Le Livre pour toi/En te quittant
XLIII
En te quittant, je suis allée vers le lac ensommeillé où la ruine se mire.
Une seule étoile y tombait comme un caillou de lumière, et les vapeurs du soir flottaient, voiles de mortes cherchant une forme perdue.
Tout était triste et grand et doux, dans le soir finissant.
Ô Sylvius, pourquoi nous être séparés !
Avec les brumes, ton adieu planait comme un mélancolique oiseau noir, et les ondes de ta voix glissaient sur l’eau rêveuse qui fait songer à la mort.
Longtemps j’ai marché, la route était solitaire ; inconsciente et douloureuse je m’enfonçais dans la nuit.
J’avais laissé mon cœur dans ta poitrine.