente. La froid serre ; la froid va serrer cette nuit. On dit aussi La froid desserre un petit peu, mais plus volontiers moule un petit peu.

SERRETTE, s. f. — Serre-tête, bonnet de nuit tout uni que portaient les femmes. Un des plus grands jours de la vie est celui où, étant petit gone, la m’man vous ôte la serrette pour vous donner le bonnet de coton : le bonnet de coton, l’insigne de l’homme : bonnetus virilis ! Il n’y a de comparable que le jour où l’on a quitté la robe pour les culottes. — Contraction de serre-tête.

SERVANT, s. m. — Le lutin qui, d’après la légende, remplissait divers offices dans les logis qu’il hantait. Par extension, le Diable. — De ce que le lutin faisait l’office de serviteur, de « servant ».

SERVANTE, s. f. — Ustensile de cuisine qu’on pend à la crémaillère de la cheminée et qui sert à supporter la poêle. Comp. valet, sergent, outils de menuisier.

SERVE, s. f. — Pièce d’eau. Primitivement la serve était un vivier, puis le sens s’est étendu à toute pièce d’eau en général. — Subst. verbal de servare, conserver. Comp. réserve, de réserver.

SERVICE, s. m. — Une cuiller et une fourchette. Pou ma noce, Mme Grapillard m’a donné six services en maillechiore.

Bonne pour le service. Se dit de toute femme qui n’a pas encore atteint l’âge où elle ne marque plus.

Quand on n’a besoin de rien, tout le monde est à votre service. Un des dictons favoris de mon maitre d’apprentissage. Et peut-être bien qu’il avait raison.

SEULEMENT, adv. explétif. — Vous n’avez seulement qu’à lui écrire. Il suffit que vous lui écriviez. Nous adorons les pléonasmes : Enfin finalement, Si tellement, Sûr et certain, Sortir dehors, etc. Le français en a plus d’un exemple, témoin Au fur et à mesure, qui veut dire À mesure et à mesure.

SÉVELÉE, s.f. — Haie. Un recueil de vers d’un poète lyonnais, Louis Garel, es intitulé la Sévelée. Ce recueil, qui contient quelques pièces jolies, est un exemple du mince crédit de la poésie. Il fut mis en vente à 5 francs. Après la mort de l’auteur, sa veuve vendit le solde de l’édition au libraire Meton, à raison de dix centimes l’exemplaire.

SI, adv. — Tellement. J’ai si froid à mes pieds que je ne les sens plus, me disait un jour mon camarade Fétidard. — T’as de la chance ! que je lui fis.

Si tellement, Tellement. Il est si tellement bajafle qu’on peut pas faire fiance sur lui, Pléonasme où si a un rôle intensif.

Si en cas tu sors, Dans le cas où tu sortirais. Ce n’est pas d’un français absolument correct, mais on comprend.

SIAUPE, s. f., terme de batellerie. — Plateforme légèrement inclinée, que l’on fixe à l’arrière des bateaux des jouteurs, et sur laquelle se campe le jouteur. Impossible de deviner d’où vient ce mot bizarre.

SICOTIS, s. m. — Action de secouer. Cadet, as-te bientôt fini ton sicotis, que te fais branlicoter la table, autant la queue de la vache ! — Par extension, cahotement, heurt. Ce pauvre Musson, dont j’ai parlé dans Joseph Pagnon, et qui avait un sentiment très vif de l’harmonie en architecture, me disait gravement un jour, en me montrant une façade dont les lignes horizontales ne se suivaient pas : Il ne faut pas de sicotis dans les lignes ! J’ai gravé la maxime dans ma cervelle avec un style de fer, et m’en suis bien trouvé.

Au fig. Bruit, vacarme, As-tu entendu ce sicotis qu’i n’ont fait cette nuit ? — De succutere, avec le suffixe roman is, d’icius.

SIEN. — S’emploie substantivement. J’ai pas grand’chose, mais je me soucierais pas de partager avec ces salopiauds de communeux : Chacun son sien ! me disait un jour le très digne M. Ignace Briochier, le monteur de métiers, qui avait oublié d’être bête.

