Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 2/3-LLDA-Ch05

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Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (2p. 242-243).



CHAPITRE V


HÉROÏSME DE KARNA


Argument : Jarâsamdha provoque Karna et est vaincu par lui. Il lui donne la ville de Mâlini. Nârada fait allusion à la manière dont Indra fit renoncer Karna à ses armes défensives innées, et à la manière dont Karna fut tué par Arjouna.


129. Nârada dit : Le maître de la terre, Jarâsamdba, roi de Magadha, ayant entendu dire que la force de Karna était connue dans tout l’univers, le provoqua au combat des chars.

130. Un combat eut lieu entre ces deux (héros) habiles à manier les armes diverses, faisant tomber l’un sur l’autre dans la bataille des coups de différentes sortes.

131. (Ces) deux très forts (guerriers), privés de leurs arcs, ayant épuisé leurs traits, ayant rompu leurs glaives, mirent pied à terre et se saisirent à bras le corps.

132. Mais, en combattant avec ses ongles, Karna sépara les deux parties du corps (de Jarâsamdha), qui avaient été réunies par Jarâ 4.

133. À la vue du changement produit dans son corps, ce roi abandonna sa colère, et dit à Karna : « Je suis satisfait. »

134. 135. Et il lui donna par affection la ville de Mâlinî. Ô tigre des hommes, ce vainqueur de ses rivaux, Karna, fléau des armées ennemies, était roi des Angas et gouvernait Campa (leur capitale), avec l’agrément de Douryodhana, ainsi qu’il est connu de toi.

136. C’est ainsi qu’il était célébré par (toute) la terre, pour sa supériorité dans les armes. Les deux boucles d’oreilles et sa cuirasse lui furent demandées, dans ton intérêt, par l'Indra des dieux.

137. Troublé par le langage artificieux du dieu, il céda ses deux boucles d’oreilles et sa cuirasse, (armes) divines et honorables, qu’il possédait de naissance.

138. Après avoir abandonné les deux boucles d’oreilles et la cuirasse, qu’il avait apportées en naissant, il fut tué par Vijaya sous les yeux du Vasoudévide,

139. En conséquence de la malédiction du brahmane (dont il avait tué la vache), de celle de Râma, de la promesse qu’il avait faite à Kounti (de ne pas tuer ses enfants), et de la ruse de Çatakratou.

140-142. Karna, le fils du soleil, égal en splendeur à l’astre du jour, fut tué, sous les yeux du Vasoudévide, par l’archer porteur de Gândîva, qui avait employé, dans le combat, les armes divines de Roudra, du roi des dieux, de Yama, de Varouna, de Drona et de Kripa. (Il fut tué) par suite du mépris que Bhîshma avait fait de son nom, en le déclarant la moitié seulement d’un guerrier à char (héroïque), et aussi par suite de la manière dont Çalya avait terni son éclat (par ses paroles).

143. C’est ainsi que ton frère a été maudit et trompé par plusieurs, (et à diverses reprises). Ce tigre des hommes ne doit pas être pleuré, car il est mort en combattant.