Le Livre pour toi/Maintenant, je puis marcher légère

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XLVIII


Maintenant, je puis marcher légère, j’ai mis toute ma vie aux mains de mon amant.

Les roses n’ont plus d’épines, les chemins plus de pierres, le ciel plus de nuages, les jours plus d’ombre lourde.

Chante, chante ma vie aux mains de mon amant.

J’attendrai le printemps la bouche sur sa bouche,
je dormirai l’été près de lui sous les arbres,
je boirai sur sa lèvre le jus des fruits d’automne,
je rirai de l’hiver entre ses bras ardents.


Déroule-toi ma vie, aux mains de mon amant.

Mais je n’attendrai pas que nos baisers se fanent,
j’appellerai la mort assise sur la ruine,
je lui dirai : prends-nous tous deux en même temps,
je rirai de la mort entre ses bras fervents.

Tombe, tombe ma vie aux mains de mon amant.