SIFELLE, s. f. — Ficelle. Babeau, avant de sorti, prends don un bout de sifelle pour attacher ton bas qu’est en craquelins. — Métathèse de s et f.

SIFFLER, v. a. — Appeler. Un jour, à Chasselay, je voyais un paysan octogénaire assis sous un arbre, par une brouée dont il ne paraissait pas s’inquiéter. Que faites-vous là, père un tel (j’ai oublié le nom) ? lui dit mon compagnon. — J’écoute la terre que me siffle. Cette réponse avait une grandeur étrange sous sa bonhomie. En effet lorsque, deux mois après, j’eus l’occasion de retourner dans le pays, j’appris qu’il avait obéi à l’appel de la terre.

Siffer le bout de la canette. Voy. agnolet.

SIGLOT, s. m. — Sabot. Paraît en relation avec le dauphinois esclio, encore bien qu’il soit impossible d’expliquer la dérivation.

SINGE. — Adroit de ses mains comme un singe de sa queue. Voy. adroit.

Il ne faut pas apprendre aux vieux singes à faire des grimaces, Il ne faut pas vouloir donner des leçons à ceux qui en savent plus que nous.

SINGOTTE, s. f. — Averse, radée, et aussi correction, secouée.

SIROP. — Sirop de tordeuse, Eau d’arquebuse. — Les tordeuses sont renommées pour l’arquebuse.

SISSELANDE, s. f. — Grande barque dont l’avant est relevé, et l’arrière coupé verticalement. — De Seyssel, lieu où ces barques sont construites, avec un suffixe ande, par analogie avec le féminin des noms d’habitants de plusieurs pays : Normande, Flamande, Allemande.

SIX. — À la six quatre deux. Équivaut à De sept en quatorze (voy. sept). Il a fait ce livre à la six quatre deux, Très à la hâte, sans soin dans le détail.

SMILLE, s. f., terme de taille de pierre. — Marteau à pointe qui sert à dresser le parement des moellons esmillés. — Subst. verbal de smiller.

SMILLER, v. a. — Dresser le parement des moellons esmillés (voy. ce mot).

SOCANE, s. f. — Trempotte de pain dans du vin sucré. Faire une socane. — Appartient peut-être à la famille de secouer.

SOI-DISANT, loc. adverbiale. — 1. En apparence. Elle voulait aller soi-disant chez sa tante, mais c’était une frime.

2. Prétendu, ue. Il a reçu en paiement des actions d’un soi-disant chemin de fer du Mont-Blanc. En français, soi-disant, comme l’indique le sens, est un adjectif qui ne peut se placer que devant les noms de personnes, et, paraît-il, aussi devant les noms d’animaux, car je lisais naguère dans un journal de Lyon : Un chien soi-disant enragé. — Est-on bien sûr que ce soit lui qui l’ait dit ?

SOIF. — Avoir faim comme le Rhône à soif. Voy. faim.

Les morceaux lui ôtent la soif. Se dit lorsqu’on voit quelqu’un manger comme un avanglé. — De ce que, lorsqu’on a une faim canife, on ne prend pas le temps de boire, car, en réalité (du moins à ce que prétendait un membre de l’Académie des Sciences qui a bien voulu me l’expliquer), les morceaux ne désaltèrent pas.

SOIF, s. f. — Ablette, cyprinus alburnus. — Origine inconnue.

SOIGNER, v. a. — 1. Guetter. Que fais-tu là au froid ? — Je soigne la Jeanne qu’a été rendre. — S’emploie très bien suivi d’un infinitif : Je soigne venir l’omnibus.

2. Veiller. Il faut soigner les filles comme le lait sur le feu ou comme l’huile bouillante. Toutes ces dérivations de sens viennent de l’idée générale de soin. On met du soin à regarder si l’omnibus vient, si le lait ne se sauve pas, etc.

SOIN. — J’en aurai du soin, pour J’en aurai soin. Très répandu.

SOIR. — Le côté de soir. La même chose que le côté de matin, exceplé que c’est tout le contraire. Voy. matin.

SOIXANTAINE. — Être dans la soixantaine… Être dans les soixante ans, Être sexagénaire. Croyablement, on dirait aussi bien être dans la cinquantaine, etc.

