Le Livre pour toi/Tandis que tu reposais sur mon bras

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XXV


Tandis que tu reposais sur mon bras tendu pour te soutenir, j’ai senti contre ma hanche un marbre superbe.

J’en ai suivi la ligne impeccable avec une étrange émotion ; j’ai douté de ta vie, car malgré les battements qui la révélaient, blanche vision revenue de l’âge d’or jusqu’à mes yeux fascinés, tu étais la statue héroïque étendue près de moi, si noble dans son calme absolu, si grande, quoique désarmée, si pure dans son entière perfection.

Ni le pinceau le plus habile à fixer nos images mortelles, ni le génial ciseau qui fait surgir la vie du Paros indifférent, ne rendront jamais pour moi la minute de surhumaine beauté où, comme un jeune dieu, contre mon épaule, tu sommeillais.