Le Livre des oraisons/XVI

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Alphonse Picard et Fils (p. 19-20).
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XVI

Sur toutes choses piteux sires ie tappelle dedanz marme la quele tu appareilles a toy prendre par le désirer ; a elle espire, entre doncques, sires, en elle et la appareille a toy par quoy tu layes, car tu, sires las fourmée et par quoy ie aye tousiours come droit si que signe toy sur mon cuer ie te suppli sires très miséricors que moy qui tappelle ne delaisses, car premier que ie tappellasse tu mas appellé et demandé, par quoy ie ton servant te querisse et en querant te trouvasse, et trouvé ie tamasse. Ie toy queru et toy trouvé, et toy sires ie desire a amer : sires acrois mon desirer et donne moy foy que ie demande, car se toutes choses que tu as faites tu me donnoyes il ne soufiroit pas à moy ton servant senz toy. Vray Dieu donne donc toi à moy sil te plaist, rent moy à toy car cest ce que iayme, car à toy seul vray Dieu suy ie tenuz et en ta doulce memoire me délite. Veez cy sires que quant marme pense et souspire à toy et considère ta inexplicable pitié, le visaige de la char li fait granz perturbations et cogitations. Plaize toy sires que le mien cuer arde et se délite, ma pensée et tout mon entendement et tout lesperit par le désirer de ta vision soit enflammée, preigne mon esperit eles comme un aigle et vieigne jusques à la biaultté de ta maison et au treusire de ta gloire. Si que sur la table de la réfection des souverains citoyens mengier de tes choses rescostes. Tu sires vueilles estre ma exultation qui es ma espérance, ma salut, et ma rédemption. Tu es ma ioye, mon loyer ; marme sires demande toy tousiours, tu sires li otroye que en demandant ne defaille.