SOLDATS-GAROTS, ou simplement GAROTS. — Avant la Révolution c’était le nom péjoratif donné par le peuple aux sergents au service du Consulat. Le nom s’est conservé durant tout le premier tiers du siècle, appliqué, je crois, aux agents de police. — Garot paraît un subst. verbal de garrotter.

SOLEIL. — Au rabi-soleil. Voy. rabi.

Quand le soleil est couché il y a bien des bêtes à l’ombre, Proverbe trop juste !

Compagnon du Soleil… Membre de la Compagnie du Soleil, Membre de la société des Bras-Neufs, loupe, etc. — Parce que, censément, les compagnons du Soleil remondent soigneusement la longueur des Tapis quand il fait soleil. En ville, on dit de préférence Inspecteur des pavés.

SOLEIL, s. m. — Tournesol, helianthus. — Ainsi nommé de la forme caractéristique de la fleur.

SOLETTE, s. f. — Semelle de bas. Ces bas seront encore bons en y rapportant des solettes. — De sola pour solum.

SOMMIER, s. m. — Grosse poutre. — Du vieux franç. sommier, cheval de charge, de sagmarium. Le sommier est comparé au cheval qui supporte. Comp. poutre, pièce de bois, du vieux franç. poutre, jument.

SON, s. m. — Son de bière, Orge cuit, qui a servi à faire la bière, et que les brasseurs vendent aux laitières. On dit que cette nourriture augmente le lait des vaches, mais le rend plus clair. Ce que je sais bien, c’est qu’à la maison, chaque hiver, le lait de notre laitière devenant plus clair et moins bon, on lui adressait de vives objurgations sur ce qu’elle nourrissait ses vaches au son de bière, ce dont, indispensablement, elle se défendait. Mais que deviendrait tout le son de bière, s’il n’était pas consommé par les vaches ?

SORCIER, s. m. — Sorciers de Montélimar : quand ils ont le nez dessus, ils disent que ça en est.

SORCILÉGE, s. m. — Sortilège. — C’est sortilège, influencé par sorcier.

SOREILLER (SE), v. pr. — Se chauffer au soleil. — C’est soleiller, avec changement d’l en r.

SORT. — Partir pour son sort. Voy. partir.

SORTIR au sens actif. — Oh, l’influence du lyonnais ! Le digne Molard, après s’être lancé dans de subtiles explications sur l’emploi de l’auxiliaire être et de l’auxiliaire avoir avec le verbe sortir, à propos de quoi les fautes ou prétendues fautes sont si difficiles à discerner, donne pour exemple : J’ai sorti mon habit de l’armoire (!!), en expliquant qu’ici il faut le verbe avoir. — Après cela, il est certain qu’il eût été encore plus incorrect de dire : Je suis sorti mon habit de l’armoire.

V. n. — Sortir dehors, pléonasme très usité comme monter en haut, etc.

Sortir de là comme d’une église. Voyez église.

Ça me sort par les yeux, J’en ai tant vu, tant mangé, ou tant autre chose, que je n’en peux plus supporter la vue ni l’idée. Dans sa lettre du 17 avril 1671, Mme de Sévigné désigne, sous une forme expressive, tout ce qui à son fils sortait par les yeux.

Suivi d’un infinitif. — Se dit d’un évènement qui vient de se produire : M, Petouillard y est-il ? — Il sort justement de rentrer.

SORTU, partic. — Sorti. — Sortu répond à un verbe sôtre (de sortere pour sortiri), qui existe en effet en patois. Voy. repentu.

SOTTISES. — Mes cheveux sont arrangés comme une poignée de sottises. Se dit également de toute autre chose. On conçoit en effet qu’une poignée d’injures soit arrangée sans beaucoup de soin.

SOU, s. m. — Un sou simple, Un sou de cinq centimes. Un sou double, Un sou de dix centimes.

Faire cinq sous. Voy. faire.

SOUBARDBE, s. f., terme de charpenterie. — Pièce de bois courte, formant console, encastrée dans un mur, et placée sous une pièce longitudinale de grande longueur pour la soulager.

