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Le Livre de jade (1867)/La Lune/Près de l’embouchure du fleuve

La bibliothèque libre.
Judith Walter ()
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 57-58).


PRÈS DE L’EMBOUCHURE DU FLEUVE



Selon Li-Taï-Pé.




Les petites vagues brillent au clair de Lune qui change en argent le vert limpide de l’eau ; et l’on croirait voir mille poissons courir vers la mer.

Je suis seul dans mon bateau qui glisse le long du rivage ; quelquefois j’effleure l’eau avec mes rames ; la nuit et la solitude me remplissent le cœur de tristesse.

Mais voici une touffe de nénuphars avec ses fleurs semblables à de grosses perles ; je les caresse doucement de mes rames.

Le frémissement des feuilles murmure avec tendresse, et les fleurs, inclinant leurs petites têtes blanches, ont l’air de me parler.

Les nénuphars veulent me consoler ; mais déjà, en les voyant, j’avais oublié ma tristesse.