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Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 2/1-LDEAPLS-Ch13

La bibliothèque libre.
Traduction par Louis Ballin.
Ernest Leroux, éditeur (2p. 81-83).



CHAPITRE XIII


PRODUCTION DE L’ASTRA DE LA TÊTE DE BRAHMA


Argument : Arrivée des Pândouides. Description du char de Krishna. Ils rejoignent Bhîma. Présence de Nârada et de Vyâsa. Bhîma se dispose à attaquer le Dronide, qui donne naissance à l’astra de la tête de Brahma.


647. Vaiçampâyana dit : Après avoir tenu ce langage, le plus grand des guerriers, qui remplissait de joie tous les Yadouides, monta sur son char garni de toutes les meilleures armes,

648, 649. Et attelé des plus excellents chevaux du Kamboja, parés de couronnes d’or. Caibya (le cibien) portait le joug droit du meilleur des chars, de couleur du soleil à son lever ; Sougriva (qui a un beau cou) était à gauche. Les deux autres chevaux extérieurs étaient Meghapoushpa (la grêle), et Balâhaka (orage).

650. On voyait, élevée sur le char, pareille à un objet magique, la hampe d’une bannière divine, ornée de pierres et de métaux précieux.

651. Le fils de Vinatâ (Garouda), resplendissant d’une couronne de rayons de lumière, était placé sur cette hampe ; l’ennemi des serpents figurait l’étendard de cet excellent (héros).

652. Hrishikeça, le premier de tous les archers, monta (sur ce char), avec Arjouna aux œuvres sincères et avec Youdhishthira, roi des Kourouides.

653. Placés de chaque côté du Dâçârhien porteur de l’arc Çârnga, qui se tenait sur son char, les deux magnanimes brillaient comme les deux Açvins (aux côtés de) Vâsava.

654. Le Dâçârhien, les ayant fait monter sur ce char respecté dans le monde (entier), excita de l’aiguillon les excellents et rapides coursiers.

655. Ces chevaux s’élancèrent immédiatement, entraînant l’excellent char, sur lequel étaient montés les fils de Pândou et le taureau des Yadouides.

656. Il s’éleva un grand bruit, pareil à celui d’un vol d’oiseaux, (produit) par les chevaux à la course rapide, qui emportaient celui qui a pour arc Çârnga.

657. Ô taureau des Bharatides, ces tigres des hommes s’étant hâtés de poursuivre le grand archer Bhîmasena, l’atteignirent en un instant.

658. Mais, même après l’avoir rejoint, les grands guerriers ne purent pas arrêter le fils de Kountî excité contre son ennemi.

659. Sous les yeux mêmes de ces grands et illustres archers, il pressa la course de ses chevaux vers la rive de la Bhâgîrathî,

660. Où (se faisait) entendre le fils de Drona, le meurtrier des enfants des magnanimes (fils dePândou). Il vit, au bord de l’eau, le magnanime et glorieux

661, 662. Krishnadvaipâyana Vyâsa assis avec les rishis. Il aperçut aussi le fils de Drona aux œuvres mauvaises, couvert de poussière, enduit de beurre fondu, revêtu de vêtements de kouça, qui se tenait près de là. Le fils de Kountî, ayant saisi son arc, courut sur lui.

663, 664. Bhîmasena aux puissants bras lui cria : « Arrête-toi, arrête-toi. » Le fils de Drona ayant aperçu l’archer Bhîma, qui avait saisi son arc, et, derrière lui, ses deux frères sur le char de Janârdana, eut l’esprit troublé, et pensa : « C’en est fait. »

665. Sans perdre courage, le fils de Drona songea à cet astra divin et suprême. Il prit de la main gauche un roseau,

666. Et, tombé dans une telle détresse, qu’il ne pouvait résister à ces héros porteurs d’armes surnaturelles, il produisit l’astra divin.

667. (Selon la formule consacrée), il prononça dans sa colère ces paroles cruelles : « Pour la destruction des fils de Pândou. » Après avoir ainsi parlé, ô tigre des hommes, le majestueux fils de Drona

668. Lança cet astra capable d’égarer l’esprit du monde entier. Alors, dans ce roseau, il se développa un feu

669. Pareil à celui qui, (à la fin du monde), détruit tout, (feu) capable, à ce qu’il semblait, de consumer les trois mondes.