SOUCARRE (mal à propos orthographié par Molard soucard), s. m. — Gousset, pièce à la partie de la manche d’une chemise correspondant à l’aisselle. — De sous, prépos., et carre, angle : pièce sous l’angle de la manche et du corps de la chemise.

SOUCHE, s. f. — 1. Grosse racine d’arbre. La Souche ou la Grobe de Noël, énorme bûche que l’on met au feu de Noël.

2. Se dit d’un tronc d’arbre ébranché.

3. Tronc de cep de vigne. Acheter une voiture de souches.

Souche de cheminée, terme de construction. — Corps de la cheminée au-dessus du toit.

SOUCIER (SE). — Grangier blâme la phrase suivante : « Lequel prendrez-vous ? — Je ne me soucie pas lequel. » À son sens, il faudrait duquel. Pourtant Littré cite l’exemple : « Je ne me soucie pas qui fera les vignes après moi. »

SOUFFLER. — Souffler comme un phoque. Se dit de quelqu’un de très essoufflé. Je ne suis pas zoologiste, mais je ne crois pas que les phoques soufflent de façon particulière. Il y a dû avoir confusion entre les phoques et les cétacés souffleurs.

SOUHAITS. — À vos souhaits ! Formule de politesse que vous devez dire toutes fois et quantes qu’une personne de la société éternue. Pourtant quelques-uns de préférence se servent de celle-ci : Dieu vous bénisse, et vous rende le nez aussi gros que la cuisse !

SOUILLARDE, s. f. — Petit cabinet où se trouve l’évier pour laver la vaisselle. Ce mot n’a pas de correspondant académique, car lavoir ne signifie pas du tout la même chose, et lavoir de cuisine est une périphrase à laquelle personne ne saurait s’astreindre. — De souiller. Comparez souillon, fille de cuisine.

SOÛLER. — Le bon père Pompassier, quand on l’allait voir le matin, vous faisait boire d’un grand diable de vin blanc, à goût de pierre à fusil, mais qui tapait sur le coqueluchon. Un jour que j’en avais pris fortement : Merci, que je lui fis, ça me soûle. — Et moi, reprit-il, en s’en revidant un plein verre, ça me soûle don pas ? — Cette fois, je fus à quia.

SOULIERS. — Souliers bronzés. Voy. bronzés.

Proverbe : Qui compte sur les souliers d’un mort risque souvent d’aller nu-pieds. — Que de gens pourtant mettent toute leur espérance dans la mort d’un autre !

SOUMISSIONS. — Soumissions respectueuses, Sommations respectueuses, acte que les enfants qui n’ont pas atteint l’âge fixé par la loi font signifier à leurs parents pour pouvoir se passer de leur consentement à leur mariage. Le mot a été inspiré par quelque homophonie avec sommation, mais il n’est pas très logique, puisque ces soumissions ne sont que des actes d’insoumission.

SOUPE. — Beau mangeur de souppes lionnoises, dit le vertueux Rabelais d’un gourmand. Qu’étaient ces soupes, dont malheureusement la tradition ne s’est pas conservée ?

Tremper une soupe à quelqu’un, Le tancer d’importance. M. Vachez me signale l’existence de cette bizarre méthaphore dans Palladius : Ego illi ollam condio, ce qu’Amédée Thierry traduit par : « Je lui assaisonnerai un bouillon qui ne sera pas de son goût. » Il est singulier que notre métaphore remonte aux Romains.

Trempe comme une soupe. Se dit lorsqu’on a été fortement benouillé, par exemple lorsqu’on a reçu une avale d’eau sans parepluie.

Tremper la soupe. Les canuts aiment la soupe épaisse. Quand la bourgeoise leur donne du bassouillon, ils ne faillent jamais à lui dire : Dis donc, t’as trempé ta soupe avec une seringue ?

SOUPIRS. — Pousser des soupirs, parlant par respect, comme des p… de vache. Voy. p…

SOUQUET, s, f. — Se dit par quelques personnes pour savoret. Je crois le mot introduit du Dauphiné. — Se rattache à souche.

SOURD. — Bûcher comme un sourd. Parce qu’un sourd n’est pas distrait par la conversation d’autrui.

Sourd comme un tupin. On sait qu’un tupin, c’est un pot. Voy. tupin.

SOUS-MAIN, s. m. — Feuille de papier que, par mesure de propreté, l’on met sous sa moin en écrivant. Je ne vois pas d’équivalent possible en style académique.

SOUS-TASSE, s. f. — Soucoupe pour la tasse à café. Ce mot est excellent : 1o Parce qu’une soucoupe se met sous une coupe et non sous une tasse ; 2 Parce que, même au sens français, une soucoupe est un terme générique, tandis que sous-tasse spécifie le genre de soucoupe.

SOUSTER, v. a., terme du jeu de cartes. Appuyer, soutenir. J’ai le roi sousté, J’ai le roi, avec une carte qui l’appuie. Au fig. se dit de tout ce qui aide. X… ne réussirait pas dans son commerce, s’il n’était sousté de son associé. — De sub-stare.

SOUSTRAIRE. — Nous soustraisons 5 de 9, pour Nous soustrayons, etc. On dit aussi En soustraisant 5 de 9 reste 4. De même à Genève. Le célèbre naturaliste Ch. Bonnet n’avait point oublié qu’il était Genevois : « On admire la promptitude avec laquelle les fourmis soustraisent leurs nourrissons au danger. » (Dans Humbert.) — Mais aussi pourquoi fait-on de Plaire, nous plaisons ; de Faire, nous faisons ; de Taire, nous taisons ? Ce sont ceux qui disent soustraisons qui sont logiques.

SOUS-VENTRIÈRE, s. f. — Écharpe de maire.

SOUTE, s. f. — À la soute, À l’abri. Eh ben, père Fouillasson, vous n’avez don gobé la radée ? — Oh, j’avais mon chapeau monté, je m’ai metu à la soute dessous ! — C’est le subs. soute, de subtus.

SOUVENT, adv. avec la négation. — Pas souvent, — 1. Pas rapidement. La bourgeoise est allée chercher de la trame, je ne la vois pas souvent venir. Mot à mot je ne la vois pas revenir un grand nombre de fois.

2. Pas de longtemps. — Une bonne femme de Chaponost avait demandé à son mari de lui acheter une paire de souliers neufs pour aller en pélerinage à Fourvières le jour de la foire de Brignais. Fait comme dit. Le jour venu, la bonne femme s’attife, prend ses beaux souliers pour le pélerinage, tandis que le bonhomme part pour la foire. Il n’avait guère fait plus d’un quart d’heure de chemin qu’il s’aperçoit de l’oubli de sa filoche. Il revient, ouvre la porte, et se trouve en présence de sa bonne femme en conversation fort particulière avec un voisin. Le bonhomme ne manquait pas de présence d’esprit. Ben, dit-il à la bonne femme, si c’est comme ça que te vas en pélerinage, tu n’useras pas souvent tes souliers !

SOYEUX, s. m. — Se dit des fabricants, marchands de soie, employés et en général de ce qui touche à la soie et à la fabrique. Qui don qu’i sont, ces gens en vagnotte que se promènent ? — Oh ! c’est rien, c’est des soyeux. Les soyeux sont des gens raisonnables, qui n’aiment pas à faire de l’esbrouffe, ni, manifestement, à payer trop cher. Notre pauvre collègue, le fils Ugin, peintre en couleurs, racontait qu’un soyeux lui ayant commandé un portrait équestre, vu de face, ledit client lui avait fait un gros rabais parce qu’on ne voyait que deux jambes du cheval, et que, pour le prix, il avait droit à quatre.

STAFANARI, s. m. — Parlant par respect, très vilain mot. C’est le tafanario italien, importé au xvie siècle. Mais pourquoi cette singulière prosthèse de s ?

SUCRE. — Va te faire sucre ! Manière polie de dire à quelqu’un : « Va te faire… ! »

SUCRÉ. — Êtes-vous sucré ? Sucrez-vous donc ! On comprend bien que cela veut dire : « Sucrez votre café ! » et non pas : « Sucrez-vous vous-même ! »

SUER, v. n. — Il y a de quoi faire suer la volaille ! Se dit de quelque chose d’extraordinairement sot ou ridicule. Figure-toi que j’ai rencontré Crotassu qu’était à cheval. S’y a pas de quoi faire suer la volaille ! — De ce que la volaille ne suant jamais, il faut quelque chose de fort extraordinaire pour l’y décider.

SUIF, s. f. — Donner un suif. Flanquer un galop. L’idée est ironiquement Oindre quelqu’un, ce qui était jadis une grande politesse, témoin le proverbe : « Oignez vilain, il vous poindra. »

SUIS. — Je suis phoque, Je suffoque. Je demandais un jour à un brave homme, qui avait un catarrhe avec des suffocations, pourquoi il disait : Je suis phoque. Il me demanda si j’étais assez peu instruit pour ignorer que les phoques soufflent péniblement, témoin le dicton : Souffler comme un phoque. Par quoi je fus rivé.

SUISSE, s. m., parlant par respect. —— Je suis forcé de consigner ici ce mot, en dépit de toute mon estime et de toute ma sympathie pour la nation suisse, à laquelle je tiens par plus d’un lien, car mon arrière-grand-père maternel, Pierre-Aymé Durafor, était né à Genève, le cinquième mars mil sept cent quinze. Son père, Simon Durafor, était « Guet de nos Seigneurs de Genève (il y a encore des Durafor à Genève) ». De se patrie, Pierre-Aymé vint, en octobre 1732, exercer à Lyon sa profession de garçon lanternier et plombier. Il s’y maria, et sa qualité de Genevois sauva la vie à son fils en 1793. Donc on ne m’accusera pas d’être injurieux envers la Suisse, si je cite le terme en question, tout péjoratif qu’il est, comme toutes les épithètes que l’on s’applique de nation à nation. Un dictionnaire doit être complet. — Comme je demandais un jour l’explication du choix de ce mot, un membre de l’Institut, très savant, me fit connaître que c’était un hommage à la vaillance, car on a toujours vu un suisse se laisser écraser plutôt que de se rendre. La vérité, c’est que suisse et sentinelle c’est tout un. (Voy. sentinelle).

SUISSARD, s. m. — Giroflée, cheiranthus cheiri. J’ignore absolument l’origine de cette curieuse appellation.

SUITE. — De suite, pour Tout de suite. Solécisme que commettent, hélas ! quantités d’écrivains en réputation.

SUIVU, UE, part. de suivre, comme sortu de sôtre, vivu de vivre, etc.

SULFINBOQUE, s. f. — C’est un mot que vous rencontrerez fréquemment dans les comptes de nos pompiers : « Réparé la sulfinboque : tant. » C’est l’interprétation de l’anglais stuffing-box, boîte à étoupe, organe des pompes dites à piston plongeur.

SUPPOSÉ, s. m. — Un supposé que je serais roi, Supposons que je fusse roi. On dit aussi : Une supposition que je serais roi.

SUR, prép. — Je vais sur mes septante ans, J’approche de septante ans, je les commence.

J’ai lu sur le journal, sur l’almanach… Sur est ici pour dans. Humbert blâme : J’ai lu sur l’affiche, mais Littré le rebrique. En effet, on lit sur un mur, et non pas dans un mur. Or l’affiche est étendue sur le mur.

SÛR, adv. — Sûrement, Mlle Caroline a vu peter le loup, sûr ! Sûr est une ellipse pour « c’est sûr ». S’emploie souvent avec que. Sûr que j’irai dimanche à Bron. Cet emploi de l’adjectif pris adverbialement est très incisif.

SURGUSSALE, s. f. — Succursale. Exemple de la métathèse si fréquente de r.

SURLOUER, v. a. — Sous-louer. On conçoit très bien la confusion. Les deux prépositions répondent à des idées logiques toutes deux. Surlouer, c’est louer par-dessus le bail que l’on a.

SURVEILLANTS. Voy. Romains.

SUSPENTE. — Quelques-uns disent surpente et même sorpente, s. f. — Soupente. On a nommé primitivement soupente le faux plancher qui était sous la pente du toit. Le faux-plancher du canut étant au contraire au-dessus du plancher de l’étage, il a pris naturellement le nom de suspente, la signification de pente ayant été perdue de vue.